Entretien avec… Soner Cagaptay

Soner Cagaptay est le directeur du Turkish Research Program au Washington Institute, où il travaille en tant que senior fellow. Son dernier livre, Erdogan’s Empire: Turkey and the Politics of the Middle East, a été publié en septembre 2019 chez I. B. Tauris. 

Pouvez-vous nous présenter votre carrière, votre travail et les raisons qui vous ont poussé à travailler sur la Turquie ?

Soner Cagaptay : Ma thèse de doctorat, que j’ai réalisée à Yale, portait sur le nationalisme turc. On pourrait dire que ma carrière recoupe celle d’Erdogan, car j’ai commencé à travailler au Washington Institute deux mois après sa première élection en novembre 2002. J’ai ainsi pu suivre sa carrière depuis ses débuts et écrire une trilogie portant sur la Turquie contemporaine. Dans le premier livre, The rise of Turkey (2014), j’étudie comment la Turquie est passée d’un État séculaire relativement désavantagé économiquement, à une potentielle puissance économique et religieuse sous Erdogan. The new Sultan (2017) se concentre sur la dégradation de la démocratie turque, et comment Erdogan est devenu l’un des chefs de file du populisme au XXIe siècle. Enfin, mon dernier livre, Erdogan empire (2019), explique comment le président turc tente de « Make Turkey Great Again » : sa politique étrangère, ses succès et ses échecs. La Turquie est un pays fascinant à étudier. Rien n’est tout blanc ou tout noir : tout est en nuances de gris. En se plongeant dans l’étude du pays, il est toujours possible de trouver un nouvel élément qui éclaire les événements actuels.

Dans l’introduction de votre livre, vous définissez Erdogan comme un « anti-Atatürk Atatürk ». Qu’est-ce que ce surnom révèle de la vision du monde du président turc, et quelles en sont les implications pour sa politique étrangère ? 

Soner Cagaptay : Les révolutions promettent souvent un futur merveilleux et prospère, mais pour y parvenir elles doivent présenter le régime qui les a précédées comme arriéré et inefficace. C’est précisément ce qu’a réalisé la révolution kémaliste dirigée par Atatürk au début du XXe siècle avec l’empire Ottoman. La révolution kémaliste a présenté le régime Ottoman trop ancien, défaillant et obsédé par la religion. Pourtant, la réalité est bien différente. Les réformes avaient en effet commencé sous le règne des sultans et Atatürk était lui-même un produit de cette modernisation. Ses idées ont été façonnées par les écoles publiques ottomanes et par l’armée. En dépit de cela, la République kémaliste a toujours refusé l’héritage de l’empire Ottoman et s’est présentée comme un mouvement radicalement nouveau, radicalement moderne. De nombreux Turcs, dont Erdogan, ont aujourd’hui internalisés cette représentation de l’empire Ottoman. Pour Erdogan, cet empire ne revoie pas à un empire multiculturel en paix avec les Européens, mais à un empire très religieux qui s’opposait à l’Europe et l’Occident. Aussi, l’empire qu’il cherche à recréer n’est pas l’empire Ottoman, mais plutôt la caricature de celui-ci, celle qui lui a été enseignée par les écoles d’Atatürk. 

Par ailleurs, Erdogan utilise certaines méthodes typiques d’Atatürk. Ce dernier était un dirigeant jacobin qui voulait créer une société à son image – à la manière de Pierre le Grand dans la Russie des XVIIe et XVIIIe siècles – en employant toutes les ressources de l’éducation publique, l’économie et l’armée pour créer une Turquie sécularisée, moderne et européanisée. Erdogan a aujourd’hui accès à des ressources similaires mais il ne partage pas les valeurs d’Atatürk. Il souhaite une société tournée vers le Moyen-Orient, dirigée par un islam politique et imprégnée de conservatisme social. Toutefois, comme je l’ait observé dans The new Sultan, cette stratégie ne fonctionne pas. Atatürk n’avait pas été élu démocratiquement et présidait une société avec un haut niveau d’analphabétisme. La Turquie moderne est bien plus éduquée, avec un niveau d’alphabétisation quasi-universel, et Erdogan a théoriquement un mandat démocratique qui limite ses possibilités. La plupart des Turcs disposant d’un haut niveau d’éducation sont opposés à Erdogan. L’idée selon laquelle un dirigeant jacobin peut créer une société à son image n’est tout simplement pas possible au XXIe siècle – en tout cas pas en Turquie, qui a un héritage démocratique remontant à 1950.

