FRANCE
Le chef de la direction du renseignement militaire (DRM) remercié
Mercredi 30 mars, le général Eric Vidaud, chef de la direction du renseignement militaire (DRM), a quitté ses fonctions après avoir appris sa mutation anticipée prévue pour l’été 2022. Selon des sources internes qui ont témoigné auprès du journal L’Opinion, le général Vidaud, déjà dans le viseur de l’état-major des armées (EMA) depuis la perte du contrat de sous-marins avec l’Australie, a été remercié en raison de « briefings insuffisants », d’un « manque de maîtrise des sujets » et d’une mauvaise anticipation de l’offensive russe en Ukraine. Le général Jacques de Montgros serait pressenti pour lui succéder.
- La DRM est chargée de collecter du renseignement d’intérêt militaire tel que les forces en présence sur un terrain d’opération, les capacités susceptibles d’être mises en œuvre, la nature des unités et des matériels engagés. C’est la direction générale du renseignement extérieur (DGSE) qui doit identifier et se rapprocher des personnes influentes dans les cercles du pouvoir pour connaître les intentions des dirigeants.
- Le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, avait publiquement reconnu dans un entretien avec le journal Le Monde, publié le 6 mars dernier, que les services de renseignement français avaient réalisé une analyse erronée de la menace russe en Ukraine, contrairement aux Anglo-saxons.
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EUROPE
Arianespace est choisi par Amazon pour participer au projet Kuiper
Mardi 5 avril, Stéphane Israël, le président exécutif d’Arianespace, a annoncé la signature d’un contrat avec Amazon visant à participer à dix-huit des 83 lancements des 3 236 satellites constituant la future constellation Kuiper. D’après le dirigeant, c’est « le plus gros contrat de l’histoire d’Arianespace ». Les lancements de la société française seront assurés par la fusée Ariane-6, destinée à remplacer sa prédécesseur Ariane-5, en exploitation depuis 1996. Le premier vol de la nouvelle fusée est prévu pour décembre 2022.
- Le projet de constitution de la constellation Kuiper a été annoncé par Amazon en 2019. Il a pour objectif d’offrir un Internet haut débit aux régions isolées du monde. Elle est en concurrence directe avec Starlink, la constellation de SpaceX, l’entreprise d’Elon Musk, déjà composée de 538 satellites en orbite. La constellation anglo-indienne OneWeb fait partie des cinq constellations prévues et connues. Une partie est également déjà en orbite.
- La signature de ce contrat offre à Arianespace une assurance pour l’avenir alors que la guerre en Ukraine a eu de lourdes conséquences sur son activité. En effet, dès le début de l’invasion en Ukraine, les Russes ont suspendu tout lancement de fusées Soyouz, alors qu’elles sont utilisées par Arianespace pour positionner des satellites en orbites basse et moyenne – précisément les orbites visées par les satellites des constellations. Par conséquent, Oneweb s’est déporté d’Arianespace à SpaceX.
Rencontre du Premier ministre espagnol avec le roi du Maroc
Jeudi 7 avril, le Premier ministre socialiste espagnol, Pedro Sanchez, a été reçu par son homologue marocain, Aziz Akhannouch, puis par le roi Mohammed VI à Rabat. Les deux dirigeants ont souhaité rendre officielle la normalisation de leurs relations diplomatiques après la crise déclenchée au printemps 2021 par la fermeture des frontières maritimes en 2020. Plusieurs mesures d’ordres économique, énergétique et diplomatique (notamment sur l’immigration) devraient résulter de cette rencontre, dont la prise de position de Madrid en faveur d’une reconnaissance du Sahara occidental comme territoire marocain.
- L’Espagne se positionne désormais dans le sillage de la France, des Etats-Unis et de l’Allemagne, tous trois favorables à la solution marocaine présentée par Rabat devant les Nations Unies en 2007.
L’Allemagne se dote de drones armés
Mercredi 6 avril, la commission de la Défense du Bundestag a approuvé l’achat de 140 drones armés du modèle israélien MALE Heron TP. Le ministère de la Défense compte utiliser soixante d’entre eux pour des entraînements et les quatre-vingt autres pour un « usage opérationnel ». Le montant total de la commande s’élève à 152,6 millions d’euros. Berlin pourra commencer à en faire usage d’ici 2024.
