EUROPE
L’inquiétude de l’OTAN face à la faiblesse de la défense européenne
Les exigences militaires des alliés sont réévaluées à la hausse. D’après des documents publiés par Die Welt, l’OTAN a relevé ses objectifs pour les États membres, accentuant le besoin de capacités de défense antiaérienne. Le nombre de brigades prêtes au combat devrait passer de 82 à 131 d’ici 2031, soit une hausse de 150 000 militaires. En parallèle, les unités de défense antiaérienne doivent passer de 293 à 1 467 d’ici 2030, afin de contrer les menaces croissantes. Cette révision des objectifs, guidée par Mark Rutte, secrétaire général de l’OTAN, s’accompagne d’un appel à renforcer l’industrie de défense transatlantique.
- Le sommet de Ramstein vise à consolider le soutien à l’Ukraine, alors que 2 500 soldats ukrainiens sont actuellement formés en France aux côtés de leurs homologues français, sur des équipements tels que des canons Caesar et des missiles antichars.
- Le projet allemand de bouclier antimissile européen « Sky Shield » crée des tensions au sein de l’OTAN : soutenu par les États-Unis et plusieurs alliés, il est rejeté par la France et d’autres pays souhaitant préserver leur autonomie militaire.
- La France prévoit malgré tout des renforts militaires, avec une brigade de 7 500 soldats opérationnelle en 2025 et une division complète en 2027, mais les contraintes budgétaires limitent les ambitions de certains États de l’OTAN. (Le Monde, France 24)
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AMÉRIQUES
Projet d’attentat déjoué pendant les élections aux Etats-Unis
Le 8 octobre, un Afghan résidant aux Etats-Unis a été inculpé pour projet d’attentat lors de l’« Election Day », jour du scrutin présidentiel le 5 novembre prochain. Nasir Ahmad Tawhedi a été arrêté avec son complice présumé, le frère de son épouse, mineur, durant une rencontre avec des agents du FBI sous couverture pour l’achat de fusils d’assaut et de munitions. Le suspect de 27 ans, qui risque une peine maximale de 15 à 20 ans pour ses chefs d’accusation, consultait régulièrement la propagande de l’Etat islamique en ligne, organisation terroriste pour laquelle il comptait mourir en martyr.
- Cette prévision d’attentat, comme celle du « deuxième sept octobre » également déjouée, souligne la recrudescence de la menace terroriste liée à la persistance et la montée de l’instabilité au Proche et Moyen-Orient, dont la crise sécuritaire actuelle ravive une haine de l’Occident et l’appel à la violence de la part d’islamistes radicaux.
- L’augmentation du nombre d’attentats déjoués témoigne du renforcement de la sécurité en Occident pour faire face à l’intensification des projets d’attentats.
- A l’approche des élections présidentielles qui représentent un enjeu de taille pour le pays, l’inquiétude face au risque d’attentats s’intensifie, notamment après les deux tentatives d’assassinats dont Donald Trump a été victime en l’espace de deux mois, et du fait que les événements comme celui-ci soient un moment propice pour réaliser des attaques de grande ampleur. (Le Figaro)
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RUSSIE/ NEI
La prise de la ville de Vouhledar, une défaite stratégique et symbolique pour l’Ukraine
Le 2 octobre, l’armée ukrainienne s’est retirée de Vouhledar, ville minière de charbon de la région de Donetsk, à l’est du pays. Le ministère de la Défense russe a confirmé l’occupation militaire de la ville le 3 octobre sur le réseau Telegram. La ville est située en hauteur et permet une vision panoramique de la zone. Vouhledar est également un carrefour stratégique pour l’approvisionnement des deux camps, se trouvant à la jonction des fronts est et sud. Après sept mois de frappes aériennes régulières et un encerclement de la ville sur tous les flancs, cette occupation marque l’avancée décisive de la Russie dans l’est de l’Ukraine.
- La chute de Vouhledar est une importante défaite stratégique pour Kiev, qui pourrait signifier la perte prochaine, ou du moins la mise en danger, de l’entièreté de la partie sud-ouest de l’oblast de Donetsk. Thibault Fouillet, directeur scientifique de l’Institut d’études de stratégie et de défense, affirme que la perte de Vouhledar “implique mécaniquement un recul de la ligne défensive”.
