Veille stratégique – Septembre 2023 2/2

FRANCE

Un rapport du Haut Comité d’Évaluation de la Condition Militaire pointe l’érosion de l’attractivité du corps des officiers en France

Un rapport du Haut Comité d’Évaluation de la Condition Militaire (HCECM), publié le 15 septembre, met en lumière une lente et constante érosion des vocations chez les officiers, toutes armées confondues, depuis une dizaine d’années. Ainsi, près du quart de la promotion 1992 de l’École spéciale militaire, qui forme les officiers de l’armée de Terre, a quitté l’armée cinq ans après leur sortie d’école. Une même tendance est observable en ce qui concerne l’École navale (Marine nationale) et l’École de l’air et de l’espace. Le taux de départ des officiers de l’armée de Terre ayant entre dix et quinze ans de service pourrait approcher les 30% d’ici quelques années.

  • Le difficile équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle pour les officiers est une des causes majeures de ces départs précoces. En particulier, la mobilité géographique imposée aux officiers au gré de leurs affectations pose de plus en plus problème, notamment à cause de l’activité professionnelle de leur conjoint.
  • Les salaires proposés dans le secteur privé représentent également un défi à la fidélisation au sein des armées.
  • Enfin, la baisse du nombre d’opérations extérieures (OPEX) engendre une perte de sens pour les officiers, tout comme le manque d’entraînement.

**

EUROPE

L’Allemagne signe un contrat historique avec Israël pour le projet European Sky Shield initiative

L’Allemagne, leader du projet de bouclier antimissiles européen (European Sky Shield initiative) a signé ce jeudi un contrat historique estimé à 3,5 milliards d’euros pour l’achat du système Arrow-3 à Israël. Le système, développé en collaboration entre Israel Aerospace Industries et Boeing et dont la livraison est attendue pour 2025, « préparera la défense aérienne allemande pour l’avenir » selon les déclarations du ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius en cette journée qualifiée d’ « historique ».

  • Alors que l’Allemagne souffre d’une sous-dotation de sa défense nationale depuis plusieurs décennies, le projet lancé par Olaf Scholz dans le cadre de l’OTAN s’inscrit dans un tournant historique pour le pays, qui a engagé un fonds de 100 milliards d’euros en faveur de son armée depuis l’invasion russe.
  • Le projet de bouclier antimissiles européen a jusqu’à présent rallié 19 pays, parmi lesquels la France ne figure pas. En effet, ce projet avait largement agacé les représentants français qui estiment encore à ce jour qu’il « prépare les problèmes de demain » (E. Macron) et qu’il privilégie les produits américains et israéliens au détriment des capacités de la BITD européenne. Dans un contexte où les projets du MGCS et du SCAF sont menacés, la concrétisation de l’European Sky Field Initiative risque à nouveau d’envenimer la relation franco-allemande. 

L’Union européenne met en pratique sa capacité de réaction militaire pour la première fois 

Depuis le 26 septembre et pour une durée de six semaines, la Marine espagnole dirige l’exercice MILEX 2023 grâce auquel l’UE pourra pour la première fois mettre en pratique sa capacité de réaction militaire, devant être pleinement opérationnelle d’ici 2025 pour agir n’importe où dans le monde afin de défendre les intérêts européens.

  • L’exercice implique des unités navales, aériennes et terrestres de 16 pays de l’UE, soit un total d’environ 3 000 hommes. Cette force militaire est dirigée par un commandant espagnol, assisté d’un État-major international. 
  • La ministre de la Défense espagnole, Margarita Robles, a souligné l’importance de cette opération, qui se déroule dans les eaux de Cadix et dans le cadre de la présidence espagnole de l’Union européenne.
  • MILEX 23 correspond au premier déploiement par l’UE de forces réelles sous le commandement d’un État-major international. Cet exercice met en œuvre l’amélioration de la capacité de gestion des crises au sein de l’UE, l’un des objectifs fondamentaux de la Boussole stratégique approuvée l’année dernière.

**

AMÉRIQUES

L’Inde et le Canada au cœur d’une crise diplomatique sans précédent

Le 18 septembre, le Premier ministre canadien a accusé l’Inde d’être impliquée dans l’assassinat, en juin dernier, d’un ressortissant canadien de confession sikh, Hardeep Singh Nijjar. Sans en dévoiler la teneur, Justin Trudeau a affirmé qu’il disposait d’« éléments crédibles », notamment grâce au renseignement d’un de ses alliés parmi les « Five eyes » (Etats-unis, Australie, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni et Canada). Alors qu’une enquête est en cours et que New Delhi a qualifié l’allégation d’«absurde», les deux pays ont procédé à l’expulsion de diplomates et le traité de libre-échange qui était en cours de discussion a été suspendu.

