FRANCE
Décès d’Arnaud Blanc, gendarme français engagé dans la lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane
Samedi 25 mars, le gendarme français Arnaud Blanc a été tué, lors d’échanges de coups de feu, au cours d’une opération de lutte contre l’extraction d’or illégal en Guyane. Projeté sur le site aurifère de Dorlin au cœur du parc amazonien guyanais, Arnaud Blanc intervenait dans le cadre d’une mission conjointe entre les Forces Armées de Guyane et le GIGN. Selon le commandant de la gendarmerie de Guyane, Jean-Christophe Sintive, les garimpeiros (chercheurs d’or clandestins) n’ont pas encore été identifiés. Le site contesté de Dorlin est, de nouveau, sous contrôle français permettant ainsi à l’enquête judiciaire en cours de déterminer les conditions exactes de ce drame.
- Le maréchal des logis-chef Arnaud Blanc était rattaché à l’antenne de Cayenne du groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) depuis 2019. Lors de sa cérémonie d’hommage national du vendredi 31 mars à la base GIGN de Versailles-Satory, le Président de la République a remis, à titre posthume, les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur à ce « soldat de la loi […] souriant et libre ».
- Depuis 2008, la France mène de nombreuses missions de lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane dans le cadre de l’opération « Harpie ». En promouvant le démantèlement des sites d’extraction illégale de l’or, cette opération combat également la pollution environnementale car les garimpeiros utilisent du mercure afin d’amalgamer l’or, substance extrêmement toxique pour la faune et la flore guyanaise. Depuis 2008, onze soldats français ont été tués dont deux militaires du 9ème RIMa le 27 juin 2012. Enfin, selon l’Observatoire de l’activité minière, 500 sites d’extraction illégale sont actifs. C’est pourquoi, le chef d’État français a confirmé l’importance de cette opération.
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EUROPE
Les Européens réaffirment leur soutien à Kiev mais hésitent à poursuivre l’envoi d’armes lourdes
A l’occasion du sommet européen de printemps des 23 et 24 mars dernier, les chefs d’État de l’Union européenne ont réaffirmé leur soutien au régime de Kiev. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est entretenu par visioconférence avec les représentant européens et les a remercié de l’aide fournie jusqu’à présent, tout en insistant sur la nécessité pour son armée de recevoir des missiles longue portée ainsi que des avions de combat modernes, notamment des chasseurs bombardiers F-16 américains. Volodymyr Zelensky a également demandé l’adoption de nouvelles mesures de sanctions contre la Russie, des avancées sur l’application de son plan de paix en dix points ainsi que l’accélération du processus d’adhésion de son pays à l’UE. A l’issue du sommet, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a également annoncé l’organisation d’une conférence avec Varsovie et Kiev afin d’aider à localiser les 16.000 enfants enlevés en Ukraine par la Russie.
- Bien que les Occidentaux soutiennent l’action défensive de Kiev face à Moscou, beaucoup d’Etats considèrent que des livraisons supplémentaires de matériel à l’armée ukrainienne risquent d’entraîner une escalade du conflit. Samedi 1er avril, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a néanmoins annoncé la commande de cent blindé Rosomark par Kiev. Les véhicules seront financés par un fonds européen accordé à la Pologne ainsi que des fonds américains attribués à Kiev. De son côté, le Royaume-Uni souhaite équiper l’Ukraine de 14 chars “Challenger 2” avec des munitions percées blindées.
- Lors de leur sommet, les dirigeants européens ont toutefois confirmé l’envoi d’un million de munitions à l’Ukraine lors des 12 prochains mois. Face aux risques d’épuisement des stocks, la Commission a débloqué un milliard d’euros pour soutenir les pays fournisseurs, et un autre milliard consacré à des achats communs de munitions et à des investissements auprès des producteurs européens.