- En 2018, le parti social-démocrate d’Olaf Scholz, alors membre de la coalition d’Angela Merkel, s’était opposé à l’armement des drones dont l’acquisition par l’Allemagne était programmée pour 2018. Pourtant, à la suite de l’invasion de l’Ukraine, le chancelier Scholz a annoncé dégager une enveloppe exceptionnelle de 100 milliards d’euros pour moderniser l’armée nationale. Cet investissement massif sera pérennisé par l’investissement dans le domaine de la défense d’au moins 2% du PIB national.
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AFRIQUE
Mali : 300 civils auraient été exécutés à Moura selon Human Rights Watch
Publié mardi 5 avril, le rapport d’Human Rights Watch (HRW) accuse l’armée malienne et de présumés soldats russes de l’exécution de 300 civils dans la localité de Moura entre le 23 et le 31 mars. Tandis que les autorités maliennes de transition, menées par la junte militaire depuis 2020, se réfèrent à une opération militaire permettant « d’abattre 203 membres de groupes armés terroristes et d’en arrêter 51 autres », HRW fait état d’un « massacre de masse » et “d’exécutions sommaires”, citant 27 personnes informées des événements, dont 19 survivants et témoins.
- Ces dernières semaines, la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) a reporté un nombre grandissant de victimes des violences jihadistes dans le centre-est du Mali et la région dite “des trois frontières”, entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Cette région est le théâtre d’affrontements réguliers entre organisations armées (régulières et irrégulières), dont Al-Qaïda et l’Etat islamique.
- Au cours des derniers mois, le Mali a assisté à l’arrivée de soldats russes du groupe Wagner, venus aider les forces armées maliennes à combattre les jihadistes. Selon des témoins cités dans le rapport de HRW, les combattants étrangers présents lors des événements de Moura étaient blancs de peau et ne parlaient pas français. Ils seraient assimilés à des Russes.
- HRW a appelé le gouvernement malien à « ouvrir de façon urgente et impartiale une enquête sur ces meurtres de masse, y compris sur le rôle des soldats étrangers ». Le ministère français des Affaires étrangères et le haut-représentant de l’Union européenne ont également rédigé une demande d’enquête indépendante menée par la Minusma. Soumise au Conseil de sécurité des Nations Unies, cette demande a néanmoins été bloquée par les vétos russe et chinois.
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AMERIQUE
Guerre en Ukraine : renforcement de la posture américaine en Europe, nouvelle assistance sécuritaire à l’Ukraine et consolidation du régime de sanctions
Ces dernières semaines, les Etats-Unis ont annoncé l’augmentation des pressions économiques exercées à l’encontre de la Russie et le renforcement de leur posture en Europe, tandis que la guerre en Ukraine se poursuit. En concertation avec les membres de l’Union européenne et du G7, les Etats-Unis ont imposé de nouvelles sanctions à l’encontre des deux principales institutions financières publiques et privées russes (Sberbank et Alfa Bank) et des principales entreprises d’Etat. Ces dispositions interdisent également tout nouvel investissement en Russie et empêchent le remboursement de la dette souveraine russe avec des fonds sous juridiction américaine. Dans le même temps, le Congrès américain a voté à une large majorité et avec un soutien bipartisan le retrait du « Most-Favored Nation Status » avec les États-Unis et l’interdiction des importations du gaz, du pétrole et du charbon russes. Les deux mesures ont bénéficié d’un large soutien bipartisan et devraient être signées par le président Biden dans les prochains jours.
En matière d’assistance sécuritaire, Washington enverra une aide supplémentaire de 300 millions de dollars dans le cadre de l’Ukraine Security Assistance Initiative (USAI), complétée par un paquet de 100 millions de dollars composé de systèmes antichars. Le Secrétaire à la Défense a également indiqué le repositionnement d’un système de défense aérienne Patriot en Slovaquie à la suite de l’annonce du gouvernement slovaque du transfert d’un système de défense aérienne S-300 à l’Ukraine. Fin mars, la présence du groupe aéronaval américain Truman en Méditerranée et celle du 82nd Airbone déployé en Pologne ont été prolongées pour une durée indéterminée. Peu de temps avant, trois unités des Marine Air Control Group 28 ont rejoint la Lituanie alors que six chasseurs EA-18G Growler de la Navy sont arrivés en Allemagne.
