Veille stratégique – Avril 2022 (2/2)

FRANCE 

La France poursuit ses livraisons d’armes à l’Ukraine et multiplie les expulsions d’espions russes

Ces deux dernières semaines, la France a choisi de sortir de son ordinaire discrétion et de rendre publiques ses actions dans le cadre de la guerre en Ukraine. Lundi 11 avril, le ministère des Affaires étrangères a annoncé l’expulsion de six nouveaux espions russes travaillant sous couverture diplomatique, portant à 41 le nombre de Russes indésirables sur le sol français en l’espace de deux semaines. En outre, par le biais d’une communication du ministère des Armées le 13 avril ainsi que lors d’un entretien d’Emmanuel Macron vendredi 22 avril, il a été confirmé que la France avait livré pour 100 millions d’euros d’équipements à l’Ukraine depuis le début du conflit, et qu’elle comptait en livrer autant dans les prochaines semaines. Parmi ces équipements, des moyens de protection, des équipements optroniques, 12 camions équipés d’un système d’artillerie (CAESAr), des missiles anti-char MILAN, MISTRAL et Javelin, et d’autres munitions.

  • Le CAESAr est un camion tout-terrain équipé d’un canon de 155mm, d’une portée de 40km. Les 12 CAESAr qui seront envoyés en Ukraine sont ainsi prélevés sur le parc de 76 unités dont dispose l’armée de Terre. Une quarantaine de soldats ukrainiens sont arrivés en fin de semaine en France pour se former au maniement de ces canons.
  • Les missiles Javelin livrés par la France à l’Ukraine sont ceux qui avaient été acquis aux Etats-Unis pour les opérations en Afghanistan.

Emmanuel Macron réélu, et une continuité dans les programmes de sécurité et de défense

Dimanche 24 avril, le président sortant Emmanuel Macron a été réélu avec environ 58,5% des voix (selon les voix décomptées à 22h). Dans un contexte de guerre sur le sol européen, le thème de la sécurité et de la défense joue un rôle important dans son programme électoral, en continuité avec ce qui a été réalisé sous son premier mandat.

Il prévoit ainsi d’allouer 15 milliards d’euros supplémentaires sur cinq ans aux objectifs énoncés dans le projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (LOPMI), présenté en conseil des ministres en mars dernier. Cette LOPMI prévoit notamment de former davantage les forces de l’ordre aux enjeux de cybercriminalité et redéployer 3 500 policiers dans la rue, actuellement affectés à la garde de bâtiments et aux audiences de justice. Il ambitionne également de créer une « force d’action républicaine pour les quartiers », composée de policiers, d’agents des finances et de travailleurs sociaux pour démanteler les réseaux de trafic de drogues.

Du côté de la défense, Emmanuel Macron veut réformer l’OTAN pour créer les conditions d’une émergence de l’Europe de la défense afin que les Européens soient moins dépendants de l’appui américain, tout en continuant d’investir massivement dans la base industrielle et technologique de défense (BITD) européenne. En outre, il souhaite renforcer le budget des armées afin d’atteindre l’objectif des 2% du PIB dédiés à la défense, soit 55 milliards d’euros d’ici à 2025, et augmenter la réserve civile française.

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EUROPE

Cyberespionnage : nouvelles révélations sur les activités de logiciels espions israéliens

Le 18 avril, Citizen Lab, un laboratoire interdisciplinaire basé au Canada, a publié une étude dans laquelle il affirme que plusieurs responsables catalans ont été victimes d’un ou de deux logiciels espions israéliens, Pegasus de NSO Group et Candiru, d’une autre société israélienne. Le même jour, le laboratoire a mis en ligne un article dans lequel il confirme avoir prévenu le gouvernement britannique des infections de plusieurs réseaux de ses responsables entre 2020 et 2021, dont le bureau du Premier ministre. Une semaine plus tôt, le journal Reuters annonçait que plusieurs fonctionnaires haut placés de la Commission européenne avaient également été visés par des logiciels espions commercialisés par une entreprise israélienne.