La collaboration d’Erdogan avec les Frères musulmans est-elle le produit d’une réelle foi religieuse ou une approche pragmatique de l’Islam ?

Soner Cagaptay : Erdogan considère que la Turquie peut être plus qu’un « petit pays européen », et pourrait devenir le leader du Moyen-Orient. Ce n’est pour l’instant pas le cas. De manière significative, à l’exception de l’émir du Qatar, aucun dirigeant de la région n’a participé à l’investiture présidentielle d’Erdogan en 2018 qui était le pinacle de sa carrière. La cause principale de son isolation est sa politique vis-à-vis des Frères musulmans, qui est probablement l’échec en politique extérieure le plus cuisant pour Erdogan. Quand les Printemps arabes ont débuté, Erdogan souhaitait influencer leur aboutissement. Son erreur a été de placer tout son capital politique dans le soutien aux Frères musulmans. Il aurait été plus stratégique de diversifier ses soutiens – c’est, par exemple, la stratégie de l’Iran lorsqu’il interfère dans la politique intérieure d’autres pays. Suite à l’échec des Frères musulmans, Erdogan a perdu le soutien de l’Égypte en refusant de reconnaître Sisi comme le leader légitime du pays. Il s’est également aliéné les Émirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite et leurs alliés, qui voient les Frères musulmans comme une menace domestique et régionale.

« La cause principale de cette situation est sa politique vis-à-vis des Frères musulmans, qui est probablement l’échec en politique extérieure le plus cuisant pour Erdogan »

Erdogan a une vision très positive des Frères musulmans. L’AKP pourrait d’ailleurs être qualifié de version modérée des Frères musulmans : en Turquie, la relation à l’Islam, de la pratique des citoyens aux tentatives de mettre en place une orthodoxie religieuse en politique, est inspirée de leurs principes. De plus, à ses débuts, le parti d’Erdogan avait lui aussi été jugé illégal et empêché de participer aux élections. Quand il a eu la possibilité de se porter candidat, Erdogan a remporté l’élection, et il aimerait que les Frères musulmans aient la même opportunité. C’est cette volonté de voir les Frères musulmans triompher dans le monde arabe qui motive son soutien au Hamas, qui est la version palestinienne de la confrérie. Il voit par ailleurs les Frères musulmans comme un multiplicateur de l’influence turque. A cet égard, le sort des Frères musulmans en l’Égypte a particulièrement affecté la Turquie. En effet, si l’Égypte ne crée pas les tendances du monde arabe, une fois qu’elle les a adoptées, son influence culturelle et démographique sur les pays à majorité arabe rend ces tendances hégémoniques. Lorsque les Frères musulmans ont échoué en Égypte, l’isolation de la Turquie en a été dramatiquement accrue. Cet échec de la politique turque vis-à-vis des Frères musulmans explique pourquoi Ankara a très peu d’alliés au Moyen-Orient et s’est aliénée ses partenaires occidentaux. J’ajouterais cependant que, s’il a échoué au Moyen-Orient, Erdogan a réussi à construire un « mini-empire » dans les Balkans, en Afrique de l’est et de l’ouest et dans le Caucase.

Comment expliquez-vous que le seul allié de la Turquie au Moyen-Orient soit le Qatar ?