- L’avancée de l’armée russe à l’est du pays la rapproche de la ville de Pokrovsk, un autre nœud stratégique clé pour l’Ukraine et qui abrite la dernière mine de coke sous contrôle ukrainien, un charbon indispensable à la production de l’acier, matériau crucial pour l’industrie militaire. Sa perte pourrait diviser par deux la production de ce métal essentiel. Le samedi 5 octobre, la Russie a annoncé la prise d’un autre village à moins de dix kilomètres de Pokrovsk.
- Dans ce contexte stratégique tendu, la Croatie a réaffirmé son soutien à Kiev par la signature d’un accord de coopération bilatérale à l’occasion du troisième sommet Ukraine-Europe de l’Est le 9 octobre à Dubrovnik. Volodymyr Zelensky a ainsi entamé une tournée européenne en quête de soutiens économiques supplémentaires. (Franceinfo, Le Monde, Reuters)
Le Parlement européen condamne les ingérences russes en Moldavie à l’approche des élections et du référendum sur l’intégration européenne
Le 9 octobre, les députés ont adopté une résolution condamnant l’ingérence russe à l’approche des élections présidentielles et du référendum constitutionnel sur l’adhésion de la Moldavie à l’Union européenne, qui se tiendront le 20 octobre. Le 3 octobre, le chef de la police nationale moldave, Viorel Cernautanu, avait révélé l’existence d’un réseau de fraude électorale de grande ampleur. Ce système d’achat de voix anti-européennes, organisé par l’oligarque moldave Ilan Shor, implique le transfert d’environ 15 millions d’euros à 130 000 électeurs. Les services de sécurité moldaves ont également fait état d’opérations de désinformation visant à perturber l’issue du vote.
- Le maintien de l’influence russe sur la Moldavie est d’importance stratégique dans le contexte de la guerre menée en Ukraine par Moscou. Située entre la Roumanie et l’Ukraine, la Moldavie comprend une région séparatiste, la Transnistrie (à la frontière ukrainienne), où des troupes russes sont stationnées. Garantir le soutien de la Moldavie serait ainsi un moyen pour la Russie de faire levier sur l’Union européenne et d’assurer le maintien de ses positions en Transnistrie.
- L’élection de la présidente pro-européenne Maia Sandu en décembre 2020 a déclenché un rapprochement de la Moldavie et de l’Union européenne. La Moldavie a déposé une demande d’adhésion à l’UE en mars 2022 et a obtenu le statut de pays candidat en juin 2022. En décembre 2023, le Conseil a accepté d’ouvrir les négociations d’adhésion avec la Moldavie. (Franceinfo, Euronew, Parlement européen)
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AFRIQUE
L’Ethiopie cornérisée en corne d’Afrique ?
Jeudi 10 octobre, les dirigeants égyptien, somalien et érythréen se sont rencontrés à Asmara, capitale de l’Érythrée, afin de réclamer « un respect sans équivoque de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale des pays de la région ». Si les déclarations officielles ne souhaitent pas l’admettre explicitement, il s’agit là de la constitution d’un bloc « anti-éthiopien », conséquence de nombreux contentieux diplomatiques ayant opposé les trois pays à Addis-Abeba. En effet, Le Caire reproche depuis près de 10 ans à l’Éthiopie la mise en service rapide du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne, qui pourrait menacer l’accès à l’eau de ses 111 millions d’habitants. En outre, en juillet 2023, Abiy Ahmed, Premier ministre de l’Éthiopie, avait déclaré que son pays voulait « obtenir un port par des moyens pacifiques », ajoutant que « si cela échouait, la force serait utilisée ». Après d’importants déplacements de troupes à sa frontière avec l’Érythrée, l’Éthiopie a signé, le 1er janvier 2024, un « mémorandum d’accord » maritime avec la république autoproclamée du Somaliland, provoquant la colère de la Somalie.
- Le moment est particulièrement peu opportun pour l’Éthiopie qui sort d’une guerre contre le Front de libération du peuple du Tigré (FLPT), allié au Front de libération oromo (FLO), et qui traverse actuellement une période de troubles dans la région Amhara, avec déjà 2 600 civils morts en raison d’une répression sévère du gouvernement régional.