  • La Commission européenne a lancé une commission d’enquête spéciale pour enquêter sur ces abus. Elle est destinée à examiner les lois nationales existantes qui régissent la surveillance. Elle espère que ses recommandations, non contraignantes, contribueront à soulever un débat politique et une évolution juridique au niveau national. En effet, elle n’enquêtera pas sur les États membres qui ont probablement utilisé le logiciel Pegasus (dont la Pologne et la Hongrie), la Commission considérant que cela relève de la compétence des juridictions nationales.
  • NSO avait été placé sur liste noire par le département américain du commerce en novembre 2021 après les révélations de Forbidden Stories (un consortium de rédaction), alors que l’entreprise nie toute action d’espionnage et argue au contraire que ses technologies « aident les intérêts sécuritaires et politiques américains en luttant contre le crime et le terrorisme ».

OTAN : la Suède et la Finlande bientôt dans l’Alliance ?

Dans une conférence de presse le 13 avril dernier à Stockholm, la Première ministre suédoise, Magdalena Andersson, et la Première ministre finlandaise, Sanna Marin, ont évoqué la possibilité de déposer une candidature pour adhérer à l’Alliance atlantique. La Finlande devrait prendre définitivement position avant le sommet de l’Otan, prévu fin juin. Les partis politiques tout comme l’opinion publique se sont radicalement positionnés en faveur d’une adhésion depuis l’invasion russe en Ukraine et la publication d’un rapport gouvernemental sur l’évolution de l’environnement sécuritaire de la Finlande. Quant à la Suède, malgré des débats plus vifs, elle plébiscite une candidature simultanée avec Helsinki.

  • L’adhésion de deux pays supplémentaires à l’OTAN serait perçue comme un échec pour la Russie, qui a en effet attaqué l’Ukraine pour la dissuader de rejoindre l’Alliance, c’est pourquoi Moscou a menacé Helsinki et Stockholm de « graves conséquences militaires et politiques ».
  • Le secrétaire général de l’organisation, Jens Stoltenberg, a déclaré, le 7 avril, qu’il était « sûr que trente pays membres de l’OTAN [allaient] accueillir la Finlande à bras ouverts » et qu’une décision pourrait être prise « rapidement ».
  • Le changement rapide d’opinion des deux pays nordiques envers l’OTAN détonne avec leur position de neutralité qu’ils préservent au nom de l’indépendance nationale.

L’Union européenne adopte son règlement sur les services numériques

Le 23 avril, les Etats membres, la Commission et le Parlement ont signé un accord au sujet du règlement sur les services numériques, le Digital Services Act (DSA), qui imposera aux grandes plates-formes de mieux protéger les utilisateurs en ligne contre les contenus illicites et à garantir la protection des droits fondamentaux des utilisateurs.

  • Le règlement sur les services numériques constitue l’un des deux volets d’un plan d’envergure présenté en décembre 2020 par l’exécutif européen. Le premier volet, le règlement sur les marchés numériques, qui s’attaque aux pratiques anticoncurrentielles, a été conclu à la fin de mars.

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AFRIQUE

Mali : l’armée française accuse Wagner d’avoir mis en scène un charnier dans une attaque informationnelle contre la France 

Mardi 19 avril, dans le cadre du retrait de la force Barkhane du Mali, l’armée française a officiellement transféré la base de Gossi, dans le nord du pays, aux forces armées maliennes (FAMa). Or, jeudi 21 avril, un compte Twitter d’un dénommé Dia Diarra a publié une photo et une vidéo d’un charnier humain à proximité de cette même base avec la mention : « c’est ce que les Français ont laissé derrière eux ». Seulement, l’armée française a filmé quelques heures plus tôt une dizaine d’hommes en treillis en train de monter le charnier de toutes pièces, ensevelissant des corps dans le sable. Les images de la scène, prises par des moyens aériens, permettent aussi de voir un individu filmant ou prenant en photo les cadavres et dont le positionnement correspond exactement à celui du cadreur de la vidéo publiée par le compte Twitter de Dia Diarra. Y voyant une attaque informationnelle contre la France, les armées françaises ont alors décidé de diffuser ces images à la presse pour rétablir la vérité.

