FRANCE
Visite de Sébastien Lecornu dans les pays du Golfe
Du 6 au 11 septembre, le ministre des Armées Sébastien Lecornu,a effectué une tournée dans la péninsule du Golfe, en Arabie Saoudite, au Koweït et aux Emirats arabes unis. Ces visites ont été l’occasion de renforcer les partenariats stratégiques bilatéraux en place. En Arabie Saoudite, cinq ans apres la dernière visite d’un ministre français des Armées, les échanges avec le prince héritier Mohammed Bin Salman et avec le ministre de la Défense Khaled Bin Salman ont concerné les enjeux relatifs à l’innovation industrielle et aux menaces cyber et maritimes dans la région. Au Koweït, en revanche, le ministre Lecornu a notamment discuté avec son homologue de la formation et la modernisation de l’armée locale. Aux Emirats arabes unis, point d’appui privilégié de la France au Moyen Orient, le ministre français a soulevé l’enjeu de plusieurs projets coopératifs de défense dans les domaines industriel et technologique. Cette visite a été enfin l’occasion de rencontrer les éléments français participant à l’opération anti-Daech CHAMMAL sur le sol koweïtien, ou faisant partie des Forces françaises aux Emirats arabes unis (FFEAU), base opérationnelle avancée française dans la région.
- Cette opération participe aux efforts de diversification et préservation des relations dans la région, notamment au vu des objectifs de protection des intérêts économiques s’agissant des flux et approvisionnement énergétiques. En ce sens, les partenariats avec ces trois pays du Golfe permettent à l’Etat français de surveiller des corridors maritimes névralgiques pour les échanges entre la France et l’Asie, les détroit de Bab el-Mandeb et d’Ormuz.
- Pour mémoire, l’opération CHAMMAL dans la zone irako-syro-jordanienne et les FFEAU dans le Golfe Persique constituent, avec l’opération DAMAN au Liban, les trois principaux pôles de présence militaire française au Moyen-Orient.
- Si les contrats d’achat d’armements français constituent un élément central dans la relation avec ces pays, notamment en ce qui concerne l’Arabie Saoudite et les EAU, l’enjeu de la souveraineté technologique fait l’objet d’inquiétudes. Les EAU insèrent dans leur contrats d’achat des clauses de transport de technologie, avec l’ambition de développer “leur propre base industrielle et de défense”, voire de se convertir en un pôle d’exportation dans la région.
Défi sécuritaire de la Coupe du Monde de rugby: un test pour les JO ?
Vendredi 8 septembre, le Stade de France a vu débuter la Coupe du Monde de rugby, en programme jusqu’au 29 octobre dans neuf stades nationaux. Pour accueillir et protéger plus de 2,5 millions de spectateurs, dont 600 000 en provenance de l’étranger, le ministère de l’Intérieur a ainsi conçu une série de dispositifs censés garantir “un niveau maximal de sécurité”.
- Concrètement, les jours de match verront la mobilisation coordonnée par un Centre National de Commandement Stratégique inauguré pour l’occasion d’entre 5000 et 7500 gendarmes et policiers, 6300 agents de sécurité privée, et au moins 550 caméras de vidéosurveillance.
- Ce dispositif sécuritaire inédit constitue au-delà de l’événement un double enjeu pour les pouvoirs publics : effacer le souvenir des désordres de la finale de Ligue de Champions du 28 mai 2022, et anticiper le futur défi des Jeux Olympiques de l’été 2024.
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EUROPE
Le ministre de la défense britannique, Ben Wallace, démissionne et laisse sa place à Grant Shapps
Le 31 août 2023, Ben Wallace (Parti Conservateur) a officiellement démissionné de son poste de ministre de la Défense du Royaume-Uni, afin de consacrer plus de temps à sa famille. Grant Shapps (Parti Conservateur), ex-secrétaire d’État à la Sécurité énergétique et à la Neutralité carbone et novice sur les questions de défense, le remplace depuis lors au sein du gouvernement du Premier Ministre Rishi Sunak.
- Ben Wallace avait été nommé au poste de ministre de la Défense en 2019. Il disposait d’une expertise reconnue sur les questions de défense,après être passé par l’école d’officiers de Sandhurst et avoir servi au sein des forces pendant une dizaine d’années.
