Veille stratégique – Février 2023 2/2

FRANCE

Réorganisation en profondeur de l’armée de terre à l’aune du conflit en Ukraine

Lundi 13 février, lors d’une conférence devant l’Association des journalistes de défense, le chef d’Etat-major de l’armée de Terre – le général Pierre Schill – a exposé les arbitrages en cours de la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 pour son armée. Face à un « changement d’ère de la même ampleur que celle de la chute du mur de Berlin » que représente la guerre en Ukraine, l’objectif serait de réduire les investissements dans les régiments de mêlée (chars, infanterie) au profit de l’artillerie longue portée, des drones, du cyber, de la logistique et de la réactivité des troupes en vue d’un déploiement sur un conflit de haute intensité. Pour mener cette transformation à bien, l’armée de Terre va se doter de deux nouveaux commandements : l’un consacré aux guerres de demain et l’autre à la guerre hybride. En parallèle, le général Schill a confirmé le doublement de la réserve nationale et la création d’« unités territoriales » dans l’optique d’un passage vers une réserve d’emploi.

  • L’ajout de deux nouveaux commandements au sein de l’armée de Terre au même niveau que le commandement des forces terrestres devrait permettre de décliner dans les régiments les capacités sur l’ensemble du champ cyber (défensif, offensif, influence), qui étaient jusqu’ici des compétences réservées au commandement de la cyberdéfense (Comcyber).
  • Dans la même logique que ces annonces, la 2e phase de l’exercice Orion 23 a été lancée jeudi 16 février. Cet événement interarmées, interministériel et interalliés inclut l’ensemble des capacités des armées, en termes de milieux (terre, air, mer, espace, cyber) et de champs (informationnel, électromagnétique). Plus de 7 000 militaires français et étrangers participent à cet exercice jusqu’à début mai 2023. L’un des objectifs annoncés de cet exercice est d’éprouver de nouvelles capacités, notamment dans la guerre informationnelle.

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EUROPE

Vers un retour du service militaire en Allemagne ?

Lors d’un entretien accordé le 15 février, le nouveau ministre de la Défense allemand Boris Pistorius a souligné l’existence de « bons arguments » en faveur de la mise en place d’un service militaire obligatoire dont les effectifs permettraient de renforcer la Bundeswehr. Tout en refusant de se prononcer explicitement pour un retour de la conscription, M. Pistorius a défendu la mise en place d’une « obligation de service général » dont les modalités restent à définir. 

  • Si la conscription en Allemagne a pris fin en 2011, la population semble être actuellement relativement favorable à sa remise en place : d’après un récent sondage, 45% des Allemands y seraient favorables, alors que 39% y seraient opposés.
  • Un retour de la conscription est également défendu par l’Association des réservistes de la Bundeswehr, qui à travers la voix de son président a récemment fait valoir qu’alors que la Bundeswehr aurait besoin de 350 000 soldats et d’environ 1,2 million de réservistes pour assurer sa « tâche fondamentale » qu’est la «défense de la République fédérale », le pays ne dispose que de 180 000 soldats et environ 30 000 réservistes. La conscription, qui permettrait de mobiliser près de 700 000 personnes par an, constituerait ainsi une première réponse aux problèmes d’effectifs de l’armée allemande.
  • Un éventuel retour du service militaire dans ses modalités d’avant 2011 est cependant vu défavorablement par le commandement de la Bundeswehr. Le chef d’état-major Eberhard Zorn s’est ainsi plutôt prononcé en faveur d’un “nouveau type de service obligatoire” permettant, sur le modèle de la Norvège et de la Suède, d’incorporer “seulement” 10 000 personnes par an. En effet, selon les autorités militaires, la Bundeswehr ne disposerait pas à ce jour des ressources logistiques et humaines nécessaires pour accueillir annuellement un contingent de 700 000 individus.

