FRANCE
Accueil mitigé de la nouvelle loi de programmation militaire 2024-2030
Mardi 4 avril, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a présenté le projet de Loi de programmation militaire sur la période 2024 – 2030 (LPM) en Conseil des ministres. La LPM 2024-2030 – en proposant l’ambitieux budget de 413 milliards d’euros, avec une augmentation budgétaire de 3,1 milliards d’euros dès l’année prochaine – ne semble conquérir ni le gouvernement, ni l’Assemblée nationale. En effet, après un accueil mitigé en Conseil des ministres, la Conférence des présidents de l’Assemblée nationale a recouru à l’article 39 alinéa 4 de la Constitution afin de rejeter l’inscription de la LPM à l’ordre du jour. Conséquemment, le projet de loi ne sera pas débattu au sein de la chambre basse « jusqu’à la décision du Conseil Constitutionnel ».
- Pour rappel, le 24 février 2023, le gouvernement avait saisi le Conseil d’État afin de déterminer la validité juridico-financière du projet de loi. À cet égard, l’institution avait émis un avis favorable concernant la LPM en mettant toutefois en exergue certaines limites rédactionnelles et constitutionnelles.
- Concernant l’article 39.4 de la Constitution de 1958, il stipule que « les projets de loi ne peuvent être inscrits à l’ordre du jour si la Conférence des présidents de la première assemblée saisie constate que les règles fixées par la loi organique sont méconnues ». Selon le palais Bourbon, l’étude d’impact annexée à la LPM ne respecterait pas le principe budgétaire de sincérité en ne prenant pas en compte « les conséquences de l’inflation » qui devraient représenter environ 30 milliards d’euros et en ne précisant pas « la composition des 13 milliards d’euros de recettes non-fiscales ». Cette étude serait également incomplète, notamment en raison d’un manque de précisions quant aux programmes industriels coopératifs.
- Enfin, la LPM est également critiquée au sein de la sphère politico-militaire pour son manque d’ambition concernant les équipements militaires. Ce constat s’oppose au leitmotiv brandi par le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, présentant la LPM comme une opportunité de « sincériser nos capacités opérationnelles ». La Marine nationale se révèle particulièrement affectée avec une stagnation du nombre de frégates et un renouvellement du parc aéronautique naval non-évoqué.
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EUROPE
La Roumanie planifie un renforcement de ses capacités aériennes et navales
Mardi 11 avril, le Conseil Suprême de Défense roumain (CSAT) a annoncé un plan de “modernisation de la force aérienne”, passant essentiellement par “l’achat d’avions F-35 de dernière génération”. Le 12 avril, le ministère roumain de la Défense a ensuite soumis au Parlement trois programmes d’armement censés organiser un renforcement des capacités de la Marine roumaine.L’un des trois programmes porte notamment sur l’acquisition de “navires de type sous-marin” devant permettre au pays de mener des missions de reconnaissance et de collecte d’informations ainsi que des “actions de combat” contre des navires de surface et des sous-marins ennemis, “indépendamment ou en coopération avec d’autres forces”.
- D’après le CSAT, l’achat de F-35A permettrait à terme de “disposer de capacités opérationnelles de défense aérienne robustes, crédibles, interopérables, flexibles et efficaces dans le cadre de [ses] engagements en tant que membre de l’Otan et de l’Union européenne”. Si le nombre d’avions devant être acquis par la Roumanie n’a pas été dévoilé, la presse spécialisée au sein du pays considère que l’objectif de la Forțele Aeriene Române devrait être de détenir au moins un escadron de F-35A à l’horizon 2030 (environ une vingtaine d’appareils).
- S’agissant des sous-marins, les besoins de la Roumanie avaient été évalués à au moins trois appareils en 2018, au vu de l’importance stratégique de la mer Noire.
- Ces projets de renforcements capacitaires, accélérés par le contexte du conflit en Ukraine, doivent cependant encore à ce jour être validés par le pouvoir législatif roumain, et dans le cas d’un éventuel achat de F-35A, par l’administration américaine.
Vers un abandon du projet européen de “char du futur” ?