- Ben Wallace avait constitué un soutien essentiel et précoce de l’Ukraine en fournissant dès janvier 2022 des armes létales (notamment des lance-roquettes portatifs). Par la suite, il avait organisé la formation de plusieurs milliers de soldats ukrainiens sur le sol britannique et l’envoi des premiers chars lourds (Challenger 2) et missiles de précision longue portée (Storm Shadow).
Un drone russe se serait écrasé en Roumanie
Le 4 septembre 2023, un drone vraisemblablement russe d’origine iranienne de type Shahed-136 se serait écrasé près du village de Plauru, en Roumanie, à proximité de la frontière ukrainienne.
- Depuis l’été, l’armée russe a multiplié les frappes le long du Danube. La région abrite des ports et des infrastructures servant à exporter les céréales ukrainiennes, en l’absence d’accord ukraino-russe pour les exporter via la mer Noire.
- Le président roumain Klaus Iohannis a déclaré qu’il s’agissait d’une grave violation à la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Roumanie.
Le « Char du Futur » franco-allemand torpillé par un projet concurrent porté par l’Allemagne
Le 6 septembre, le quotidien économique allemand Handelsblatt a révélé que l’Allemagne s’était associée à l’Italie (à travers l’industriel Oto-Melara), l’Espagne et la Suède (via l’industriel Saab) pour développer un nouveau char de combat censé succéder au Leopard 2.
- Un tel projet met en péril le partenariat franco-allemand MGCS (Main Ground Combat System) supposé remplacer les chars français Leclerc et les chars allemands Leopard 2.
- Le projet MGCS était déjà au point mort après des désaccords entre les industriels franco-allemands concernés : d’un côté KNDS, né de la fusion entre l’entreprise française Nexter et l’industriel allemand Krauss-Maffei Wegmann, et de l’autre côté l’entreprise allemande Rheinmetall.
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AMÉRIQUES
Les États-Unis réalisent des exercices militaires conjoints avec l’Arménie
Erevan a annoncé le 6 septembre la tenue prochaine sur son sol d’opérations d’entraînement en association avec l’armée américaine. Baptisées « Eagle Partner 2023 », celles-ci ont effectivement débuté le 11 et prendront fin le 20 septembre, au sein du centre de Zar. Ces exercices conjoints visent officiellement à améliorer le niveau de coopération militaire entre les deux pays, dans le domaine du maintien de la paix. Plus spécifiquement, les États-Unis cherchent à accompagner les troupes arméniennes dans leur montée en puissance opérationnelle. L’ambition matérielle de cet événement reste cependant limitée : seuls 85 soldats américains et 175 Arméniens y participent effectivement.
- En vérité, le symbole dépasse ici de loin les données numériques ; les États-Unis, par leur participation à ces exercices, démontrent directement leur volonté d’extraire Erevan de l’influence du Kremlin, allié traditionnel de l’Arménie. Le pays entretient en effet des liens de dépendance étroits avec Moscou, notamment sur le plan militaire : il accueille à ce titre, à Gyumri, la 102e base militaire russe.
- À travers leur action, les Américains cherchent ainsi à accroître l’isolement de Vladimir Poutine en profitant d’un climat politique favorable en Arménie. La population locale, ainsi que le gouvernement de Nikol Pachinian, sont en effet profondément exaspérés par la passivité russe face aux provocations de l’Azerbaïdjan : depuis plusieurs mois, Bakou organise le blocus du Haut-Karabakh, sans rencontrer de réponse de la part de Moscou, censé empêcher cet état de fait.
En Colombie, les conflits entre guérilleros persistent dans le Nariño malgré les appels au cessez-le-feu
Depuis le 13 septembre, des combats entre le Front Franco Benavides, groupe dissident des FARC sous le commandement d’Iván Mordisco, et le Front Comuneros del Sur de l’Armée de Libération Nationale (ELN) au sein du département du Nariño ont entraîné le déplacement forcé de plusieurs milliers d’indigènes Awá. Accusés par les groupes armés d’avoir sciemment organisés ces déplacements de population, les maires du Nariño ont reçu via un communiqué sur X (ex-Twitter) le soutien du gouverneur Jhon Rojas, saluant l’ “assistance humanitaire” apportées par les communes à “plus de 2 000 personnes déplacées par les affrontements entre les dissidents des FARC et l’ELN”.