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AMÉRIQUES

États-Unis : après le ballon chinois, plusieurs objets volants non identifiés abattus

Entre le 10 et le 12 février, trois objets volants non identifiés ont été abattus par les forces aériennes américaines. Le vendredi 10 février, un premier objet de forme cylindrique a été abattu au-dessus de l’Alaska. Le samedi 11 février, un objet non identifié de même forme a été abattu au-dessus du Yukon, au nord du Canada. C’est un avion de combat F-22 qui a effectué l’opération, autorisée conjointement par Joe Biden et Justin Trudeau, les dirigeants états-unien et canadien, conformément aux dispositions du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (Norad). Le dimanche 12 février, un nouvel objet volant, de forme octogonale cette fois, a été abattu près du lac Huron, dans le Michigan, sur ordre du président Biden. 4 objets volants ont été abattus en moins de dix jours par les États-Unis.

  • Un ballon espion chinois avait été repéré puis abattu au large de la Caroline du Sud, le 4 février dernier. Après avoir dénoncé un programme de surveillance chinois à l’aide de ballons de haute altitude, les autorités américaines se sont gardées d’attribuer les nouveaux objets volants à la Chine, en évoquant plutôt un lien avec des organismes privés. La destruction du ballon espion avait notamment provoqué le report du déplacement à Pékin du secrétaire d’Etat, Antony Blinken. De son côté, Pékin avait affirmé que les Etats-Unis avaient envoyé au moins dix ballons de même nature dans son espace aérien depuis 2022.
  • Depuis l’épisode du ballon chinois, les capteurs et radars ont adapté leurs filtres pour détecter des objets lents se déplaçant à la vitesse des vents. Pour Mélissa Dalton, responsable pour la sécurité intérieure du Pentagone, cela expliquerait en partie l’augmentation du nombre d’objets volants détectés. La trajectoire de ces objets volants dépendrait du sens des vents et ils ne transmettraient pas de signaux de communication. Les débris des objets abattus par l’aviation de chasse américaine sont en cours de récupération et seront étudiés attentivement.
  • Le lundi 13 février, le point presse de la Maison Blanche était essentiellement consacré au ciel américain. La porte-parole de la Maison Blanche, Karine JeanPierre, a précisé qu’« il n’y a pas d’indication d’extraterrestres ou d’activités extraterrestres » à propos de ces objets volants non identifiés. Les déclarations des autorités américaines restent parcellaires et laissent le public dans l’incertitude, alimentant de nombreux fantasmes. Depuis deux ans, un rapport annuel du renseignement américain liste les différents OVNIS : 366 objets non identifiés ont été observés en 2022, 163 étant caractérisés comme des ballons ou des simili-ballons. 

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RUSSIE/NEI

L’Europe affiche son unité face à la Russie

Mercredi 8 février, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, s’est rendu à Londres puis à Paris. Le jour suivant, il a été reçu au Parlement européen puis a assisté à la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement européens. Si le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, ont invité les membres de l’Union européenne à fournir des armements lourds, des chars, des missiles à longue portée et des avions de chasse à Kiev, aucun engagement concret n’a été officiellement dévoilé. Quelques jours plus tard, vendredi 17 février, s’est tenue à Munich la 59ème conférence sur la sécurité qui a réuni des chefs d’Etats de tous les continents ainsi que les présidents du Conseil européen et de la Commission européenne et le Secrétaire général de l’OTAN.

  • Près d’un an après le début du conflit, l’invasion russe était au cœur des discussions. Les dirigeants occidentaux y ont affiché leur unité et leur détermination en précisant que le conflit devrait s’inscrire dans la durée et que « l’heure n’est pas au dialogue ». Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a encouragé ses homologues à s’engager davantage dans l’assistance militaire à l’Ukraine en particulier en livrant des chars Leopard 2. Volodymyr Zelensky, a quant à lui de nouveau imploré son auditoire d’accélérer leurs livraisons d’armes et le processus d’adhésion de son pays à l’Union européenne.
  • La pression sur les industries de défense européennes et états-uniennes a été soulignée à plusieurs reprises ces dernières semaines, dans un contexte d’accélération de l’offensive militaire russe. Ainsi, le Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a prévenu que le taux de consommation des munitions sur le théâtre ukrainien était « plusieurs fois supérieur » au taux de production des industries de défense occidentales, plaçant celles-ci sous tension. 
  • Durant la conférence de Munich, le président français a invité les pays européens à investir davantage dans leur Défense et à repenser leur doctrine. Il a également avancé l’idée d’une conférence sur la défense aérienne de l’Europe qui devrait notamment réunir à Paris des représentants de l’Allemagne, de l’Italie et du Royaume-Uni. 

