Veille stratégique – Septembre 2024 2/2

EUROPE

L’amiral Vandier, nouveau Commandant suprême allié pour la transformation de l’OTAN

Le 23 septembre, l’amiral Pierre Vandier a pris la relève du général Philippe Lavigne en tant que Commandant suprême allié pour la transformation de l’OTAN. La cérémonie de passation de commandement s’est déroulée sous la conduite de l’amiral Rob Bauer, président du Comité militaire de l’OTAN. L’amiral Pierre Vandier est le premier officier de la Marine nationale française à diriger cette structure. Comme le met en avant le ministère des Armées, “une alternance qui témoigne d’une volonté de l’Alliance de s’appuyer sur les expertises multiples de ses membres pour relever les défis complexes auxquels elle est confrontée.” Lors de la cérémonie, l’amiral Pierre Vandier a rappelé ses objectifs : accélérer la transition vers la technologie des forces armées et mettre en place une collaboration plus étroite avec les partenaires industriels. Il a déclaré : “Maintenir notre crédibilité militaire exige un effort extraordinaire pour moderniser notre façon de nous entraîner, agréger les nouvelles technologies et inventer de nouvelles techniques de combat.”

  • Selon l’OTAN, le Commandement allié transformation “définit le contexte militaire futur, en identifiant les défis et les opportunités afin d’innover et de conserver l’avantage en matière de combat.” Il est un des deux commandements stratégiques au sommet de la structure de commandement militaire de l’OTAN. 
  • Le Commandant suprême allié pour la transformation est uniquement occupé par des officiers généraux français depuis 2009. (OTANMinistère des Armées)

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AMÉRIQUES

Les États-Unis renforcent massivement leur soutien militaire à l’Ukraine 

Le 26 septembre, la Maison Blanche a annoncé un nouveau paquet d’aide militaire de près de 8 milliards de dollars pour l’Ukraine. Ce soutien comprend 5,5 milliards d’équipements américains et 2,4 milliards pour des contrats à long terme. Le président Biden a ordonné au Pentagone d’étendre la formation des pilotes ukrainiens sur F-16, visant 18 pilotes supplémentaires en 2025. L’aide inclut également une batterie Patriot supplémentaire, des drones, des munitions air-sol et le missile air-sol à longue portée JSOW.

  • Cette aide massive réaffirme le soutien indéfectible des États-Unis à l’Ukraine, malgré les inquiétudes sur la lassitude des donateurs. L’accent mis sur les F-16 et les systèmes de défense aérienne vise à moderniser rapidement les capacités ukrainiennes face à la menace russe. Les contrats à long terme et la formation étendue des pilotes indiquent une stratégie américaine sur plusieurs années, au-delà du conflit actuel.
  • D’un point de vue opérationnel, l’augmentation des capacités aériennes ukrainiennes pourrait modifier l’équilibre des forces, notamment dans la défense anti-aérienne. L’intégration de nouveaux systèmes complexes comme les F-16 et les Patriot pose cependant des défis importants en termes de formation et de maintenance. Enfin, l’introduction de capacités de frappe à longue portée comme le JSOW pourrait provoquer une réaction russe et une potentielle escalade du conflit.
  • L’engagement américain pourrait inciter d’autres pays de l’OTAN à augmenter leur propre soutien à l’Ukraine, mettant sous pression les alliés. Par ailleurs, l’ampleur de l’aide pourrait alimenter les discussions sur les priorités budgétaires américaines, surtout en période pré-électorale. (U.S. Department of DefenseDefense News)

Le Canada renforce sa présence navale dans l’Indo-Pacifique

Le NCSM Vancouver, une frégate de classe Halifax, a effectué un réarmement stratégique à la base HMAS Stirling en Australie occidentale, marquant une étape importante dans son déploiement dans la région Indo-Pacifique. Cette opération s’inscrit dans le cadre de l’opération PROJECTION, visant à renforcer les partenariats et la présence canadienne dans la région. Le navire, qui a quitté Esquimalt en Colombie-Britannique le 31 août, participera à divers exercices multinationaux, dont KEEN SWORD avec le Japon et les États-Unis, ainsi qu’à des opérations de surveillance maritime pour contrer les activités illégales

