Par Claire Mabille
AFRIQUE
Les quinze pays de la Cédéao (communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) ainsi que la Mauritanie, le Tchad et le Cameroun, étaient rassemblés samedi à l’occasion d’un sommet extraordinaire de « lutte contre le terrorisme » à Ouagadougou. Le sommet s’est conclu par l’adoption d’un plan d’un milliard de dollars pour lutter contre le djihadisme. L’argent sera versé dans un “pot commun” pour renforcer les armées nationales et les forces conjointes, telles le G5 Sahel.
- La réunion est un symptôme du glissement géographique de la menace jihadiste vers les pays bordant le golfe de Guinée (Togo, Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana), jusqu’à présent épargnés.
- Le G5 Sahel, dont on prévoyait l’enterrement officiel lors du sommet, y est au contraire réhabilité.
- Cependant, il est également possible que le financement du G5 Sahel par le Cédéao (dont seuls trois des cinq pays du G5 Sahel -la Mauritanie, le Mali et le Burkina Faso- sont membres) provoque une dilution du G5 au profit d’un élargissement à l’Afrique de l’Ouest.
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EUROPE
Angela Merket et Emmanuel Macron ont cosigné, lors du G7, un document de bonnes pratiques visant à résoudre le problème de la concurrence franco-allemande dans le domaine de l’exportation d’armes. En dépit de l’accord bilatéral de 1971 (dit “Debré-Schmidt”), les deux pays se livrent une concurrence rude, l’Allemagne utilisant régulièrement le prétexte de la présence de composants allemands dans les matériels de guerre français pour bloquer les ventes de leur concurrent. L’accord instaure un seuil de 20% de composants allemands au-dessous duquel la France serait libre d’exporter ses équipements.
- Bien que marquant un pas positif vers davantage de coopération entre les deux pays, le texte doit encore être adopté par le Bundestag.
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MOYEN-ORIENT
Des attaques de drones ont été menées par les rebelles houthis sur les sites pétroliers de Khurais et d’Abqaiq appartenant à Aramco. La moitié du pétrole brut saoudien y transite. Outre l’humiliation que représente cette attaque pour Riyad, elle pourrait également mettre en danger le projet de ben Salmane de vendre des parts d’Aramco sur le marché international -un projet phare de la modernisation du pays souhaitée par le prince saoudien. Alors que le doute subsiste sur l’origine géographique des frappes -certains experts pensent que les drones auraient pu être lancés d’Irak- ainsi que sur l’identité des responsables des attaques -les frappes ont été revendiquées par les rebelles houtis, mais les drones pourraient avoir été fournis par l’Iran-, les Etats-Unis ont clairement accusé Téhéran d’être à l’origine de cette attaque. Ces accusations ont été démenties par l’Iran.
- Bien que depuis longtemps annoncée, cette attaque de drones marque l’entrée d’une nouvelle arme dans les moyens que peuvent utiliser des belligérants au cours d’une guerre asymétrique.
- On attend la réaction de l’Arabie Saoudite, qui, si elle souhaite une réponse militaire, devra choisir entre le Yémen, l’Iran ou l’Irak, avec des conséquences fort différentes selon son choix.
- Alors que le limogeage de John Bolton (conseiller à la sécurité nationale) laissait entrevoir la possibilité d’une désescalade entre les Etats-Unis et l’Iran, les accusations de Mike Pompeo (secrétaire d’Etat) semble indiquer que le cap de la « pression maximale » sera maintenu par la Maison Blanche.
Un commentaire sur “[Veille stratégique] – Semaine du 9/09 au 15/09”