Si le Système de Combat Aérien du Futur (SCAF) porté par la France, l’Allemagne et l’Espagne, a connu il y a quelques mois de nettes avancées, il n’en est pas de même pour le projet franco-allemand de “char du futur” (MGCS), toujours bloqué à la phase d’étude d’architecture. Ce 5 avril, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a, devant l’Assemblée, exprimé ses doutes sur l’avenir du projet : “Je vois le programme [MGCS] prendre du retard et ça m’inquiète. Je le dis devant vous avec beaucoup d’humilité”. Il n’a d’ailleurs pas cherché à démentir l’affirmation du député Christophe Girard, soutenant que l’industrie allemande chercherait à tirer de ces coopérations un “maximum d’avantages commerciaux”.
- Cet enlisement du MGCS n’est en effet pas si négatif pour l’industrie allemande. Susanne Wiegand, présidente du groupe Renk, affirmait ainsi le 6 avril dans les colonnes de l’hebdomadaire économique Wirtschaft Woche que “depuis l’attaque de la Russie contre l’Ukraine, beaucoup de pays européens ont commandé des Leopard 2 à Krauss-Maffei Wegmann pour leurs forces armées, au point qu’il n’y a peut-être plus de place pour le MGCS pour le moment”. En effet, de nombreux pays européens ont au cours des derniers mois annoncé leur volonté d’acquérir des Leopard 2A7+ allemands (Norvège, République Tchèque et Italie notamment).
- Ces annonces, motivées par le contexte de la guerre en Ukraine accélérant là encore le processus de modernisation des équipements, permettrait dès lors aux industriels allemands d’envisager relativement sereinement l’abandon du projet MGCS.
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AMÉRIQUES
Fuite de dizaines de documents des renseignements américains sur Internet
Jeudi 13 avril, le FBI a arrêté un aviateur de 21 ans, Jack Douglas Teixeira, accusé d’avoir divulgué plusieurs dizaines de documents classifiés sur un groupe de discussion d’une vingtaine de personnes créé en 2020. Plusieurs documents semblaient être destinés aux hauts responsables du Pentagone, notamment le général Mark Milley – chairman of the Joint Chiefs of Staff – et révèlent une série de renseignements recueillis par plusieurs agences américaines dont la National Security Agency (NSA), la Central Intelligence Agency (CIA) et la Defense Intelligence Agency (DIA). Les informations contenues ont été recueillies au cours de l’hiver et évoquent principalement la guerre en Ukraine, bien que d’autres situations géopolitiques y soient décrites et que des pays alliés soient mentionnés. Le Département de la Défense américain a qualifié ces divulgations « d’acte criminel volontaire ». S’il semblerait que certaines données des documents aient été altérées, plusieurs responsables américains, s’exprimant sous couvert d’anonymat, estiment que la plupart sont authentiques.
- La publication en ligne de ces documents classifiés fait porter un « risque grave à la sécurité nationale » selon le Pentagone et pourrait révéler certaines sources, moyens et méthodes de recueil du renseignement américains. Ce n’est qu’après la publication sur la chaîne russe Telegram et le réseau Twitter, que la crise provoquée par ces fuites a débuté à Washington.
- Cet événement n’est pas sans rappeler la publication par WikiLeaks en 2010 de milliers de documents américains et pose la question du besoin d’en connaître et de la transmission des informations classifiées au sein des administrations publiques.
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RUSSIE/NEI
Vladimir Poutine signe une loi permettant l’accélération de l’enrôlement de sa population dans les forces armées russes
Vendredi 14 avril, le président russe a signé une loi accélérant la procédure d’enrôlement de la population russe au sein des forces armées déployées en Ukraine. L’avis de mobilisation pourra désormais être transmis par voie électronique à l’intéressé, alors qu’auparavant la loi imposait que la notification ait lieu en main propre. De plus, les différents services administratifs russes, tel que le service des impôts ou encore les universités, sont légalement tenus de collaborer avec les forces de police notamment en fournissant toutes les informations en leur possession sur les personnes mobilisables. La loi s’applique également aux dizaines de milliers de citoyens russes travaillant à l’étranger ou ayant fui leur pays après le déclenchement de la guerre.
- Les rumeurs sur la volonté du Kremlin de lancer une seconde vague de mobilisation pourraient expliquer la promulgation de cette loi. La loi a été adoptée par le Parlement russe en deux jours, soit dans un délai très court, témoignant de la volonté du Kremlin d’agir vite alors que l’Ukraine semble préparer une contre-offensive massive. Pour rappel, la mise en œuvre de la mobilisation de 300 000 hommes décrétée par Vladimir Poutine en septembre dernier a révélé les lacunes de l’appareil administratif russe ainsi que les réticences de la population.