- D’autres sujets ont été abordés au cours de ce sommet, notamment dans le domaine de l’énergie. Les chefs d’Etats européens ont réaffirmé la nécessité de réduire leur dépendance envers les énergies fossiles russes et de sécuriser leurs approvisionnements. Face au défi migratoire, le Conseil européen a appelé à mettre rapidement en œuvre ses conclusions du 9 février 2023 et ainsi à répartir l’accueil des migrants et des demandeurs d’asile entre les États membres tout en poursuivant la lutte contre les trafics d’être humains.
L’Allemagne prévoit une augmentation conséquente de son budget alloué au soutien de Kiev
L’agence de presse de la commission des budgets du Bundestag a annoncé mardi 28 mars que le gouvernement fédéral allemand prévoyait d’augmenter son aide militaire au régime de Kiev, la faisant ainsi passer de 3 à 15 milliards d’euros. Ce montant serait justifié par les « pertes matérielles élevées des forces armées ukrainiennes » et la nécessité de conclure des contrats d’approvisionnement, en particulier dans les domaines de la « défense aérienne, des véhicules blindés à chenilles, de l’approvisionnement en munitions pour les systèmes d’armes et l’artillerie fournis par l’Allemagne ». Par ailleurs, l’Allemagne a livré lundi 27 mars ses premiers chars de combat à Kiev, soit 18 Leopard 2 A6 avec des packs de munitions et des pièces de rechange, et 2 chars Buffle avec leurs équipages formés en Allemagne.
- L’Allemagne est derrière les Etats-Unis, le deuxième fournisseur d’armes à l’Ukraine. Cette augmentation du budget devrait également profiter à son armée et son industrie militaire, alors que les ambitions annoncées par le chancelier Olaf Scholz il y a plus d’un an de moderniser la Bundeswehr avec la création notamment d’un fonds spécial de 100 milliards d’euros ne semblent pas avoir été atteintes.
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AMÉRIQUES
Vingt ans après l’invasion de l’Irak, le Sénat américain approuve une loi visant à abroger les autorisations militaires accordées à l’exécutif en 2002
Mercredi 29 mars, le Sénat américain a approuvé une loi, à 66 voix contre 30, qui abroge « l’autorisation de l’usage de la force militaire (AUMF) », datant de 2002, accordée à l’exécutif pour renverser le régime de Saddam Hussein. Cette autorisation avait ainsi permis au président de l’époque George W. Bush d’envahir l’Irak il y a vingt ans. Elle a par la suite été utilisée pour justifier la poursuite des opérations américaines après la fin de la guerre en Irak, la conduite des opérations de représailles contre les milices pro-iraniennes ou l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani en 2020 à Bagdad. Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a déclaré que les changements géopolitiques dans le monde depuis le début des années 2000 nécessitent une évolution du cadre légal et a assuré que cette annulation ne remettrait pas en cause les opérations extérieures américaines. Cependant, cette loi doit également être votée par la Chambre des Représentants contrôlée par les Républicains.
- Un rapport du Watson Institute for International and Public Affairs publié en mars 2023 estime que les guerres en Irak et en Syrie auraient déjà coûté près de 3 trillions de dollars au gouvernement américain et fait plusieurs milliers de morts. Si, à l’époque, une majorité des membres du Congrès avait autorisé ces opérations militaires, de nombreux législateurs s’y sont progressivement opposés, faisant de ce sujet un enjeu électoral en 2006 puis en 2008, sans réforme législative d’importance.Ce vote du Sénat souligne une convergence bipartisane, qui reconnaît que le pouvoir législatif doit exercer son rôle constitutionnel de contrôle des actions de l’exécutif.
- Si ce texte est voté par la Chambre puis signé par le Président américain Joe Biden, qui a fait part de son soutien à celui-ci, la première révocation des autorisations de guerre depuis plus de 50 ans serait prononcée. L’adoption de ce texte pourrait marquer la première étape vers l’abrogation d’autres lois d’autorisation d’opérations, dont celle de 2001, qui a permis la conduite de la guerre en Afghanistan. Pour la première fois depuis plusieurs années, les Républicains et les Démocrates semblent poursuivre un agenda similaire sur cette question avec un certain alignement des partisans « anti-guerres » et des partisans du « America First ».