  • Le Canada abritant la plus grande diaspora sikhe, New Delhi accuse régulièrement Ottawa de complaisance vis-à-vis du mouvement séparatiste qui milite pour la création d’un État indépendant. Alors que les tensions entre les deux pays s’étaient apaisées et que le rapprochement avec l’Inde faisait partie de la récente stratégie indopacifique du Canada, leurs relations sont actuellement au plus bas.
  • Selon des observateurs, cette affaire met en lumière la « naïveté » du Canada dans sa lutte contre les ingérences étrangères. Bien que les tentatives d’intimidation de New Delhi contre la diaspora sikhe soient connues depuis plusieurs années, l’assassinat d’un citoyen canadien sur son propre sol serait cependant un fait sans précédent.
  • Alors que les Etats-Unis ont exprimé être «profondément préoccupés» par cette affaire, des observateurs ont souligné la position délicate dans laquelle se trouve Washington qui entretient des relations étroites avec l’Inde. Si le conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, Jake Sullivan, a immédiatement réfuté les accusations de complaisance vis-à-vis de New Delhi, ce dossier met en exergue l’influence grandissante de l’Inde dans le jeu des puissances.

L’aide à Kiev remise en cause par les Républicains sur fond de menace de shutdown

Les Etats-Unis ont évité in extremis ce 1er octobre un « shutdown » (paralysie de l’administration fédérale). La Chambre des représentants, à majorité républicaine, et le Sénat, dominé par les démocrates, avaient en effet jusqu’à cette date pour adopter une loi de finances pour l’année à venir. Alors que la fermeture des services publics semblait imminente du fait  des désaccords sur l’aide apportée à Kiev, un compromis de dernière minute a été trouvé à l’initiative de Kevin McCarthy, le président de la Chambre des représentants. Cette enveloppe budgétaire n’est cependant valable que pour 45 jours, et ne comprend pas l’aide supplémentaire pour l’Ukraine qui reste à ce jour en suspens.

  • Si la Maison-Blanche souhaitait inclure une aide militaire et humanitaire pour l’Ukraine à la hauteur de 24 milliards de dollars, certains élus républicains, encouragés par l’ancien président Donald Trump, s’y sont opposés. Appelant à mettre fin à l’aide en Ukraine, ils plaident en faveur de financements supplémentaires pour lutter contre l’immigration clandestine.
  • Alors que le dernier shutdown a pris fin en janvier 2019, 1,5 million de fonctionnaires pourraient à nouveau être privés de salaire et mis au chômage technique. La sécurité nationale étant l’un des services jugés essentiels, les 1,3 millions de militaires resteraient toutefois en service sans être rémunérés.
  • Volodymyr Zelensky s’est rendu au Capitole il y a quelques jours pour demander une intensification de l’aide américaine, tandis que Joe Biden n’a cessé de rappeler l’importance du soutien américain samedi soir. Le poids de la minorité isolationniste et la plus conservatrice au sein des républicains rend cependant incertain le déblocage d’une nouvelle aide.

**

RUSSIE/NEI

En plein milieu de la lente contre offensive, le risque de perdre son plus farouche allié  européen hante Kiev 

Le 23 septembre 2023, le Président ukrainien Volodymyr Zelensky, de retour de New York, où il a participé à l’Assemblée générale de l’ONU, a décidé de faire brièvement escale en Pologne, afin de remettre des distinctions honorifiques à deux volontaires locaux s’étant engagés en soutien à la population ukrainienne. Une occasion d’afficher sa gratutitude à l’égard de tous les Polonais, qui « depuis le premier jour, ont ouvert leurs familles, leurs maisons, leurs cœurs  et ont apporté leur aide ». Une main tendue, surtout, aux dirigeants polonaisavec lesquels la tension est rapidement montée au cours des dernières semaines, jusqu’à culminer dans l’annonce de la part du Premier ministre polonais de la suspension de la livraison d’armes à l’Ukraine. Supposément justifiée par la volonté de se concentrer avant tout sur sa propre modernisation de l’armée, cette décision a néanmoins suscité l’étonnement des chancelleries européennes. A commencer par  l’Ukraine qui, en pleine contre offensive, alors que la reconquête des territoires occupés par les Russes procédé à un rythme très inférieur aux expectatives initiales, craint d’être abandonnée par son premier soutien. 