- Du point de vue opérationnel, la Russie continue à cerner la ville de Bakhmout. La bataille pour cette ville symbolique de la résistance ukrainienne dure depuis plusieurs mois. Lundi 3 avril, le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evgueni Prigojine, a annoncé la prise de la mairie de Bakhmout, assurant qu’au “sens légal, Bakhmout a été capturée”. En parallèle, la Russie continue de bombarder des zones résidentielles en Ukraine, à l’instar de l’attaque à Sloviansk dimanche 16 avril, faisant au moins 8 morts et 21 blessés.
- Les Etats occidentaux renouvellent leur engagement auprès de l’Ukraine : les Etats-Unis ont annoncé mercredi 12 avril vouloir débloquer une nouvelle enveloppe de 2,6 milliards de dollars d’aide militaire, comprenant des missiles de défense antiaérienne Patriot, ainsi que des munitions d’artillerie. De son côté, le Royaume-Uni a appliqué de nouvelles sanctions contre les proches d’oligarques russes accusés d’avoir dissimulé des actifs.
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AFRIQUE
Après un incident diplomatique au Tchad, l’Allemagne renforce son engagement auprès du Niger
Samedi 8 avril, l’ambassadeur allemand au Tchad Jan-Christian Gordon Kricke a été expulsé du pays pour « attitude discourtoise » et « non-respect des usages diplomatiques ». Il avait exprimé ouvertement son inquiétude quant au retard dans la tenue d’élections pour établir la démocratie après un coup d’État militaire en 2021, et avait dénoncé le manque de transparence des enquêtes sur les manifestants tués en octobre 2022. Si cet événement ne doit pas être interprété comme une rupture des relations entre l’Allemagne et le Tchad, comme l’a déclaré le ministère tchadien des Affaires étrangères, elle met pourtant à mal leur partenariat établi dans la lutte contre les groupes terroristes au Sahel. Néanmoins, le ministre de la Défense allemand Boris Pistorius s’est rendu mercredi 12 avril à Niamey pour annoncer un engagement militaire et de soutien au développement renforcé au Niger pour garantir la sécurité dans le Sahel, en parallèle du retrait des troupes allemandes du Mali.
- Le Tchad est un allié clé pour les pays occidentaux dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel, mais l’instabilité politique y règne depuis le coup d’État militaire de Mahamat Idriss Déby en avril 2021 et les répressions contre les manifestants fin 2022 qui ont fait au moins 50 morts et des dizaines de blessés dans tout le pays.
- Le Niger est l’un des pays les plus pauvres de la planète. Néanmoins, depuis les multiples coups d’État au Mali voisin, il représente un nouveau partenaire de confiance pour les Européens. En mars 2023, le gouvernement allemand a notamment décidé d’y envoyer soixante soldats pour participer à une nouvelle mission menée par l’Union européenne (EUMPM Niger).
Nouvelles tensions en Ethiopie dans la région de l’Amhara
Jeudi 6 avril, le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a annoncé son projet de démantèlement des forces militaires régionales pour « bâtir une armée forte et centralisée capable de protéger la souveraineté et l’unité du pays ». La population de la région de l’Amhara craint toutefois de devenir plus vulnérable aux attaques des régions voisines, notamment la province du Tigré où les milices amharas avaient combattu en faveur du gouvernement lors de la guerre civile. Les miliciens amharas – appelés Fanos – se sont mutinés mardi 11 avril contre cette décision en affrontant l’armée nationale, faisant plusieurs morts, dont 2 travailleurs humanitaires.
- En Ethiopie, des milices régionales appelées Liyu Hail agissent comme une police spéciale aux ordres de la région et existent dans 11 régions éthiopiennes. Elles sont parfois mieux entraînées et mieux armées que l’armée nationale. En Amhara, plusieurs dizaines de milliers d’hommes seraient engagés dans la milice Fanos.
- La région de l’Amhara est voisine de la province du Tigré, qui sort tout juste d’une guerre civile qui a duré deux ans (2020-2022) et fait plus de 600 000 morts. Les milices de l’Amhara s’étaient alliées à l’armée nationale pour y rétablir l’autorité gouvernementale.