  • Selon l’armée française, les hommes qui ensevelissent les corps sont des mercenaires de la société militaire privée Wagner. Environ 1 000 d’entre eux seraient aujourd’hui présents au Mali, remplaçant peu à peu les soldats français dont Bamako a précipité le retrait. Le compte de Dia Diarra, qui existe sur Twitter depuis janvier 2022, est aussi « très probablement un compte créé par Wagner » selon l’état-major français.
  • La guerre informationnelle fait rage au Sahel, où la France est la cible de différentes théories du complot, comme celle de soutenir les djihadistes. De telles rumeurs ont entraîné le blocage d’un convoi de Barkhane en novembre 2021 à Téra au Niger. Au Mali comme en Centrafrique, la Russie altère les perceptions de la population par des opérations d’influence importantes sur les réseaux sociaux et dans les médias.
  • La diffusion de documents qui sont normalement classifiés est un fait rare pour l’armée française. Cette contre-offensive informationnelle entend couper court aux accusations d’exactions et gagner la « guerre des perceptions », dont le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, a fait l’une de ses priorités.

Pour mieux comprendre le jeu de la Russie et du groupe Wagner en Afrique, retrouvez notre étude de cas sur l’influence russe au Mali et en Centrafrique : https://spds.fr/2021/11/01/fin-de-loperation-barkhane-la-russie-va-t-elle-remplacer-la-france-au-mali/ 

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AMERIQUE

Interdiction des tests de missiles anti-satellites par les Etats-Unis

Lundi 18 avril, Kamala Harris, la vice-présidente des Etats-Unis, et Kathleen Hicks, la secrétaire adjointe de la Défense américaine, se sont rendues à la base spatiale de Vandenberg en Californie. Dans ses remarques publiques, la vice-présidente a annoncé l’interdiction des tests de missiles anti-satellites dans l’espace par les Etats-Unis en insistant sur les conséquences associées à ce type d’essai. Elle a également critiqué l’essai russe de novembre 2021, qualifié « d’acte irresponsable », qui a produit plus de 1 600 débris identifiés dans l’espace. Par ailleurs, Kathleen Hicks a souligné l’importance des capacités spatiales pour garantir la sécurité nationale.

  • Cette déclaration montre la volonté des Etats-Unis de conduire des négociations multilatérales sur l’élaboration de nouvelles normes encadrant les actions à caractère militaire dans l’espace. Les deux responsables américains ont encouragé les nations spatiales à suivre cet exemple. Au mois de mai prochain sera organisée la Conférence du désarmement aux Nations Unies avec, en préparation, un groupe de travail international dédié aux questions spatiales.
  • L’annonce ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique américaine. En effet, un représentant républicain a critiqué cette décision, la jugeant « naïve », et a ajouté que cette action n’empêchera pas les adversaires des Etats-Unis, en particulier la Chine et la Russie, de recourir à ce type de capacités.

Succession d’annonces d’assistance militaire supplémentaire à l’Ukraine et intensification des échanges internationaux

Jeudi 21 avril, le président Biden a annoncé un nouveau « presidential drawdown » de 800 millions de dollars pour l’assistance militaire à l’Ukraine, composé de 72 systèmes d’artillerie Howitzer et 144 000 munitions associées, ainsi que de 121 drones tactiques Phoenix Ghost. La semaine précédente, Joe Biden avait également annoncé une aide sécuritaire du même montant. La Maison-Blanche a également promis 500 millions de dollars en aide économique directe ainsi que la mise en place d’un nouveau programme « Unite for Ukraine » pour soutenir les réfugiés ukrainiens arrivant d’Europe. De nouvelles sanctions ont aussi été imposées par le Département du Trésor. En parallèle, le président américain a durcit le narratif en employant le terme « génocide » pour caractériser les actions russes en Ukraine.