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RUSSIE/NEI
Vladimir Poutine annonce le déploiement d’armes nucléaires tactiques en Biélorussie
Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies s’est réuni le vendredi 31 mars, à la demande de l’Ukraine, pour discuter du déploiement prévu par Moscou d’armes nucléaires « tactiques » en Biélorussie. Selon Vladimir Poutine, le président Biélorusse Alexandre Loukachenko avait demandé ce déploiement sur son territoire. En revanche, Moscou a assuré que le contrôle des armes ne serait pas transféré à la Biélorussie. Si ces armes sont effectivement déployées, ce serait la première fois depuis les années 1990 que Moscou disposerait d’armes nucléaires stationnées à l’extérieur de son territoire. En réaction, la majorité des membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur inquiétude quant au risque de prolifération nucléaire. L’ambassadeur français a dénoncé cette annonce comme un « coup supplémentaire porté à l’architecture de maîtrise des armements […] et à la sécurité internationale ». De même, l’ambassadeur britannique adjoint a accusé la Russie de vouloir intimider les autres pays en déployant ces armes nucléaires.
- La Russie a justifié cette décision en faisant référence à la politique de « partage nucléaire » de l’OTAN et au positionnement d’armes nucléaires américaines en Europe. Cependant, selon les observations du journal El País, le temps nécessaire à la prise de cette décision indique que le déploiement nucléaire était déjà planifié de longue date : il y a plusieurs mois, Alexandre Loukachenko, avait modifié la Constitution pour permettre et faciliter ce transfert d’armes nucléaires russes en Biélorussie.
- A cela s’ajoute le début de la présidence de la Russie, pour un mois, au Conseil de sécurité des Nations Unies. L’Ukraine, qualifiant cela de “honte” et de “nouveau coup symbolique porté au système de relations internationales”, a appelé les membres actuels de l’organe exécutif de l’ONU « à contrecarrer toute tentative russe d’abuser de sa présidence ». Vendredi, le Kremlin a exprimé son intention d’ « exercer tous ses droits » à la tête des Quinze.
- Sur le front, la Russie continue de bombarder activement différentes villes ukrainiennes dans la région du Donbass. Kiev a reconnu jeudi 30 mars ne contrôler plus qu’un tiers de la symbolique ville de Bakhmout. Néanmoins, la nouvelle contre-offensive s’organise et le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense de l’Ukraine, Oleksiy Danilov a publié dimanche 2 avril un plan en douze étapes pour la libération de la Crimée. Selon ce plan, tous les citoyens russes qui se sont installés en Crimée après 2014 devront être expulsés, toutes les transactions immobilières réalisées sous le régime russe seront annulées et le pont de Crimée, construit par la Russie, devra être démantelé.
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AFRIQUE
Les tensions atteignent un niveau sans précédent en République démocratique du Congo (RDC)
Dans un rapport trimestriel présenté lundi 27 mars, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est inquiété de la « montée abrupte » de la violence à l’est de la RDC depuis le mois de décembre 2022. Celle-ci, perpétrée par plusieurs groupes armés comme le M23, les Forces démocratiques alliées (ADF) et la Coopérative pour le développement du Congo (Codeco) dans les provinces d’Ituri, Nord-Kivu et Sud-Kivu ont déjà causé la mort de plus de 700 civils. Parmi eux, 52 enfants et 111 femmes ont fait l’objet d’exécutions sommaires ou extrajudiciaires. En réaction, le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné mercredi 29 mars les violations des droits humains (exécutions, violences sexuelles, embrigadement des enfants) réalisées par ces milices et exigé qu’elles déposent les armes et qu’elles soient définitivement dissoutes. Le Conseil de sécurité a également appelé au calme et au dialogue entre la RDC et le Rwanda, soupçonné de financer le M23.
- Le M23, Mouvement du 23 Mars, est une milice issue d’une ancienne rébellion conduite par des tutsis, qui a repris les armes fin 2021, dénonçant des discriminations faites à l’égard de leur ethnie. Plusieurs initiatives diplomatiques ont été conduites mais ont jusqu’ici échoué (voir veilles précédentes).
