Etudiante en deuxième année à Sciences Po Paris, Ophélie est depuis sept mois réserviste opérationnelle de la Gendarmerie. Elle a intégré la réserve par le biais du parcours civique et du partenariat entre Sciences Po et la Gendarmerie nationale. Aujourd’hui, elle revient sur son parcours.
Qu’est ce qui t’a donné envie de t’engager dans la réserve opérationnelle de la Gendarmerie ?
Mon engagement est né dans le cadre du parcours civique de première année. A Sciences Po, s’engager à long terme auprès de la population durant la première année de licence constitue une obligation de scolarité. Le partenariat entre Sciences Po et la Gendarmerie nationale est, à mon avis, ce qui correspond le mieux à l’esprit du parcours civique. Nous sommes au contact de tous types de population : des prévenus, des victimes, des témoins… et la notion de responsabilité est au coeur de notre activité.
Peux-tu nous en dire davantage sur ce partenariat entre Sciences Po et la Gendarmerie ?
Le partenariat a été créé lors de l’année scolaire 2017-2018. Il permet aux étudiants de Sciences Po d’effectuer leur parcours civique tout en recevant une formation de réservistes. Le premier mois est un mois “d’acculturation” : il est dédié à la découverte du groupement de Gendarmerie départementale que nous avons choisi. Comme la majorité des réservistes, j’ai choisi le groupement le plus proche de chez moi.
Pendant ces quatre semaines, j’ai découvert un grand nombre d’unités : les SIC, qui s’occupent des systèmes d’informations et de communications; les équipes cynophiles ; ou encore le peloton de surveillance et d’intervention de la Gendarmerie (PSIG). Nous avons également fait une visite au GIGN. J’ai découvert des partenaires de la Gendarmerie, comme le service départemental d’incendie et de secours (SDIS), visité la préfecture de police, assisté à des réunions avec des préfets et sous-préfets. J’ai donc eu l’occasion d’assister à une très grande variété d’événements. C’était très riche et très dense.
« Nous sommes au contact de tous types de population : des prévenus, des victimes, des témoins… et la notion de responsabilité est au cœur de notre activité »
Ensuite, nous avons eu deux semaines de préparation militaire Gendarmerie (PMG). J’appréhendais beaucoup cette préparation parce que je pensais que cela allait être très sportif. Cela a été intense en termes de cours et de sport, mais c’est resté supportable ! J’y ai découvert l’environnement militaire : chanter, marcher au pas, se lever tôt le matin, faire son lit au carré, vivre en communauté… Je me suis fait de très bon amis avec lesquels je suis aujourd’hui encore en contact. Au terme de cette formation militaire, j’ai reçu un certain nombre de diplômes et d’attestations, notamment celle autorisant le port d’arme en service. J’étais devenu réserviste opérationnelle de la Gendarmerie nationale. Pour clore le stage de première année, Sciences Po nous demande de réaliser six missions avant la fin du mois de septembre.
Dans le cadre du parcours civique libre de deuxième année, nous devons réaliser un minimum de dix missions sur l’année scolaire, qui correspondent aux 75 heures. Ce parcours civique libre s’étend donc sur deux ans voire plus, puisque nous avons la possibilité de renouveler nos engagements à servir dans la réserve (ESR). Cela demande du temps et de la disponibilité : il y a un stage d’acculturation en juin, une préparation militaire en août, six premières missions à réaliser avant septembre et un minimum de dix à effectuer au cours de la deuxième année. J’en suis actuellement à plus de 15 jours de missions, donc plus de 75 heures, sachant qu’une mission dure en moyenne six à huit heures. Mais c’est parce que cela me plaît que je choisis d’en faire toujours plus.
As-tu un point négatif à souligner concernant ce partenariat ?
Seuls les étudiants de Sciences Po étudiant à Paris même peuvent profiter de ce partenariat. Il est donc malheureusement fermé aux étudiants des campus délocalisés, c’est dommage.
Quelles sont les activités d’un réserviste ?
Elles sont très variées. Le renfort de brigades consiste à se rendre dans des brigades du département auquel nous sommes affectés, pour effectuer des missions de surveillance générale, appelées les “patrouilles”. Si nous sommes appelés sur une intervention, nous sommes souvent les primo-intervenants. Ces interventions couvrent aussi bien les accidents de la route que les conflits de voisinage ou une découverte de cadavres ; il y a donc une large part d’imprévu.
« J’y ai découvert l’environnement militaire : chanter, marcher au pas, se lever tôt le matin, faire son lit au carré, vivre en communauté… Je me suis fait de très bon amis avec lesquels je suis aujourd’hui encore en contact »
Il existe un autre type de missions : le Détachement Gendarmerie de Sectorisation Opérationnelle de la Capitale (DGSOC). Ce sont des patrouilles pédestres qui se déroulent à Paris dans le cadre de la lutte antiterroriste. Enfin, nous pouvons faire de la surveillance lors de manifestations culturelles, de salons, de brocantes, ou de fêtes ainsi que des missions de sécurité routière : contrôles de véhicule, d’alcoolémie, de stupéfiants, etc.
Comment parviens-tu à mener de front la réserve et tes études ?
Ce n’est pas si compliqué ! Nous avons accès à une plateforme, Minot@ur, sur laquelle nous indiquons nos disponibilités et pouvons nous porter volontaires pour des missions données. Je peux donc choisir les missions qui ont lieu pendant les vacances scolaires, les weekends et le jeudi, puisque j’ai fait en sorte de n’avoir, durant ce second semestre, que des cours en début de semaine.
Comptes-tu renouveler ton engagement à servir dans la réserve à l’issue de ton parcours civique ?
Oui. Je ne pensais pas que cela me plairait autant, mais la Gendarmerie, et de manière plus générale le domaine militaire, m’intéressent aujourd’hui beaucoup. J’essaie d’effectuer un maximum de missions cette année. L’année prochaine, je serai en troisième année à l’étranger. Je vais essayer de rentrer durant les vacances scolaires pour réaliser quelques missions, mais les possibilités seront plus restreintes. D’autant que pour se porter volontaire sur une mission, il faut bien souvent le faire avec un ou deux mois d’avance. Je vais donc renouveler mon ESR, mais je ne vais certainement pas pouvoir réaliser autant de missions que cette année.