- La population du Nariño, département du sud-ouest de la Colombie, espérait que la reprise du processus de paix annoncée par le président Gustavo Petro parviendrait à réduire la violence affectant la région. Cependant, après un an de mandat et des avancées significatives dans le reste du pays, les groupes illégaux continuent d’être actifs et de se battre pour le contrôle d’un département extrêmement riche en plants de coca.
- Selon les données du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), au premier semestre 2023, les déplacements individuels à Nariño ont ainsi augmenté de 33 %, avec 4 788 victimes, et les déplacements massifs de 17 %, avec 16 137 personnes affectées. En outre, des cas d’impact d’engins explosifs tels que des mines ont coûté la vie à 55 victimes au cours de ces six mois, contre 50 pour l’ensemble de l’année 2022. Le CICR a également recensé 44 cas de disparition depuis le début de l’année.
- Le Front Franco Benavides et le Front Comuneros del Sur, principaux acteurs du conflit dans la région andine, sont deux groupes paramilitaires dissidents des FARC et de l’ELN, deux organisations de guérilla marquées à gauche.
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RUSSIE/NEI
Rencontre entre Vladimir Poutine et Kim Jong Un dans le secret de la Sibérie
Le 13 septembre, les chefs d’Etat russe et nord-coréen se sont rencontrés sur une base de lancement russe, le cosmodrome Vostotchny, sans conférence de presse ni communication en amont. Les deux hommes ne s’étaient pas vus depuis quatre ans : la raison avancée par Vladimir Poutine pour ce sommet inattendu n’est autre que les 75 ans de la fondation de la République populaire démocratique de Corée.
- La Russie, en manque de munitions pour mener la guerre en Ukraine, pourrait en importer de Corée du Nord, mais il est à ce jour difficile de connaître le volume et la qualité des stocks nord-coréens, ainsi que leur inter-opérabilité avec les armes actuellement utilisées par l’armée russe.
- Cette rencontre pourrait ainsi être avant tout symbolique : une entrevue sur une base de lancement, alors que la Corée du Nord développe actuellement son programme spatial et nucléaire pourrait préfigurer une coopération en la matière. Certains observateurs évoquent également un signal stratégique directement adressé à la Corée du Sud, important acteur de la fourniture d’armes à l’Ukraine.
Des progrès à nuancer pour la contre-offensive ukrainienne
L’armée de Kiev progresse sur le front sud, où la contre-offensive se concentre avec la probable intention de rejoindre la mer d’Azov, pour encercler les forces russes présentes dans la région de Zaporijia. Après avoir revendiqué début septembre la reprise de localités dans le Sud de l’Ukraine, telles que Robotyne, Kiev a annoncé une percée dans la première partie de la ligne défensive russe Sourovikine. En mer Noire, l’armée ukrainienne s’est félicitée le 11 septembre de la récupération d’une importante plateforme pétrolière, aux mains de la Russie depuis 2015.
- L’armée ukrainienne, qui suite à l’échec de son offensive blindée progresse désormais avec des unités d’infanterie légère, se montre très lente. Avançant de 200m par jour en moyenne, il lui reste 80 km jusqu’à la mer d’Azov.
- Or, le temps lui est compté avant l’arrivée de la raspoutitsa (“saison des mauvaises routes”), caractérisée par de fortes pluies rendant les terrains boueux. Obstacle à une progression rapide, cette saison peut aussi compliquer la défense russe, dont la logistique est ciblée depuis des mois par l’Ukraine à travers de multiples bombardements.
- Afin de contrebalancer ces obstacles et pour soutenir la contre-offensive, les États-Unis organiseraient selon ABC News la livraison prochaine de missiles ATACMS à destination de l’Ukraine. Cet arsenal permettrait à Kiev de frapper des cibles précises dans un rayon de 300km, soit l’intégralité de son territoire occupé.
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AFRIQUE
Une attaque contre la ville de Bourem précipite la fin de la paix entre la junte malienne et les anciens rebelles du Nord
La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), rassemblant la majorité des groupes armés arabes et touareg présents au nord du Mali, a revendiqué la prise temporaire de la ville de Bourem le mardi 12 septembre. Cette conquête aurait fait suite à d’intenses combats avec l’armée malienne, avant que les groupes armés ne se retirent de la localité. Dans un communiqué présenté comme le premier de l’« Armée nationale azawadienne », la CMA a estimé qu’il s’agissait d’une « riposte en légitime défense » à une « agression » des forces maliennes et du groupe paramilitaire Wagner, qu’elle accuse de crimes contre l’humanité.
