Veille stratégique – Janvier 2021 (2/2)

Russie et Asie mineure

La Russie quitte le traité Open Skies

Vendredi 15 janvier, la Russie a annoncé qu’elle se retirait définitivement du traité Open Skies qui permet aux signataires d’effectuer des vols de reconnaissances au-dessus des pays membres. Cette décision est principalement due au retrait américain du traité, qui a été signé par Donald Trump en mai 2020 et qui s’est effectivement concrétisé en novembre dernier. Le ministrerusse des Affaires étrangères a affirmé dans un communiqué que les autres membres du traité n’avaient pas présenté des garanties satisfaisantes quant à l’absence de transfert d’information à leur allié américain.

  • Le traité Open Skies avait été négocié en 1992, après la chute de l’Union Soviétique, sous l’impulsion du président américain George Bush. Il couvrait alors 35 signataires comprenant les membres de l’OTAN ainsi que les anciens membres du Pacte de Varsovie.
  • L’utilité du traité avait été limitée par les progrès réalisés en matière de renseignement via satellite. Toutefois, il restait utilisé par les pays européens et permettait une forme de confiance mutuelle entre les signataires.
  • Le retrait russe intervient dans le contexte de l’expiration prochaine du traité New START sur le contrôle des armements, qui se terminera le 5 février. Vladimir Putin et le futur président américain Joe Biden ont exprimé leur souhait de prolonger le traité pour 5 ans, mais la négociation risque d’être complexe.

Retour d’un opposant en Russie

L’opposant politique Alekseï Navalny est retourné en Russie dimanche 17 janvier. Il avait subi une tentative d’empoisonnement au Novichok qui l’avait contraint à se faire soigner en Allemagne en août dernier. Le gouvernement russe, qui l’accuse de ne pas respecter les termes du sursis d’une condamnation antérieure, l’a arrêté dès son arrivée.

  • Dans une enquête menée par différents médias (CNN et les sites d’information The Insider et Bellingcat), les services secrets russes (FSB) ont été accusés d’avoir planifié et mis en œuvre la tentative d’assassinat contre l’opposant.
  • L’empoisonnement d’Alekseï Navalny a considérablement tendu les relations entre l’Europe et la Russie. Les pays européens ont en effet introduit une série de sanctions visant des hauts responsables russes, auxquelles la Russie a répondu fin décembre en imposant ses propres sanctions contre des responsables européens.

Élection présidentielle au Kirghizistan

Sadyr Japarov a remporté le 10 janvier l’élection présidentielle du Kirghizistan avec environ 80% des votes. Par ailleurs, 81,3% des électeurs ont soutenu des mesures visant à renforcer le pouvoir du président dans le cadre d’un référendum tenu parallèlement à l’élection. Le nouveau président kirghiz est régulièrement qualifié par les analystes de « populiste », « nationaliste » voire de « Trump kirghiz », faisant craindre pour l’avenir des libertés individuelles dans le pays le plus démocratique de la région. En matière de politique étrangère, l’incertitude politique et la montée de ce candidat ouvertement nationaliste a irrité Moscou qui possède une base militaire dans ce pays riche en ressources naturelles. Le président élu a toutefois rassuré la Russie, en promettant de maintenir des liens étroits avec son « partenaire stratégique ». Les envois de fonds de la diaspora kirghize travaillant en Russie sont en effet une des sources principales de monnaie étrangère et constitue, comme c’est le cas dans la plupart des pays d’Asie centrale, un pilier économique du pays.

  • Le président précédent, Sooronbai Jeebekov, avait été confronté à des manifestations de masse en octobre à la suite à des élections législatives entachées d’un scandale d’achat de votes. Malgré la contestation du parlement, Sadyr Japarov avait depuis été nommé Premier ministre.
  • Sadyr Japarov avait été libéré de prison par la foule pendant ces manifestations. Il y purgeait une peine de 11 ans pour un enlèvement commis dans le cadre du mouvement pour nationaliser la mine d’or de Kumtor (possédée par une compagnie canadienne), en 2013.  

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Europe

Grèce : un accord de défense avec Israël pour contrer la menace turque

Mardi 5 janvier, la Grèce a signé un contrat d’environ 1,8 milliards de dollars avec Israël. Ce contrat prévoit, d’une part, la création et l’exploitation d’une école de pilotage pour l’armée de l’Air grecque à Kalamata dans le Péloponnèse, et d’autre part, l’acquisition de dix avions d’entraînement M-346.