- Ces récentes annonces portent l’engagement des Etats-Unis à plus de 1,7 milliards de dollars depuis le 24 février (soit depuis le début de l’invasion russe) et à 2,4 milliards de dollars depuis le début du mandat de l’administration. En réponse aux demandes du président Zelensky, les Etats-Unis aident l’Ukraine à acquérir des systèmes de défense aérienne à plus longue portée, en coordination avec les membres de l’OTAN.
L’administration Biden a transmis au Congrès sa requête budgétaire et la National Defense Strategy
Lundi 28 mars, le Pentagone a remis au Congrès la version classifiée de la National Defense Strategy (NDS) 2022 ainsi que la Nuclear Posture Review, qui évalue le dispositif nucléaire et la politique américaine en matière de dissuasion, et la Missile Defense Review, qui fournit un cadre à la défense antimissile. La requête budgétaire totale s’élève à 5,8 trillions de dollars pour l’année fiscale 2023. Le budget pour la Défense nationale demandé par l’administration Biden est de 813,3 milliards de dollars dont 773 milliards de dollars pour le Department of Defense (DoD).
- Conformément à la politique conduite jusqu’à présent, les États-Unis souhaitent concentrer leurs efforts sur la Chine, considérée comme le « pacing challenge », qui requiert un investissement plus important dans l’innovation et dans le recrutement de personnel. La Russie est, quant à elle, présentée comme une « acute threat » à prendre en compte dans l’immédiat.
- Les priorités du DoD portent sur la modernisation nucléaire, la défense antimissile et la recherche et le développement. Un investissement important dans la triade nucléaire est à noter, alors que le budget consacré à la R&D atteint un montant record de 130,1 milliards de dollars.
- Cette proposition de dépenses pour la défense a été critiquée par de nombreux législateurs, à la fois Républicains et Démocrates. Plus précisément, l’opposition estime que l’augmentation n’est pas suffisante pour faire face au taux d’inflation élevé. Le Secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, et le général Milley – chairman of the Joint Chiefs of Staff – ont défendu le budget lors des auditions à la Chambre des Représentants puis au Sénat. D’après eux, la concurrence stratégique avec la Chine et la Russie nécessite une révision des capacités et un investissement dans les nouvelles technologies.
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ASIE
La Corée du Nord accuse la France et agite la menace nucléaire face à la Corée du Sud
Mardi 5 avril, la Corée du Nord a accusé la France de porter atteinte à sa souveraineté en participant à des opérations de surveillance en mer de Corée organisées par la Cellule de coordination de la lutte contre la fraude (ECC) du Conseil de sécurité des Nations unies. Depuis le mois de mars, une frégate française participe à des opérations de surveillance dans le but de vérifier que Pyongyang respecte bien les sanctions internationales. Les autorités du pays ont dénoncé la participation française à de telles opérations, accusant Paris de « provocation militaire manifeste ».
Ce même mardi 5 avril, Kim Yo Jong, la sœur du dirigeant du pays, a annoncé que Pyongyang n’hésiterait pas à utiliser l’arme nucléaire contre la Corée du Sud en cas d’attaque de cette dernière. Ces propos sont une réaction claire à ceux du ministre sud-coréen de la Défense Suh Wook, qui avait déclaré vendredi 1er avril que Séoul était en mesure de frapper n’importe quelle cible en Corée du Nord.
- La France a déployé dans la région la frégate Vendémiaire dans le cadre du « United Nations Security Council Enforcement Coordination Cell » afin d’observer et de contrer les manquements au respect des sanctions internationales imposées à la Corée du Nord. Les opérations de surveillance s’effectuent en mer car les transferts illégaux vers Pyongyang ont principalement lieu de navire à navire.
- La Corée du Sud est en pleine période de transition. Le président nouvellement élu Yoon Suk-yeol a annoncé vouloir rompre avec la posture du précédent gouvernement, dont les tentatives pour maintenir un dialogue avec Pyongyang n’ont pas obtenu de réelles avancées.
Intensification des émeutes au Sri Lanka face à la crise
Touché par une crise économique historique, le Sri Lanka est en proie à une intensification des protestations contre le régime en place. La population sri lankaise, qui manque depuis plusieurs mois de nourriture, de carburant et d’électricité, s’oppose notamment à l’instauration, le 1er avril dernier, à l’état d’urgence, d’un couvre-feu et du blocage des réseaux sociaux dans le pays.
