Veille stratégique – Septembre 2021 (1/2)

AMERIQUE

Etats-Unis : premier appel en sept mois entre les présidents Joe Biden et Xi Jinping

Jeudi 9 septembre, le président des Etats-Unis s’est entretenu par téléphone pendant plus d’une heure avec son homologue chinois pour la première fois en sept mois, et pour la seconde fois depuis le début de son mandat. D’après un communiqué de la Maison blanche, les dirigeants ont échangé sur leur responsabilité respective à maintenir la paix malgré une rude compétition dans plusieurs champs. Selon les médias étatiques chinois, Pékin a également souligné sa volonté de ramener les relations sino-américaines sur la bonne voie.

  • Si cet appel envoie un signal positif pour un dégel relatif des relations sino-américaines – signal qui s’est traduit dans les places boursières asiatiques et européennes par une hausse des actifs – il n’a en revanche pas abouti à la formulation de mesures concrètes. D’après la Maison blanche, c’est le président américain qui aurait été à l’initiative de l’appel, « exaspéré » par une inertie volontaire de l’administration chinoise à coopérer avec la sienne.
  • La première rencontre entre les diplomates des deux pays avait eu lieu en mars 2021 en Alaska. Le secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken et le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan avaient débuté leurs échanges par une liste de tous les sujets sensibles (génocide ouïgoure, Hongkong, Taïwan…). Le haut conseiller pour les Affaires étrangères Yang Jiechi avait rétorqué que la Chine était prête à se lancer dans une « concurrence féroce » face à un pays exerçant une juridiction extraterritoriale.

Etats-Unis : la célébration du 20e anniversaire des attentats du 11/9 tente de recréer l’union nationale

Plusieurs cérémonies en hommage aux victimes de l’attentat du 11 septembre ont été organisées à New York, près du Pentagone ainsi qu’à Shanksville, en Pennsylvanie. Dans leurs discours respectifs, l’ancien président G. W. Bush et l’actuel J. Biden ont tiré comme principale leçon la nécessité pour le pays de retrouver une forme d’unité, celle qui a fait sa force lors des attentats, et qu’il a perdue durant ces vingt années de guerre. De nombreux dirigeants européens se sont associés à ce message, comme la reine d’Angleterre Elizabeth II, Ursula von der Leyen et le président Macron, qui a déclaré sur Twitter :« Nous combattrons toujours pour la liberté »..

→ Retrouvez très prochainement notre entretien avec Marc Hecker sur le bilan de vingt années de lutte contre le terrorisme.

Brésil : le coup d’Etat manqué du président Bolsonaro

Mardi 7 septembre, de nombreux manifestants pro et anti-Bolsonaro se sont réunis dans les rues de Brasilia, Sao Paulo et Rio à l’occasion de la fête nationale, dans un contexte de tensions extrêmes. Depuis plusieurs semaines, le président employait un discours agressif anti-démocratique, et multipliait les attaques contre la Cour suprême. Alors que les camions de producteurs de soja venus en renfort ont bloqué les routes, que les réseaux sociaux sont envahis de messages pro-Bolsonaro, et que les partisans pro-Bolsonaro semblaient prêts pour un « très probable et nécessaire contre-coup d’Etat » annoncé par le président, celui-ci a finalement insisté sur sa volonté d’éviter la rupture avec les autres pouvoirs. Deux jours plus tard, à la suite de la déclaration du président du Tribunal suprême fédéral avertissant que le comportement du président était passible de poursuite pour crime de responsabilité, Jair Bolsonaro publie un communiqué dans lequel il confirme l’abandon de ses velléités putschistes.

  • En août dernier, sur décision du juge Alexandre de Moraes, la Cour suprême a ouvert plusieurs enquêtes contre le président brésilien à la demande du Tribunal supérieur électoral concernant la diffusion de fausses informations à propos du vote électronique et l’existence de milices numériques d’extrême droite. Ces deux enquêtes sont la source de la véhémence du président brésilien contre la juridiction.
  • Les attaques répétées du président contre la Justice lui permettent de fédérer ses partisans alors que sa popularité est en chute libre en raison de sa gestion de la Covid-19, qui a aggravé la crise économique. Pour le moment, il est donné largement perdant aux élections présidentielles d’octobre 2022.