  • Ce déploiement souligne l’importance croissante de l’Indo-Pacifique dans la stratégie de défense canadienne. La coopération avec l’Australie pour le réarmement et la participation à des exercices multinationaux vise à consolider les liens avec les partenaires régionaux clé ainsi qu’à contribuer à la sécurité maritime régionale. 
  • Les exercices conjoints et la coopération logistique avec l’Australie permettront d’améliorer la coordination avec les forces alliées dans un environnement complexe nécessitant une forte interopérabilité. Le réarmement en Australie illustre les défis et les solutions pour maintenir une présence prolongée dans la région. (Gouvernement du Canada)

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RUSSIE/ NEI

Russie-Ukraine : une paix de plus en plus incertaine et improbable ?

Mardi 24 septembre, le Président ukrainien, Volodymyr Zelensky, s’exprimait devant le Conseil de sécurité de l’ONU, lors de la 79ème Assemblée générale. Il a présenté un “plan de la victoire” dans lequel il souhaite que les Occidentaux le laissent utiliser des missiles longue portée pour frapper des bases russes et obtenir des garanties de sécurité, à défaut d’une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Le Président a aussi répété que son pays ne rendra pas les armes s’il s’estime lésé, et a accusé Moscou de vouloir frapper des centrales nucléaires ukrainiennes pour provoquer une “catastrophe”. Le lendemain, le Président Vladimir Poutine a déclaré que la Russie étudierait la “possibilité” du recours à l’arme nucléaire en cas de “lancement massif” de drones, d’avions ou de missiles contre son territoire, venant ainsi modifier la doctrine nucléaire russe actuelle.

  • Si les propos du Kremlin concernant l’arme nucléaire apparaissent avant tout comme un “signal” de mise en garde envoyé aux Occidentaux – alors que Joe Biden annonçait le même jour une augmentation de l’aide militaire à Kiev, comprenant de nouvelles munitions de longue portée –, ils soulèvent tout de même la possibilité d’une escalade du conflit. 
  • Non seulement aucune négociation diplomatique n’est pour l’heure prévue entre Moscou et Kiev, mais il est difficile de voir comment les deux pays pourraient s’entendre sur la base de conquête territoriale, que ce soit concernant la région du Donbass ou encore la Crimée, prise en 2024 par la Russie, que l’Ukraine espère récupérer. L’annonce du 21 septembre sur la non-participation de la Russie au deuxième sommet sur l’Ukraine voulu par Kiev souligne la complexité de dialogue entre les deux pays pour régler le conflit. 
  • Le retour vers la paix semble d’autant plus s’éloigner avec le sujet du nucléaire qui s’ajoute aux difficultés entourant déjà les potentielles négociations entre la Russie et l’Ukraine. En effet, Poutine détient l’arme nucléaire et Zelensky est allié à l’Occident, également détenteur de l’arme atomique, une situation qui a poussé le chef de l’ONU, Antonio Guterres, à déclarer que “jamais, depuis les pires heures de la guerre, le spectre des armes nucléaires n’a jeté une telle ombre”. (BBC)

La situation sur le front demeure instable et critique

Samedi 21 septembre, des immeubles résidentiels ont été la cible d’une attaque russe nocturne à Kharkiv, deuxième ville ukrainienne régulièrement ciblée, provoquant 21 blessés. Deux missiles et 80 drones auraient été envoyés par les forces russes. Mercredi 25 septembre, un bombardement russe a par ailleurs fait au moins deux morts et une dizaine de blessés, à Kramatorsk, une grande ville ukrainienne située à l’est. Lundi 23 septembre, l’armée russe a pénétré dans le sud-est de la ville de Vuhledar, située dans l’est de l’Ukraine. Dans l’est de l’Ukraine, la ville de Pokrovsk est soumise à un couvre-feu 20 heures par jour, alors que les forces russes sont désormais à moins de 10 kilomètres de la ville.