  • La Grèce multiplie les alliances militaires depuis six mois pour dissuader les ambitions territoriales et énergétiques turques. En septembre 2020, la Grèce s’est entendue avec la France sur l’achat de six Rafales neufs et douze d’occasion. Parallèlement, des discussions se sont tenues autour de l’acquisition de vingt avions furtifs F-35 américains. En novembre, Athènes a conclu avec les Emirats arabes unis un partenariat stratégique prévoyant notamment une clause d’assistance mutuelle. Enfin, en décembre, le Parlement a approuvé le budget 2021 du pays prévoyant une augmentation de 60% de ses dépenses en matière de défense.
  • Cette stratégie ne semble pas encore porter ses fruits, la Turquie ayant manifesté son souhait de mener six mois de recherche d’hydrocarbures supplémentaires en décembre. 
  • Cependant, l’Oruç Reis n’a pas encore été déployé. La Turquie a témoigné d’une volonté de rapprochement avec l’Union européenne en novembre lorsque le Président turc a célébré devant l’AKP cette “Europe” avec laquelle il souhaitait bâtir un “avenir commun”. De surcroît, Ankara espère réintégrer le programme américain F-35 avec le nouveau président des Etats-Unis alors qu’elle en avait été exclu par l’administration Trump en 2019 en réaction à l’achat de missiles russes S-400.

Turquie : vers une normalisation des relations diplomatiques avec la France

Jeudi 7 janvier, le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlüt Cavusoglu, a indiqué s’être mis d’accord avec son homologue français, M. Jean-Yves Le Drian, sur une feuille de route destinée à normaliser les rapports franco-turcs. Il n’a pas précisé le contenu de cette feuille de route. Cette déclaration a été prononcée à l’issue d’une rencontre à Lisbonne avec le ministre des Affaires étrangères portugais dont le pays vient de prendre la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne.  

  • Des préoccupations intérieures peuvent expliquer cette volte-face d’Ankara. La prochaine élection présidentielle est prévue en 2023. Or, d’après les sondages publiés par l’Institut de recherches eurasien, le parti présidentiel (l’AKP) n’est soutenu qu’à 32,5% par les électeurs alors que le principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP) reçoit la faveur de 28,2% des électeurs. Ils sont donc au coude-à-coude. L’opinion publique turque est de plus en plus sensible à la crise économique et financière due à la chute de la livre turque, aggravée par la crise sanitaire et les sanctions européennes votées le 11 décembre dernier.

Italie : le ministre de la Défense s’exprime sur l’autonomie stratégique européenne

Le ministre italien de la défense, Lorenzo Guerini, a exprimé son point de vue sur « l’autonomie stratégique européenne » en début de semaine dans les colonnes de DefenseNews. Selon le ministre, l’avenir de la défense européenne est étroitement lié à celui du pacte transatlantique et des liens avec l’allié états-unien. L’Europe est davantage un choix stratégique et un multiplicateur de ressources pour développer les capacités de défense nationales qu’une l’opportunité de mener une politique de cavalier seul en matière de sécurité et de défense.

  • La position de l’Italie prend place dans le débat particulièrement vigoureux depuis 2020 entre la France et l’Allemagne concernant le degré d’autonomie à concéder à la défense européenne. Le président Macron défend depuis le début de son mandat le développement d’une capacité de défense européenne indépendante de l’appui américain. Il a réaffirmé cette position en 2019 avec sa fameuse formule concernant l’OTAN en “état de mort cérébrale”. Il l’a également confirmé dans son discours à l’Ecole de guerre en février dernier dans lequel il a proposé un « dialogue stratégique » aux Européens sur le « rôle de la dissuasion nucléaire française dans notre sécurité collective », en sus de son interview au Grand Continent en novembre 2020, cette opinion n’est pas partagée par Berlin.
  • Dans une tribune sur le site Politico datant du 3 novembre, la ministre de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer soulignait le rôle capital des Etats-Unis en tant que garants de la sécurité européenne. Elle étaye son argumentation dans un discours à l’Université de la Bundeswehr à Hambourg en appuyant cette fois sur le rôle de l’OTAN.
  • La récente élection du “candidat de la continuité” Armin Laschet à la tête de la CDU d’une Angela Merkel en fin de mandat laisse penser que cette position pourrait être celle du prochain chancelier allemand.

