Janvier
Prolongation du traité New Start
Le 26 janvier, les présidents russe et américain, Vladimir Poutine et Joe Biden, se sont accordés sur l’extension du traité New Start de réduction des armes stratégiques. Alors que le traité – entré en vigueur en 2011 – devait expirer le 4 février 2021, il est désormais prolongé de 5 ans, jusqu’au 5 février 2026. Le traité contraint ses deux signataires au respect de limites restreignant la taille de leurs arsenaux nucléaires respectifs. Un système d’inspections mutuelles et de communication entre les deux parties garantit le respect des termes du traité.
Il s’agissait également de la première discussion entre le président américain Joe Biden, élu en 2020, et Vladimir Poutine. Les deux dirigeants se sont depuis régulièrement consultés sur les affaires stratégiques. En particulier, les présidents russe et américain se sont rencontrés en juin 2021 à Genève et ont décidé de débuter des discussions bilatérales sur le contrôle des armements. Plus récemment, le 7 décembre et le 30 décembre, Joe Biden et Vladimir Poutine se sont entretenus sur la question de la stabilité stratégique en Europe, sur fond de tensions à la frontière russo-ukrainienne.
Le prolongement du traité New Start vient ralentir l’érosion du contrôle sur les armements qui s’était manifestée sous l’administration Trump par le retrait des États-Unis du traité sur les forces nucléaires intermédiaires (INF) en 2019 et du traité Open Skies en 2020. Néanmoins, si la prolongation du traité est bienvenue et donne aux signataires un délai supplémentaire de réflexion, elle ne règle pas les nombreuses questions épineuses qui pèsent sur le contrôle des armements. Tout d’abord, une simple prolongation du traité ne permet pas de prendre en compte de manière précise les évolutions technologiques et les nouvelles armes que les parties pourraient être amenées à développer dans l’intervalle. Ensuite, le traité ne concerne que les États-Unis et la Russie et ne couvre pas d’autres acteurs nucléaires – notamment la Chine, qui ambitionne de développer son arsenal nucléaire d’ici 2026.
Février
Coup d’Etat de l’armée en Birmanie
Le lundi 1er février, l’armée birmane a renversé le gouvernement en place dans le pays et arrêté la Conseillère spéciale de l’État, Aung San Suu Kyi, afin de contester les résultats des élections de novembre 2020 remportées par la Ligue nationale pour la démocratie (LND), parti de Mme Suu Kyi.
Immédiatement après son coup d’État, l’armée a mis au pouvoir une junte militaire et instauré un état d’urgence pour une durée d’un an dans le pays avant la tenue de nouvelles élections, promettant la mise place d’une démocratie « véritable et disciplinée ».
Malgré les promesses démocratiques faites à la communauté internationale, les autorités birmanes refusent jusqu’à ce jour tout dialogue avec l’ONU ou l’ASEAN. La junte militaire a également dû faire face à une forte opposition qu’elle n’a cessé de réprimer violemment, causant plusieurs milliers de morts. Les rapporteurs de l’ONU pour les droits de l’Homme en Birmanie ont déclaré craindre que « des atrocités de masse » se produisent dans le pays.
Le 6 décembre dernier, la junte a condamné l’ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi à deux ans de détention pour incitation aux troubles publics etviolation des règles sanitaires liées au Covid-19. Alors que la junte avait promis la tenue d’élections démocratiques et la levée de l’état d’urgence en 2023, la perspective d’un retour de la démocratie dans le pays s’éloigne. Dans le même temps, le nombre de Birmans en situation de pauvreté ne cesse d’augmenter : le taux de pauvreté dans le pays pourrait passer de 30 % en 2020 à 60 % en 2022 selon certaines projections.
