MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD
Selon l’AIEA, l’Iran se rapprocherait du grade militaire d’uranium enrichi
Mardi 17 août, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a présenté un rapport dévoilant le nouveau processus iranien de production d’uranium hautement enrichi. Usant de deux cascades de centrifuges au lieu d’une seule, ce nouveau mode opérationnel porte la production d’uranium enrichi à 60% contre 20% auparavant. Ce rythme de production accéléré rapproche Téhéran des 90% nécessaires à la fabrication d’une bombe nucléaire. Selon ce même rapport, l’Iran aurait également produit pour la première fois de l’uranium métal enrichi à 20%. Ce type d’uranium est notamment utilisé dans la fabrication d’armes nucléaires. Or, la République islamique ne possède « aucun besoin crédible de produire de l’uranium métal » qui pourrait fournir une explication alternative à son ambition de devenir une puissance nucléaire.
- Limitant la production d’uranium enrichi à 3,67% et interdisant la production d’uranium métal, l’accord sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015 (JCPoA) n’a cessé d’être violé par l’Iran. Téhéran ne respectant pas ses engagements, le JCPoA a finalement été torpillé par Washington qui s’est retiré de l’accord en 2018.
- Dans un communiqué commun publié le 19 août, Paris, Berlin et Londres ont déclaré interpréter ces révélations comme « les étapes clés au développement d’une arme nucléaire ». Ils appellent à une rapide reprise des négociations pour sauver l’accord de 2015. Cependant, si des discussions avaient été engagées entre les Etats-Unis et l’Iran dans cet objectif, ces pourparlers diplomatiques sont au point mort depuis juin.
- L’UE a évoqué une possible reprise des négociations début septembre. Néanmoins, l’élection du nouveau président iranien Ebrahim Raïssi ne présage rien de bon pour le futur de l’accord. Figurant sur la liste noire des responsables iraniens sanctionnés par Washington, Ebrahim Raïssi adopte une position plus dure que son prédécesseur à l’égard des Occidentaux. Le nouveau gouvernement iranien chercherait à contourner les sanctions économiques américaines en donnant désormais « la priorité aux pays voisins de l’Iran et à l’Asie » déclarait Hossein Amir Abdollahian, ministre des Affaires étrangères, le mercredi 25 août.
L’Algérie rompt ses relations diplomatiques avec le Maroc
Mardi 24 août, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc. Selon un communiqué officiel algérien, « les actes hostiles incessants perpétrés par le Maroc contre l’Algérie ont nécessité la révision des relations entre les deux pays ». Ces actes hostiles en question concernaient les feux de forêts en Kabylie, considérés par Alger comme des actes criminels soutenus par le royaume marocain et « l’entité sioniste » (Israël).
- Cette déclaration s’inscrit dans la longue liste des épisodes ayant dégradé les relations entre Rabat et Alger. Les deux Etats maghrébins s’opposent sur l’épineux dossier du Sahara occidental et celui de la Kabylie. Tous deux soutiennent les mouvements irrédentistes qui s’élèvent contre leur voisin : l’Algérie soutient le Front Polisario qui se bat contre le Maroc pour l’indépendance du Sahara occidental, le Maroc soutient le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie [MAK], classé par les autorités algériennes parmi les organisations terroristes.
- En réaction, le royaume marocain a regretté une décision qu’il considère comme « complètement injustifiée mais attendue », et rejeté « les prétextes fallacieux, voire absurdes » avancés par son voisin.
- Cette rupture pourrait également participer à étouffer les crises sanitaire, économique et sociale que traverse l’Algérie. En accusant Rabat et Tel Aviv d’être à l’origine des feux de forêts qu’Alger ne parvient pas à contrôler, le gouvernement algérien semble aussi marquer son opposition à la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental par les Etats-Unis et celle simultanée d’Israël par le Maroc fin 2020.
Des experts de l’ONU réclament un moratoire sur la vente de logiciels espions
Jeudi 12 août, un groupe d’experts de l’ONU a réclamé dans un communiqué un moratoire sur la vente de logiciels espions. Cette demande fait suite au scandale concernant le logiciel Pegasus, un logiciel d’espionnage utilisé pour mettre sous écoute des opposants politiques et journalistes dans de nombreux pays. Le groupe a également exhorté Israël « à divulguer pleinement les mesures qu’il a prises pour examiner les transactions d’exportation du groupe NSO ».