Soner Cagaptay : La relation Turco-Qatarie est symbiotique : les deux pays constituent une équipe parfaite en politique étrangère. Le Qatar est le pays le plus riche du Moyen Orient si l’on considère le revenu par tête, mais il a également la plus petite population du Moyen-Orient (environ 250 000 citoyens qataris). Il est aussi engagé dans une compétition avec l’Arabie Saoudite et les Émirats-Arabes-Unis. La Turquie, en revanche, dispose d’une population nombreuse (environ 84 millions d’habitants) et bien éduquée. Ses institutions, comme l’armée et le ministère des Affaires étrangères sont très expérimentées et respectées. Comme le Qatar, Ankara est engagée dans une compétition contre l’Arabie Saoudite et les EAU. Toutefois, la Turquie manque des fonds, du pétrole et du gaz possédés par le Qatar. Ainsi, le Qatar apporte l’argent et la Turquie apporte les institutions et la force démographique.

« La relation Turco-Qatarie est symbiotique : les deux pays constituent une équipe parfaite en politique étrangère »

En ce qui concerne les Frères musulmans, les deux pays leur ont apporté leur soutien en Égypte, en Lybie et en Syrie. Néanmoins, alors que la Turquie partage l’idéologie de la Confrérie, le Qatar la voit principalement comme un outil pour contrer l’Arabie Saoudite et les EAU. Il faut également ajouter que de nombreux Qataris considèrent que c’est grâce au soutien militaire turc et à la présence d’une base militaire turque à Doha que leur pays a évité une invasion saoudienne lors de la rupture entre le Qatar et le Conseil de Coopération du Golfe en 2017. En retour, l’alliance donne à Erdogan la puissance de frappe financière nécessaire au développement de ses objectifs géopolitiques au Moyen-Orient et en Afrique – et notamment en Somalie.

Vous écrivez dans votre livre que « la peur de la Russie a été pendant longtemps le déterminant le plus important de la politique étrangère turque ». Est-ce toujours vrai aujourd’hui ?

Soner Cagaptay : La relation entre la Turquie et la Russie est toujours été asymétrique. L’empire Ottoman et l’empire Russe se sont affrontés dix-sept fois entre le règne de Catherine II et la révolution bolchevique. Qui a commencé la majorité de ces guerres ? La Russie. Qui les a perdues ? L’Empire Ottoman.

La relation entre les deux pays est également dialectique. Les actions de la Russie sont souvent un facteur déterminant de la politique turque. Quand l’Empire Ottoman a perdu la Crimée face à la Russie, il a réalisé qu’il ne pourrait jamais se défendre contre son voisin s’il ne se modernisait pas. Le processus de modernisation a donc commencé avec l’armée ottomane, et a produit Atatürk. Autre exemple de l’effet des politiques russes sur les politiques turques : les ambitions russes sur des parties du territoire turc après la Seconde mondiale sont la principale raison de l’entrée de la Turquie au sein de l’Otan en 1952.

Lorsqu’il est arrivé au pouvoir, Erdogan n’a pas immédiatement saisi cette dynamique, comme en témoigne son intervention en Syrie aux côtés des rebelles contre Bachar-El-Assad, et donc contre la Russie. Il a également manqué d’une vision à long terme, puisqu’il n’a pas réussi à s’assurer du soutien de l’Otan et des États-Unis sur sa politique syrienne. Enfin, Erdogan n’a pas réalisé que le président Obama n’enverrait jamais de soldats en Syrie. Pourtant, le président américain avait été élu en promettant d’être l’inverse de Bush et de ne jamais lancer de guerre contre un pays à majorité musulmane. Erdogan a échoué à comprendre cette logique et, peu de temps après avoir commencé à soutenir les stagiaires syriens, il s’est retrouvé seul face à la Russie. Aussi, lorsque Poutine a commencé le déploiement de ses troupes en Syrie, la question n’était pas de savoir si, mais quand débuterai la nouvelle guerre russo-turque. Pas besoin d’une boule de cristal pour prédire qui aurait gagné…