- Faisant suite à des tensions grandissantes depuis plusieurs mois, cette première opération d’ampleur confirmerait la faillite de l’accord de paix signé en 2015 par les anciens rebelles du Nord, Bamako et des groupes armés loyalistes.
- La proclamation d’une « armée nationale » d’Azawad et l’appel formulé aux habitants de la région de contribuer à « l’effort de guerre dans le but de […] reprendre le contrôle de l’ensemble du territoire national azawadien » pourrait devenir une première étape avant la proclamation d’un État, qui constituerait une déclaration de guerre.
- Cette escalade intervient par ailleurs dans un contexte de reconfiguration sécuritaire, après le départ des forces françaises de l’opération Barkhane et celui, en cours, de la Minusma. La CMA estime que les zones rétrocédées par la mission de l’ONU aux autorités maliennes devraient revenir sous son contrôle.
A Khartoum, un raid aérien fait au moins 46 morts et 70 blessés
Dimanche 10 septembre, au moins 46 civils ont été tués après des frappes aériennes dans le sud de la capitale soudanaise, où un marché a été pris pour cible. Il s’agit de l’un des raids les plus meurtriers depuis le début de la guerre, il y a maintenant cinq mois. Les militants pro-démocratie et les personnels médicaux ont mis en cause l’armée, aux ordres du général Abdel Fattah al-Buhrane. Si elle est la seule à détenir des avions de combat dans ce conflit, le général Burhane a démenti toute implication.
- Sur le plan militaire, les Forces de Soutien Rapide (FSR) dirigées par Hemedti semblent avoir le dessus et tiennent une grande partie de Khartoum. Les paramilitaires bénéficient de bases installées des années auparavant dans les quartiers résidentiels de la ville. L’armée régulière tenterait ainsi d’y reprendre pied au moyen de raids aériens.
- Sur le plan diplomatique, alors que le général Burhane apparaît comme l’interlocuteur principal pour mener à bien les tentatives de médiation internationales, l’Union Africaine (UA) a reçu un responsable des FSR le samedi précédent l’attaque. En réponse, l’armée régulière a affirmé « ne pas avoir besoin de l’aide » de l’UA si celle-ci ne changeait pas d’approche.
- Depuis le 15 avril, la guerre civile soudanaise a fait 7 500 morts et près de 5 millions de déplacés selon plusieurs ONG. Le bilan humain serait en réalité bien supérieur, les deux camps refusant de communiquer leurs pertes, notamment dans le Darfour.
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ASIE
Le sommet du G20 en Inde confronté aux fractures de l’ordre international
Présidé par l’Inde, le G20 s’est réuni du 9 au 10 septembre à New Delhi. A l’issue du sommet, les dix-neuf pays membres et l’Union européenne sont parvenus à s’entendre sur une déclaration finale. Les dirigeants ont annoncé l’entrée de l’Union Africaine au sein du groupe et se sont engagés à réformer le système financier international, tandis que les Etats-Unis ont initié le projet d’un « corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe ». Cependant, un manque d’ambition de la déclaration a été déploré par de nombreux observateurs vis-à-vis des questions climatiques et de la guerre en Ukraine, sujets peu consensuels parmi les vingt puissances économiques.
- Pour la première fois, Xi Jinping n’a pas assisté à l’un des sommets du G20. Bien qu’aucune raison officielle n’ait été avancée, la présence du Premier ministre Li Qiang à la place du leader chinois pourrait être liée aux rivalités sino-indiennes. Cette absence pourrait également être le symbole du souhait de la Chine de renforcer l’attractivité des forums de discussion alternatifs au G20, moins centrés sur l’Ouest, à l’instar du sommet des BRICS.
- Contrairement au sommet de Bali en 2022, les dirigeants n’ont pas condamné l’« agression » russe. Les pays membres se sont contentés de dénoncer l’« emploi de la force » en Ukraine sans mentionner la Russie, ce dont s’est félicité Sergeï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russe.
- Le sommet a été un succès pour Narendra Modi qui a consolidé sa candidature pour les élections générales de 2024. Avec sa politique de multi-alignement, le Premier ministre indien est parvenu à trouver un consensus autour du communiqué final, en dépit des intérêts divergents entre les pays occidentaux et les pays du « Sud Global ».