- De plus, des acteurs régionaux ont commencé à s’impliquer, notamment avec un accord turco-somalien de patrouillage maritime en échange d’hydrocarbures, et le rôle croissant des Émirats arabes unis dans le soutien économique apporté au Caire ainsi qu’aux Forces de soutien rapide soudanaises (FSR). (BBC, Challenges, Civicus, France TV5 Monde, Le Monde)
Avec cinquante ans de “retard”, le Royaume-Uni rétrocède les îles Chagos
Le 3 octobre 2024, le Royaume-Uni a officiellement cédé l’archipel des Chagos à la République de Maurice, tournant ainsi une page importante de son passé colonial. Maurice réclamait la souveraineté sur ces îles depuis plus de cinquante ans. Cet accord met fin à des décennies de tensions diplomatiques et de batailles juridiques internationales entre 2019 et 2021, au cours desquelles les Nations unies et la Cour internationale de justice avaient reconnu la légitimité des revendications mauriciennes.
- L’histoire des Chagos est marquée par l’expulsion brutale de quelque 2 000 habitants dans les années 1960, lorsque le Royaume-Uni avait refusé de céder les îles après l’indépendance de Maurice. Aujourd’hui, ce nouvel accord ouvre la voie au retour des Chagossiens sur leurs terres d’origine, après des décennies d’exil forcé. Pour Maurice, c’est une victoire diplomatique majeure qui solde une injustice historique.
- Les îles Chagos abritent la base américano-britannique de Diego Garcia, stratégique pour le contrôle de l’océan Indien. L’accord, qui inclut un loyer confidentiel, concède le maintien de la souveraineté britannique sur ladite base pour une période initiale de 99 ans.
- L’opposition conservatrice britannique dénonce un accord « faible, faible, faible » (James Cleverly, ancien chef de la diplomatie britannique), bien qu’elle soit à l’origine des négociations accélérées par Keir Starmer, reprochant au gouvernement d’avoir “capitulé” face à Maurice. (BBC, France 24, Le Monde)
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ASIE
Une alliance similaire à l’OTAN en Asie?
Deux jours après son élection, le nouveau Premier ministre du Japon, Shigeru Ishiba, a exprimé son désir de créer une alliance similaire à l’OTAN en Asie, avec les États-Unis comme partenaire principal. Il a déclaré que “l’absence d’un système d’autodéfense collective comme l’OTAN en Asie signifie que des guerres sont susceptibles d’éclater parce qu’il n’y a pas d’obligation de défense mutuelle”. Selon lui, il est nécessaire de mettre en place une relation de sécurité coopérative où tous les pays seraient accueillis sans distinction afin de préserver la paix dans la région. Le nouveau ministre des Affaires étrangères, Takeshi Iwaya, a souligné l’importance du dialogue avec la Chine afin de calmer les tensions qui se sont accrues et d’éviter autant que possible une escalade des tensions.
- L’article 9 de la Constitution japonaise autorise uniquement l’usage de la force pour défendre le territoire et la population du Japon. Une alliance similaire à l’OTAN en l’Asie serait ainsi bénéfique pour le Japon car elle lui permettrait de s’impliquer davantage en Asie tout en respectant sa Constitution.
- Daniel Kritenbrink, secrétaire d’Etat adjoint américain pour l’Asie de l’Est et le Pacifique, a rejeté la proposition du nouveau Premier ministre japonais. Il a déclaré qu’il était “trop tôt pour parler de sécurité collective dans ce contexte”. (The Japan Times / Le Monde)
Un sous-marin nucléaire chinois aurait coulé à quai au printemps dernier
Le 26 septembre, s’appuyant sur des sources anonymes du Pentagone et des images satellites, le Wall Street Journal a révélé que le premier des nouveaux sous-marins nucléaires chinois, de la classe Zhou, aurait coulé dans un fleuve à proximité de la ville de Wuhan. Ce sous-marin était doté d’une nouvelle technologie qui le rendait très discret au fond des eaux. Bien qu’il ait été récupéré, sa réparation pourrait prendre des mois.