- Depuis la fin du conflit dans le Tigré, les tensions s’aggravent entre les communautés oromo, d’où est originaire le premier ministre Abiy Ahmed, et amhara. En 2022, en région d’Oromia, 1 566 Amharas auraient été tués en raison de leur appartenance ethnique. Le premier ministre est accusé de passivité face à ces crimes.
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ASIE
Taïwan : Emmanuel Macron plaide pour une « autonomie stratégique » de l’Union Européenne
Suite à sa visite d’État en Chine, le 6 et 7 avril dernier, Emmanuel Macron a affirmé auprès du quotidien Les Echos et au site américain Politico que l’Europe n’aurait pas intérêt à s’aligner sur les États-Unis ou la Chine en cas de conflit au sujet de Taïwan : « la pire des choses serait de penser que nous, Européens, devrions être suivistes. […] S’il y a une accélération de l’embrasement du duopole, nous n’aurons pas le temps ni les moyens de financer notre autonomie stratégique et deviendront des vassaux alors que nous pouvons être le troisième pôle si nous avons quelques années pour le bâtir ». Déplacement initialement destiné à démontrer l’unité européenne face à la Chine et convaincre le Président chinois Xi Jinping d’aider à freiner les Russes en Ukraine, le chef d’Etat français à susciter la réprobation de ses alliés.
- Face à la vague d’incompréhension aux États-Unis et en Europe, Emmanuel Macron a précisé, le 12 avril, qu’« être allié [des États-Unis] ne signifie pas être vassal ». Pour autant, le ministre de la défense allemand, Boris Pistorius, a jugé cette déclaration « malheureuse ». En visite à Pékin du 13 au 15 avril, la ministre des Affaires étrangères allemande, Annalena Baerbock, a souhaité au contraire parler au nom de l’Europe en mettant explicitement en garde la Chine face à tout usage de la force à Taïwan.
- Ces propos ont été publiés dimanche 9 avril, en parallèle d’un exercice chinois « d’encerclement total » de Taiwan. Cette simulation de bombardement de « cibles-clés », d’une durée de trois jours, a été présentée par Pékin comme un avertissement aux autorités de l’île. Cette opération a été dénoncée par Taïwan. En réaction, Washington a invité Pékin à la « retenue », tout en gardant des canaux de communication ouverts avec la Chine.
La Corée du Nord poursuit ses tirs de missiles en direction du Japon
Jeudi 13 avril, la Corée du Nord a confirmé la mise à feu d’un « nouveau type » de projectile balistique intercontinental (ICBM) alimenté par combustible solide, que le dirigeant Kim Jong-un a qualifié d’étape cruciale dans le développement de l’arsenal militaire du pays. Selon l’agence de presse officielle KCNA, le missile Hwasong-18, constitue un « moyen clé de la force militaire stratégique » nord-coréenne. Bien que le tir ait provoqué une brève alerte à Hokkaido, une île du Japon située au Nord de la péninsule, il a été confirmé que le projectile n’a pas frappé le territoire japonais.
- Selon Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, ce lancement « constitue une violation éhontée de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, accroît inutilement les tensions et risque de déstabiliser la sécurité dans la région ». De son côté, un porte-parole de la diplomatie chinoise a jugé Washington comme responsable du regain des tensions dans la péninsule : « L’impact négatif du précédent exercice militaire des Etats-Unis et le déploiement d’armes stratégiques autour de la péninsule [coréenne] est évident pour tous ». Son appel invite néanmoins toutes les parties à « rester calmes et faire preuve de retenue ».
- Le 10 avril, Kim Jong-un, pour contrer « l’escalade des manœuvres des impérialistes américains et des traîtres, pantins sud-coréens pour déclencher une guerre d’agression », avait appelé à augmenter les capacités dissuasives nord-coréennes. En outre, depuis le 23 mars, Pyongyang a mené trois essais d’un « drone sous-marin d’attaque nucléaire ». Baptisé « Haeil » – qui signifie tsunami en coréen – ce dernier aurait les capacités de « produire un tsunami radioactif de grande ampleur ».
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AFRIQUE DU NORD/MO
Les pays arabes pourraient prochainement renouer avec la Syrie
Le vendredi 14 avril, l’Arabie Saoudite accueillait à Jeddah une réunion avec plusieurs pays arabes sur le possible rétablissement des liens diplomatiques avec la Syrie. Ainsi, les six pays du Conseil de coopération du Golfe (Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, Arabie saoudite et Emirats arabes unis) ainsi que l’Egypte, l’Irak et la Jordanie envisagent de rétablir leurs liens diplomatiques avec le régime syrien. Cette réunion anticipait le prochain sommet ordinaire de la Ligue arabe, prévu pour le 19 mai en Arabie saoudite, afin de surmonter les divergences potentielles entre les pays du Golfe.