Les Etats-Unis et le Vietnam renforcent leur partenariat stratégique
Joe Biden s’est rendu au Vietnam pour rencontrer Nguyen Phu Trong, le chef du parti communiste au pouvoir. Le 10 septembre, les deux dirigeants ont signé un « partenariat stratégique global ». Pour Hanoï, il s’agit du plus haut niveau de proximité diplomatique, conclu jusqu’à présent uniquement avec quatre Etats, dont la Chine et la Russie. Toutefois, bien que le partenariat marque un rapprochement majeur entre le Vietnam et les Etats-Unis, Hanoï maintient sa politique de neutralité dans le conflit sino-américain.
- Si une coopération entre les deux puissances a été établie dès 2013, les Etats-Unis consolident leur présence régionale au regard des rivalités croissantes en mer de Chine méridionale. Ce partenariat renforcé permettra d’accroître leur coopération commerciale et technologique et de développer des secteurs stratégiques comme les semi-conducteurs afin de réduire la dépendance aux chaînes d’approvisionnement chinoises.
- Depuis l’installation d’une plateforme pétrolière chinoise dans la zone économique exclusive du Vietnam en 2014, les tensions entre la Chine et le Vietnam se sont exacerbées. Hanoï dénonce régulièrement les revendications territoriales de Pékin tout en prenant garde à ne pas froisser son voisin qui demeure son premier partenaire commercial.
- Joe Biden n’a pas assisté au sommet de l’ASEAN (l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est) qui s’est tenu en même temps que le G20 à Jakarta. Si certains pays ont associé cette absence à un manque d’engagement durable des Etats-Unis en Indo-Pacifique, d’autres ont déploré la perte de vitesse de l’organisation régionale qui peine à résoudre la crise birmane depuis le coup d’Etat de la junte en 2021.
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AFRIQUE DU NORD/MO
L’envoi de l’aide humanitaire internationale au Maroc soumis aux alliances géopolitiques du royaume
Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre 2023, un puissant séisme de magnitude 6,9 a ravagé le centre du Maroc. L’épicentre de la secousse se situait dans la province d’al-Haouz, à environ 70 km au sud-ouest de Marrakech. Les dernières estimations évoquent un bilan de 2 901 morts et de 5 530 blessés. Face à cette crise humanitaire, le gouvernement marocain a choisi de limiter l’aide internationale pour faire face aux dégâts matériels : parmi la soixantaine d’États ayant proposé leur aide, seuls l’Espagne, le Royaume-Uni, les Émirats arabes unis et le Qatar ont ainsi pu intervenir directement sur le territoire marocain. Le Maroc entretient de proches relations avec ces quatres États qui ont, à l’exception du Royaume-Uni, formellement exprimé leurs soutien à Rabat sur le dossier du Sahara Occidental.
- Le 10 septembre 2023, le ministère de l’Intérieur marocain a publié un communiqué dans lequel il annonçait que le Maroc “accueillait toutes les initiatives de solidarité internationale” mais qu’il était nécessaire d’opérer une “évaluation précise des besoins sur le terrain tenant compte du fait que le manque de coordination dans de tels cas entraînerait des résultats contraires”.
- Le Maroc n’a pour l’instant pas répondu formellement à l’aide humanitaire proposée par la France qui, par l’intermédiaire du Président Emmanuel Macron, s’était dite prête à intervenir. Plusieurs observateurs mettent en cause la froideur des relations diplomatiques et les relations tendues entre les deux chefs d’État, depuis la multiplication des crises et le refus de la France de s’aligner sur la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara Occidental.
- Le ministère des Affaires étrangères algérien a, dans un communiqué publié le 12 septembre, “pris note” du refus du Royaume du Maroc d’accepter l’aide humanitaire algérienne. L’Algérie avait dépêché deux avions et plusieurs dizaines de secouristes. Les relations diplomatiques sont rompues entre les deux pays depuis 2021. En parallèle, l’Algérie a autorisé le Front Polisario, groupe séparatiste revendiquant le Sahara Occidental, à mener deux attaques depuis son territoire contre les Forces Armées Royales marocaines, les 10 et 12 septembre 2023.
Veille rédigée par Emma, Elias, Lylou, Bechar, Laure, Léon, Martin, Stefania et Yoann.