Mars
Vote de confiance en faveur du gouvernement de transition en Libye
Le mercredi 10 mars, la Chambre des représentants libyenne a donné sa confiance au gouvernement de transition mené par Abdelhamid Dbeibah, suivie par le Parlement qui a approuvé la nouvelle équipe gouvernementale avec 121 voix sur 132. Abdelhamid Dbeibah et les ministres qui l’accompagnent devaient accompagner la transition politique censée déboucher sur de nouvelles élections législatives le 24 décembre 2021. Ce vote a été salué par la plupart des acteurs locaux et internationaux. Ainsi, quelques semaines plus tard, le président français Emmanuel Macron a annoncé la réouverture de l’ambassade de France à Tripoli, affirmant par ce geste le soutien de la France au processus de transition politique. D’autres Etats, comme Malte ou l’Egypte, ont également fait part de leur intention de rouvrir leurs ambassades en Libye.
Ces signes d’une normalisation de la politique libyenne ont néanmoins été fortement tempérés par le report du scrutin présidentiel. En effet, le comité du Parlement, chargé du scrutin, a été contraint de reconnaître, quarante-huit heures avant l’échéance, l’impossibilité d’organiser le scrutin en l’absence de consensus entre les factions libyennes sur les procédures du vote et sur la liste de candidats.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cet échec. Premièrement, l’adoption en septembre de lois électorales ouvertement présidentialistes par le Parlement de Tobrouk, proche du maréchal Haftar, a suscité l’ire des tenants d’une régime parlementaire. Deuxièmement, des controverses ont émergé sur la liste des candidats. La première controverse a émergé à l’occasion de la candidature de Saïf Al-Islam Kadhafi. Fils du colonel Kadhafi, condamné à mort en juillet 2015 par une cour spéciale, il avait été libéré un an plus tard puis avait présenté le 14 novembre sa candidature au scrutin présidentiel – une candidature critiquée tant par les partisans du maréchal Haftar que par les fidèles de la révolution de 2011. Une deuxième controverse a également surgi à l’occasion de la candidature du Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah. Celui-ci, qui aurait dû démissionner de ses fonctions trois mois avant l’échéance de décembre, a fait usage de manœuvres clientélistes pour faire accepter sa candidature par la Cour d’appel de Tripoli. Le contexte politique libyen est donc encore loin de l’apaisement qui semblait poindre en mars 2022.
Avril
L’OTAN et les Etats-Unis décident du retrait de leurs troupes en Afghanistan
Les alliés de l’OTAN ont annoncé, mercredi 14 avril, leur décision de commencer le retrait de leurs forces engagées en Afghanistan le 1er mai. Le président américain a précisé que les troupes américaines seraient définitivement retirées d’Afghanistan le 11 septembre 2021. « « Nous ne pensons pas que le maintien d’une présence militaire indéfinie en Afghanistan soit dans notre intérêt, ni dans celui des Etats-Unis, ni dans celui de l’OTAN et de nos alliés », a précisé Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, lors d’une conférence de presse au siège de l’Alliance.
En prenant cette décision, les Américains n’avaient certainement pas anticipé que le retour des Talibans au pouvoir serait si rapide. Le dimanche 15 août, Kaboul tombait aux mains des Talibans, tandis que le président Ashraf Ghani fuyait à l’étranger en laissant sur Facebook un message : « Les talibans ont gagné ». Le soir même, le porte-parole du bureau politique des talibans, installé à Doha, au Qatar, Mohammad Naeem, déclarait que « la guerre [était] terminée ». Il aura donc suffi que les forces américaines se retirent de la capitale pour que les Talibans y reprennent le pouvoir, révélant ainsi l’extrême faiblesse de l’Etat et de ses forces de sécurité.
Depuis, tant la famine que le recul du droit des femmes ont heurté l’opinion internationale. L’économie afghane, très dépendante des subventions occidentales, s’est rapidement désagrégée, desservie par une sécheresse persistant depuis trois ans, et un état de guerre quasi permanent. La famine s’est donc installée dans de nombreuses régions du pays. En parallèle, le nouveau régime a commencé d’édicter des lois très défavorables au droit des femmes : ainsi, l’obligation pour les femmes de respecter le « voile islamique », l’interdiction pour les conducteur de prendre des femmes à leur bord sur des distances supérieures à 72 kilomètres si elles ne sont pas accompagnées par un parent masculin ou la privation d’école pour les filles âgées de plus de 12 ans dans de nombreuses provinces afghanes, sont des régressions frappantes par rapport aux libertés acquises par les femmes afghanes les années précédentes.