  • Les populations ukrainiennes ne cessent d’être ciblées par les forces russes qui usent de moyens importants pour affaiblir de grandes villes tant sur le plan capacitaire que moral. Kharkiv, située à proximité de la frontière russo-ukrainienne, était l’un des premiers objectifs de l’armée russe au début de l’invasion, mais n’a pas pu être capturée grâce à la défense ukrainienne. La poursuite d’exactions envers les populations alimente l’insécurité du conflit. 
  • Vuhledar est une ville minière à la position stratégique dans le réseau défensif ukrainien, qui donnerait un avantage opérationnel aux forces russes si celles-ci réussissent à s’en emparer. Quant à Pokrovsk, sa conquête par les forces russes serait stratégique dans le conflit, puisque la ville constitue un nœud logistique vital pour l’approvisionnement des troupes ukrainiennes dans le reste du Donbass et qu’elle se situe à l’intersection d’importantes routes et voies ferrées. (20 minutes, France Info, Le Grand continent)

La Russie élargit les conditions d’utilisation de son arsenal nucléaire : une réponse aux pressions extérieures

Le 25 septembre 2024, Vladimir Poutine a annoncé une révision majeure de la doctrine nucléaire russe. Cette nouvelle version permet à la Russie de recourir à des frappes nucléaires en cas d’agression par un État non doté de l’arme nucléaire, mais soutenu par une puissance nucléaire. Cette modification survient en réponse aux attaques ukrainiennes sur le sol russe et à la livraison d’armes occidentales à longue portée à l’Ukraine. La révision intègre également la Biélorussie sous la protection nucléaire russe, officialisant le déploiement d’ogives sur son territoire.

  • La révision de la doctrine nucléaire russe constitue une rupture significative par rapport à la précédente, qui réservait l’usage du nucléaire aux situations de « menace existentielle ». Désormais, la Russie inclut la possibilité de frappes nucléaires en réponse à des attaques transfrontalières sophistiquées, telles que celles utilisant des drones, des missiles de croisière et hypersoniques. Ce changement est en grande partie motivé par les récentes attaques ukrainiennes sur le sol russe, poussant Moscou à envisager des options de réponse plus agressives pour protéger son territoire.
  • Cette révision reflète aussi la dynamique changeante du conflit en Ukraine, où la Russie voit l’arrivée de frappes profondes sur ses infrastructures. En outre, la Biélorussie joue désormais un rôle central dans la stratégie nucléaire de la Russie, renforçant sa position en tant que pilier de la dissuasion nucléaire russe en Europe de l’Est. Ce soutien accru à la Biélorussie, notamment avec le déploiement d’ogives nucléaires sur son sol, pourrait intensifier la déstabilisation régionale et les tensions avec les pays voisins et les puissances occidentales.
  • L’élargissement des conditions d’usage de l’arme nucléaire par la Russie ouvre la porte à des scénarios d’escalade militaire plus larges, notamment avec l’Ukraine et ses alliés occidentaux. Parallèlement, la Russie s’est retirée des principaux traités internationaux de maîtrise des armements, comme le New Start, ce qui affaiblit la régulation mondiale des arsenaux nucléaires. Cette évolution pourrait accentuer l’isolement de la Russie sur la scène internationale, alors que l’ONU et l’OTAN tentent de prévenir une escalade nucléaire et que les tensions entre Moscou et l’Occident continuent de croître. (Le MondeTF1 Info)

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AFRIQUE

Embrasement de la situation au Nord-Kivu

Ce jeudi 26 septembre, l’Agence-France-Presse (AFP) a rapporté la mise en œuvre de deux opérations des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) à l’encontre des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), ancien allié de Kinsha. En effet, lundi 25 septembre, les FARDC ont dans un premier temps mené une opération avec pour objectif la capture d’un des commandants des FDLR, dans les environs de la province du Nord-Kivu. Jeudi 26, les forces armées congolaises ont ensuite entrepris une opération  infructueuse en périphérie de Goma; chef-lieu du Nord-Kivu. Alors que la mission visait les FLDR, cette dernière s’est terminée par une attaque accidentelle sur les forces alliées, entraînant la mort de trois miliciens pro-Kinshasa.