- Cet accident, qui se serait déroulé entre mai et juin, est un échec pour le programme de sous-marins chinois qui a cherché à le dissimuler. Il met en évidence les lacunes persistantes de l’Armée populaire de libération, en dépit des tentatives de modernisation. Selon une source anonyme, « outre les questions évidentes sur les normes de fabrication, l’incident soulève d’autres questions plus importantes sur la responsabilité de la marine chinoise et le contrôle de l’industrie de défense chinoise, qui depuis longtemps est en proie à la corruption. »
- La construction de ce sous-marin s’inscrit dans un contexte particulier, la Chine ayant l’objectif de construire la plus grande marine au monde dans le but de revendiquer la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale.
- Le 27 septembre, lors d’une conférence de presse à Pékin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a affirmé qu’il n’était pas au courant du sujet et a refusé de fournir des informations. (Le Monde / The Guardian)
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AFRIQUE DU NORD/ MOYEN-ORIENT
La FINUL prise en étau au Sud-Liban
Dans la continuité de l’offensive menée par Israël sur le sol libanais à l’encontre du Hezbollah, la Force Intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) se retrouve dans une position critique. En effet, si cette dernière doit déjà faire face aux actions du Hezbollah dans le Sud-Liban, elle est, dans une autre mesure, menacée au même titre que les civils par les actions de l’opération Northern Arrow lancée le 23 septembre. Le 11 octobre, la FINUL a rapporté avoir subi deux explosions en quarante-huit heures, provoquant la blessure de deux casques bleus sri-lankais après que deux soldats indonésiens aient également été blessés la veille. Alors qu’Israël affirme diriger ses frappes en direction d’une “menace” à proximité d’une position de la FINUL, la mission des Nations Unies rapporte également la détérioration de ses installations dans la localité de Labbouneh dûes aux avancées de chars et d’un bulldozer de l’armée israélienne.
- Au même titre que l’Italie et l’Espagne, le président français Emmanuel Macron se montre ferme vis-à-vis de la situation et considère “tout à fait inacceptable” que les casques bleus soient pris pour cible par Tsahal. Également, ce dernier affirme qu’il « ne tolérera pas » qu’Israël vise à nouveau « délibérément » des Casques Bleus.
- De plus, le 13 octobre, la Première ministre italienne Giorgia Meloni a réitéré lors d’un appel téléphonique avec son homologue israélien “qu’il était inacceptable que la FINUL soit attaquée par les forces armées israéliennes ». Elle a également souligné “l’urgence d’œuvrer à la désescalade”.
- L’important nombre de condamnations à l’échelle internationale amène à s’interroger sur la continuité des positions jusqu’ici prises majoritairement en faveur d’Israël en Occident face à la situation actuelle au Moyen-Orient. L’annonce par le Quai d’Orsay de la mort de deux ressortissants français depuis le début de l’incursion israélienne soulève d’autant plus cette problématique. (Le Monde, Le Figaro, Le Parisien)
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FRANCE
Couvre-feu en Martinique dans le cadre de manifestations violentes du mouvement contre la vie chère
En Martinique, la journée du jeudi 10 octobre a de nouveau été marquée par des incidents sur l’île en marge du mouvement contre la vie chère. En cours depuis le 1er septembre, celui-ci a émergé sur les réseaux sociaux et porte les mêmes germes que la grève générale qui avait paralysé la Martinique et la Guadeloupe en 2009. Ce mouvement, majoritairement pacifique, réclame un alignement des prix sur ceux pratiqués en métropole alors que les produits alimentaires sont 40% plus élevés en Martinique et que 27% de la population vit sous le seuil de pauvreté national. Face aux manifestations, le préfet Jean-Christophe Bouvier a signé deux arrêtés, l’un instaurant un couvre-feu et l’autre interdisant les manifestations sur l’ensemble du territoire jusqu’au lundi 14 octobre.
- La Martinique a été placée sous couvre-feu après de nouveaux actes de violences le 10 octobre. Peu après, l’aéroport Fort-de-France a été envahi suite à un regroupement de manifestants sur la piste, obligeant la déroute de trois vols vers la Guadeloupe. Ce rassemblement sur le tarmac de l’aéroport a été provoqué par des rumeurs sur les réseaux sociaux annonçant l’arrivée de 300 à 350 CRS en Martinique.
- Si la situation était plus calme ces dernières semaines, des incidents sont survenus le 7 octobre entre les policiers des compagnies républicaines de sécurité (CRS) et des militants qui menaient une action de blocage contre la vie chère au Lamentin, près de Fort-de-France. Depuis, des violences sont à nouveau recensées chaque nuit.