  • Plusieurs experts, tout comme le Président polonais Andrzej Duda, ont tenu à relativiser la portée réelle de la suspension des livraisons d’armes, dans la mesure où la Pologne a en réalité déjà presque épuisé le stock d’ancien matériel soviétique à céder à l’Ukraine, la charge symbolique du revirement qu’y est associé préoccupe Kiev.
  • A l’origine de l’hostilité venue perturber une relation considérée parmi les plus solides se trouve la dispute autour de l’embargo du gouvernement polonais sur le blé en provenance d’Ukraine et qui transite sur son sol, mis en place afin de protéger son propre secteur agricole.  
  • Loin des arènes diplomatiques, l’armée ukrainienne continue à récupérer une partie des territoires passés sous contrôle russe après l’invasion, notamment près de Bakhmut et dans la partie ouest de l’oblast Zaporijia. Dans le Nord-ouest du pays, sur la ligne Koupiansk-Svatove, on assiste à une raréfaction des offensives russes, alors que la Mer Noire et la Crimée font l’objet depuis des semaines d’une intensification des attaques ukrainiennes, dans le but d’affaiblir la flotte russe dans la zone au point de pouvoir rétablir la route d’exportation de blé. 

Sur fond de célébration du « jour de la réunification », la Russie s’intéresse aux  missiles balistiques iraniens 

Le 29 septembre 2023, la foule moscovite s’est réunie sur la Place Rouge pour célébrer « le jour de la réunification » , à savoir l’anniversaire de l’annexion revendiquée des oblast ukrainiens de Donetsk, Luhansk, Zaporijia et Kherson. En coulisses, la Russie serait, d’après des sources en provenance des services de renseignement ukrainiens et israéliens de l’Institute for the Study of War britannique, en train d’essayer d’acheter des missiles balistiques iraniens Fateh-110 et Zolfaghar, dont la portée est de plus de 300 kilomètres. Concordant avec ces informations, le ministre de la Défense Sergei Shoigu s’est rendu à Téhéran le 19 septembre passé, pour évoquer avec les représentants iraniens le renforcement de la défense bilatérale et de la coopération militaire entre les deux pays, avant d’effectuer un tour dédié à leur arsenal de drones missiles et dispositifs de défense aérienne.

  • Lors d’une visite précédente, en août dernier, Shoigu avait déjà eu l’occasion d’observer la panoplie de missiles iraniens, dont les Zolfaghar. Le moment est cependant particulièrement propice en raison de l’expiration, le 18 octobre prochain, de la résolution 2231 du Conseil de Sécurité de l’ONU interdisant le développement et le lancement de missiles balistiques capables de transporter des armes nucléaires. Après cette échéance, l’Iran sera capable d’exporter sa technologie dans le domaine et ses missiles vers la Russie sans supervision internationale.

**

AFRIQUE

Instauration d’un pacte de défense collective entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali

Le 16 septembre, les juntes militaires du Niger, du Burkina Faso et du Mali ont annoncé former une nouvelle entité régionale, l’Alliance des Etats du Sahel, dont une composante importante est l’instauration d’un pacte de défense collective. L’article 6 de la « Charte du Liptako-Gourma » prévoit ainsi un devoir d’assistance mutuelle en cas d’agression contre un seul des pays. 

  • En 2017, les Etats du G5 Sahel avaient déjà créé une force militaire mixte pour lutter contre le terrorisme dans la « zone des trois frontières ». Si l’Alliance des Etats du Sahel s’inscrit dans cet enjeu, elle augure peut-être également un rapprochement stratégique plus étroit entre les juntes militaires sahéliennes.
  • La région traverse en effet une transition géopolitique importante, illustrée ce 27 septembre par le rapatriement de l’ambassadeur français au Niger, signant définitivement  la fin de la coopération militaire entre le Niger et  la France.
  • La région connaît également une déstabilisation sécuritaire impliquant pour les Etats sahéliens une nécessité de se coordonner. Ainsi au nord-Mali, depuis la fin de l’opération française Barkhane et de la MINUSMA, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (indépendantistes Touaregs et nationalistes arabes) a mené plusieurs attaques réussies contre l’armée régulière et les civils. 