  • Ces événements s’inscrivent dans le conflit de la Guerre du Kivu qui dure depuis 2004 ainsi que dans le tournant que cette dernière a pris avec la résurgence du Mouvement du 23 mars (M23) soutenu par le Rwanda.
  • En effet, ces opérations sont le résultat d’un accord de cessez-le-feu intervenu en juillet dernier dans lequel le Rwanda exigeait de la part de l’ancien Zaïre la neutralisation des FDLR. Cela afin d’arriver à la potentielle signature d’un accord de paix.
  • Enfin, la situation actuelle permet de rappeler la place qu’occupent les groupes armées paramilitaires chez les deux belligérants, ainsi que les jeux d’alliances entrepris avec ces derniers. Mais aussi les conséquences qui en découlent, telles que des déplacements de population dûs aux exactions qu’elles subissent de la part de ces milices armées. (Le MondeRFIAFP)

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ASIE

Escalade des tensions sino-américaines en MDCM 

Le samedi 28 septembre, tandis que les Etats-Unis et les Philippines ont débuté un exercice militaire en Mer de Chine Méridionale (MDCM), la Chine a mené des exercices navals et aériens autour du récif Scarborough, quelques heures après que Wang Yi, chef de la diplomatie chinoise a discuté des moyens de réduire les tensions régionales avec son homologue américain Antony Blinken. Les exercices chinois comprendront des exercices “de routine” d’alerte précoce et de reconnaissance ainsi que des patrouilles autour du récif de Scarborough, a déclaré le commandement du théâtre sud de l’Armée populaire de libération (APL) dans un communiqué, sans donner de détails.

  • Cette nouvelle intervient après que l’Australie et les Philippines ont annoncé que leurs armées organiseraient une activité maritime conjointe avec le Japon, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis dans la ZEE des Philippines. La partie chinoise a déclaré que « Les troupes du théâtre maintiennent un haut degré de vigilance, défendant résolument la souveraineté nationale, la sécurité et les droits et intérêts maritimes, (et) sont déterminées à maintenir la paix et la stabilité en mer de Chine méridionale ». 
  • L’exercice militaire conjoint est mené après qu’un tir d’essai d’ICBM ait été mené par la Chine le 25 septembre à 8h44 (heure de Pékin) et qu’une traversée du détroit ait été faite par le Japon, l’Australie et la Nouvelle Zélande le 26 septembre sous fond de tensions entre la Chine et les Philippines. 
  • En effet, le 27 septembre, les gardes-côtes chinois (GCC) ont déclaré que les Philippines avaient envoyé un navire civil pour approvisionner le bâtiment BRP échoué illégalement sur le récif Second Thomas. Les Philippines ont d’ailleurs appuyé ce ravitaillement à l’aide de leurs propres gardes côtes alors que la Chine avait renforcé sa présence de GCC dès le 26 septembre et intensifié sa présence autour des récifs disputés en MDCM. 
  • La tension est d’autant plus vive qu’un exercice conjoint US-Philippines en avril avait permis aux États-Unis d’installer des missiles aux Philippines, qu’ils n’ont toujours pas retirés malgré les injonctions de la Chine. Ce système de missile est un système Typhon, capable de tirer des missiles Standard-6 et le missile Tomahawk atteignant la Chine avec une portée de 1600 km. Les Etats-Unis ont d’ailleurs confirmé qu’ils ne retireraient pas les missiles le 26 septembre, alors qu’un porte-parole de l’armée philippine avait déclaré plus tôt que le système devait être retiré du pays d’ici la fin du mois. Le secrétaire philippin à la Défense Gilberto Teodoro Jr. a refusé de confirmer ou de nier cette prolongation : « La Chine dit qu’elle est alarmée mais c’est une ingérence dans nos affaires intérieures. « Ils utilisent la psychologie inversée pour nous dissuader de renforcer nos capacités défensives », a déclaré Teodoro. (Reuters (Joint drills South China Sea)Defense NewsReuters (GCC Philippines)South China Morning Post)