  • Ces nouvelles annonces portent l’assistance militaire fournie par les Etats-Unis à l’Ukraine depuis le début de l’invasion à environ 3,4 milliards de dollars. Le Pentagone a mis un terme à la distinction initiale entre armes défensives et offensives avec l’envoi de systèmes d’artillerie, de radars de contre-batterie et de drones tactiques. Les Etats-Unis coordonnent leurs actions avec leurs Alliés et partenaires, comme le démontrent les nombreux échanges bilatéraux et multilatéraux entre les hauts responsables américains et leurs homologues.
  • Un rapport d’experts publié mercredi 13 avril par l’OSCE a mis en évidence des « schémas clairs » de violations du droit humanitaire international par les forces russes, qui pourraient constituer des crimes de guerre. Selon l’ambassadeur américain auprès de l’organisation, le document constitue un « catalogue d’inhumanités perpétrées par les forces russes en Ukraine ».

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ASIE

L’Inde et le Royaume Unis signent un partenariat en matière de défense et de sécurité 

Vendredi 22 avril, l’Inde et le Royaume Unis ont annoncé avoir conclu un partenariat « nouveau et élargi » en matière de défense et de sécurité. Cet « engagement de plusieurs décennies », pour reprendre les mots du premier ministre britannique Boris Johnson, concerne principalement l’action commune des deux pays en Indo-Pacifique. Londres et New Delhi ont rappelé leur attachement à « un ordre libre, ouvert, inclusif et fondé sur des règles dans l’Indo-Pacifique » et ont insisté sur leur intérêt commun à maintenir la région « libre et ouverte », une attaque à peine voilée contre l’action chinoise dans région.

Les deux pays ont également élargi leur coopération industrielle en matière d’équipement militaire pour répondre aux nouveaux défis de la région, et ont entamé un rapprochement économique en vue de la signature d’un accord commercial d’ici au mois d’octobre.

  • Dans la région, l’Inde est déjà membre de l’alliance tripartite du Quad aux côtés du Japon, de l’Australie et des Etats-Unis. Cette alliance stratégique est dirigée contre l’influence de la Chine. Ce nouveau partenariat avec le Royaume Unis permettra de renforcer le poids des deux puissances dans la région, alors que les relations sino-indiennes se sont considérablement détériorées ces deux dernières années.
  • L’Inde et le Royaume sont chacun en quête de nouveaux partenaires. Allié historique de Moscou, New Delhi est très dépendante de la Russie pour son matériel militaire et cherche à présent à diversifier ses fournisseurs. On estime en effet que 85% de son matériel militaire provient de la Russie ou de l’ex-URSS. L’Inde a ainsi récemment passé différents accords avec la France, les Etats-Unis ou encore Israël. De son côté, Londres est en quête de nouveaux partenaires dans le contexte post-Brexit.

Regain des tensions diplomatiques entre le Japon et la Russie 

Vendredi 22 avril, le ministère japonais des Affaires étrangères a présenté officiellement l’édition 2022 du « Livre bleu de la diplomatie ». Très incisif envers la Russie, ce rapport indique que l’invasion de l’Ukraine a mis en pièce les fondements de l’ordre international construit lors des dernières décennies et que le régime de Vladimir Poutine devra payer très cher cette agression.

Dans ce rapport, le Japon durcit également le ton à propos des îles Kouriles. Tokyo et Moscou ont depuis la Seconde Guerre mondiale un différend à propos de l’archipel, et les négociations entamées par les deux pays sur cette question ont été interrompues suite aux sanctions économiques japonaises contre la Russie dans le cadre de la guerre en Ukraine.