Mai
La “Guerre de onze jours” oppose Israël aux territoires palestiniens
Malgré sa marginalisation depuis la signature des accords d’Abraham, le conflit israélo-palestinien a connu un nouveau cycle de violence en mai 2021, le quatrième depuis 2008. Les tensions toujours plus accrues entourant l’éviction de familles palestiniennes, la célébration de la « Journée de Jérusalem » ressentie comme une provocation et les heurts sur l’Esplanade des Mosquées à la fin du ramadan se sont soldés par un regain des tensions militaires entre les deux camps. Durant onze jours, Israël et les territoires palestiniens se sont affrontés militairement, provoquant la mort de 248 Palestiniens, selon les autorités à Gaza, et de 12 Israéliens.
Le 21 mai, un cessez-le-feu conclu entre le Hamas et Israël a finalement mis fin aux combats. Négocié sous médiation égyptienne, il ne fixe cependant aucune condition à l’arrêt des combats et n’établit pas de plan de reconstruction. Malgré l’entrée en fonction en juin d’un nouveau gouvernement israélien, les pourparlers en vue d’une trêve durable n’ont toujours pas abouti.
L’année 2022 ne laisse pas présager une possible résolution du conflit israélo-palestinien, qui dure depuis 1948. Les causes profondes de ce conflit, telles que la question palestinienne et la territorialisation, restent en suspens. Cette fin d’année 2021 enregistrant un accroissement des tensions (notamment religieuses autour de l’esplanade des Mosquées) en Cisjordanie, un cinquième cycle de violence n’est pas à écarter. Par ailleurs, la date d’un nouveau scrutin palestinien reste à être fixée après le report des élections legislatives de 2021 qui voyaient le Hamas en tête des sondages.
Juin
La transformation de l’opération Barkhane annoncée par le président Emmanuel Macron
Le 10 juin 2021, le président de la République française a annoncé la transformation de l’opération Barkhane au Sahel, dont l’échéance a été fixée au début de l’année 2023. Cette annonce a fait suite à la fin de la collaboration bilatérale entre Paris et Bamako après l’investiture du colonel Goïta, le 8 juin, à la présidence malienne. Cette transformation comprend à la fois la réduction de la moitié des effectifs du dispositif et une réorientation des missions vers les missions de formation des armées locales. La lutte antiterroriste sera quant à elle assurée par la Task Force Takuba, composée de forces spéciales françaises et européennes.
La restructuration de Barkhane a effectivement poursuivi ses objectifs initiaux. D’une part, l’armée française a quitté trois bases du nord du Mali (Tessalit, Tombouctou, Kidal), passant le relais à la MINUSMA et aux forces armées maliennes. Le nouveau centre névralgique des opérations militaires françaises est déplacé au Niger. D’autre part, Takuba est désormais forte de 900 militaires et attire de plus en plus de contingents européens (treize pays européens devraient y participer en 2022).
Les relations entre Paris et Bamako se sont dégradées sur le plan diplomatique. En septembre, le Premier ministre de transition malien, Choguel Maïga, a accusé la France d’abandonner son pays alors que la menace terroriste s’étend vers le Sud de la bande sahélo-saharienne. Dans le même temps, l’association de presse Reuters a révélé des tractations entre la société russe de mercenaire Wagner et la junte militaire au pouvoir au Mali. Après la prise de sanctions par l’Union européenne contre le groupe Wagner en novembre, seize pays occidentaux – dont la France – ont condamné, le 23 décembre, le déploiement des mercenaires russes sur le territoire malien, ce que Bamako a formellement démenti.
Juillet
L’affaire Pegasus et la chute de NSO Group
Le dimanche 18 juillet 2021, un consortium international de journalistes a révélé l’existence d’un logiciel espion nommé Pegasus, développé par la société israélienne NSO Group. Le logiciel, vendu uniquement à des services de police et de renseignements étatiques, est officiellement destiné à la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Cependant, les journalistes ont découvert que le logiciel était utilisé par de nombreux Etats (comme le Maroc, la Hongrie, l’Inde, l’Azerbaïdjan ou encore l’Arabie Saoudite) pour surveiller des dirigeants politiques, des activistes, des personnalités ou des journalistes, nationaux ou étrangers, s’opposant à leur politique.