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AFRIQUE

Guinée : un coup d’Etat des forces spéciales renverse le président Alpha Condé

Des officiers des forces spéciales guinéennes ont pris le pouvoir dimanche 5 septembre en Guinée après avoir capturé le président Alpha Condé, pris le contrôle de la capitale Conakry, dissout les institutions et abrogé la constitution. Le leader des putschistes, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, ancien légionnaire de l’armée française à la tête d’un groupement des forces spéciales guinéennes depuis 2018, a justifié ce coup de force par la nécessité de mettre fin à « la politisation à outrance de l’administration publique, la gabegie financière, la pauvreté et la corruption endémique » ainsi qu’au « piétinement des droits des citoyens ». Formant le comité national du rassemblement et du développement (CNRD), les putschistes ont promis une  « concertation » nationale en vue d’une transition politique confiée à un futur « gouvernement d’union nationale », ainsi qu’une réécriture de la constitution avec la contribution de tout le peuple guinéen. Ces premières annonces ont entraîné des scènes de liesse dans différents quartiers de la capitale.

  • Sans surprise, la communauté internationale a condamné le putsch, appelant à la libération d’Alpha Condé. L’Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont annoncé la suspension de la participation de la Guinée à leurs « activités et organes de décisions ». Cette dernière a dépêché une délégation sur place.  La France a déclaré se joindre à la condamnation de la Cédéao.
  • Ancien opposant historique, Alpha Condé était devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu en Guinée. Aujourd’hui âgé de 83 ans, il était particulièrement décrié par la population guinéenne depuis son passage en force afin d’effectuer un troisième mandat présidentiel en 2020. La constitution limitant le nombre de mandats à deux, il avait fait modifier la loi fondamentale du pays puis avait violemment réprimé la vague de protestation à son encontre, causant des dizaines de morts. L’annonce du putsch du 5 septembre a donc été accueillie positivement par les Guinéens qui placent beaucoup d’espoirs dans le lieutenant-colonel Doumbouya, alors que la situation économique et sociale du pays est fortement dégradée. L’une des premières décisions du CNRD a été de libérer des dizaines de militants et d’opposants à Alpha Condé incarcérés à la suite des évènements de 2020. 

Ethiopie : le conflit meurtrier se poursuit et transforme lentement les équilibres régionaux  

Le conflit en Ethiopie, qui oppose depuis 2020 les forces loyales du premier ministre Abiy Ahmed aux rebelles des Forces de défense tigréennes (TDF), continue de sévir. Si l’on en croit les dernières déclarations des deux camps, environ 10 000 hommes auraient été récemment tués au front, dans la partie nord du pays (voir losanges rouges sur la carte), faisant de cette guerre l’une des plus meurtrières de la planète. En outre, le conflit est marqué ces derniers mois par une dynamique ethnique de plus en plus prégnante, amenant le secrétaire général des Nations Unies à mettre en garde contre « une rhétorique incendiaire et une classification sur critère ethnique […]en train de détruire le tissu social du pays ». Partout dans le pays, les Tigréens sont soupçonnés d’être complices avec les rebelles et des camps d’internements ont été identifiés dans l’ouest du Tigré.

En filigrane, la guerre en Ethiopie refaçonne la scène géopolitique régionale et menace de happer différents Etats riverains. Plusieurs tendances sont à l’œuvre :