Le ministère japonais des Affaires étrangères a qualifié l’archipel de Kouriles de « territoire appartenant au Japon mais actuellement sous occupation illégale russe». Moscou a réagi en réaffirmant sa souveraineté sur ces territoires et en qualifiant le Japon de pays hostiles avec qui il serait difficile de poursuivre des pourparlers à l’avenir. Par ailleurs, le rapport qualifie la Chine de principal allié de la Russie. 

  • L’archipel des Kouriles compte une trentaine d’îles qui représentent une surface totale de 10 600 km2. Seules quatre de ces îles, les îles méridionales, sont habitées en permanence et font l’objet de vives tensions entre le Japon et la Russie. Elles appartiennent à la Fédération de la Russie mais le Japon y revendique sa souveraineté.
  • De vives tensions concernent la reconnaissance et le champ d’application des différents traités successifs signés entre les deux pays sur cette question. Le Japon revendique la souveraineté de l’archipel sur la base du traité de Shimoda de 1855 tandis que la Russie se réfère aux accords de Yalta de 1945 qui prévoyait la cession des îles à l’URSS pour sa participation à la guerre contre la Japon.
  • Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les pays n’ont pas signé de traité de paix. Les différents pourparlers en cours ont été interrompus après que le Japon se soit joint aux sanctions occidentales contre la Russie suite à l’invasion de l’Ukraine.

 Signature d’un accord de sécurité entre les Îles Salomon et la Chine

Mardi 19 avril, la Chine et les Îles Salomon ont signé un accord de sécurité. Selon la Chine, cet accord devrait avant tout permettre de soutenir « la stabilité à long terme » des îles Salomon. L’archipel  a en effet été en proie à des fortes émeutes en novembre dernier suite à ses multiples problèmes internes et son rapprochement avec Pékin.

Le projet d’accord, qui avait été rendu public au mois de mars, avait suscité l’inquiétude des autres puissances de la région, notamment les Etats Unis et l’Australie. Ces derniers,  qui cherchent à contenir la progression de l’influence chinoise dans l’Océan Pacifique sud, ont multiplié leurs efforts ces dernières semaines pour faire avorter ce projet.  

A la suite de l’officialisation de l’accord, les Etats-Unis ont déclaré être profondément déçus par cette manœuvre qui risque selon eux « d’accroître la déstabilisation au sein des îles Salomon et de créer un précédent inquiétant pour la région les îles du Pacifique dans son ensemble ». Une délégation américaine s’est rendue sur l’archipel dans la foulée et les autorités américaines ont fait part de leur volonté de rouvrir leur ambassade aux Îles Salomon après 29 ans de fermeture. L’Australie, séparée de l’archipel par seulement 2 000 kilomètres, s’est également déclarée très préoccupée par cet accord dont elle a dénoncé le manque de transparence.

  • Ancien protectorat britannique, les Îles Salomon sont un archipel de près de 700 000 habitants situé dans l’Océan Pacifique sud. Fortement exposé aux catastrophes naturelles qui ont, à de multiples reprises, ravagé son territoire, l’archipel est miné par les conflits internes, la corruption, des problèmes de santé publique et des difficultés économiques qui remettent en cause sa viabilité. 
  • Le gouvernement de l’archipel est vivement critiqué pour son rapprochement avec Pékin, marqué notamment par la rupture des liens diplomatiques de l’archipel avec Taïwan au profit de la Chine en 2019. Le gouvernement est accusé de brader l’autonomie de l’archipel pour se maintenir au pouvoir. Face à l’influence grandissante de la Chine, des magasins chinois avaient été pillés en marge des révoltes du mois de novembre dernier
  • Le premier ministre de l’archipel, Manasseh Sogavare, a démenti les rumeurs concernant l’ouverture d’une base navale chinoise sur son territoire. Cette possibilité représentait la plus grande crainte de l’Australie et des Etats Unis.