- L’affaire Pegasus est d’autant plus sensible que NSO Group a vendu son logiciel de surveillance à des pays où les droits de l’Homme sont peu respectés, et que le ministre de la Défense israélien devait donner son accord en amont pour toute exportation.
- En ce qui concerne la régulation des ventes d’équipement de surveillance, il n’existe aujourd’hui que l’arrangement de Wassenaar, datant de 1996, qui contrôle l’exportation d’armes conventionnelles, de biens et de technologies à usage civil et militaire. Seuls 42 Etats sont signataires (Israël, le Maroc et la Hongrie n’en font pas partie) et le texte est caduc puisqu’il ne prend pas en compte des technologies comme Pegasus. Le moratoire pourrait donc aboutir sur un projet de régulation internationale de ce type de produits.
AFRIQUE
G5 Sahel : le Tchad retire 600 soldats de la zone des trois frontières
Samedi 21 août, le Tchad a annoncé le retrait de 600 de ses soldats qui opéraient dans la zone dite « des trois frontières » dans le cadre du G5 Sahel. Ce retrait divise par deux les effectifs tchadiens présents dans cette zone, qui se situe aux limites du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Les troupes tchadiennes avaient été déployées en février, répondant à des demandes répétées de la France. Le territoire des trois frontières constitue l’un des épicentres de la guerre menée au Sahel contre les groupes jihadistes. Le gouvernement tchadien a évoqué un « redéploiement stratégique pour s’adapter au mieux à l’organisation des terroristes ». Interrogé à ce sujet, le ministère français des Armées a répondu que la décision avait été prise en concertation avec la France. Avant cette décision, le Tchad était l’un des plus importants contributeurs du G5 Sahel, avec 1350 hommes sur un total de 6000.
- Le G5 Sahel, constitué du Tchad, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Burkina Faso, a été créé en 2017 pour favoriser la coopération dans la lutte antiterroriste. Néanmoins, le Tchad a toujours été l’un des pays les plus engagés dans la lutte contre les groupes armés terroristes (GAT), non seulement dans le G5 Sahel, mais aussi au sein de la Minusma (Mission des Nations Unies pour la stabilisation au Mali), avec un contingent de 1500 hommes sur quelques 13000 casques bleus. Allié historique de la France, la capitale N’Djamena héberge l’une des deux bases aériennes d’où décollent les avions de l’opération Barkhane.
- Depuis la mort au combat du Président tchadien Idriss Déby en avril, le gouvernement est dirigé par son fils, Mahamat Idriss Déby. D’une part, le Tchad fait face à un autre groupe terroriste, Boko Haram, près de la frontière avec le Cameroun. 26 militaires tchadiens ont été tués début août dans une attaque attribuée à ce groupe djihadiste. D’autre part, Mahamat Idriss Déby a annoncé mercredi sa volonté de relancer l’accord avec la Libye, le Soudan et le Niger, afin de sécuriser leurs frontières et d’empêcher l’incursion de rebelles en dehors de la Libye.
Mozambique: reprise d’un port stratégique par l’armée mozambicaine avec le soutien des forces rwandaises
Les Forces rwandaises de défense (FRD), qui épaulent l’armée mozambicaine dans leur lutte contre l’insurection djihadiste qui sévit depuis 2017 dans le nord du Mozambique, ont annoncé le 8 août avoir repris la ville de Mocimboa Da Praia. Puis, le 21 août, les deux armées ont libéré la ville de Mbau avant que les forces rwandaises affirmaent encercler le dernier bastion de l’insurrection le 25 août. Situé dans la province du Cabo Delgado, le port de Mocimboa Da Praia était sous l’emprise des insurgés depuis un an et constituait pour eux un repère stratégique depuis lequel des attaques de grande ampleur étaient organisées, comme celle de la ville portuaire de Palma en mars 2021. Le soulèvement djihadiste est affilié à l’Etat Islamique et est connu sous le nom de Chabab (« jeunes » en arabe, sans lien avec la Somalie). Ces victoires éclairs de l’armée mozambicaine au Cabo Delgado ont été rendues possibles grâce au soutien décisif du Rwanda, qui a envoyé un millier de soldats en juillet dernier à la demande de Maputo.