A l’approche des un an du conflit, les combats s’intensifient dans le Donbass

Vendredi 10 février, la Russie a ciblé les infrastructures civiles ukrainiennes, déjà fortement endommagées, au moyen d’une centaine de drones de fabrication iranienne et de missiles de croisières et antiaériens Kiev a déclaré dans un communiqué qu’elle avait abattu 61 missiles de croisière et cinq drones, mais qu’elle n’avait pas la capacité d’intercepter les missiles S-300. Une semaine après, le ciel ukrainien était parsemé de ballons, destinés en partie à confondre les défenses aériennes du pays, avant qu’une nouvelle vague de bombardement s’abatte sur le pays. Les combats de ces dernières semaines dans le Donbass se sont intensifiés, en particulier autour de la ville de Kreminna, occupée par les Russes, et de la ville de Bakhmout, tenue par les Ukrainiens. Lundi 13 février, cette dernière a subi une nouvelle vague de tirs d’artillerie des forces russes, qui ont réalisé quelques gains sur le théâtre notamment en coupant des lignes d’approvisionnement de l’armée ukrainienne. Au cours de la semaine, les soldats ukrainiens ont creusé de nouvelles lignes de tranchées autour des villes voisines.

  • A l’approche des un an de l’invasion russe en Ukraine, Moscou a renforcé ses positions dans ce qui semble être le prélude à une nouvelle offensive majeure. La ville de Bakhmout a été au centre d’une campagne russe intense le long du front oriental. Les autorités ukrainiennes ont ainsi redoublé d’efforts pour convaincre les quelques milliers de civils restants de quitter la ville et ont interdit aux travailleurs humanitaires d’y pénétrer. Bien que peu stratégique dans le conflit, le gain de cette ville représenterait la plus grande victoire russe sur le champ de bataille depuis plusieurs mois. Cette conquête pourrait accentuer la pression sur les alliés de l’Ukraine afin qu’ils renforcent leur soutien.
  • Vendredi 17 février, le président russe Vladimir Poutine a reçu son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko. Ce dernier a tenu à rappeler que la Biélorussie avait honoré la totalité des accords de défense et de sécurité avec la Russie et a déclaré que la production d’avions d’attaque SU-25 était prête à débuter. Si Minsk est dépendante de Moscou pour son aide économique et militaire, elle résiste à la pression russe de s’engager plus directement dans le conflit. La veille, durant une conférence de presse, le président biélorusse a d’ailleurs annoncé que son pays entrerait en guerre seulement s’il était attaqué.

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AFRIQUE

Incident diplomatique israélien lors du sommet de l’Union Africaine

La 36ème édition du Sommet de l’Union Africaine (UA) s’est tenue du 17 au 19 février au siège de l’organisation à Addis-Abeba (Éthiopie). Lors de la cérémonie d’ouverture, la directrice adjointe pour l’Afrique au ministère israélien des Affaires étrangères Sharon Bar-Lee s’est vue être exclue de l’auditorium. L’UA a justifié cette décision par l’absence d’accréditation officielle de l’émissaire israélienne, puisque seul l’ambassadeur d’Israël aurait été pourvu d’une invitation. Simultanément, le ministère israélien des Affaires étrangères affirme que Sharon Bar-Lee disposait d’un statut d’observateur « en bonne et due forme » et qu’ « il est regrettable de voir que l’UA a été prise en otage par un petit nombre de pays extrémistes comme l’Algérie et l’Afrique du Sud motivés par la haine et contrôlés par l’Iran ».