« Erdogan n’a pas immédiatement compris les implications de la dynamique historique entre la Turquie et la Russie ni l’asymétrie de puissance quand il est intervenu en Syrie aux côtés des rebelles contre Bachar-El-Assad »

Cette relation russo-turque a pourtant été bouleversée par un événement complètement inattendu: la tentative ratée de coup d’État contre Erdogan en 2016. Si les alliés occidentaux de la Turquie ont échoué à prendre la mesure de l’événement, Poutine, en revanche, a appelé Erdogan dès le jour suivant. Il ne s’est pas contenté de lui offrir son aide, mais il l’a également invité à venir en Russie. Ainsi, la première visite officielle à l’étranger d’Erdogan après le coup n’a pas été à Bruxelles pour un sommet de l’Otan, ni à Washington pour rencontrer Obama, mais en Russie pour voir Poutine. Il est significatif qu’Erdogan ne se soit pas rendu à Moscou mais dans la capitale impériale, Saint-Pétersbourg. Poutine accueilli Erdogan à la manière des tsars dans le palais Constantin, construit par Catherine II, qui est pourtant l’impératrice ayant entamé la politique de brutalisation de l’empire Ottoman. Le message de Poutine était clair : la Russie, longtemps le principal rival de la Turquie, était prête à une nouveau chapitre de coopération, sous l’égide de « Poutine le Grand ». Ce fut le point de départ d’un partage du pouvoir entre la Russie et la Turquie en Syrie.

Cela veut dire que la Russie et la Turquie sont maintenant alliés ?

Soner Cagaptay : La Russie et la Turquie ne sont pas alliés. Les deux pays ont des positions divergentes sur l’Ukraine et l’annexion de la Crimée, sur la guerre au Nagorno-Karabakh, et ils soutiennent des camps différents en Libye. Par ailleurs, la Russie soutiendra toujours Chypre. Mais malgré ces différences, un lien personnel s’est établi entre Poutine et Erdogan. 

« La Turquie n’est ni une démocratie ni une dictature, c’est une démocratie dirigée par un autocrate »

La comparaison entre la Russie et la Turquie ne doit cependant pas aller trop loin. L’échec du parti d’Erdogan aux élections municipales de 2019 à Istanbul et Ankara ne pourrait jamais trouver son équivalent en Russie, à Moscou ou à Saint-Pétersbourg. La Turquie n’est ni une démocratie, ni une dictature : c’est une démocratie dirigée par un autocrate. A cet égard, la Turquie est plus proche de la Hongrie ou de la Pologne que de la Russie. Elle conserve une société civile vivace et une longue tradition démocratique.

Les tensions entre la Grèce et la Turquie ont souvent fait la Une ces derniers mois. Il est difficile d’imaginer, comme vous le décrivez dans votre livre, que les Grecs aient célébré la victoire d’Erdogan aux élections présidentielles !

Soner Cagaptay : Il y avait presque une euphorie à Athènes et à Nicosie. De nombreux Grecs voyaient en Erdogan  un non-kémaliste, qui serait par conséquent moins dangereux pour la Grèce. Au début, sa politique a correspondu aux attentes des Grecs : il soutenait l’unification de Chypre et tentait de mettre en œuvre les réformes requises par l’UE dans le cadre de la procédure d’accession au statut de membre. Mais Erdogan est aussi un dirigeant populiste et nativiste. Aussi, son objectif n’était pas de transformer la Turquie en un membre de l’UE mais de rendre à la Turquie sa grandeur.