Une douzaine de soldats tués après une attaque rebelle dans le sud-ouest du Niger

Le 29 septembre 2023, sept soldats ont été tués dans le sud-ouest du Niger lors d’une attaque menée par des rebelles présumés, tandis que cinq autres sont morts dans un accident de la route alors qu’ils tentaient de répondre à l’assaut. Ces décès surviennent alors que la France, ancienne puissance coloniale, s’apprête à retirer une force anti-insurrectionnelle stationnée dans le pays à la demande des nouveaux dirigeants militaires ayant pris le pouvoir par un coup d’État il y a deux mois.

  • Le ministre nigérien de la Défense, Salifou Mody, a déclaré dans un communiqué qu’une unité militaire avait été « violemment attaquée par plusieurs centaines de terroristes » dans la ville de Kandadji jeudi, ajoutant que sept soldats avaient été tués dans les combats.
  • La région de Tillabéri, où a eu lieu l’attaque, est située dans la zone dite des « trois frontières » où se rejoignent le Niger, le Burkina Faso et le Mali. La région est un repaire pour les rebelles, notamment ceux affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique.
  • Le sud-ouest du Niger, à proximité de la frontière avec le Nigeria, est également en proie aux attaques de Boko Haram et de sa branche dissidente, la province de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP).
  • Les dirigeants du coup d’État qui ont renversé le gouvernement élu du Niger fin juillet ont invoqué la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays pour justifier leur action alors que le nombre de décès dus aux attaques des rebelles a augmenté depuis leur arrivée (selon le Armed conflict location and Event data project).

**

ASIE

La mystérieuse disparition du ministre de la Défense chinois : nouvel épisode de la lutte anti-corruption menée par Xi Jinping ?

Le jeudi 14 septembre, des responsables américains ont annoncé au Financial Times que le Général et ministre de la Défense chinois Li Shangfu aurait été relevé de ses fonctions et ferait l’objet d’une enquête disciplinaire. Ces propos font suite à l’étrange disparition du haut-gradé, qui n’a plus été vu en public depuis le 29 août. Celui-ci, pourtant, aurait dû se rendre au Vietnam les 7 et 8 septembre. Pékin a évoqué, pour justifier cette absence, de simples problèmes de santé. 

  • Ces événements viennent prolonger une étrange séquence estivale pour le pays. Sur le plan militaire comme diplomatique, les renvois de dignitaires se sont succédé, à l’image de celui du Général Li Yuchao, qui commandait la très stratégique force missilière ; ou de celui du ministre des Affaires étrangères Qin Gang, qui n’est plus reparu depuis juillet.  
  • Ces évènements s’inscrivent pour de nombreux observateurs dans la continuité de la politique de « lutte anti-corruption » menée activement par Xi Jinping depuis 2012. En l’espace de dix ans, près de 13 000 militaires dont 70 généraux ont ainsi fait l’objet de sanctions disciplinaires 

Pékin accentue la pression sur Taïwan et sanctionne deux entreprises d’armement américaines

Le jeudi 14 septembre, en l’espace de vingt-quatre heures, les autorités taïwanaises ont recensé le passage de 68 avions et 10 navires de guerre chinois à proximité de l’île. Puis, dans la journée du 18 septembre, les incursions militaires de Pékin ont atteint le nombre de 103 avions et de neuf navires ayant traversé la ligne médiane du détroit séparant les deux pays. La menace que fait peser le régime de Xi Jinping sur l’île a ainsi atteint un niveau record. Dans le même temps, la Chine a annoncé sanctionner deux entreprises américaines, Lockheed Martin et Northrop Grumman, ayant récemment conclu des contrats d’armement avec les autorités taïwanaises.

  • Depuis 2016, et l’arrivée à la présidence de Tsai Ing-wen, qui défend l’indépendance formelle de l’île, la pression militaire de Pékin sur Taïwan n’a cessé d’augmenter. Elle s’est encore intensifiée avec la visite de Nancy Pelosi, alors Présidente de la Chambre des représentants américaine, à Taipei en août 2022. Tout en s’inscrivant dans ce contexte, les incursions actuelles peuvent être perçues comme une volonté d’influencer la campagne présidentielle et législative se déroulant actuellement à Taïwan.
  • Le durcissement des menaces chinoises constitue également une réponse à l’amplification de l’aide militaire américaine en faveur de Taipei, orchestrée par l’administration Biden.  Ainsi, les États-Unis, en juillet, sont allés jusqu’à puiser dans leurs propres réserves pour fournir à l’armée taïwanaise une aide s’élevant à 345 millions de dollars. Dès lors, la Chine appelle fréquemment son rival américain à cesser des livraisons qu’elle perçoit comme autant de provocations. 