Depuis ces révélations, les PDG se sont succédé à la tête de NSO, démissionnant à peine nommés. En outre, Apple a averti des dizaines d’utilisateurs qu’elles étaient potentiellement victimes de Pegasus dans le monde entier et a porté plainte le 23 novembre contre NSO Group, rejoignant ainsi Meta et Google qui avaient déjà lancé une procédure judiciaire aux Etats-Unis.
Par ailleurs, le 3 novembre 2021, le Département du commerce des Etats-Unis a placé NSO Group et Candiru (une entreprise israélienne similaire) sur sa liste noire, leur imposant ainsi de fortes contraintes d’exportations et d’importations. Un mois plus tard, le 3 décembre 2021, 80 ONG ont appelé l’Europe à suivre l’exemple américain en interdisant l’utilisation du logiciel Pegasus à ses Etats membres.
Ce scandale pose la question de la régulation des ventes d’équipement de surveillance : seul l’arrangement de Wassenaar, datant de 1996, contrôle aujourd’hui l’exportation d’armes conventionnelles, de biens et de technologies à usage civil et militaire. 42 Etats sont signataires de cet arrangement et le texte est caduc puisqu’il n’a pas été actualisé et ne prend pas en compte des technologies comme Pegasus. En août 2021, plusieurs experts de l’ONU ont réclamé un moratoire sur la vente de logiciels espions. La présidence de la France au Conseil de sécurité de l’ONU pourrait éventuellement marquer le début de réflexions autour du sujet de la régulation des armes technologiques à double usage, bien que le pays soit lui-même positionné sur le marché de la cybersurveillance.
Août
L’Algérie rompt ses relations diplomatiques avec le Maroc
Mardi 24 août, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc. Selon un communiqué officiel algérien, « les actes hostiles incessants perpétrés par le Maroc contre l’Algérie ont nécessité la révision des relations entre les deux pays ». En juillet, des journaux français avaient notamment révélé l’espionnage de personnalités algériennes par le Maroc par le biais du logiciel israélien Pegasus.
En septembre, l’Algérie a interdit aux avions civils et militaires marocains de survoler son espace. Au-delà d’une surenchère sécuritaire, les deux pays se livrent une guerre économique. En effet, la présidence algérienne avait déjà décidé début septembre de ne pas renouveler le contrat de transit concernant le gazoduc Maghreb-Europe, privant le Maroc de gaz algérien pour ses centrales électriques et d’un droit de passage de plusieurs dizaines de millions d’euros.
Les mouvements indépendantistes au Sahara et en Kabylie ainsi que le conflit israélo-palestinien cristallisent les tensions. D’une part, les deux pays soutiennent les mouvements indépendantistes qui s’élèvent contre leur voisin : l’Algérie soutient le Front Polisario qui se bat contre le Maroc pour l’indépendance du Sahara occidental, tandis que le Maroc soutient le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie [MAK], classé par les autorités algériennes parmi les organisations terroristes. D’autre part, le rapprochement entre Israël et le Maroc, matérialisé par l’accord de coopération militaire signé en décembre dernier, a relancé les tensions avec l’Algérie. En effet, ce dernier soutient fermement la cause palestinienne.
L’absence totale de dialogue entre les deux pays augmente le risque d’une guerre en 2022, bien que ni l’Algérie ni le Maroc ne souhaitent de conflit armé. Un incident violent pourrait mener à une grave escalade dans un contexte de fortes tensions. En novembre par exemple, l’Algérie a accusé son voisin d’avoir assassiné trois camionneurs. Le Maroc avait alors affirmé ne pas vouloir de guerre entre les deux pays.