  • Le Soudan, dont les rapports sont tendus avec l’Ethiopie en raison de la construction du grand barrage de la Renaissance (GERD) sur le Nil, est accusé par Addis Abeba d’accueillir des troupes rebelles sur son territoire. L’Egypte, influente au Soudan, est aussi à couteaux tirés avec l’Ethiopie sur la question du GERD et pourrait avoir une carte à jouer si elle le souhaitait.
  • Sa voisine, l’Erythrée, frontalière du Tigré et jadis ennemie de l’Ethiopie, apparaît aujourd’hui comme un potentiel acteur décisif : soutenant Abbiy Ahmed dans sa lutte contre les rebelles tigréens, elle serait en mesure de déployer une vingtaine de divisions en Ethiopie.
  • L’Ethiopie, à qui l’on espérait encore récemment faire jouer un rôle de pôle sécuritaire régional, voit son influence décroître dans la région à mesure que le conflit dure et l’affaiblit.
  • Enfin, la Turquie, qui a des ambitions d’influence dans la région, a signé des accords avec l’Ethiopie lors d’une visite d’Abbiy Ahmed à Ankara en août. Addis Abeba aurait d’ailleurs commandé des drones turcs, ce qui pourrait lui conférer un avantage tactique contre les TDF à l’avenir…

 

 

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ASIE

L’Organisation de coopération de Shanghaï pourrait s’ouvrir à l’Iran

Élu à la présidence de la république islamique d’Iran depuis le 3 août 2021, Ebrahim Raïssi s’apprête à effectuer la semaine prochaine sa première visite officielle à Douchanbé, la capitale du Tadjikistan, afin d’assister au sommet de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS), organisation au sein de laquelle l’Iran possède un statut d’observateur depuis 2005.

Malgré les demandes répétée de Téhéran de rejoindre l’alliance eurasienne ( l’Inde et le Pakistan qui possédaient le même statut que l’Iran ont pleinement rejoint l’OCS en 2017), et en dépit de la levée en 2015 des sanctions de l’ONU à son égard, les membres de l’OCS n’avaient pas ouvert de porte à une admission de l’Iran,  certains craignant la réaction des Etats Unis qui refusent le retour de l’Iran dans la communauté internationale.

Les changements géopolitiques récents au Moyen Orient et en Asie, renforcent le poids stratégique de l’Iran, véritable zone tampon entre les deux régions. Le rôle que le pays peut jouer dans la stabilisation de l’Afghanistan avec qui elle partage une large frontière, ainsi que sa capacité d’intervention directe au Moyen-Orient et dans le Golfe Persique, en font un potentiel allié de la Chine et de la Russie, qui souhaitent contenir l’influence américaine dans la région. En effet, malgré leur débâcle en Afghanistan, les Américains restent présents dans la zone moyen-orientale et asiatique grâce à leur proximité avec Israël et les pétromonarchies de la région.

Les pays membres pourraient décider de lancer la procédure d’admission de l’Iran au sein de leur organisation à l’issue du sommet de l’OCS se tenant les 16 et 17 septembre 2021. L’ambassadeur russe à Téhéran a récemment réaffirmé la proximité entre les deux pays et a publiquement soutenu la demande d’adhésion de l’Iran.

  • L’OCS est une organisation intergouvernementale fondée en 2001 par la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. L’Inde et le Pakistan, qui ont obtenu le statut d’observateur de l’OCS en même temps que l’Iran il y a 13 ans, en sont devenus membres à part entière en 2017. L’organisation est la plus grande organisation régionale au monde en termes de population ( elle regroupe près de la moitié de la population mondiale ) et s’étend sur les trois cinquièmes du continent eurasien.
  • L’Iran, tout comme la Chine et la Russie, œuvre historiquement à l’émergence d’un monde multipolaire remplaçant la domination américaine. Lié militairement et économiquement à la Russie, Téhéran a également signé le 27 mars 2021 un « Pacte de coopération stratégique sur 25 ans » avec la Chine, qui est son premier partenaire commercial.  Souhaitant faire de la République Islamique un acteur clé de son projet des Nouvelles Routes de la Soie, le Président chinois a prévu que son pays y investira plus de 400 milliards de dollars sur cette période. 

