Veille stratégique – Octobre 2023 1/2

FRANCE 

Après l’assassinat d’un professeur de lettres à Arras, la France passe en urgence « vigilance attentat »

Une attaque au couteau est survenue vendredi matin à la cité scolaire Gambetta-Carnot, provoquant la mort d’un professeur de lettre, Dominique Bernard et blessant trois personnes. Cet attentat, qui intervient presque 3 ans jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty réhausse le niveau d’alerte quant à la menace terroriste en France.

  • Âgé de 20 ans, l’assaillant, d’origine tchétchène était fiché S depuis 2013 et surveillé par la DGSI qui le soupçonnait d’être en contact avec des personnes radicalisées. La famille de l’auteur de l’attentat est en effet bien connue des services de police et de justice : un père fiché S expulsé,  un frère en prison pour des faits d’association de malfaiteurs terroristes…
  • Bien que Mohammed M. ait été interpellé la veille de l’assassinat, pour vérifier « qu’il n’avait pas d’arme sur lui », Gérald Darmanin a assuré qu’il « n’y a pas eu de faille des services de renseignements ».
  • Depuis cet événement, la France est passée en alerte « urgence attentat », correspondant au niveau le plus élevé du plan Vigipirate. De nouvelles mesures de sécurité sont notamment mises en place dans les établissements scolaires.
  • Le Parquet national antiterroriste s’est saisi de l’enquête et les auditions se poursuivent actuellement. Lundi soir, cinq personnes étaient encore en garde à vue.

Les troupes françaises déployés au Niger commencent leur retrait, sous escorte locale du régime de Niamey

Mardi 10 octobre, le régime politique au pouvoir à Niamey a annoncé dans un communiqué que les troupes françaises déployées au Niger avaient commencé à quitter le pays, sous escorte locale, en direction du Tchad, le tout dans un contexte de haute tension entre Paris et le régime de Niamey depuis le coup d’État qui a renversé le Président Bazoum, soutenu par la France, le 26 juillet dernier. 

  • « Les troupes basées à Ouallam (ouest) ont quitté aujourd’hui leur base. Il s’agit des opérations pour le départ du premier convoi terrestre en direction du Tchad sous escorte de nos Forces de défense et de sécurité », précise la même source. Outre ce départ par voie terrestre, « trois vols spéciaux » ont été enregistrés à l’aéroport de Niamey, deux pour le départ de « 97 éléments des forces spéciales »” et un ” « consacré à la logistique »” a ajouté le régime de Niamey. Des sources françaises au sein du ministère des Armées confirment que les premiers départs ont eu lieu. 
  • Près de 1 400 soldats et aviateurs français étaient jusqu’ici présents au Niger, dans la capitale et sur deux bases avancées dans le nord-ouest, à Ouallam et Tabarey-Barey, dans le cadre d’une collaboration antiterroriste franco-nigérienne. 
  • La junte militaire à Niamey avait demandé leur départ dès son arrivée au pouvoir en juillet dernier. En septembre, Emmanuel Macron avait confirmé le retrait des forces françaises présentes dans le pays, suivi à la fin du mois par l’annonce du retour de l’ambassadeur de France à Niamey, Sylvain Itté.

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EUROPE

À Grenade, la Communauté politique européenne exprime son soutien à l’Ukraine et ne parvient à dissimuler ses doutes quant au futur de l’aide américaine

La Communauté politique européenne s’est réunie à Grenade le jeudi 5 octobre. Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky était présent pour l’occasion ; il a enchaîné les réunions bilatérales avec les chefs d’État et de gouvernement du Vieux Continent. Ces derniers, à l’image d’Emmanuel Macron, lui ont réaffirmé leur soutien « sans faille aussi longtemps qu’il le faudra ». Ainsi, Madrid s’est engagé à fournir à l’Ukraine des lance-missiles supplémentaires, et Berlin un nouveau système de défense antiaérien Patriot. Alors que le Congrès américain a supprimé, le 30 septembre, une tranche d’aide de six milliards de dollars destinée à Kiev, les responsables européens se sont officiellement voulus rassurants sur le futur de l’aide apportée par les États-Unis. Mais, en coulisse, doutes et craintes se multiplient : peu avant le sommet de Grenade, le Premier ministre finlandais Petteri Orpo s’est dit préoccupé « par les débats en cours à Washington ».