- Coopérant initialement avec des sociétés privées, le président mozambicain Filip Nyusi avait accepté en juin 2021 l’envoi de troupes par la Communauté de développement de l’Afrique Australe (SADC). Force régionale et pays frontalier du Mozambique, l’Afrique du Sud a également envoyé en juillet 1495 militaires – un geste suivi par le Botswana, l’Angola et la Namibie. Enfin, l’Union Européenne, sous l’impulsion du Portugal, a mis en place une mission de formation des troupes mozambicaines.
- L’attaque de la ville de Palma, le 24 mars 2021, a poussé l’entreprise française Total à arrêter son projet gazier, qui représentait environ 17 milliards d’euros. Au printemps, le Président Macron a rencontré les présidents Kagame et Nyusi, en présence du PDG de Total. La France, lors de la visite du président en Afrique du Sud, a par ailleurs proposé une coopération maritime au Mozambique.
EUROPE
L’Allemagne déploie une frégate militaire dans la région Indopacifique afin d’assurer la sécurité maritime
Au début du mois d’août dernier, le ministère fédéral allemand des Affaires étrangères a annoncé le premier départ depuis vingt ans d’une frégate militaire en direction de l’Asie, le “Bayern”, pour une mission de six mois. L’Indopacifique est un point de transit incontournable des échanges maritimes mondiaux. C’est également un espace de tensions en raison, notamment, de la menace nucléaire nord-coréenne et de la présence chinoise en mer de Chine (qui est en violation avec la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer). Au cours de sa mission, la frégate allemande participera à la surveillance de l’application des sanctions du Conseil de Sécurité des nations Unis contre la Corée du Nord et apportera son soutien à l’OTAN et l’Union Européenne dans des opérations de sécurisation maritime afin « de défendre la vision d’un ordre mondial fondé sur des règles ».
- Le gouvernement allemand a adopté en septembre 2020 des « lignes directrices pour l’Indopacifique » afin d’organiser sa stratégie globale vis-à-vis des acteurs sur place. Liée économiquement à la région, et particulièrement à la Chine, l’Allemagne cherche à diversifier ses partenaires économiques et à veiller à la stabilité des routes commerciales. S’ il ne cible aucun pays à travers son intervention, le gouvernement allemand a toutefois souligné l’attitude dominante de la Chine dans la région.
- Partisane d’une stratégie européenne commune pour l’Indopacifique – tout comme la France qui dispose d’une présence permanente dans la région -, l’Allemagne a, durant sa présidence du conseil de l’Union Européenne en décembre 2020, renforcé les partenariats entre l’ASEAN et l’UE. Elle est également alliée au Japon et à l’Australie, qui sont tous deux membres du Dialogue de sécurité quadrilatéral (Quad) aux côtés des Etats Unis et de l’Inde. Le Quad défend une vision inclusive de l’Indopacifique et dénonce l’attitude de la Chine.
La Norvège affirme sa présence militaire aérienne en Arctique
Le 13 août dernier, la Norvège a dévoilé son plan de renouvellement de sa flotte d’avions de patrouille maritime dans le cercle polaire arctique. L’armée de l’Air royale norvégienne prévoit de remplacer ses six Lockheed Martin P-3C/N Orion par cinq P-8A Poseidon fabriqués par Boeing. Ces nouveaux avions sont équipés de technologies performantes de détection acoustique ainsi que de torpilles pouvant être déclenchées contre un sous-marin hostile.
- L’acquisition de cette nouvelle flotte d’avions s’inscrit dans la stratégie de lutte anti-sous-marine de la Norvège pour faire face à l’activité sous-marine russe croissante dans la région arctique, à l’ouest de la mer de Barents. En effet, la Norvège, soutenue par l’OTAN, souhaite renforcer ses capacités à traquer les nouveaux vaisseaux russes de classe Iassen – des sous-marins nucléaires d’attaque de 4e génération équipés de missiles de longue portée. Par ailleurs, le ministre de la Défense Frank Bakke-Jensen a annoncé que le pays poursuivrait ses investissements dans la défense et la sécurité « pour rester un partenaire responsable et fiable sur le flanc nord de l’OTAN ».