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AFRIQUE DU NORD/ MOYEN-ORIENT

Escalade des tensions au Liban: Israël lance une opération majeure contre le Hezbollah libanais

Les 17 et 18 septembre, des milliers de bipeurs et talkies-walkies employés par le Hezbollah ont explosé simultanément sur le territoire libanais. Selon le ministère de la Santé libanais, ces déflagrations auraient causé au moins 37 morts et 3000 blessés. Le Hezbollah a imputé les attaques à Israël; s’est ensuivi une intensification des échanges de tirs à la frontière israélo-libanaise. Le 23 septembre, le gouvernement israélien a par ailleurs lancé l’opération “Northern Arrows”. De nombreux bombardements ont touché le sud du Liban, la vallée de Bekaa, le sud de la ville de Beyrouth et ses périphéries. De hauts dirigeants du Hezbollah, dont le chef des opérations Ibrahim Akil, ont été déclarés morts suite à des raids ciblés. Selon l’ONU, les déflagrations auraient causé 700 morts, et une fuite de 80 000 à 120 000 personnes vers le nord du Liban et la Syrie. Lundi 30 septembre, l’armée israélienne a également frappé, dans le cadre d’une série d’attaques contre plusieurs fiefs du Hezbollah, le cœur de Beyrouth pour la première fois depuis le 8 octobre 2023. Le Hezbollah continue quant à lui de riposter par de nombreux tirs de roquettes. 
  • Trois sociétés-écrans détenues par Israël auraient modifié les bipeurs et talkies-walkies destinés à être livrés au Hezbollah, en y insérant des grammes d’explosif. Le chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib, a annoncé le dépôt d’une plainte auprès du Conseil de sécurité de l’ONU à la suite de “l’agression cyberterroriste israélienne”.
  • Israël a annoncé un objectif de retour de ses citoyens dans la partie nord du pays, exposée aux frappes du Hezbollah à la frontière. Cette récente escalade des tensions est le troisième évènement qui ferait craindre un embrasement régional, après le bombardement du consulat iranien à Damas en avril et l’assassinat de l’un des chefs du Hamas Ismaïl Haniyeh à Téhéran par une frappe attribuée à Israël, le 31 juillet. Selon Didier Billion, directeur-adjoint de l’IRIS, le Hezbollah est affaibli par l’asymétrie du conflit. Néanmoins, “une réponse directe du Liban et de l’Iran (qui soutient le Hezbollah financièrement) ferait craindre une escalade au moins sous-régionale”. 
  • Les bombardements répétitifs sur le Liban ont néanmoins attisé les inquiétudes de la communauté internationale. Lors de la 79ème Assemblée générale de l’ONU, les États-Unis et la France ont lancé un appel international pour un “cessez-le-feu immédiat de vingt et un jours”. Celui-ci a cependant été refusé par Benyamin Nétanyahou qui a assuré qu’Israël continuerait “de se battre jusqu’à la victoire totale”. (Le MondeReutersIRIS ,ONUNew York Times)

Le conflit continue à Gaza

Le 20 septembre, les forces terrestres israéliennes ont continué leur avancée dans la partie nord-ouest de la ville de Rafah, près de la frontière égyptienne. Cette avancée aurait causé la mort de 27 personnes, du fait de tirs de chars et de frappes aériennes en soutien à l’opération au sol. Par ailleurs, une nouvelle problématique émerge à la suite du retranchement progressif des Gazaouis vers les côtes. La zone humanitaire Al-Mawasi, dans le sud de Gaza, commence en effet à être touchée par des inondations provoquées par de hautes vagues, qui ont emporté plusieurs tentes. Cette zone, qui se situe sur la côte entre Rafah et Khan Younès, héberge un grand nombre de populations ayant fui le conflit.