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RUSSIE/NEI

Guerre en Ukraine

L’offensive russe en Ukraine se poursuit. Depuis la fin du mois de mars, la Russie a retiré ses troupes du Nord du pays ainsi que celles présentes dans la région de Kiev. L’offensive se concentre désormais sur la région du Donbass, à l’est du pays, ainsi que sur le sud et la zone côtière le long de la mer d’Azov. Le commandant des forces de la région militaire Centre (découpage militaire de la Russie), Rustam Minikaev, a précisé les objectifs de la « deuxième phase de l’opération spéciale » : l’instauration d’un contrôle total sur le Donbass et le sud de l’Ukraine ainsi que le maintien d’un corridor vers la Crimée. Ces commentaires contrastent avec les déclarations du commandement militaire russe qui, ces dernières semaines, semblait vouloir concentrer ses efforts sur le Donbass.

La Russie a réalisé plusieurs tirs de missiles sur l’ouest du pays visant la ville d’Odessa à la suite desquels 8 personnes sont décédées. En parallèle, le ministère russe de la Défense a annoncé le 21 avril avoir pris le contrôle de la ville de Marioupol, au sud du pays. Toutefois, l’usine Azovstal, à proximité de Marioupol, reste aux mains des défenseurs ukrainiens : elle abriterait plusieurs milliers de soldats ainsi qu’un grand nombre de civils. La taille et l’organisation de l’usine – en partie souterraine – compliquent fortement l’assaut par les forces russes.

Le président ukrainien Volodymyr Zelenski a annoncé que le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le secrétaire à la Défense des États-Unis Lloyd Austin se rendraient à Kiev le 24 avril. Selon lui, les deux hauts responsables américains devraient discuter des futures livraisons d’armes à l’Ukraine. Il a également émis l’espoir que le président américain Joe Biden se rende également dans la capitale ukrainienne. La Maison blanche et le Département d’État ont refusé de commenter la potentielle visite des deux secrétaires d’État tandis que la porte-parole de la présidence américaine Jen Psaki a réitéré que Joe Biden ne prévoyait pas de se rendre en Ukraine.

Test d’un nouveau missile intercontinental russe

Le 20 avril, la Russie a testé un missile intercontinental capable d’emporter une charge nucléaire, le Sarmat. Selon le ministère russe de la Défense, le missile a été lancé depuis la base de Plesetsk, au nord-ouest de la Russie, avant de toucher sa cible dans la péninsule du Kamtchatka, à 6 000 km de distance. Le président russe Vladimir Poutine a commenté ce tir dans un discours retransmis à la télévision. Il a précisé que cette « nouvelle arme était capable de résister à tous les moyens modernes de défense antimissile » et que « cette arme unique renforcera le potentiel de combat des forces armées russes […] et produira matière à penser pour ceux, qui dans un contexte d’une rhétorique agressive exacerbée, essayent de menacer notre pays ».

  • Le Sarmat fait partie des six nouvelles armes stratégiques révélées par Vladimir Poutine en 2018 dans son « discours du manège ». Toutefois, selon plusieurs experts, le missile n’ajouterait que marginalement les capacités de frappe nucléaire de la Russie.
  •  Il convient de noter, qu’en application du traité « New START », la Russie avait prévenu en avance les États-Unis de la tenue du test afin d’éviter toute mauvaise interprétation.

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AFRIQUE DU NORD/MOYENT-ORIENT

Fortes tensions entre Israël et les territoires palestiniens

Lundi 18 avril, plusieurs roquettes ont été lancées depuis la bande Gaza contre Israël. Si les tirs ont été interceptés par le système antimissile Dôme de fer, les avions israéliens ont ensuite annoncé avoir détruit des fabriques d’armement liées au Hamas. Mercredi 20 avril, de nouvelles violences ont eu lieu sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem, provoquant des manifestations de Palestiniens pour la deuxième semaine consécutive. La police israélienne fait régulièrement irruption sur cette esplanade depuis le début du Ramadan. Ces 8 derniers jours, ils se sont introduit plusieurs fois jusque dans l’enceinte de la mosquée Al Aqsa, troisième lieu saint de l’Islam. Samedi 23 avril, le gouvernement israélien a annoncé la fermeture de l’unique point de passage entre la bande de Gaza et Israël.