  • Cet incident fait écho au précédent sommet de l’UA où la question du statut d’Israël avait été passée sous silence (annulation du vote) tant elle désolidarise au sein de l’organisation intergouvernementale. En 2021, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union Africaine, avait pourtant officialisé l’accréditation d’Israël. Simultanément, les autorités palestiniennes rejettent toute reconnaissance diplomatique de l’État d’Israël. C’est pourquoi, lors du sommet de l’UA de 2022, le Premier ministre palestinien avait expliqué qu’ « Israël ne devrait jamais être récompensé pour ses violations et pour le régime d’apartheid qu’il impose au peuple palestinien ».
  • L’expulsion de l’émissaire israélien tend également à décrédibiliser la politique étrangère israélienne. En effet, Benjamin Netanyahu, actuel Premier ministre d’Israël, a érigé au rang de priorité absolue la consolidation des liens avec les pays africains. Cette volonté s’est traduite le 2 février 2023 par l’inauguration officielle de l’Ambassade du Tchad à Tel Aviv avec la présence du Président de Transition tchadien et du Premier ministre israélien, rencontre qualifiée d’ « historique ».
  • Parallèlement à ces évènements, le sommet de l’UA 2023 s’inscrit dans un contexte de dégradation du contexte sécuritaire en Afrique – et plus particulièrement au sein de la bande sahélo-saharienne – avec un élargissement du spectre d’influence russe sur le continent et l’exacerbation des crises humanitaires. Selon l’ONU, le nombre de déplacés en Afrique a augmenté de 15% avec plus de 44 millions de déplacés en 2022. Conséquemment, les membres de l’UA ont annoncé une accélération de la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC) supprimant les frais douaniers et augmentant les taux d’emploi. À long terme, cette ZLEC permettrait de « contribuer à sortir jusqu’à 50 millions de personnes de l’extrême pauvreté ».

Centrafrique : Prise d’otage d’une vingtaine de militaire par la Coalition des Patriotes pour le Changement 

Mardi 14 février, le village de Sikikédé – situé au sein de la province de Vakaga à l’intersection avec les frontières soudanaises et tchadiennes – a été attaqué par les rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC). Munie d’armes de guerre, la CPC aurait tué 18 soldats et fait prisonniers plus d’une vingtaine de militaires dont plusieurs officiers. Face au silence prolongé de Bangui, les insurrectionnels publient régulièrement des vidéos de la prise d’otage, tout en assurant que « ce sont des prisonniers de guerre ». Vendredi 17 février, le mouvement proche du pouvoir, le Front républicain centrafricain, a caractérisé cette opération d’« acte terroriste ». Le gouvernement, quant à lui, détourne les accusations vers une inefficacité hiérarchique des Forces armées centrafricaines (FACA), l’insuffisance matérielle et des difficultés logistiques.

  • Selon les populations locales, la CPC se disperse autour de Sikikédé afin de pourchasser les soldats repliés et d’étendre son influence. Aucune source ne traite de la situation actuelle au sein du village.
  • La République centrafricaine est en proie à une guerre civile depuis 2012. Face à l’essoufflement des forces rebelles, les principaux groupes armés ont entrepris de fusionner afin de former la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), en 2020, regroupant plusieurs ethnies (peules, rougna, sara). La CPC s’oppose fermement au gouvernement en place et multiplie ses attaques à l’encontre des FACA. Cette recrudescence d’agressions tend à exacerber les crises humanitaires frappant la Centrafrique – pays présentant l’un des plus faibles Indices de Développement Humain (188ème rang mondial) selon le Programme des Nations unies pour le développement.

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ASIE

La Corée du Nord condamne la tenue prochaine d’un exercice conjoint entre Washington et Séoul

Les Etats-Unis et la Corée du Sud ont annoncé la tenue la semaine prochaine d’un exercice militaire de simulation TTX (Table-Top Exercise) au Pentagone selon un scénario simulant une attaque nucléaire de la Corée du Nord. Dans un communiqué du porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères, Pyongyang a menacé Washington et Séoul « de contre-mesures (…) fortes et sans précédent » s’ils venaient à mettre en œuvre ces exercices. La Corée du Nord considère en effet ces exercices comme des « préparatifs de guerre » en vue d’une invasion sur son territoire national.

  • Réalisé pour la première fois en 2011, l’exercice annuel TTX ne s’est déroulé que deux fois sous le mandat de l’ancien président sud-coréen Moon Jae-in, partisan d’un rapprochement intercoréen. La dernière édition s’était tenue en Corée du Sud en septembre 2021.
  • Cette annonce intervient quelques semaines après la visite du Secrétaire à la Défense américain Antony Blinken à Séoul et de la condamnation conjointe des pays des provocations et les violations des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies par la Corée du Nord. Les deux puissances ont également réalisé des manoeuvres militaire conjointe au début du mois de février.