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Proche et Moyen-Orient

Rétablissement des relations diplomatiques entre monarchies du Golfe

Mercredi 6 janvier, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte ont annoncé la reprise de leurs relations diplomatiques avec le Qatar lors d’un sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG) à Al-Ula en Arabie saoudite. C’est la première fois depuis la rupture de juin 2017 que l’émir du Qatar participe au rendez-vous annuel du CCG. Ce revirement de situation, encore inattendu il y a quelques semaines, entraîne la fin d’un embargo plutôt inefficace de la part de l’Arabie Saoudite et de ses alliés contre le Qatar. Symbole de l’unité de façade retrouvée, un premier vol commercial a relié Doha à Riyad lundi 11 janvier.

  • Fondé en 1981, le CCG regroupe les six monarchies arabes qui bordent le Golfe persique (Oman, Emirats arabes unis, Arabie saoudite, Qatar, Bahreïn et Koweït) dans le but d’assurer leur coopération dans différents domaines stratégiques. En juin 2017, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et leur allié égyptien avaient rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar qu’ils accusaient de financer le terrorisme et d’entretenir des relations cordiales avec l’Iran.
  • Ce retour à la normale est le fruit d’un intense travail de médiation de la part du Koweït et des Etats-Unis. Il signe une victoire diplomatique du Qatar dans la mesure où celui-ci n’a pas eu à se plier aux exigences initiales des pays du CCG pour entériner son retour en grâce. Parmi ces exigences figurait notamment la fermeture de l’influente chaîne qatarienne d’Al-Jazira.

Nouvelles remontrances européennes à destination de l’Iran et de son programme nucléaire

Samedi 16 janvier, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont exigé de l’Iran qu’il mette fin à sa production d’uranium métal dont il s’est prévalu mercredi 13 janvier auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Pouvant servir à l’élaboration d’armes nucléaires, l’usage d’uranium métal est prohibé à la République islamique en vertu de l’accord de Vienne de 2015, dénoncé par les Etats-Unis en 2018. Dans un entretien au Journal du Dimanche dimanche 18 janvier, le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves le Drian a insisté sur l’urgence du retour des Etats-Unis dans l’accord afin d’empêcher l’Iran de poursuivre un programme nullement découragé par les sanctions économiques américaines.

  • La menace de l’acquisition de l’arme nucléaire est régulièrement brandie par Téhéran depuis plus de vingt ans. Le 4 janvier déjà, elle avait annoncé reprendre l’enrichissement à 20% de l’uranium sur son site de Fordo, en violation totale de l’accord de 2015. Une utilisation militaire requiert néanmoins un enrichissement à plus de 90%.
  • Une élection présidentielle iranienne se tiendra en juin 2021 et verra nécessairement l’émergence d’un successeur au président Hassan Rohani en passe d’achever son second et dernier mandat. Alors que le caractère modéré de ce dernier avait été considéré comme une chance par les Européens et les Américains pour convenir d’un accord, l’élection d’un président moins enclin aux négociations pourrait compliquer l’application des dispositions convenues en 2015.

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Amérique

Les Etats-Unis inscrivent le mouvement des Houthis au rang des organisations terroristes

Dimanche 10 janvier, les Etats-Unis ont annoncé leur intention d’inscrire le mouvement rebelle yéménite des Houthis à leur liste d’organisations terroristes. Cette mesure doit prendre effet mardi 19 janvier à la veille de l’entrée en fonction de la nouvelle administration américaine. Elle était réclamée depuis plusieurs années par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis qui interviennent militairement au Yémen contre ce mouvement d’obédience chiite zaïdite parrainé par l’Iran. Néanmoins, cette décision américaine ne devrait avoir aucune conséquence militaire puisque les Houthis contrôlent fermement le Nord-Ouest yéménite ainsi que Sanaa, capitale du pays. En revanche, celle-ci devrait compliquer le commerce international à destination du Yémen et notamment l’acheminement de l’aide humanitaire dont dépend aujourd’hui environ 80% de sa population.

  • Le département d’Etat américain est conscient de l’effet indésirable que constitue cette mesure destinée à limiter l’accès des Houthis aux ressources étrangères. Il travaille actuellement sur un statut dérogatoire applicable à l’acheminement d’aide humanitaire et de transferts de fonds qui lui sont liés. Cependant, tout laisse à penser que ce régime d’exception ne pourra entrer en vigueur d’ici au 19 janvier.

Les Etats-Unis préparent l’ouverture d’un consulat au Sahara occidental

Dimanche 10 janvier, l’ambassadeur des Etats-Unis au Maroc David Fischer a officiellement lancé le processus d’ouverture d’un consulat américain au Sahara occidental en visitant plusieurs bâtiments susceptibles de l’accueillir dans la ville côtière de Dakhla. Si jusqu’au dernier moment les observateurs pouvaient penser que cette visite signerait l’ouverture officielle du consulat, David Fischer a reconnu que cela n’arriverait pas avant plusieurs mois.