  • Ces peurs renvoient à un constat largement partagé, et exprimé durant le sommet par Josep Borrell : « Évidemment, l’Europe ne peut remplacer les États-Unis ». Ainsi, depuis le début de la guerre, les pays de l’Union ont fourni au total 85 milliards d’euros d’aide à l’Ukraine, et les Américains, à eux seuls, 70 milliards. À l’inverse, pour certains dirigeants européens, notamment Emmanuel Macron, la situation révèle la nécessité d’une montée en puissance du Vieux Continent, devant être capable d’assurer sa propre défense.
  • Poursuivant cette volonté, l’Union européenne ambitionne d’apporter à Kiev, d’ici à 2027, un soutien budgétaire de 50 milliards d’euros, et militaire de 20 milliards d’euros. Toutefois, la réalisation de ce projet est rendue incertaine par la position ambiguë de Victor Orban en Hongrie, du nouveau Premier ministre slovaque Robert Fico et par le résultat des élections du 15 octobre en Pologne. 

Onde de choc politique en Pologne après la démission de deux hauts-responsables de l’armée, à la veille des élections législatives

Alors que les élections législatives du 15 octobre apparaissent particulièrement disputées, la Pologne a appris avec ébahissement l’annonce, le lundi 9 octobre, de la démission de deux hauts-gradés de l’armée : le chef d’État-major Rajmund Andrzejczak et le chef des opérations Thomasz Piotrowski. Cette nouvelle, inédite dans l’histoire de l’institution, intervient à la surprise générale, les deux officiers n’ayant prévenu à l’avance aucune autorité de leur décision. Bien qu’aucun motif officiel n’ait été fourni, il est difficile de ne pas voir en celle-ci un signe de protestation politique, un signal fort traduisant le mal-être croissant dans l’armée depuis l’arrivée au pouvoir en 2015 du parti Droit et Justice (PiS). 

  • En vérité, les signes avant-coureurs de cet événement n’ont pas manqué ; depuis plusieurs mois, les tensions entre le gouvernement et le haut-commandement n’ont cessé d’augmenter. Ainsi, en mai dernier, après qu’un missile russe a été retrouvé par un promeneur en territoire polonais, le général Piotrowski avait été publiquement accusé de négligence par le ministre de la Défense Mariusz Blaszczak. Une enquête médiatique ultérieure a pourtant prouvé que ce dernier avait été mis au courant de l’incident.
  • Plus largement, les deux hauts-gradés démissionnaires traduisent, par leur décision, un reproche contre l’incessante utilisation politique de l’armée faite par le pouvoir. Alors qu’avant 2022, l’exécutif avait multiplié les économies à l’encontre de l’armée – en mettant notamment fin à tous les programmes de modernisation en cours – le début de la guerre en Ukraine a provoqué une volte-face totale. L’action militaire du gouvernement est désormais critiquée par beaucoup pour son gigantisme et son irrationalité face aux capacités réelles du pays. 

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AMERIQUES

L’allié israélien, le partenaire ukrainien et le rival chinois : un engagement pluriel des Etats-Unis face à la multiplication des conflits régionaux 

Vendredi 13 octobre, à la suite de l’opération « déluge d’Al-Aqsa » par laquelle six jours auparavant le Hamas avait pénétré de façon spectaculairement violente le territoire israelien, le secrétaire à la Défense américain Lloyd Austin a réaffirmé  le « soutien indéfectible des Etats-Unis au peuple d’Israël et leur engagement pour qu’Israël dispose de ce qu’il a besoin pour se défendre » , lors d’un déplacement à Tel Aviv.. Deux jours plus tôt, suite à la clôture de la réunion du Groupe de contact sur la défense de l’Ukraine à Bruxelles, Lloyd Austin avait annoncé la formation de plusieurs coalitions distinctes chargées de construire les futures capacités des Forces Ukrainiennes. Le même jour, l’administration américaine a d’ailleurs déclaré avoir accepté l’invitation chinoise à assister à un forum de sécurité de haut niveau à Pékin ce mois-ci, un signe d’une ébauche de normalisation des relations crispées entre ces deux puissances dans de multiples domaines.   

  • En déplacement à Tel-Aviv, le secrétaire à la Défense a concrètement supervisé la réception par Israël de la première partie de l’aide militaire envoyée par les Etats- Unis, avec également la promesse de continuer de lui fournir des nouveaux équipements de défense, notamment aérienne, et des munitions. Lloyd Austin avait déjà, le lendemain de l’offensive du Hamas, prédisposé l’intervention du groupe aéronaval d’attaque pour la Méditerranée Orientale USS Gerald R. Ford) en soutien à Israël, tout comme l’augmentation par le Pentagone du nombre d’escadrons d’avions de chasse de l’US Air Force.  
  • Sensibles aux analogies faites par les Israéliens avec le 11 septembre et Pearl Harbor, plusieurs  politiciens américains considèrent que les Etats-Unis doivent intensifier leur effort de soutien.. Dans une lettre bipartisane adressée au secrétaire à la Défense, plusieurs  sénateurs ont également suggéré de transférer deux batteries Iron Dome à Israël.  
  • Sur le front européen, le futur de l’aide financière et militaire à l’Ukraine suscite des inquiétudes tant au sein de l’administration américaine que de celle de Kiev. Les Républicains semblent en effet toujours plus réticents  à prolonger indéfiniment ce soutien, comme l’a montrél’exclusion de toute nouvelle assistance financière à l’Ukraine lors du vote du  1er octobre dernier. 