Quand Chypre est entrée dans l’UE en 2004, cela a mis un terme aux discussions d’entrée de la Turquie dans l’UE. A la demande de Chypre, la France et l’Allemagne ont gelé un certain nombre de mécanismes pour l’adhésion de la Turquie. Je ne pense pas que c’était une bonne décision. Si le processus d’adhésion s’était poursuivi, il aurait été possible à la Grèce et à Chypre de demander davantage de concessions à la Turquie. Mais comme Chypre insistait sur l’arrêt du processus d’adhésion, l’Europe n’avait plus de carottes à offrir à la Turquie, seulement le bâton. Dans la mesure où Erdogan n’avait plus de raison d’aller dans le sens de l’UE, il s’en est éloigné. Ce n’était pas non plus une bonne manœuvre de la part de la Grèce : une Turquie qui n’est pas en Europe est une Turquie nationaliste et maximaliste.

Selon vous, quel héritage Erdogan laissera-t-il à la Turquie ?

Soner Cagaptay : Le changement principal qui s’est produit sous Erdogan est la renaissance du passé impérial du pays, et cet héritage restera. Les pays qui ont été des grandes puissances, comme la Turquie, la Chine, l’Iran ou le Royaume-Uni, gardent une conscience aigüe de ce qu’ils étaient à leur acmè, et sont inspirés par les leaders qui la leur rappellent. Or, Erdogan incarne le passé impérial de la Turquie. Il faut se souvenir que, si l’on mesure le temps par « seculae » comme les Romains, en calculant le temps nécessaire pour que toutes les personnes vivantes au moment d’un événement important décèdent, la République de Turquie n’est même pas vieille d’un seculae. La mémoire de l’empire Ottoman est donc encore vivace, et Erdogan rappellent aux Turcs ce passé impérial. L’opposition elle-même partage ce sentiment vis-à-vis du leader turc – ce qui explique que sa politique étrangère soit largement soutenue par la population turque, et pas seulement par ses électeurs.

« Seulement un tiers de la génération qui a grandi sous Erdogan, qui
représente environ 40 % de la population, le soutient »

Le pouvoir d’Erdogan pourrait-il s’éroder dans les années à venir ?

Soner Cagaptay : Cela dépendra entièrement du facteur économique. Erdogan a initialement gagné le soutien de la population car il est parvenu à mettre en place une croissance économique rapide et forte. Cela l’a aidé à consolider son pouvoir et à amender la constitution. Mais l’économie rentre aujourd’hui en récession. Cela pourrait ramener à la réalité le « De Gaulle musulman ». La Turquie est engagée militairement dans trois pays au moins : en Lybie, en Syrie et en Irak (contre le PKK kurde). Si certaines de ces guerres sont des « proxies war », elles nécessitent malgré tout un fort investissement de la part d’Ankara. Si l’économie vacille, ce qui serait un développement très regrettable pour la population turque, la Turquie perdra la possibilité de mener plusieurs guerres sur différents fronts et cela diminuera le soutien populaire d’Erdogan.

La relation entre la France et la Turquie s’est fortement dégradée ces derniers mois. Avez-vous un message à transmettre à nos lecteurs français ?

Soner Cagaptay : Je pense qu’il est important de ne pas oublier que la Turquie est, a été, et sera toujours plus grande qu’Erdogan. Paris et les Français ne devraient pas perdre espoir en la démocratie turque. La Turquie est une démocratie depuis plus de 70 ans – c’est bien plus longtemps que l’Espagne. Si les élections sont de moins en moins transparentes, elles resteront libres grâce à cet héritage démocratique, et c’est ce qui compte. Il y a aussi des raisons de garder espoir en l’avenir de la Turquie. Jusqu’aux élections de 2019, presque la moitié de la population soutenait Erdogan. Mais seulement un tiers de la génération qui a grandi sous Erdogan, et qui représente environ 40 % de la population, le soutient. L’avenir de la Turquie repose sur cette nouvelle génération, et je pense qu’il est très important pour les sociétés civiles européennes de maintenir des liens avec la population turque. 

Auteurs : Théo Bruyère-Isnard and Claire Mabille

Comité de rédaction

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