Le Japon suspecte la Chine d’avoir utilisé des ballons espions au dessus de son territoire 

Mardi 14 février, le ministère de la Défense japonais a dénoncé le survol de ballons espions chinois, à au moins 3 reprises depuis 2019, au-dessus de son espace aérien.  Demandant à Pékin de confirmer ces faits, le gouvernement japonais a fermement condamné “les violations de l’espace aérien par des ballons de reconnaissance étrangers sans pilote et d’autres moyens” et envisage d’assouplir les procédures permettant de détruire par missile les objets volant au-dessus de son territoire. En réponse à ces accusations, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré que le Japon “porte des accusations sans fondement et dénigre la Chine sans preuve concluante”. 

  • Depuis la destruction d’un ballon chinois au large de la Caroline du Sud le 4 février dernier par les Etats-Unis, d’autres objets non identifiés attribués à la Chine ont été abattus et de nombreux pays ont procédé à une réévaluation de cette menace. 
  • Le Japon fait face à de multiples tentatives d’espionnage de la part de son voisin chinois notamment au large de l’île d’Okinawa,  qui sert de base pour surveiller la Chine et la Corée du Nord. En effet, Okinawa abrite la majorité des 54 000 troupes américaines présentes au Japon.
  • Afin de renforcer ses capacités globales de contre-attaque, Tokyo a annoncé vouloir acquérir l’ensemble des missiles de croisière américain Tomahawk voulu par son armée au cours de la seule année 2023. 

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AFRIQUE DU NORD/MO

Israël – Palestine : L’escalade des tensions se poursuit suite à l’annonce de légalisation de colonies juives en Cisjordanie  

Le 12 février dernier, le cabinet de sécurité israélien (organe central dans la prise de décisions stratégiques et militaires, composé entre autres de membres du gouvernement) a annoncé le projet de légalisation de neuf colonies juives en Cisjordanie occupée ainsi que le renforcement de la présence des forces de sécurité à Jérusalem. Ces décisions ont été présentées « en réponse aux attentats terroristes meurtriers » du 10 février et s’inscrivent dans un contexte général d’escalade des tensions. Le bureau du Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a annoncé, par la même occasion, la réunion du conseil de la planification supérieur de l’administration civile dans les prochains jours « pour approuver la construction de nouveaux logements dans les colonies existantes en Judée-Samarie ».

  • Pour l’ONU, l’entreprise de colonisation juive en Cisjordanie reste cependant illégale au regard du droit international, qu’elle soit légitimée ou non par le gouvernement. Le chef de la diplomatie américaine s’est dit préoccupé « par la décision d’Israël hier d’avancer la construction de jusqu’à 10 000 logements et d’entamer rétrospectivement le processus visant à légaliser neuf colonies en Cisjordanie qui étaient considérées auparavant comme illégales d’après la loi israélienne ». Antony Blinken a ensuite affirmé son opposition « à de telles mesures unilatérales, qui exacerbent les tensions et sapent les efforts pour la négociation d’une solution à deux Etats ».
  • Depuis le début de l’année, le conflit israélo-palestinien a coûté la vie à 43 palestiniens, 9 israéliens et une ukrainienne. Depuis notre dernière veille, l’armée israélienne a annoncé avoir tué cinq « assaillants armés » dans le camp de réfugiés palestiniens d’Aqabat Jabr, près de Jéricho, le 6 février. Le 10 février, un attentat à la voiture bélier a tué deux enfants et un civil à Ramot, quartier de colonisation juive. En représailles, l’armée israélienne a frappé « un complexe souterrain contenant des matières premières utilisées pour la fabrication de roquettes appartenant » au Hamas. Le lendemain de l’annonce du bureau de Nétanyahou, deux attaques au couteau ont tué un policier israélien et blessé un adolescent. 

 

Veille rédigée par Camille, Elias, Simon, Pauline, Léana, Baptiste et Raphaëlle.

Comité de rédaction

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