Au Salvador, une nouvelle opération d’envergure dans la lutte contre les bandes criminelles 

Le 11 octobre 2023, un nouveau déploiement massif des forces de sécurité a été décidé par le président salvadorien Nayib Bukele, dont le gouvernement est en conflit permanent avec les bandes criminelles du  pays.Dès l’aube, un contingent constitué par 3500 soldats et 500 policiers, munis de fusils, casques et de gilets pare-balles, a formé trois périmètres de sécurité principaux dans des endroits stratégiques proche de la capitale San Salvador : Popotlán  et Valle Verde, dans la ville de Apopa, ainsi que La Campanera, faisant partie de celle de Soyapango. D’après les autorités locales, pendant que les militaires surveillaient les accès, les policiers ont effectué un contrôle systémique, d’immeuble en immeuble, frappant aux portes des habitants des trois quartiers. L’exécutif a fait part notamment de sa ferme volonté de “ne pas s’arrêter jusqu’à avoir capturé le dernier terroriste”, afin d’empêcher “une minorité de criminels” de priver les citoyens de la paix.   

  • Cette opération massive  s’inscrit dans le cadre du  Plan de Contrôle Territorial lancé en 2019 par le Président Bukele afin d’éradiquer la présence des gangs sur le sol du Salvador et de rétablir la paix dans les zones particulièrement affectées par leurs activités criminelles.
  • Apopa, l’une des deux villes concernées, est située à à peine 13 kilomètres au nord de la capitale: elle représenteun lieu historique d’affrontement entre les deux principales bandes opérant dans le pays, la Mara Salvatrucha et Barrio 18. 
  • Le jour de l’opération, l’assemblée législative a voté avec 67 voix favorables sur 84 la prolongation  de l’état d’urgence jusqu’au 12 novembre prochain et son extension à l’ensemble du territoire salvadorien. Celui-ci avait été proclamé par le président a la suite d’un déchaînement de violence ayant causé 87 victimes en moins d’une semaine en mars 2022.  
  • Depuis, la “guerre” contre les gangs criminels décrétée par le gouvernement a conduit à plus de 73 000 arrestations. Une source d’inquiétude, avec l’extension de l’état d’urgence, pour les organisations de  défense des droits humains.  

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RUSSIE/NEI

L’Azerbaïdjan se dit prêt à des pourparlers avec l’Arménie 

Un conseiller du président azerbaïdjanais a affirmé jeudi 5 octobre que Bakou était prête à entamer des pourparlers avec l’Arménie sous médiation de l’Union européenne, d’ici à la fin du mois. L’Azerbaïdjan ne s’est toutefois pas rendu au sommet de la Communauté politique européenne de Grenade le jour même, dont l’agenda portait précisément sur le sujet. Bakou a pointé du doigt « la politique de militarisation » de la France dans le Caucase, après l’accord donné à l’Arménie en vue de livraison de matériel militaire. Le conseiller azerbaïdjanais Hikmet Hajiev a également regretté l’attitude de l’UE vis-à-vis de la région et l’absence de la Turquie au sommet. 

  • Le 3 octobre dernier, la MAE Catherine Colonna a déclaré que « la France a donné son accord à la conclusion de contrats futurs forgés avec l’Arménie qui permettront la livraison de matériel », sans préciser les équipements concernés. Après les réactions de Bakou, le président Macron a assumé sa « position exigeante » mais a affirmé que « le temps n’[était] pas aux sanctions » contre l’Azerbaïdjan.
  • S’agissant de l’Arménie, dont Moscou est le pourvoyeur d’armes traditionnel, elle s’affiche déterminée à prendre ses distances avec son allié historique. Erevan a ratifié le 4 octobre dernier le Statut de Rome pour rejoindre la Cour pénale internationale, s’engageant théoriquement à arrêter et à extrader Vladimir Poutine s’il se trouvait sur son sol. L’Arménie justifie cette décision par la nécessité de protéger son territoire, alors qu’elle redoute d’être la prochaine cible de Bakou. Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a en effet multiplié les menaces sur le corridor de Zangezu, qui lui permettrait de relier le pays à l’exclave du Nakhitchevan.