Après l’offensive azerbaïdjanaise éclair, le Haut-Karabakh annonce sa dissolution

Une semaine après l’offensive militaire lancée par l’Azerbaïdjan, le président du Haut-Karabakh a annoncé le 28 septembre la fin de l’existence de la république autoproclamée à compter du 1er janvier 2024. Dans le décret qui prévoit la dissolution de « toutes les institutions et organisations étatiques », Samvel Chahramanyan a justifié cette décision par la « situation militaro-politique complexe ». Après les bombardements qualifiés d’« opération antiterroriste » par Bakou, plus de 75% de la population de l’enclave séparatiste a fui la région.

  • Rattaché par Staline à l’Azerbaïdjan en 1921, le Haut-Karabakh, majoritairement peuplé d’arméniens, a fait sécession après la chute de l’URSS. Alors que deux guerres ont eu lieu depuis 1991, la nouvelle offensive-éclair a scellé la victoire militaire de Bakou et a ouvert la voie à la « réintégration pacifique » souhaitée par le président azerbaïdjanais.
  • Les observateurs n’ont pas été surpris par la reprise de la guerre. En effet, à partir de décembre 2022, l’Azerbaïdjan a progressivement bloqué le corridor de Latchine, l’unique couloir reliant l’enclave à l’Arménie, en dépit des engagements pris lors de l’accord de cessez-le-feu en novembre 2020.
  • Si le président arménien a blâmé l’inaction de son allié russe et a dénoncé un « acte de nettoyage ethnique » mené par l’Azerbaïdjan, Nikol Pachinian est aussi critiqué par sa population pour ne pas avoir engagé les forces arméniennes et défendu le Haut-Karabakh.

**

AFRIQUE DU NORD/MO

Bachar Al-Assad en visite en Chine dans une quête pour la reconstruction syrienne 

 Le lundi 25 septembre, le président syrien a achevé une visite en Chine à l’issue de laquelle Xi Jinping s’est engagé à « fournir toute l’aide possible à la Syrie et à soutenir les efforts syriens de reconstruction et de relance ». Si, depuis 2011, le régime a repris le contrôle de la majeure partie du territoire grâce à l’aide militaire russe et iranienne, la Syrie est aujourd’hui confrontée à une crise économique et financière sans précédent. Les besoins d’investissements sont estimés à des dizaines de milliards de dollars après les destructions massives d’infrastructures et l’anéantissement de plusieurs secteurs économiques.  

  • La visite du dirigeant syrien, une première depuis 2004, s’inscrit dans sa reconquête de légitimité internationale, après des années d’isolement consécutif à la guerre civile. Le retour de Damas au sein de la Ligue arabe en mai dernier en a constitué sa consécration, suivi par la participation d’Al-Assad à un sommet en Arabie saoudite. 
  • Pékin se pose en alternative alors que les Etats-Unis et l’Union européenne conditionnent toute normalisation à une solution politique négociée avec l’opposition sous la supervision des Nations Unies. Ces dernières années, la Chine a apporté son soutien à la Syrie en utilisant son droit de veto au CSNU, bloquant notamment l’imposition de sanctions face à l’usage d’armes chimiques. 
  • Pour mémoire, la Syrie a rejoint l’initiative chinoise des « nouvelles routes de la soie » en janvier 2022. Si, à court terme, les sanctions internationales ainsi que sa situation financière empêchent des investissements massifs, le port de Lattaquié et son positionnement entre l’Irak et la Turquie pourraient en faire un pays d’intérêt pour Pékin.  
  • Cette visite constitue enfin une priorité pour Bachar Al-Assad sur le plan intérieur, alors que des manifestations ont lieu chaque semaine depuis un mois dans le sud du pays. Éclatant après l’annonce de la fin des subventions gouvernementales sur les carburants, elles ont rapidement pris une tournure politique. 

 

Emma JOYEUX

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Revenir en haut de page