Septembre
L’Australie annonce un partenariat stratégique avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni nommé AUKUS
Le 15 septembre, l’Australie a rompu le contrat conclu avec la France en 2016 pour la fabrication de douze sous-marins à propulsion conventionnelle pour conclure une commande auprès des Etats-Unis de huit sous-marins à propulsion nucléaire. Cette acquisition capacitaire s’inscrit dans la constitution d’une coopération plus large de l’Australie avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni aux niveaux militaire, industriel et technologique dans le but de contrer l’influence chinoise dans la zone indopacifique. Pour compléter son arsenal défensif, Canberra a signé un nouveau contrat le mois suivant auprès de Washington pour douze hélicoptères d’attaque et un avion de guerre. Le 22 novembre, lors d’une cérémonie de signature discrète à Canberra, l’alliance AUKUS a officiellement vu le jour.
L’Australie justifie ce revirement par la promesse d’un soutien de Washington et de son allié britannique contre la menace chinoise, et par le fort effet de dissuasion de cette alliance sur Pékin. Pour les Etats-Unis, hormis l’importance symbolique de l’accord, les avantages stratégiques d’AUKUS sont modestes. En effet, AUKUS s’ajoute à plusieurs alliances existantes réunissant les deux pays : ANZUS, Five Eyes et le Quad. AUKUS a également une dimension symbolique pour le Royaume-Uni, mais c’est aussi une incitation supplémentaire à ne pas renoncer à sa souveraineté contestée sur l’archipel des Chagos, dans l’océan Indien.
La rupture du contrat franco-australien a remis en question la stratégie de la France dans l’Indopacifique. Elle en est, en effet, un acteur majeur : c’est la seule puissance de l’Union européenne à maintenir en permanence 7 000 personnels dans la région pour assurer la protection de ses 1,6 millions de ressortissants qui vivent dans ses territoires d’outre-mer et des 9 millions de km² de ZEE que ces territoires représentent.
Depuis l’annonce d’AUKUS, la Chine a choisi la démonstration de force en multipliant les exercices militaires ostentatoires, notamment dans la zone d’identification aérienne taïwanaise. Pékin montre ainsi que l’effet de dissuasion espéré n’a pas atteint sa cible. De surcroît, la Chine a développé une stratégie visant à exploiter des divisions potentielles entre les Etats-Unis et leurs alliés. Le pays tente par exemple de faire renaître une relation particulière avec la France. Le président chinois a ainsi émis le souhait lors d’un entretien avec le président Macron le 26 octobre dernier « que la France jouera un rôle actif pour promouvoir un développement sain et stable des relations entre la Chine et l’UE ».
Octobre
Intensification des combats en Éthiopie
Débutée en novembre 2020, la guerre civile qui oppose le gouvernement éthiopien aux rebelles des Forces de défense tigréennes (TDF) et leurs alliés de l’Armée de libération oromo (ALO) s’est intensifiée en octobre 2021. Après une contre-offensive gouvernementale dans les régions Afar, Amhara et du Tigré, dans le nord du pays, les TDF ont pris les villes de Dessie et Kombolcha, situées à un carrefour routier stratégique à 400 kilomètres au nord d’Addis-Abeba. Cette situation a fait craindre une descente des forces rebelles sur Addis-Abeba, ce qui a conduit de nombreux États occidentaux à appeler leurs ressortissants à quitter le pays au mois de novembre.
Contre toute attente, les forces loyalistes ont repris du terrain au cours des mois de novembre et de décembre, amenant le TDF à se retirer complètement des régions Afar et Amhara. L’utilisation de drones, notamment d’origine turque, semble avoir joué un rôle important dans cette reconquête.
Avec le repli des rebelles, le gouvernement a montré quelques signes d’ouverture pouvant laisser envisager d’hypothétiques négociations de paix avec le TDF. Toutefois, une solution militaire au conflit n’est pas à écarter, l’Éthiopie pouvant être tentée de reprendre le Tigré manu militari, forte de l’avantage stratégique que lui confèrent les frappes aériennes.