Depuis plusieurs semaines, bravant les interdictions du gouvernement, de nombreux srilankais réclament la démission du Président Gotabaya Rajapaksa et de son frère Mahinda Rajapaksa, le Premier ministre du pays. Le 15 mars, des manifestants avaient tenté d’envahir la résidence présidentielle et samedi 9 avril, le mouvement de contestation a rassemblé plusieurs milliers de personnes dans la capitale du pays avec le soutien des Eglises ainsi que du patronat. Fortement chahutés, les Frères Rajapaksa continuent de s’accrocher au pouvoir mais ont perdu leur majorité au Parlement après de multiples défections parmi leur rang.
- Le Sri Lanka est victime de la baisse du tourisme due à la pandémie du Covid-19 et aux attentats islamistes ayant frappé le pays en 2019. Le pays connaît la plus grande crise économique depuis son indépendance en 1948. L’État, très dépendant des importations, est surendetté et ne peut plus subvenir aux besoins de sa population. La montée du prix du carburant a entraîné une pénurie conséquente.
- Le pays est également un terrain d’affrontement indirect entre Pékin et New Dehli, qui cherchent à étendre leur influence dans l’océan Indien. Les deux géants interviennent économiquement dans le pays à travers des prêts et des plans de relance. De nombreux projets d’infrastructure entrepris avec la Chine au début des années 2010 se sont révélés être des échecs et ont plongé le pays dans une spirale d’endettement.
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AFRIQUE DU NORD/MOYENT-ORIENT
Trêve de deux mois entre les belligérants au Yémen
Vendredi 1er avril, l’ONU a annoncé une trêve de deux mois entre la coalition pro-gouvernementale menée par l’Arabie saoudite et les forces rebelles Houthis au Yémen. L’envoyé de l’ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, a ajouté que les parties acceptaient de cesser toute attaque à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, et que les pétroliers et certains vols commerciaux étaient autorisés à opérer.
- Cette annonce succède à des pourparlers yéménites qui s’étaient tenus à Riyad le 30 mars, même si la rencontre s’était tenue en l’absence des Houthis.
- Depuis janvier, les Houthis attaquent régulièrement les territoires saoudiens et émiratis. Les deux monarchies sont les principaux membres d’une coalition militaire combattant le groupe rebelle depuis 2015 au Yémen. Plongé dans la guerre civile depuis 2014 qui aurait, selon l’ONU, causé la mort de 380 000 personnes, le Yémen traverse une crise humanitaire sans précédent.
Vague d’attentats en Israël
Les trois dernières semaines, Israël a été la cible de quatre attentats qui ont fait quatorze morts au total. Il s’agit du bilan le plus grave depuis « l’Intifada des couteaux » de 2015. Le 22 mars, quatre personnes ont été tuées par un Bédouin d’origine israélienne dans la ville de Beer Sheva au sud du pays. Le 27 mars a eu lieu une attaque à l’arme à feu sur la côte à Hadera. Le 29 mars et le 7 avril, deux attaques se sont déroulées dans la banlieue et au centre-ville de Tel Aviv. Si les deux premiers assaillants étaient liés à l’organisation Etat islamique, les deux dernières attaques ont été perpétrées par des Palestiniens originaires de Jénine, en Cisjordanie occupée. Vendredi 8 avril, le Premier ministre israélien Naftali Bennett a déclaré laisser « carte blanche » aux forces de sécurité pour répondre à cette « nouvelle vague de terreur ».
- Les mesures sécuritaires prises par Naftali Bennett s’expliquent aussi par un contexte politique très instable. Mercredi, ce dernier a en effet perdu la majorité à la Knesset, le Parlement israélien.
- Si la dernière attaque a été saluée par le Hamas et le Jihad islamique, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a condamné ces violences. En plus de limiter les déplacements entre la Cisjordanie et Israël, les forces militaires israéliennes ont lancé un raid de grande ampleur sur le camp de Jénine samedi 9 avril, provoquant au moins un mort.
- Alors que la période du Ramadan, qui a débuté ce mois-ci, est traditionnellement associée à des tensions élevées en Israël, ces attaques surviennent aussi dans un contexte de normalisation avec de nombreux pays arabes. Depuis les accords d’Abraham de 2020, les sommets entre le Maroc, le Bahreïn, les Emirats Arabes Unis et Israël se multiplient et la question palestinienne est reléguée au second plan.
Cette veille a été rédigée par Pauline, Rhéa, Maëlle, Baptiste, Camille et Rose.