  • Les heurts sur l’esplanade des Mosquées s’ajoutent à un contexte déjà très tendu, puisque  les célébrations des trois religions monothéistes coïncident : le Ramadan, la Pessah et Pâques. De plus, Israël a été victime ces dernières semaines de la pire vague d’attentats depuis 2016. L’armée israélienne a aussitôt mené de nombreux raids dans des camps palestiniens, provoquant la mort de plusieurs personnes à Jénine.
  • Sans majorité parlementaire à la Knesset, Naftali Bennett a aussi perdu l’un de ses partenaires de coalition puisque le parti islamique Ra’am a décidé de suspendre sa participation au gouvernement en début de semaine.
  • Certains pays arabes ont exprimé leur « vive protestation », notamment les Emirats arabes unis et la Jordanie, contre les actions de la police israélienne à Jérusalem. La Jordanie est en effet le pays protecteur des lieux saints musulmans dans cette ville. Les pays arabes ne sont pas les seuls à s’inquiéter de la montée des violences puisque  le porte-parole du haut-commissariat de l’ONU pour les droits de l’homme a demandé une enquête.

La Turquie lance une opération contre le PKK en Irak et en Syrie

Lundi 18 avril, le ministre de la Défense turc, Hulusi Akar, a annoncé que le pays menait des attaques terrestres et aériennes contre les membres du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) basés dans trois régions irakiennes frontalières de la Turquie. Selon les communiqués officiels turcs, cette offensive vise à déjouer une attaque du PKK contre la Turquie. Un porte-parole du PKK a confirmé à l’AFP que d’intenses combats avaient lieu entre l’armée turque et la branche armée du groupe rebelle kurde. Le gouvernement irakien, bien que sans président ni Premier ministre depuis les dernières élections, a convoqué l’ambassadeur turc pour « protester » contre cette « violation de la souveraineté irakienne ». En parallèle, la Turquie a mené des attaques de drones et des tirs d’artillerie contre les forces kurdes basées en Syrie, visant notamment la ville de Kobané. Ces attaques ont provoqué plusieurs morts, dont un commandant et des combattantes de l’unité de protection des femmes (YPJ).

  • Cette opération, nommée « Claw Lock », fait suite aux autres offensives déjà menées en Irak en 2021 (Claw Lightning et Claw Thunderbolt) et en 2020 (Claw Tiger). Elle a été lancée à peine deux jours après la visite en Turquie du Premier ministre de la région kurde autonome d’Irak, Masrour Barzani. Bien que kurdes, le PKK et le Kurdistan ont des relations complexes. En effet,  la région autonome dépend énormément de ses relations commerciales avec la Turquie.
  • Financées par les Etats-Unis et partenaires de la coalition internationale, les forces kurdes en Syrie ont notamment permis la fin du califat de l’Etat islamique. Ces forces contrôlant toujours une partie de la Syrie, le Président Erdogan les accuse régulièrement d’être responsables d’attaques contre les bases militaires turques en Syrie.
  • Cette opération intervient dans un  contexte particulier. Alors que l’économie turque subit une inflation galopante et une contestation sociale grandissante, cette opération contribue à réaffirmer le pouvoir d’Erdogan et de son parti l’AKP. De plus, la Turquie profite de la guerre en Ukraine. En effet, les forces kurdes syriennes sont théoriquement protégées par un cessez-le-feu de 2019, garanti par les Etats-Unis et la Russie. Pour l’instant, aucun des deux pays n’a réagi aux violations turques.

Cette veille a été rédigée par Théo, Pauline, Rhéa, Maëlle, Baptiste, Camille et Rose.

Comité de rédaction

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