Réchauffement des tensions entre l’Ukraine et la Russie
Durant la seconde partie de l’été, l’Ukraine s’est attelée à multiplier les démarches législatives, diplomatiques et les démonstrations de force pour remettre la Crimée à l’ordre de l’agenda politique européen et international. Au début du mois d’août, deux lois permettant de définir les principes fondamentaux de la résistance nationale (loi n° 5557) et de recruter 11 000 soldats ukrainiens supplémentaires (loi n°5558) ont été adoptées. Par la loi n°5557, le gouvernement ukrainien peut mobiliser et entraîner l’ensemble de la population à l’effort de guerre contre un agresseur.
Quelques semaines après l’adoption de ces lois, l’Ukraine a accueilli la première édition de la « Plateforme Crimée » à Kiev. Cet événement, qui s’est tenu le lundi 23 août 2021 et qui a rassemblé 56 pays ainsi que des représentants de l’UE et de l’OTAN, vise à mobiliser la communauté internationale sur la désoccupation de la Crimée ainsi que sur la liberté de navigation dans le détroit de Kertch (entre la mer d’Azov et la mer Noire), où la Russie procède à un blocus maritime. Cette dernière a qualifié l’événement comme étant « très hostile » et « anti-russe », et a fait pression sur certains anciens pays satellites de l’URSS, comme l’Azerbaïdjan, pour les inciter à s’en désengager.
Le lendemain, le 24 août 2021, l’Ukraine a célébré ses 30 ans d’indépendance avec un défilé de grande ampleur, réunissant des aéronefs polonais, britanniques et turcs. Ce défilé peut être interprété comme une démonstration des capacités offensives ukrainiennes visant à entretenir l’engouement populaire dans la lutte pour la récupération de la Crimée et du Donbass.
- Ce regain de tension à l’est de l’Europe s’explique non seulement par la série de manœuvres réalisées par la Russie dans le Donbass depuis mai 2021, mais aussi par la construction du gazoduc Nord Stream 2 passant par les pays baltes. Par ailleurs, par un accord entre Berlin et Washington le 21 juillet, les sanctions américaines contre le gazoduc Nord Stream 2 ont été suspendues à la demande de l’Allemagne, qui dépend du gaz russe.
- Bien que la chancelière Angela Merkel ait assuré que l’Allemagne s’engageait à ne bénéficier du gaz russe que si l’accord de transit du gaz via l’Ukraine était prolongé au-delà de 2024, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé des mesures trop générales ne pouvant faire pression sur la Russie. Le transit du gaz russe par l’Ukraine représente en effet plusieurs milliards d’euros de revenus annuels. La situation pourrait néanmoins se débloquer lors de la visite du président ukrainien chez son homologue étasunien le 31 août prochain.
AMERIQUE
Après l’assassinat du président haïtien, une situation toujours aussi dégradée dans le pays le plus pauvre d’Amérique
Dans la nuit du mercredi 7 juillet, le président haïtien Jovenel Moïse a été assassiné dans sa résidence de Port-au-Prince par un commando composé d’une trentaine de personnes. Son épouse a été blessée et évacuée à Miami pour être soignée. Ce funeste événement intervient alors qu’Haïti, pays le plus pauvre d’Amérique, est en proie à un chaos et une insécurité grandissante depuis quelques mois auxquels s’ajoutent les catastrophes naturelles qui frappent sévèrement l’île : le 14 août dernier, un tremblement de terre a fait plus de 2 200 morts et 12 000 blessés, plaçant des centaines de milliers de personnes en besoin d’assistance humanitaire. Des élections présidentielles et législatives seront organisées en novembre prochain.
- Une enquête sur l’assassinat de Jovenel Moïse est en cours. A la date du 28 juillet, vingt-trois personnes ayant participé au commando ont été arrêtées, dont dix-huit anciens militaires colombiens, désignés comme des « mercenaires ». De très nombreuses zones d’ombre subsistent néanmoins. Plusieurs des ex-soldats colombiens prétendent avoir été trompés sur l’objectif de l’opération, pensant avoir été recrutés pour capturer le président Jovenel Moïse et non l’assassiner. Par ailleurs, la question de complicités intérieures ayant permis l’assassinat du président se pose. Des hauts dirigeants de la police sont sur la sellette et les responsables de la sécurité présidentielle ont été arrêtés.