Taiwan : le constat de la vulnérabilité de l’Etat insulaire face à la Chine 

Le 22 septembre dernier, le ministre de la Défense nationale de Taiwan a présenté aux parlementaires du pays un rapport statuant sur la capacité de défense de l’île en cas d’attaque chinoise. Un même rapport avait été présenté l’année dernière et indiquait que «  la Chine n’avait toujours pas la capacité de lancer un assaut ». Le document publié la semaine dernière se montre plus alarmant, concluant que si l’Empire du Milieu ne dispose pas « des moyens matériels » pour lancer un assaut sur l’île, il est en mesure de neutraliser les systèmes de défenses du pays au moyen « d’attaque électroniques douces et dures ». A travers ce rapport, les autorités taïwanaises cherchent à avertir les Etats-Unis et l’Europe sur les ambitions chinoises croissantes dans la région. Pékin, qui poursuit ses manœuvres d’intimidation à l’égard de Taiwan, a diffusé récemment des vidéos d’entraînement de soldats débarquant sur des plages.

Face à cette menace, Taïwan a pris ces dernières semaines des mesures supplémentaires afin de renforcer ses capacités de défense. Le gouvernement a prévu un budget militaire record de plus de 14 milliards d’euro pour l’année 2022, ce qui représente 2% du PIB de l’île. Ces investissements serviront principalement à l’augmentation de ses capacités de défense et de dissuasion vis-à-vis de la Chine.

  • Ces dernières années, Taiwan a cristallisé les tensions entre les autorités chinoises et américaines, ces dernières ayant rappelé leur proximité avec  la péninsule  contre la Chine, provoquant en retour des manœuvres d’intimidation de Pékin.
  • La nouvelle administration du président Biden souhaite accroître l’importance de Taiwan dans la stratégie indopacifique des Etats Unis. Lors du dernier sommet États-Unis – Japon en avril 2021, Washington avait poussé le Japon a apporté son soutien à Taiwan à travers une déclaration commune et avait évoqué l’idée d’inclure Taïwan dans le traité sécuritaire liant les deux pays. 

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RUSSIE/NEI

Zapad-2021 : la Russie organise son exercice militaire le plus important de l’année

L’exercice militaire annuel le plus important des forces armées russes, Zapad-2021 (Ouest-2021) se déroule du 10 au 16 septembre dans la Région militaire Ouest. Le scénario de cette année opposera une coalition occidentale (non nommée explicitement) contre l’union des gouvernements russe et biélorusse qui participent aux exercices de manière conjointe. L’exercice est découpé en deux phases. Les trois premiers jours, les forces russes et biélorusses repousseront une « attaque » ennemie contre la Biélorussie. Les trois derniers jours sont consacrés à une contre-offensive des deux pays depuis la région de Nijni-Novgorod, à l’est de Moscou. Selon le Kremlin, 200 000 « membres du personnel », 80 aéronefs et 15 bâtiments de combat participent aux exercices. Néanmoins, il convient de regarder ces chiffres de manière sceptique : ils incluent l’ensemble du personnel impliqué dans les phases de préparation. Les exercices proprement dit mobilisent probablement un nombre d’hommes inférieur aux limites fixées par le Document de Vienne de 2011, c’est-à-dire 6 400 hommes. Le ministère russe de la Défense a répété à plusieurs reprises que ces manœuvres n’avaient « qu’un caractère purement défensif ». Néanmoins, certains pays européens tels que la Pologne craignent que cet exercice ne soit pour la Russie qu’une couverture afin de réaliser des « provocations ».

  •  Les exercices stratégiques militaires russes se déroulent chaque année dans une des quatre régions militaires de manière tournante : Zapad (ouest), Vostok (est), Tsentr (centre) et Kavkaz (Caucase). La dernière édition de Zapad à donc eu lieu il y a quatre ans, en 2017.

  • En plus des forces biélorusses et russes, des soldats originaires d’Arménie, du Kazakhstan, du Tadjikistan, d’Inde, du Kirghizistan, de Mongolie, de Serbie et du Sri Lanka participeront également aux exercices. La Chine, le Vietnam, le Myanmar, le Pakistan et l’Ouzbékistan n’ont quant à eux qu’un rôle d’observateurs.