  • A près d’une semaine de la commémoration du 7 octobre, aucune réponse ne semble émerger quant à la résolution du conflit israélo-palestinien. Les négociations arbitrées par les Etats-Unis, l’Egypte et le Qatar ont été mises de côté face à l’escalade récente des tensions au Liban. 
  • Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s’est pour la première fois adressé à l’Assemblée générale de l’ONU, le 26 septembre. Il a exhorté la communauté internationale, et particulièrement les Etats-Unis, à “arrêter d’envoyer des armes à Israël”. Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a lui exigé un “cessez-le-feu immédiat menant à une solution viable à deux États”, face à une situation qui reste “l’épicentre de la violence”. La crainte de régionalisation du conflit au Liban fait plus que jamais peser le poids de l’inefficacité des négociations. (ONUReutersFrance 24)

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FRANCE

Démonstration du nouveau système de défense TOUTATIS 

La Direction générale de l’armement (DGA) a annoncé le 17 septembre que la start-up toulousaine U-Space, en collaboration avec la société européenne MBDA, avait été sélectionnée pour réaliser une démonstration d’actions du nouveau système de défense en orbite basse. Nommé TOUTATIS, ce système fait partie d’une opération plus large, l’ARES (Action et Résilience Spatiale), également dirigée par la DGA. Ce projet a pour objectif de protéger les satellites situés en orbite basse. Ainsi, comme le met en avant le ministère des Armées, TOUTATIS protège et défend les intérêts de la France dans l’espace. Cette démonstration a été confirmée en tant que priorité dans la loi de programmation militaire 2024-2030.

  • Lors de cette démonstration, un satellite d’action en orbite basse (SPLINTER) et un satellite guetteur (LISA1) seront mis en œuvre. Différentes simulations seront mises en place pour évaluer les performances des deux satellites. 
  • Selon le ministère des Armées, “TOUTATIS s’inscrit dans le respect du droit international, y compris le droit à la légitime défense, en conformité avec l’engagement de la France en faveur d’une utilisation pacifique et responsable de l’espace extra-atmosphérique.”
  • Depuis 2021, plusieurs démonstrateurs ont déjà été lancés tels que KERAUNOS et HYP4U. (Ministère des ArméesCapital)

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VEILLE LÉGISLATIVE

PLF 2025 : porté par la trajectoire de la LPM 2024-2030, le budget de la défense se réarme

Le 19 septembre 2024, le nouveau Premier ministre Michel Barnier (LR) a rendu public un premier projet de plafonds de dépenses dans le cadre de la préparation du projet de loi de finances pour 2025. Ce projet a été « établi sur la base des lettres plafonds signées le 20 août 2024 » par Gabriel Attal, alors Premier ministre démissionnaire, pendant la période d’expédition des affaires courantes. Si le projet présente un niveau de dépenses de l’État constant entre la loi de finances pour 2024 et le projet de loi de finances pour 2025 (492 Md€), le montant de crédits alloués à la mission « Défense » est en augmentation, passant de 47,5 Md€ à 50,5 Md€. Avec les missions « Sécurités » (16,7 à 17,2 Md€) et « Écologie, développement et mobilité durables » (27,7 à 29,8 Md€), c’est l’une des rares missions budgétaires gagnantes.