La Corée du Nord aurait livré « plus de mille conteneurs » d’armes et de munitions à la Russie

Vendredi 13 octobre, Washington a dévoilé des images satellites montrant qu’une cargaison provenant d’un dépôt de munitions en Corée du Nord a été chargée sur un navire russe. La livraison aurait eu lieu entre le 7 septembre et le 1er octobre et aurait permis un acheminement vers la frontière sud-ouest de la Russie. Contraire aux sanctions internationales à l’encontre de Pyongyang, cet envoi d’équipement confirmerait la thèse d’une amplification de la coopération militaire entre le Kremlin et le gouvernement nord-coréen. Selon les États-Unis, Pyongyang chercherait en contrepartie à également obtenir une aide militaire, incluant avions de chasse, missiles sol-air et véhicules blindés. 

  • En 2022, les États-Unis ont déjà accusé la Corée du Nord d’avoir envoyé des munitions, des obus d’artillerie et des roquettes à la Russie, qui les auraient remis au groupe paramilitaire Wagner. Jusqu’à présent, Pyongyang a toujours nié ces allégations de livraisons d’armes à son allié russe. 
  • Le mois dernier, le dirigeant Kim Jong-un rencontrait son homologue Vladimir Poutine lors d’une première visite à l‘étranger depuis le début de la pandémie du Covid-19 pour évoquer des “sujets sensibles”. Depuis près de deux mois, la Russie, la Corée du Nord mais également la Chine, dans un contexte de confrontation avec Washington, n’ont cessé de multiplier leurs interactions. Au-delà des enjeux idéologiques, le renforcement de la coopération militaire entre la Corée du Sud, les États-Unis et le Japon semble agir en catalyseur.

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AFRIQUE

Une colonne de l’armée malienne se dirige vers Kidal

Composée de l’armée malienne (FAMa) et de mercenaires du groupe Wagner, une colonne militaire a quitté Gao le 2 octobre pour se diriger dans le nord du pays vers Kidal, fief des rebelles séparatistes à dominante Touareg. Regroupés dans la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), les rebelles ont ralenti le convoi d’une centaine de véhicules blindés et de pick-up au cours de plusieurs attaques. Les combats se sont notamment concentrés au sud d’Anéfis, localité stratégique se trouvant à environ 110 km de Kidal. Le 7 octobre, après 48h de combat, les FAMa ont revendiqué le « contrôle total » de la ville. Alors que les affrontements entre les deux camps se sont interrompus plusieurs jours, le convoi a quitté Anéfis le 13 octobre et semble avoir repris sa progression.

  • Bien que les accords de paix de 2015 conclus entre Bamako et les rebelles soient toujours en vigueur, les hostilités se sont intensifiées ces derniers mois. Alors que quatre camps militaires maliens ont été attaqués depuis fin août, les rebelles ont revendiqué la prise d’un nouveau camp, celui de Touassa dans la région de Gao.
  • L’objectif final du convoi s’est précisé le 5 octobre lorsque l’armée malienne a annoncé vouloir reprendre « toutes les emprises initialement aux mains des forces onusiennes ». Si la Minusma doit rétrocéder ses bases d’ici au 31 décembre, les rebelles estiment que le contrôle des camps militaires dans la région leur revient en vertu des accords de paix. La junte au pouvoir, qui considère qu’il s’agit d’un enjeu de souveraineté, est déterminée à reconquérir les bases d’Aguelhoc, de Tessalit et de Kidal.
  • La CMA, qui dénonce les exactions commises à Ersane par les FAMa et les paramilitaires du groupe Wagner, affirme avoir abandonné ses positions à Anéfis pour protéger les civils. L’absence de journalistes indépendants complique cependant la vérification des informations divulguées par les deux camps.

Le Kenya prend la tête d’une force multinationale en Haïti

Le 2 octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU a approuvé le déploiement d’une force internationale en Haïti à partir de janvier 2024. Alors que Port-au-Prince réclamait depuis près d’un an une intervention étrangère pour lutter contre la violence généralisée à laquelle est confrontée l’île, Nairobi a proposé de déployer 1000 unités de police militarisée en juillet dernier. Dans le cadre de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) dépourvue de mandat onusien, les forces kényanes auront ainsi pour mission de désarmer les gangs ou de sécuriser les infrastructures stratégiques. 