  • Le contrôle du Sahara occidental fait l’objet d’un conflit entre le Maroc et les indépendantistes du Front Polisario soutenus par l’Algérie depuis la fin de la domination coloniale espagnole en 1976.
  • Le 10 décembre 2020, le président américain Donald Trump avait annoncé que les Etats-Unis reconnaissaient désormais la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en même temps que le royaume établissait des relations diplomatiques avec Israël. Le nouveau président américain Joe Biden pourrait néanmoins revenir sur cette décision.

Abandon de l’enquête mexicaine contre l’ancien ministre de la Défense Salvador Cienfuegos

Jeudi 14 janvier, la justice mexicaine a annoncé avoir abandonné les poursuites pour narcotrafic à l’encontre de l’ancien ministre de la Défense Salvador Cienfuegos. Ce dernier avait été arrêté par les autorités américaines le 15 octobre 2020 avant que celles-ci n’acceptent de le confier à la justice mexicaine en novembre afin de prévenir un conflit diplomatique entre les Etats-Unis et le Mexique. Pour justifier la décision du parquet, le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador a argué que l’agence antidrogue américaine avait monté l’affaire Cienfuegos de toute pièce.

  • Refusant d’accepter cette décision, le gouvernement américain a menacé le Mexique de rouvrir une enquête aux Etats-Unis si la justice mexicaine ne poursuivait pas ses investigations.
  • Au Mexique, le gouvernement est accusé de vouloir masquer les liens entre l’armée et les narcotrafiquants afin de s’assurer de son soutien dans la lutte contre l’immigration illégale ou dans l’organisation logistique de la vaccination contre la Covid-19. 

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AFRIQUE

Mali : frappes aériennes controversées dans la localité de Bounti

Selon l’État-major des armées françaises, l’opération Eclipse, menée par la force Barkhane, aurait neutralisé  dimanche 3 janvier une trentaine de jihadistes dans la localité de Bounti. Une frappe aérienne réalisée par un Mirage 2000 aurait visé un groupe d’une quarantaine d’hommes adultes identifiés comme appartenant à un GAT à l’issue d’une manœuvre de renseignement ayant duré plusieurs jours. Si cette déclaration française concorde avec celle du ministère de la Défense malien, elle est remise en cause par l’association Peuple Tabital Pulakuu qui évoque un raid aérien ayant visé un mariage et tué une vingtaine de personnes civiles.Les témoignages recueillis auprès des habitants de Bounti évoquent un hélicoptère volant à très basse altitude. De son côté, Médecins Sans Frontières a déclaré avoir pris en charge huit blessés graves suite à des bombardements sur les villages de Bounti et Kikara. Ces blessés présentaient des blessures par balles et des lésions dues à des explosions.

  • Auditionnée devant la commission Défense de l’Assemblée nationale, la ministre française  des Armées Florence Parly « récuse absolument l’idée que les armées aient pu le 3 janvier occasionner ce dont elles ont été accusées ». Elle évoque des « rumeurs » faisant le jeu des terroristes. Cette information tombe alors que la présence des forces françaises au Sahel est toujours plus discutée.
  • Une enquête a été ouverte par la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) afin de faire la lumière sur cette controverse.  

Centrafrique : une attaque des groupes rebelles sur la capitale repoussée

Mercredi 13 janvier, la Coalition des Patriotes pour la Centrafrique (CPC) a mené deux offensives simultanées aux portes de Bangui. Il s’agit de la première attaque des groupes rebelles sur la capitale. Elle a été repoussée par l’armée centrafricaine soutenue par les forces russes, rwandaises et la mission des Nations Unies MINUSCA. Les casques bleus déplorent la mort de l’un de leurs soldats rwandais tandis que le Premier ministre centrafricain annonce la mort de 30 assaillants du CPC.

  • Composée de six groupes armés contrôlant deux tiers du pays, la CPC mène depuis la mi-décembre 2020 des offensives contre le gouvernement. Le but premier était de perturber le scrutin qui a vu la victoire du président sortant Faustin-Archange Touadéra. La coalition armée cherche désormais à renverser le régime.
  • Cette attaque s’est déroulée alors que les résultats du scrutin doivent être validés par la Cour constitutionnelle avant le 19 janvier. Les élections présidentielle et législative sont rejetées par dix candidats de l’opposition qui demandent leur annulation pour causes de fraudes massives, d’intimidation et de la faiblesse de participation.