  • Le document budgétaire souligne que « le réarmement et de développement de l’investissement militaire s’inscrivent dans la situation internationale et les différentes menaces auxquelles le pays doit faire face ». Ce budget tient également compte de la trajectoire votée dans la loi de programmation militaire 2024-2030 pour « assurer les dépenses d’investissement et les commandes de matériel, nécessaires à la modernisation de nos armées ». 
  • Ce projet, encore soumis à l’examen du Conseil d’État avant sa présentation en conseil des ministres, peut évoluer avant son dépôt sur le bureau de l’Assemblée nationale qui devrait intervenir, comme l’a confirmé le ministre chargé du budget Laurent Saint-Martin (RE), la semaine du 9 octobre. En principe, le projet de loi de finances pour 2025 aurait dû être déposé, au plus tard, le premier mardi d’octobre, c’est-à-dire le mardi 1er octobre 2024.
  • Repère : le ministère ukrainien des finances a annoncé, le 24 septembre dernier, que 61 % du budget de l’État (48,3 Md€) sera consacré à la défense et à la sécurité en 2025. En outre, pour faire fonctionner son économie, l’Ukraine a indiqué qu’elle aurait besoin de 34,5 Md€ de financement de la part de ses alliés et des organisations internationales.

« Les Jeux se sont bien passés » : le préfet de police de Paris tire des enseignements de Paris 2024 en matière de sécurité

Le mercredi 25 septembre 2024, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez était auditionné par la commission des lois de l’Assemblée nationale à propos du bilan des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 en matière de sécurité. De manière générale, il a constaté que « les Jeux se sont bien passés ». Il a notamment souligné que la mise en place d’un « commandement unique » pour la région Île-de-France placé sous l’autorité du préfet de police de Paris, en lieu et place des préfets de département, a démontré toute son efficacité. Par ailleurs, Laurent Nuñez a affirmé que la délinquance a diminué de manière significative et continue, et ce, depuis l’été 2022. Il l’explique, pour partie, à la « présence massive de patrouilles pédestres visibles sur la voie publique », dont il souhaite le développement, en concertation avec le ministère de l’Intérieur. Enfin, le préfet de police a estimé que le recours à titre expérimental à la vidéosurveillance algorithmique sur une dizaine de sites a prouvé son utilité. S’il s’est estimé, à titre personnel, « être très favorable » à la pérennisation de l’outil, il a rappelé que le choix appartient au seul gouvernement.

  • L’expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique, critiquée par des associations de protection des libertés publiques, avait été autorisée par la loi du 19 mai 2023, dite « loi JOP ». Elle avait été jugée conforme à la Constitution par le Conseil constitutionnel. Deux décrets en Conseil d’État en avaient alors précisé les contours : le premier du 28 août 2023 bornait les modalités de sa mise en œuvre tandis que le second du 11 octobre 2023 définissait les modalités de pilotage et d’évaluation de l’expérimentation. Un rapport d’évaluation doit être remis au parlement par le ministre de l’intérieur avant la fin de l’année.
  • Le même jour, la commission de la défense de l’Assemblée nationale a auditionné le général de brigade Paul Sanzey, commandant le centre national des sports de la défense et commissaire interarmées aux sports militaires, sur la participation des militaires de l’« Armée de champions » aux Jeux de Paris 2024.

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VEILLE BITD

La Grèce initie des pourparlers en vue d’acquérir une quatrième frégate FDI

La Grèce a commandé en septembre 2021 trois frégates de défense et d’intervention (FDI) polyvalentes pour 3 milliards d’euros afin de renouveler sa flotte, avec une option pour une quatrième. A l’occasion de la mise à l’eau de sa deuxième FDI le 19 septembre à Lorient, le ministre grec de la Défense a confirmé l’intention de son pays d’en acquérir une quatrième, ouvrant la voie à des négociations.

  • Il a de plus annoncé que trois des quatre FDI auront la capacité de mettre en oeuvre le Missile de croisière naval (MdCN ou Scalp Naval) développé par la joint venture européenne MBDA, qui arme les huit frégates multimissions (FREMM) de la Marine nationale. 
  • Développées par Naval Group, cinq FDI devaient initialement être livrées à la Marine nationale française d’ici 2029. La commande grecque a vu ces échéances repoussées à 2035. (Reuters, Opex360, DGA)

Merci aux membres du pôle qui ont participé à la rédaction de cette veille !

Stefania Santillo

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