- Avant sa mort, le président Jovenel Moïse était discrédité par les Haïtiens et par l’opposition politique. Mal élu en 2017 (la participation s’était élevée à 12%), il était accusé de corruption ainsi que de dérive autoritaire (Haïti n’a plus de Parlement depuis janvier 2020, aucune élection n’a été organisée depuis 2017). Par ailleurs, Jovenel Moïse était suspecté par la société civile de s’être allié avec plusieurs puissants gangs de Port-au-Prince regroupés dans une organisation commune depuis 2020 appelée le G9 – regroupement chapeauté par un ex-policier.
- Haïti traverse aujourd’hui une crise économique et sociale extrêmement préoccupante. Ce pays de onze millions d’habitants, dans lequel la moitié de la population a moins de vingt ans, a vu la pauvreté et la faim s’accroître ces dernières années à mesure que l’insécurité augmentait. Les quartiers de Port-au-Prince ainsi que les principaux axes routiers sont tenus par des gangs qui ont fait régner leur loi. La violence y est inouïe, poussant les habitants à fuir la capitale, et les kidnappings, en augmentation ces derniers mois, y sont monnaie courante.
ASIE
Afghanistan : la débâcle à Kaboul après la prise de pouvoir des talibans
Le 15 août dernier, les Talibans ont pris le pouvoir à Kaboul après la fuite du président Ashraf Ghani, accueilli aux Emirats arabes unis. Depuis, les pays qui disposent d’une représentation diplomatique cherchent à évacuer leurs ressortissants ainsi que des Afghans qui travaillaient pour eux. D’après les dernières données datant du 29 août, les Etats-Unis, le Qatar et les Emirats sont les trois pays ayant évacué le plus grand nombre de personnes. Le président Biden a promis que la présence américaine sur le territoire prendra définitivement fin le 31 août. La menace sécuritaire s’est accrue en raison des deux explosions du 26 août près de l’aéroport. Ces attaques ont été revendiquées par la branche du Khorasan de l’Etat islamique.
- Les talibans sont un mouvement fondamentaliste islamiste apparu en 1994 dans le sud-est de l’Afghanistan, dans la province de Kandahar. Commandé par le mollah Omar, et avec l’aide militaire et financière du Pakistan, le groupe prend le contrôle de Kaboul en 1996. Ils sont défaits par l’intervention militaire lancée par les Etats-Unis en 2001 en réaction aux attentats du 11 septembre. A partir de 2007, les talibans se réorganisent grâce aux dividendes du trafic d’opium et prennent une tournure moins rigoriste. En 2020, les Etats-Unis et les talibans concluent les accords de Doha, au Qatar. Cet accord prévoit le retrait des troupes américaines d’ici mai 2021. En échange, les talibans s’engagent à ne plus soutenir des groupes terroristes et à engager des pourparlers de paix avec le gouvernement afghan.
- Certains pays, dont le Canada, ont immédiatement refusé de reconnaître un gouvernement de talibans comme gouvernement légitime. La France et les Etats-Unis ne sont pas positionnés sur ce sujet, attendant les preuves des promesses faites par les talibans concernant le respect des droits de l’homme. La Chine et la Russie ont envoyé davantage de signaux faibles quant à une possible reconnaissance.
- Les explosions du 26 août ont fait plus de 170 victimes civiles et 13 militaires américains. C’est l’attaque la plus meurtrière de Daesh contre les Etats-Unis depuis 2011. D’après l’analyse de Jean-Pierre Filiu pour Le Monde, le succès de cette attaque va nourrir les rangs de la branche afghane de Daesh, et inciter Al-Qaïda à repasser à l’action terroriste.
Chine : rapprochement militaire avec l’armée russe
Cet été, la Chine et la Russie ont particulièrement mis en scène le caractère opérationnel de leur coopération militaire à travers plusieurs exercices conjoints. D’abord, à l’occasion des Jeux internationaux militaires annuels organisés par Moscou et regroupant 17 pays du 22 août au 4 septembre, les deux armées se sont symboliquement alignées en position de favoris pour l’épreuve du « biathlon des tanks ». Ensuite, la participation de la Russie aux manœuvres chinoises baptisées « Zapad/Interaction-2021 » (« Occident/Action mutuelle 2021), se déroulant sur le territoire chinois et regroupant 13 000 soldats des deux nationalités du 9 au 13 août a également été médiatisée. Pour la première fois, les militaires russes ont utilisé des armes de conception chinoise. Enfin, en septembre, sont programmées des manœuvres de l’Organisation de coopération de Shanghai en Russie, nommées « Mission de paix-2021 ».