Le Burkina Faso suspend France 24, accusé de légitimer les actions terroristes
Lundi 27 mars, la junte au pouvoir au Burkina Faso a ordonné la suspension de la chaîne d’information française en continu France 24, trois semaines après un entretien entre un journaliste de la chaîne et le chef d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), Abou Obeida Youssef Al-Annabi. Bien que seule une analyse du propos du chef d’AQMI ait été diffusée pour éviter de relayer la propagande du groupe terroriste, le porte-parole du gouvernement Emmanuel Ouédraogo a estimé dans un communiqué que « France 24 ne fait pas seulement office d’agence de communication pour ces terroristes, pire [ce média] offre un espace de légitimation des actions terroristes et des discours de haine ». En réaction, France 24 a contesté « ces propos outranciers » tandis que le ministère des Affaires étrangères a fait savoir par communiqué que la France « regrette la décision prise par les autorités burkinabè ».
- France 24 est un média français diffusé à l’international et est particulièrement implanté en Afrique. Au Burkina Faso, un tiers de la population visionne la chaîne quotidiennement. Il s’agit d’ailleurs, comme au Mali, du deuxième média du groupe France Médias Monde suspendu au Burkina Faso après Radio Française Internationale (RFI), qui avait été suspendu en décembre 2022 pour des raisons similaires. Cette suspension intervient dans un contexte où les relations entre Paris et Ouagadougou se détériorent avec la rupture du partenariat militaire en janvier 2023 et alors que des vidéos de paramilitaires du groupe russe Wagner agissant sur le sol burkinabè circulent depuis le mois de février.
- Le 1er avril, les correspondantes du « Monde Afrique » et de « Libération » ont également été expulsées du Burkina Faso. Sophie Douce et Agnès Faivre ont dû quitter Ouagadougou le samedi 1er avril sans qu’aucun motif d’expulsion leur ait été renseigné.
- Le Burkina Faso est en proie depuis 2015 à des violences perpétrées par des groupes djihadistes proches de l’Etat islamique et d’Al-Qaïda, faisant 10 000 morts civiles et militaires et près de 2 millions de déplacés. La junte actuelle, dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré, est arrivée au pouvoir par un putsch fin septembre 2022. Depuis le début de l’année, le chef de la junte est de plus en plus menaçant vis-à-vis des voix discordantes dans les médias nationaux et internationaux car elles pourraient « décourager » la population.
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ASIE
La Russie en incapacité d’honorer ses contrats d’armements auprès de l’armée indienne
Dans une déclaration diffusée lors d’une réunion d’une commission parlementaire le 21 mars dernier, l’armée de l’air indienne (IAF) a confirmé que la Russie n’était, au vu du contexte de la guerre en Ukraine, plus en mesure de respecter ses engagements vis-à-vis de l’État indien en matière d’exportation d’armements. Selon un de ses représentants, l’IAF anticipait une importante livraison d’armes cette année, jusqu’à ce que les autorités russes fassent récemment “savoir par écrit qu’ils n’étaient pas en mesure de la livrer”. L’ambassade de Russie à New Delhi et Rosoboronexport, l’organisme d’exportation d’armes de Moscou, n’ont pas réagi à cette déclaration.
- L’Inde dépend fortement de la Russie pour ses importations d’armement et d’équipements militaires, et ce même depuis le lancement de l’initiative “Make in India”. Selon le rapport du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) du 13 mars 2023, New Delhi est le premier importateur mondial d’armes, dont 45% des achats militaires sont effectués auprès de la Russie.
- Les manquements récents aux engagements en matière de livraison d’armes pourraient mettre à mal les relations diplomatiques de la Russie avec l’Inde. L’année dernière, New Delhi avait déjà abandonné un projet d’achat de 48 hélicoptères russes Mi-17 V5 au profit d’une production locale, et interrompu un projet de modernisation de 85 avions de combat Su-30MKI, craignant que les sanctions contre la Russie ne retardent la fourniture des pièces détachées nécessaires.