Soudan : des affrontements tribaux au Darfour-Ouest entraînent la mort d’une cinquantaine de personnes

Samedi 16 janvier, des affrontements tribaux ont éclaté à El-Geneina, capitale du Darfour-Ouest, opposant la tribu Al-Massalit aux milices armées composées essentiellement de nomades arabes. Ces violences ont fait près de 50 morts en 24 heures et se poursuivent encore. Le Premier ministre Abdallah Hamdok a envoyé une délégation de « haut rang » afin de rétablir l’ordre dans la région.

  • Ces affrontements se déroulent alors que le gouvernement soudanais de transition a paraphé en août 2020 un accord de paix avec plusieurs groupes rebelles de la région. Cet accord visait à mettre fin à une guerre débutée en 2003.
  •  Ces violences sont les plus meurtrières depuis la fin de la mission de paix conjointe de l’ONU et de l’Union africaine le 31 décembre 2020. Le retrait progressif des troupes de cette mission s’étalera sur six mois mais fait craindre aux habitants de cette région une recrudescence des affrontements.

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ASIE

Les entreprises chinoises affectées par l’entrée en vigueur du HFCAA

Lundi 11 janvier, la cote de trois entreprises chinoises, China Telecom, China Mobile et China Unicom, a été retirée du New York Stock Exchange (NYSE). Ce retrait a été réalisé en application du décret présidentiel 13 959 signé le 12 novembre 2020 par Donald Trump. Ce décret, qui complète la loi sur la responsabilité des sociétés étrangères (Holding Foreign Companies Accountable Act, HFCAA), a banni de la cote 35 sociétés chinoises liées à l’armée pour motif de « sécurité nationale ». Le parti communiste chinois dénonce quant à lui « la violation du principe du marché libre au détriment des investisseurs américains ».

  • Le HFCAA porte un coup dur aux ambitions mondiales de la Chine. En effet, Pékin interdisant l’audit de comptes de groupes chinois sur son sol par des contrôleurs américains, il est possible que beaucoup d’entreprises chinoises soient contraintes de quitter la Bourse américaine.

Les tensions entre l’Australie et la Chine ne s’apaisent pas

Depuis plusieurs mois, l’Australie est la cible de restrictions commerciales imposées par la Chine. Ces restrictions ou droits de douane prohibitifs touchent, entre autres, le charbon, le bois, l’orge, le blé, le homard, le bœuf, l’agneau, le cuivre, le coton, la laine, le sucre et le vin. Si la Chine invoque des raisons environnementales, économiques ou encore sanitaires pour justifier ses décisions, les analystes occidentaux y voient davantage des mesures de rétorsion visant à punir Canberra d’avoir banni Huawei de ses infrastructures 5G, et d’avoir été le premier pays à demander qu’une enquête internationale soit conduite pour déterminer les origines du Covid-19.  

  • Les relations commerciales entre les deux pays sont très asymétriques. Si l’Australie exporte principalement en Chine, la Chine n’exporte que 2% de ses produits en Australie.
  • L’utilisation du commerce comme arme politique est une stratégie classique de Pékin.

Pyongyang bombe le torse à quelques jours de l’investiture du nouveau président américain

Lors d’un défilé militaire organisé le 14 janvier, la Corée du Nord a dévoilé de nouveaux systèmes de missiles, notamment la dernière version de sa série Pukguksong de missiles balistiques lancés par sous-marins (SLBM). Ce défilé intervient moins d’une semaine après que Kim Jong-un a réaffirmé sa volonté d’accroître son arsenal militaire, au deuxième jour d’un Congrès du parti des travailleurs, s’engageant à placer « les capacités de défense de l’État à un niveau bien supérieur, et à fixer des buts à atteindre pour réaliser cela ».

  • À quelques jours de l’investiture de Joe Biden, le dirigeant sud-coréen veut affirmer son indépendance, mais se garde également de provocations trop explicites. Ainsi, aucun test de missile n’a été réalisé depuis les élections américaines.
  • Si Donald Trump avait été le premier président américain à accepter de serrer la main d’un leader nord-coréen, le nouveau président élu Joe Biden, qui a qualifié d’Etat « voyou » la Corée du Nord lors de sa campagne, risque de se montrer bien moins conciliant.

 

Cette veille a été rédigée par Rhéa Fanneau de la Horie, Gaspard Béquet, Claire Mabille, Théo Bruyère-Isnard et Maëlle Panza

Comité de rédaction

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