- L’exercice Vostok en septembre 2018 a été le point de départ marquant la croissance des démonstrations militaires sino-russes. Pour plusieurs chercheurs, l’objectif dépasserait le cadre de la lutte contre le terrorisme. Ces manœuvres seraient une réponse à l’augmentation de l’activité militaire américaine aux frontières de la Russie et de la Chine, cette dernière montrant ainsi qu’elle n’est pas isolée face à la tentative occidentale de créer un front commun antichinois.
Russie / NEI
Salon Armiya-2021 et Army-Games 2021
Le 23 août le salon militaro-technique Armiya-2021 s’est ouvert en banlieue de Moscou dans le « Parc Patriot ». Vladimir Poutine et son ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, étaient présents lors de l’ouverture. Le président russe s’est félicité du niveau de modernisation de ses forces armées, et particulièrement de la triade nucléaire, qu’il a jugée en meilleur état que « dans de nombreux autres pays détenteurs de l’arme nucléaire ». De surcroît, Vladimir Poutine a officiellement lancé la construction de six nouveaux bâtiments de combat au profit de la marine russe. Il s’agit de deux corvettes et de quatre sous-marins dont deux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE).
Parallèlement au salon Armiya, se tiennent les Army-Games 2021, une compétition militaire internationale réunissant 34 pays. Les épreuves se déroulent sur le territoire de 11 pays dont pour la première fois cette année au Vietnam, en Serbie, au Qatar et en Algérie. De plus, des équipes du Burkina-Faso, de Chypre, de la Malaisie, du Cameroun, du Brésil et de l’Équateur participent pour la première fois au Army-Games.
- Le forum Armiya se déroule tous les ans depuis 2015, il s’agit du plus important salon d’armement russe : il est l’occasion de la signature de nombreux contrats, à la fois par le ministère russe de la Défense ainsi que par d’autres pays. Les Army-Games ont lieu également de manière annuelle depuis 2015, ils voient en outre leur nombre de participants croître d’année en année.
- Le « Parc Patriot » est un complexe culturel et militaire situé en banlieue de Moscou. Placé sous le contrôle du ministère de la défense, il présente divers évènements et expositions sur le thème des forces armées russes. Il est notamment équipé d’un centre des congrès, d’un aérodrome et terrain de tir pour chars. Il abrite également la Cathédrale des forces armées russes ainsi que plusieurs musées patriotiques.
La Russie sur ses gardes en Afghanistan
À la suite de la prise de Kaboul par les Talibans, la Russie a pris cette semaine une série de mesures visant à se prémunir de débordements en Asie centrale et à rassurer ses alliés dans la région. La priorité pour la Russie est d’évacuer ses ressortissants, son ambassade à Kaboul est toujours en fonctionnement et elle est, selon l’ambassadeur russe sur place, « protégée par les talibans ». La Russie a également réalisé plusieurs vols destinés à évacuer les citoyens Tadjiks et Kirghizes vers leurs pays d’origine depuis l’Afghanistan. En effet, les pays centre-asiatiques sont des alliés clés de la Russie qui dispose de plusieurs bases dans la région. Dans ce contexte, la Russie conduit depuis plusieurs semaines des exercices militaires à la frontière avec l’Afghanistan, notamment au Tadjikistan avec la participation de la 201ème base militaire russe située sur place. Enfin, le ministère russe de la Défense a annoncé vouloir intensifier ses livraisons d’armes à ses partenaires d’Asie centrale dans le contexte de la montée des tensions dans la région.
- À la suite du retrait des troupes américaines d’Afghanistan, le pays est tombé dans les mains du groupe des Talibans le 15 août 2021.
- Le groupe des Talibans est reconnu comme terroriste en Russie mais le gouvernement russe a tenu des pourparlers avec des représentants du groupe pendant l’été afin de réduire ses incertitudes quant à la situation en Asie centrale.
- La Russie a tenu ces dernières semaines plusieurs exercices militaires impliquant plusieurs milliers de soldats conjointement avec les forces armées ouzbèkes, tadjikes et kirghizes à proximité de l’Afghanistan, notamment sur en Ouzbékistan et au Tadjikistan.