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AFRIQUE DU NORD/MO
Raids aériens israéliens en Syrie
Le 21 mars, le ministre syrien de la Défense a annoncé via un communiqué publié sur Facebook qu’Israël avait tiré “plusieurs missiles depuis la mer Méditerranée, au large du port de Lattaquié”. Le 30 mars, plusieurs médias d’Etat syriens ont également rapporté qu’Israël avait de nouveau tiré des missiles dans les environs de Damas depuis le plateau du Golan, faisant cinq blessés parmi des soldats et des dégâts matériels. Dans la nuit du dimanche 2 avril, un nouveau raid aérien attribué à Israël, près de Homs (centre de la Syrie), a fait 5 blessés a annoncé l’agence de presse officielle syrienne SANA.
- Les tirs de missiles israéliens dans le voisinage proche de l’Etat hébreu se sont multipliés ces derniers mois, contre les intérêts iraniens en Syrie ou encore contre le Hezbollah libanais. Selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), les derniers missiles israéliens ont ciblé des positions militaires des forces du régime syrien affiliées à l’Iran. Le 31 mars, Téhéran avait annoncé la mort d’un officier des gardiens de la révolution (armée idéologique iranienne) dans le raid israélien visant la capitale syrienne vendredi après minuit.
- Les États-Unis ont également mené des frappes aériennes en Syrie dans la nuit du jeudi 23 au vendredi 24 mars contre des groupes similaires, accusés d’avoir mené une attaque au drone contre une base militaire dirigée par les États-Unis. Cette attaque avait eu lieu vers Hassaké (nord-est de la Syrie) et avait tué un américain tout en blessant six autres personnes.
- Sur le plan diplomatique, ces raids aériens n’ont pas empêché le fait que l’ambassadeur polonais en Israël reprendra bientôt ses fonctions après deux ans d’absence, comme convenu par les deux pays. C’est le chef de la diplomatie israélienne de passage à Varsovie qui a indiqué ce retour le mercredi 22 mars, au côté de son homologue polonais. Ce départ avait eu lieu en réaction à celui de l’ambassadeur israélien de Pologne, choqué par une loi polonaise limitant les revendications de biens spoliés pendant la Seconde Guerre mondiale.
En Tunisie, le pouvoir condamne les contacts avec la diplomatie occidentale
Le 25 mars, le journal Le Monde a révélé qu’une récente vague d’arrestations en lien avec des accusations de “complot” avait touché de nombreuses personnalités politiques et médiatiques tunisiennes. Certaines sont entre autres soupçonnées d’avoir entretenu des contacts avec des diplomates dans l’intention présumée de porter « atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat ». Parmi ces personnalités, de nombreux opposants politiques au président tunisien Kaïs Saïed ont été arrêtés en février comme Jawhar Ben Mbarek, Khayam Turki, l’ex-ministre Lazhar Akremi, ou encore le directeur de la radio privée Mosaïque FM, Noureddine Boutar. A l’origine de ces arrestations, la police tunisienne aurait enregistré les dépositions de deux personnes restées anonymes.
- Si l’opposition considère ces arrestations comme une nouvelle tentative de musellement de la part du président Kaïs Saïed, elles concordent également avec différents avertissements plus ou moins prononcés de la part de la Tunisie à l’encontre de la diplomatie occidentale. Le 1er mars, Tunis avait appelé les ambassades étrangères dans le pays à « ne pas s’immiscer dans ses affaires intérieures » à la suite d’informations devenues publiques sur des rencontres que les personnalités arrêtées auraient eues avec des diplomates occidentaux. André Parant, l’ambassadeur de France à Tunis ainsi que son prédécesseur, Olivier Poivre d’Arvor, en poste de 2016 à 2020, figurent parmi les représentants étrangers mentionnés.
- Plusieurs dirigeants européens ont alerté sur la crise que le pays traverse et les risques qu’elle représente pour l’Europe. La Tunisie a appelé le lundi 27 mars l’Union européenne à montrer “davantage de compréhension du caractère particulier de la phase que traverse le pays” envers elle.
Veille rédigée par Léana, Baptiste, Pauline, Raphaëlle, Camille, Elias et Simon.