  • Depuis l’assassinat du Président Jovenel Moise en 2021, les gangs ont renforcé leur influence et contrôlent environ deux-tiers du territoire haïtien. Ayant salué une « lueur d’espoir », Port-au-Prince espère résoudre la crise sécuritaire qui entrave la tenue de nouvelles élections.
  • Plusieurs observateurs dénoncent une mission risquée destinée à accroître le prestige du pays et considèrent que la formation des forces kényanes n’est pas adaptée aux spécificités du terrain haïtien. Outre la forte densité et la barrière de la langue, la police kényane est davantage  formée au maniement des armes légères qu’à celui des armes lourdes.
  • Si les Bahamas ou la Jamaïque se sont engagés à fournir des troupes, les Etats-Unis ont annoncé qu’ils financeraient la mission à la hauteur de 100 millions de dollars. Soutenant une nouvelle mission d’interposition sans souhaiter y participer directement, Washington a félicité Nairobi avec qui un accord de défense a été conclu fin septembre. 

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ASIE

Le Daily Mail confirme qu’un sous-marin nucléaire chinois a disparu

Le 4 octobre 2023, le Daily Mail (Royaume-Uni) a publié un article confirmant la disparition d’un sous-marin nucléaire chinois le 21 août 2023, après avoir eu accès à un document confidentiel de la Royal Navy. Le sous-marin chinois aurait été bloqué par des obstacles anti-sous-marins en mer Jaune, aux larges des côtes chinoises, provoquant la mort des 55 marins à bord par dépressurisation. La Royal Navy britannique n’a pas souhaité commenter, arguant qu’il s’agissait d’un document confidentiel.

  • Des rumeurs avaient déjà circulé sur le réseau social X (ex-Twitter) en août 2023 à ce sujet. Le ministère de la Défense chinois avait à l’époque démenti ces informations.
  • Pour mémoire, Xi Jinping était à l’époque présent au sommet des BRICS et avait été précipitamment remplacé par son ministre du Commerce, Wang Wentao.
  • Deux hauts responsables militaires ont par ailleurs disparu depuis : le ministre de la Défense, Li Shangfu, et le commandant de la flotte de la mer du Nord, l’amiral Wang Dazhong.

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AFRIQUE DU NORD/MO

L’offensive du Hamas contre Israël plonge la région dans une crise majeure

Le samedi 7 octobre au matin, le Hamas, mouvement islamiste palestinien contrôlant politiquement la bande de Gaza, a lancé une offensive inédite en Israël, appelée « Déluge d’Al-Aqsa ». Une percée terrestre perpétrée par plus d’un millier de combattants, dont des commandos motorisées, s’est accompagnée d’intrusions aériennes et maritimes. Parallèlement, des milliers de roquettes se sont abattues sur le territoire israélien, notamment sur Tel Aviv et Jérusalem, poussant parfois le Dôme de Fer à saturation. Des civils israéliens ont été ciblés et plus d’une centaine ont été pris en otage. D’abord prise au dépourvu, Tsahal a lancé en réponse l’opération « Épées de Fer », mobilisant notamment plus de 300 000 réservistes. Après une semaine de conflit, l’armée israélienne a mis fin à la majorité des intrusions et ordonné le siège de Gaza, laissant présager une invasion terrestre. Les frappes du Hamas se poursuivent, concentrées sur des localités proches de Gaza. Des roquettes semblent également avoir été lancées depuis le Liban et la Syrie. Plus d’un millier d’Israéliens et près du double de Gazaouis ont à ce jour trouvé la mort. 

  • L’offensive du Hamas a eu lieu cinquante ans et un jour après le début de la guerre du Kippour, conflit pendant lequel Israël avait été surpris par l’offensive simultanée d’une coalition arabe menée par l’Egypte et la Syrie. Cette fois encore, l’armée israélienne, pourtant en état d’alerte permanent, n’a pas su prévoir l’invasion, alors qu’une offensive si importante et coordonnée demande a minima des mois de préparation. Reste à savoir où l’erreur a été faite côté israélien : sur le plan du renseignement ou, plus probablement, à l’échelon politique. 
  • L’une des principales variables déterminant l’évolution du conflit est l’entrée en jeu ou non de nouveaux belligérants. En effet, des tirs ont été échangés à la frontière libanaise, laissant craindre l’ouverture d’un nouveau front et une implication plus affirmée du Hezbollah, lui-même soutenu par l’Iran. Le conflit pourrait également mener à une instabilité en Cisjordanie, et mobiliser davantage Tsahal autour des colonies qu’Israël détient dans cette autre partie de la Palestine. Enfin, des pays occidentaux tels que les Etats-Unis et le Royaume-Uni déplacent des navires de guerre pour une présence dissuasive. 

Emma JOYEUX

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