- La normalisation des relations de la Syrie avec tous les pays arabes n’est pas chose faite, le Qatar étant pour l’instant hostile au retour de la Syrie dans la ligue arabe. De plus, cette rencontre en Arabie saoudite intervient à un moment où le pays vient d’apaiser les tensions avec l’Iran, son grand rival régional, soutien indéfectible de Damas. En effet, l’Arabie saoudite a accueilli une délégation iranienne, venue rouvrir les missions diplomatiques dans le royaume, ainsi que le chef de la diplomatie syrienne le mercredi 12 avril.
- Sur le plan diplomatique, Damas était isolé depuis la répression du soulèvement populaire ayant déclenché un conflit dévastateur en 2011. Le conflit syrien a fait environ un demi-million de morts tandis que près de la moitié des Syriens sont désormais des réfugiés ou des déplacés.
- Le tremblement de terre du 6 février dernier en Syrie a causé de très larges dégâts, et a initié une reprise du dialogue avec les voisins régionaux de Damas, à travers la solidarité humanitaire. Bachar al-Assad a besoin de renouer avec les riches monarchies du Golfe pour financer la reconstruction de son pays dont les infrastructures ont été ravagées par la guerre.
Israël : spirale de violence
Le jeudi 6 avril, premier jour de la Pâque juive (Pessah), une salve d’une trentaine de roquettes tirées par le Hamas depuis le Liban-Sud a atterri en Israël, proche de la frontière libano-israélienne, blessant une personne et causant des dégâts matériels. Le vendredi 7 avril, trois israélo-britanniques ont été tuées dans une attaque par balles contre leur véhicule en Cisjordanie occupée. Plus tard dans la soirée, une personne a été tuée et cinq blessées dans un attentat à la voiture bélier sur la promenade de Tel-Aviv. Le jour même, Israël avait procédé à des frappes dès 4h30 du matin, à Gaza et au Sud-Liban. Le Premier ministre Benyamin Nétanyahou a dans la foulée annoncé la mobilisation de policiers de réserve et de renforts militaires. Le samedi 8 avril, six roquettes étaient tirées à partir de la Syrie dont trois sont tombées en territoire israélien. Le mardi 11 avril, deux combattants palestiniens ayant ouvert le feu sur des soldats israéliens ont été tués dans le nord de la Cisjordanie occupée. Netanyahou annonçait peu après l’interdiction aux visiteurs juifs et aux touristes de l’accès au Mont du temple jusqu’à la fin du ramadan.
- Concernant les rapports entre Israël et le Liban (qui est tenu pour responsable à chaque tir de roquettes), les deux pays restent techniquement en état de guerre. La ligne de cessez-le-feu est contrôlée par la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), déployée pour veiller au maintien de la trêve, mais souvent critiquée pour son rôle très limité. Jeudi, la FINUL a qualifié la situation d’ “extrêmement grave” dans une déclaration écrite.
- Ces nouveaux affrontements interviennent alors que le conflit israélo-palestinien semble toujours aussi insolvable et violent. En outre, cette escalade de violence peut en partie s’expliquer par le relatif retrait des États-Unis, alliés historiques d’Israël, dans le dossier israélo-palestinien depuis l’élection de Joe Biden.
- L’origine des tirs de roquette du Hamas peut provenir des heurts du 5 avril à Jérusalem. En effet, des palestiniens s’étaient barricadés en plein ramadan dans la mosquée Al-Aqsa, lieu saint de l’Islam situé sur l’esplanade des mosquées (également site le plus sacré pour le judaïsme), et ont été délogé de force par l’armée israélienne. Cette année, Itamar Ben-Gvir,ministre de la Sécurité nationale et figure de l’extrême droite israélienne, avait autorisé les activistes juifs du troisième Temple à venir prier sur l’esplanade des Mosquées pendant le ramadan, provoquant la fureur de nombreux musulmans.
Veille rédigée par Léana, Elias, Pauline, Baptiste, Camille, Raphaëlle et Simon.