- Le ministre chargé des outre-mer, François-Noël Buffet, a condamné le 10 octobre « avec la plus grande fermeté » les violences qui ont éclaté dans la nuit et a exhorté les citoyens « à éviter toute escalade (…) et à privilégier le dialogue ». Un appel renouvelé dans la soirée par le préfet de Martinique, qui s’est, dans un communiqué, « félicité des avancées obtenues à la cinquième table ronde sur la vie chère » et a appelé « à la désescalade ».
- Douze gendarmes ont été blessés dans la nuit du 9 au 10 octobre « dont un par balle ». Pas moins de 400 véhicules ont été brûlés dans un immense parking abritant des voitures neuves importées en Martinique. Un homme a par ailleurs été tué par balle dans des circonstances encore obscures : il a été retrouvé blessé par les gendarmes qui intervenaient contre le pillage d’un centre commercial au Robert et est décédé à l’hôpital. (Le Monde, France 24)
La France et le Vietnam renforcent leur partenariat stratégique sur des secteurs clés comme la défense et l’énergie
En réponse à l’invitation d’Emmanuel Macron, inscrite dans le cadre du 19e Sommet de la Francophonie, le président du Vietnam Tô Lâm a effectué une visite officielle en France du 3 au 7 octobre 2024. La France et le Vietnam se sont accordés sur un “partenariat stratégique global” publié à l’occasion de la venue du Président vietnamien Tô Lâm, à Paris, le 7 octobre. Les deux pays se sont engagés à « développer leurs relations dans le domaine de la défense », et à donner une « nouvelle impulsion » à leur coopération en matière militaro-industrielle.
- La dernière visite d’un président vietnamien en France avait eu lieu il y a 22 ans. Pour rappel, la France et le Vietnam ont noué des relations de défense en 1991 avant qu’un partenariat « stratégique » ait été signé en 2013. L’actuelle rencontre vise ainsi à renforcer leur coopération militaire et semble être liée à un repositionnement diplomatique français en Indo-pacifique autour des principes de liberté de navigation en mer de Chine méridionale (MDCM).
- Cette coopération s’inscrit dans une coopération ayant un volet mémoriel comme annoncé par le ministre des Armées et des Anciens combattants Lecornu, visant à faciliter l’accès aux archives pour le Vietnam et la restitution à l’inverse des dépouilles des soldats français.
- L’armée populaire vietnamienne est dotée d’équipements soviétiques pour la plupart, mais Hanoï a l’intention d’augmenter annuellement son budget militaire de 5,5 % en moyenne, afin de porter son montant à 10,2 milliards de dollars en 2029.
- Sur le volet BITD, l’objectif est ainsi le développement de l’industrie de l’armement du Vietnam. Les industriels de la défense, dont le vice-président exécutif d’Airbus, se sont entretenus avec le président vietnamien. Le Vietnam s’est engagé à faciliter les « escales de bâtiments français » dans ses ports, conformément à sa législation, « afin de développer la coopération mutuelle et l’échange d’expertise entre les marines et les garde-côtes ». (Français à l’étranger, TV5 Monde, OPEX360)
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VEILLE LÉGISLATIVE
Application de la LPM : publication du décret relatif aux réquisitions pour les besoins de la défense et de la sécurité nationale
Comme l’a indiqué le ministre des Armées et des Anciens combattants Sébastien Lecornu dans un message publié sur X, la France poursuit son réarmement par la « mise en place par décret du cadre juridique permettant des réquisitions temporaires ». Ce cadre avait été rénové par l’article 47 de la loi du 1er août 2023 relative à la programmation militaire pour les années 2024 à 2030 et portant diverses dispositions intéressant la défense (« LPM »). En effet, les dispositions codifiées jusqu’alors dans le code de la défense apparaissaient « obsolètes et complexes à mettre en œuvre et fondées sur des critères dont la portée était incertaine ». La LPM avait alors créé une distinction entre les « réquisitions visant à faire face aux menaces pesant sur la vie de la Nation » décidées par décret en conseil des ministres et les « réquisitions visant à faire face aux situations d’urgence mettant en cause la sauvegarde des intérêts de la défense nationale » décidées par décret du Premier ministre. Le législateur avait renvoyé à un décret en conseil des ministres la détermination des modalités pratiques d’application de ce nouveau régime. Tel est l’objet du décret n° 2024-895 du 1er octobre 2024 « relatif aux réquisitions pour les besoins de la défense et de la sécurité nationale et à leur articulation avec les différents régimes juridiques portant sur la préparation et la gestion des crises ».
