Par Julie Monier et Adam Galler
AFRIQUE
Le camp militaire d’In Delimane, situé non loin de la frontière avec le Niger, a été visé par une attaque tuant 53 soldats et un civil. Si l’attaque n’a pas été revendiquée, le mode opératoire est similaire à celui utilisé lors des attaques de Mondoro et de Boulikessi, perpétrées par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans.
- Dès le début de l’année 2019, la force Barkhane avait quitté cette région pour rediriger ses efforts vers la région du Gourma malien. Cette nouvelle attaque montre encore une fois que la sécurisation du Mali reste précaire, et ce malgré la présence sur le terrain de la force barkhane depuis plus de cinq ans.
- Ces nouvelles pertes subies par l’armée malienne mettent le gouvernement malien en grande difficulté.
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EUROPE
A l’occasion de la 27e Conférence des armées européennes, organisée ce 24 octobre à Wiesbaden, le général Jörg Vollmer, chef d’état-major de la Deutsches Heer, et son homologue américain, le général James C. McConville, ont signé un accord bilatéral de vision stratégique. L’objectif de cet accord est d’augmenter fortement leur interopérabilité. Cet accord permettrait d’ici 2027 à un régiment allemand d’opérer sous le contrôle opérationnel d’une brigade de l’US Army, à l’égal d’une unité américaine. Et il est même envisagé de pousser cette intégration au niveau divisionnaire.
- Cet accord suppose que les unités allemandes et américaines aient des systèmes d’informations compatibles, ainsi que des procédures communes. Il est aussi question d’initiatives partagées en matière de combat collaboratif et de munitions.
- Pour l’ex-commandant de l’US Army Europe désormais en retraite, le général Ben Hodges, il s’agit du « point de départ […] pour arriver à un statut analogue à celui des ‘Five Eyes’ », c’est à dire l’alliance des services de renseignement américains, australiens, britanniques, canadiens et néo-zélandais.
- L’Armée de Terre française avait signé en 2015 un accord de type SVS avec l’US Army, se caractérisant par un engagement opérationnel commun sur de nombreux théâtres, des échanges dans les domaines les plus engageants pour le futur et des relations d’armée à armée fondées sur la confiance. L’accord bilatéral signé par la force terrestre allemande avec l’US Army va quant à lui plus loin. Or, dans un contexte où la France ne cesse d’en appeler à renforcer l’autonomie européenne, cet accord semble marquer une rupture avec nos partenaires allemands quant à la conception d’une défense commune autonome.
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RUSSIE
Ce mercredi 30 octobre, le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a appelé la Russie à retirer ses troupes de l’Est séparatiste de l’Ukraine. Cette déclaration est intervenue le lendemain du retrait des forces ukrainiennes et des séparatistes pro-russes de la localité de Zoloté, sur la ligne de front dans la région orientale ukrainienne.
- Le retrait des forces ukrainiennes de Zoloté est une condition posée par Moscou pour relancer le processus de paix sous la forme d’un sommet dit en format de Normandie, en référence à la configuration diplomatique adoptée pendant la Guerre du Donbass. Ce format implique la participation des présidents russe, ukrainien et français et de la chancelière allemande.
- Cette initiative ukrainienne résulte de la volonté du président Volodymyr Zelensky de mettre un terme au conflit avec les séparatistes russes et de se concentrer sur une adhésion d’ici 5 ans de l’Ukraine à l’OTAN.
L’État-major des forces armées norvégiennes a déclaré le mardi 29 octobre qu’une dizaine de sous-marins russes, dont huit sous-marins nucléaires, ont été déployés dans l’Atlantique nord. Le porte-parole de l’État-major des forces armées Brynjar Stordal affirme qu’il s’agit de la plus vaste opération de ce genre conduite par la Russie « depuis la fin de la Guerre froide, en termes de moyens engagés en même temps ».
- Selon les renseignements norvégiens, les sous-marins russes cherchent à s’enfoncer le plus loin possible dans l’océan Atlantique, idéalement à l’ouest du Groenland, sans se faire repérer, afin de s’entraîner à surmonter la défense de l’OTAN et à se rapprocher de la côte est des États-Unis.
- Le service de presse de la Flotte du Nord, une Flotte de la Marine russe, a signalé que ce déploiement d’envergure rentrait dans le cadre d’exercices menés dans la zone de la mer de Norvège pour tester certains équipements et armements.
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MOYEN ORIENT
Le chef de Daesh, Abou Bakr al Baghdadi, a été tué dans la nuit du samedi 2 novembre au dimanche 3 novembre lors d’un raid mené par les forces Delta, une unité d’élite de l’armée américaine. Il a déclenché sa ceinture d’explosif après avoir été piégé au cours du raid.
- L’organisation Daesh a confirmé la mort de son chef jeudi dans un message radio posté sur l’application Télégram. Elle a également annoncé le nom de son successeur, Abi Ibrahim Al-Hachimi Al-Qourachi, et menacé les États-Unis de représailles.
- Si la mort de Abu Bakr al Baghadi représente une victoire symbolique pour les États-Unis et plus particulièrement pour Donald Trump, l’efficacité de la politique étrangère américaine sur le territoire syrien est contestable. Les troupes de Daesh sont toujours mobilisées, en particulier dans la région d’Idleb, proche de la frontière turque. Le retrait des États-Unis de la région, ainsi que le conflit entre la Turquie et les Kurdes, laisse la possibilité à un retour en force de Daesh sur le terrain.
Suite à l’accord entre les présidents russe et turc le 22 octobre, la Russie a annoncé mardi le retrait de la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) du nord de la Syrie. Cet accord a mis fin à l’offensive lancée par la Turquie le 9 octobre contre les forces kurdes.
- Des militaires turcs et russes ont commencé à patrouiller conjointement, vendredi 1er novembre, dans un village du Nord-Est syrien, afin de s’assurer du retrait effectif des forces kurdes.
- La Turquie souhaite mettre en place une « zone de sécurité » d’une trentaine de kilomètres de profondeur le long de sa frontière pour séparer celle-ci des kurdes du YPG. La mise en place effective de cette “zone de sécurité” pose un dilemme à la coalition internationale car, bien que le YPG soit considéré comme une organisation terroriste pour la Turquie, il est un allié de la coalition dans la lutte contre Daesh sur le territoire syrien.