La Région militaire Ouest est en rouge sur la carte (https://ru.wikipedia.org/wiki/Военный_округ)

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AFRIQUE DU NORD/MOYENT-ORIENT

Liban: Plus d’un an après l’explosion du port de Beyrouth, le pays du Cèdre retrouve un gouvernement

Vendredi 10 septembre, le président du Liban Michel Aoun a annoncé sur Twitter avoir « signé le décret pour former le nouveau gouvernement en présence du chef du Parlement, Nabih Berri ». Le premier ministre, Najib Mikati, avait été chargé de former un gouvernement après l’abandon de cette charge par  l’ancien premier ministre, Saad Hariri, en juillet dernier. Le gouvernement a été formé 13 mois après la démission du gouvernement d’Hassan Diab en août en raison de l’explosion au port de Beyrouth. On y compte entre autres Yousef Khalil, un ancien fonctionnaire de la Banque Centrale, ou encore Firas Abiad, directeur de l’hôpital Rafic Hariri, très populaire au Liban. Le premier ministre, Najib Mikati, est multimilliardaire et a été deux fois chef du gouvernement. Il a obtenu le soutien des sunnites du parti de Hariri, Courant du futur, ainsi que du Hezbollah chiite.

  • Le Liban est entré en récession en 2019, mais la crise s’est récemment aggravée avec de nombreuses pénuries, des coupures de courant et la chute de 90% de la valeur de sa monnaie. L’ONU estime que 78% de la population libanaise vit sous le seuil de pauvreté. C’est dans ce contexte qu’est survenue l’explosion en août 2020 au port de Beyrouth, qui a ravagé une partie de la ville et provoqué la mort de 200 personnes.
  • Le premier ministre a annoncé qu’il demanderait l’aide des pays arabes, alors que le Liban se trouve au centre des tensions entre les monarchies du Golfe et l’Iran, qui soutient le Hezbollah. Cette aide s’est notamment matérialisée par l’acheminement  par la Syrie d’électricité produite en Jordanie avec du gaz égyptien jusqu’au Liban. 

Cisjordanie: Rencontre historique entre le ministre de la Défense israélien et le président palestinien

Dimanche 30 août, le ministre de la Défense israélien, Benny Gantz, s’est rendu à Ramallah, en Cisjordanie occupée. Il s’agit de la première rencontre officielle entre le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, et un officiel israélien depuis plus d’une décennie. Une source proche du Premier ministre israélien a  néanmoins  affirmé qu’il « n’y a aucun processus de paix en cours avec les Palestiniens et [qu’] il n’y en aura pas ». Benny Gantz a annoncé qu’Israël cherchait à renforcer la position de l’AP, et que sa discussion avec Mahmoud Abbas concernait des questions économiques et sécuritaires « de routine ». En présence du chef des renseignements et du ministre des Affaires civiles palestiniens, Benny Gantz a promis un prêt de 500 millions de shekels à l’AP, c’est-à-dire 132 millions d’euros. Les deux hommes se sont engagés à poursuivre le dialogue.

  • L’Autorité palestinienne, qui a un contrôle limité de la Cisjordanie, est dirigée par Mahmoud Abbas depuis 2005. Israël contrôle ce territoire palestinien depuis 1967, et la colonisation israélienne s’est accélérée depuis le mandat de Netanyahu, le précédent Premier Ministre. Les négociations de paix sont suspendues depuis 2014. Néanmoins, l’administration américaine soutient une solution à deux Etats. Joe Biden a notamment annoncé qu’il souhaitait « des moyens de faire progresser la paix […] pour les Israéliens et les Palestiniens ».
  • L’autorité de Mahmoud Abbas est très contestée. A bientôt 86 ans, il compte rester à la tête de l’Autorité, alors que son mandat devait se terminer en 2009. Israël souhaite renforcer l’Autorité Palestinienne face au mouvement islamiste du Hamas, contre qui le pays a mené une guerre de 11 jours en mai dernier.