Novembre
La conquête de l’espace continue
La fin d’année 2021 a démontré que la militarisation de l’espace était loin d’être terminée. Après le satellite de communication militaire Syracuse IV, la France a lancé la constellation de trois satellites militaires Ceres le 16 novembre 2021, dotant la nation d’une capacité souveraine de renseignement d’origine électromagnétique. En parallèle, l’armée russe a réalisé un tir de missile antisatellite le 15 novembre, détruisant le satellite Kosmos-1408, inactif. De leur côté, les Etats-Unis ont lancé le 23 novembre 2021 la mission Double Asteroid Redirection Test (DART), qui constitue la première mission de défense planétaire dans l’espace, visant à dévier un astéroïde de sa trajectoire.
Cette conquête de l’espace a eu des effets multiples pour les différents pays. La France est entrée dans le club très fermé des puissances militaires dotées d’une capacité de renseignement électromagnétique depuis l’espace, tout comme la Chine, les Etats-Unis et la Russie, et souhaite s’affirmer aujourd’hui comme « nation spatiale » à leurs côtés. En ce qui concerne la Russie, si le tir de missile antisatellite a été un succès sur le plan technique, il a créé de nouveaux débris menaçant notamment la Station spatiale internationale (ISS) et Moscou a été vivement critiqué par les Etats-Unis et ses alliés européens pour son « inconscience » et son « hypocrisie », puisque Moscou s’était jusqu’ici toujours déclaré opposé à toute tentative de militarisation de l’espace.
L’année 2022 sera donc certainement marquée par de nombreux événements concernant l’espace. Tout d’abord, la mission DART devrait porter ses fruits autour de septembre 2022 quand le vaisseau entrera en collision avec l’astéroïde Dimorphos. En cas de succès, cela permettrait, dans le futur, de développer des techniques plus précises pour dévier des astéroïdes ayant une trajectoire de collision avec la Terre. En outre, comme annoncé le 26 novembre 2021 par la ministre française des Armées Florence Parly, un système de communication optique par laser entre l’espace et le sol, baptisé Keraunos, sera expérimenté durant l’année 2022.
Décembre
Tensions à la frontière russo-ukrainienne
Au début du mois de décembre, les tensions ont repris à la frontière entre la Russie et l’Ukraine. Plusieurs responsables américains et ukrainiens s’inquiètent des mouvements de troupes russes à proximité de l’Ukraine et craignent une possible invasion du pays pour le début de l’année 2022. De son côté, la Russie rejette ces accusations en soulignant que les mouvements de troupes au sein de son territoire sont parfaitement conformes au droit international. La Russie a ensuite présenté un plan visant à proposer une nouvelle architecture de sécurité en Europe. Néanmoins, il apparaît que ces propositions ne sont pas acceptables pour les membres de l’OTAN, et surtout pour les États-Unis, auxquels elles s’adressent en priorité. Elles prévoient en effet l’interdiction des vols de reconnaissance et des opérations militaires de l’Alliance atlantique à proximité de la Russie ainsi que l’arrêt des élargissements de l’OTAN. Cela impliquerait, entre autres, le retrait de la promesse faite à l’Ukraine et à la Géorgie qui prévoyait l’entrée de ces deux pays dans l’OTAN.
Dans ce contexte, les présidents russe et américain se sont – chose rare – entretenus deux fois dans le cours du mois de décembre, les 7 et 30 décembre. Une rencontre physique entre hauts responsables russes et américains doit également avoir lieu le 10 janvier 2022 à Genève en amont d’une réunion du conseil Russie-OTAN qui se tiendra le 12 janvier à Bruxelles.
La séquence de tensions ne semble pas prête à se refermer pour le moment. Le communiqué de la Maison Blanche met en garde Moscou contre une invasion de l’Ukraine qui entraînerait une « réponse résolue » de la part des États-Unis, tandis que le Kremlin prévient que la mise en place de nouvelles sanctions contre la Russie serait une « erreur colossale ». La Russie a par ailleurs réitéré ses demandes quant à la tenue de discussions sur la mise en place de « garanties de sécurité pour la Fédération de Russie et les membres de l’OTAN ».
Cette veille a été rédigée par Claire, Théo, Rhéa, Maëlle, Corentin, Baptiste, Camille et Rose.