- Ce décret d’application définit les modalités pratiques de recensement, d’essais et d’exercices préalables des personnes, biens et services qui pourraient être réquisitionnés ainsi que les modalités de mise en œuvre du régime de réquisitions, y compris une juste réparation en cas de réquisition. Il clarifie les dispositions réglementaires en vigueur en les rationalisant, avec le passage de 182 à 30 articles dans le livre dédié du code de la défense.
- Publié au Journal officiel du 2 octobre 2024, le décret a été présenté en conseil des ministres après avis du Conseil d’État ; il s’agit du plus haut degré de formalisation d’un décret. Pour rappel, au Conseil d’État, la section consultative compétente en matière de défense est la section de l’administration ; créée en 2008, elle est également compétente notamment en matière d’éducation et d’enseignement supérieur, de fonction publique, d’organisation de l’État et de propriété et de commande publiques.
- Sur le même sujet, le 17 septembre 2024, a été enregistrée une « proposition de loi visant à faciliter les démarches de réquisition militaire à l’occasion d’exercices de nos forces armées », déposée par la députée Valérie Bazin-Malgras (DR) et plusieurs de ses collègues. Son objet était d’« inclure les exercices militaires et les grandes manœuvres dans le champ des réquisitions militaires ». Cependant, la proposition est devenue sans objet : elle vise un article inopérant depuis l’entrée en vigueur du décret, lequel répond par ailleurs à l’objectif de la proposition de loi. (Légifrance, Vie publique, Assemblée nationale)
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VEILLE BITD
Maîtrise des fonds marins : la DGA commande le développement de systèmes de robotique sous-marine
La Direction générale de l’armement (DGA), en lien avec le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI), a commandé le 27 septembre 2024 le développement d’un drone sous-marin autonome (AUV) et d’un robot téléopéré (ROV) aux sociétés françaises Exail et Travocean. Ces équipements constitueront la première capacité grands fonds de la Marine nationale à partir de 2026. A vocation civile et militaire, ils auront la capacité d’opérer jusqu’à une profondeur de 6 000 mètres et d’y emporter des charges-utiles (capteurs, instruments de mesure et outils), afin de promouvoir la connaissance des fonds marins (moins de 3% ont été explorés avec précision), y assurer la surveillance et la protection des infrastructures sous-marines (pipelines, câbles de communication, câbles électriques), et d’y mener des actions par les forces françaises.
- Le ministère des Armées et des Anciens combattants a publié en février 2022 une stratégie de la Maîtrise des Fonds Marins (MFM), dans le cadre de laquelle s’inscrit la commande.
- La commande se place aussi dans l’objectif « Investir dans le champ des fonds marins » du plan d’investissement France 2030, alors que les grandes puissances sont engagées dans une course à la maîtrise de ces fonds. (DGA, Minarmac)
A défaut de production, rénovations de chars Leclerc : 15e livraison en 2024
La DGA a réceptionné et livré à l’armée de Terre les 24 et 25 septembre 2024 les 14ème et 15ème chars Leclerc rénovés XLR depuis le début de l’année, sur un objectif total de 21 en 2024. Ces rénovations, menées par Nexter Systems, doteront à terme les chars de moyens leur permettant de s’intégrer à la bulle de combat Scorpion. Cela implique notamment des capacités de partage en temps réel de la situation tactique avec les autres véhicules de ce programme – tels que le Griffon, le Jaguar et le Serval. 160 chars Leclerc seront rénovés d’ici la fin 2030 et quarante autres le seront à fin 2035, dans le cadre de la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030.
- Les chars Leclerc, fabriqués par Nexter et entrés en service en 1993, ont vu leur ligne de production fermée depuis 2008.
- Ces rénovations permettront au char Leclerc de rester en service jusqu’à l’arrivée du futur système de combat terrestre Main Ground Combat System (MGCS), à l’horizon 2040-2045. (DGA, DGA)
Merci aux membres du pôle qui ont participé à la rédaction de cette veille !