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EUROPE

Solidarité et souveraineté numérique européenne, les maîtres-mots du FIC 2021

Le Forum international de la cybersécurité (FIC) 2021 s’est tenu à Lille du 7 au 9 septembre, rassemblant l’écosystème européen de la cybersécurité : des entreprises et des startups de conseil, des fournisseurs de solutions de cybersécurité, des agences de renseignement, les différentes armées et des universités. Les multiples prises de parole ont convergé vers le même constat : les pays de l’Union européenne doivent coopérer davantage aussi bien sur l’anticipation des menaces que sur l’assistance entre Etats membres lors d’une cyberattaque. Il est également essentiel pour l’Europe d’assurer sa souveraineté numérique pour se positionner dans le cyberespace face au trio Etats-Unis, Chine et Russie. A cette occasion, la ministre des Armées Florence Parly a annoncé un plan de recrutement de 770 cyber-combattants en plus des 1 100 prévus initialement à l’horizon 2025, qui rejoindront les rangs des services de renseignement (DRM, DGSE), des armées (Comcyber) et de la DGA.

  • L’édition 2021 du FIC a été placée sous le haut-patronage du Président Emmanuel Macron qui prépare le terrain pour la présidence française du conseil de l’Union européenne (PFUE) en 2022, durant laquelle la cybersécurité figurera parmi les priorités.

Allemagne : Les candidats favoris des élections législatives allemandes reçus par l’Elysée

Dans le cadre des élections législatives allemandes, qui se tiendront le 26 septembre, les deux candidats favoris aux élections ont été reçus par l’Elysée. Olaf Scholz, actuel ministre des Finances et candidat du SPD, a rencontré Emmanuel Macron lundi 6 septembre. Membre de l’aile droite du SPD, il est en tête des intentions de vote, devant le successeur d’Angela Merkel, Armin Laschet. Ce dernier est le ministre-président du Land le plus peuplé et le plus riche d’Allemagne, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Candidat de la CDU, il défend une ligne de centre-droit s’inscrivant dans la continuité de la posture d’Angela Merkel, avec un prisme européen plus marqué. Il a été reçu mercredi 8 septembre par le président français, qui s’est gardé de montrer de préférence entre les deux hommes.

  • Le candidat favori Olaf Scholz, qui est favorable à l’Europe de la défense, a affirmé que les Européens devraient aller vers des « systèmes de défense communs » et que la coopération franco-allemande devait être un « modèle pour l’Europe ». Il semble également désireux de poursuivre l’engagement de l’Allemagne aux côtés de la France au Sahel. Cependant, sa position sur ces problématiques risque d’être affectée par l’aile gauche du SPD, dont le retrait d’Afghanistan a accru la méfiance vis-à-vis des engagements militaires.  
  • Le successeur d’Angela Merkel bénéficie en revanche de l’évolution de la CDU sur les sujets de défense, et affirme clairement son objectif de mettre la sécurité au cœur de sa politique européenne. Dans une tribune publiée mercredi par le quotidien Handelsblatt, Armin Laschet a notamment plaidé pour un renforcement de la politique européenne de défense au regard de l’échec afghan, et pour une politique allemande plus active sur les enjeux géopolitiques. Il a également appelé à la création d’« opportunités européennes en matière de ‘‘self-défense’’ numérique » et à la transformation d’Europol en un « FBI européen ».
  • La variable la plus importante, cependant, demeure la composition des coalitions gouvernementales, qui soulève deux enjeux. Le premier est celui de la nature de la coalition. Étant donné le poids politique des Verts, ces derniers feront nécessairement partie des combinaisons. Or, dans le cas d’une alliance SPD/Verts/Libéraux, leur réticence aux interventions extérieures risque de favoriser l’aile pacifiste du SPD. Le deuxième enjeu est le temps de formation d’une coalition. La France, qui prend la présidence du Conseil de l’Union Européenne le 1er janvier 2022, a besoin d’un partenaire allemand solide, qu’elle puisse concerter pour élaborer un plan d’action. Or, en 2017, la formation d’une coalition gouvernementale s’était étendue sur six mois. S’il est peu probable que cela se réitère cette année, la durée de formation des coalitions demeure une inquiétude pour l’Elysée.

Cette veille a été rédigée par Claire, Théo, Rhéa, Maëlle, Corentin, Baptiste, Camille et Rose.

Comité de rédaction

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