Veille stratégique – Mars 2022 (1/2)

FRANCE 

L’ANSSI dresse le bilan des menaces cyber en 2021

L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) a publié le mercredi 9 mars son Panorama de la menace informatique 2021, alertant sur la progression de 37% des cyberattaques entre 2020 et 2021, et sur la montée en puissance de certains types de campagnes d’espionnage et de sabotage. Selon l’ANSSI, les cybercriminels se spécialisent de plus en plus dans l’élaboration d’attaques par rançongiciels et se concentrent davantage sur les cibles les plus rentables : les PME/TPE (52% contre 34% en 2020), les chaînes d’approvisionnements et les collectivités territoriales.

En outre, les campagnes d’espionnage d’origine chinoise sont de plus en plus fréquentes : 14 des 17 opérations de cyberdéfense menées par l’ANSSI en 2021 étaient liées à des opérations d’espionnage informatique, dont 9 impliquant des modes opératoires réputés chinois. A ce sujet, l’ANSSI déplore des législations étrangères facilitant l’espionnage des entreprises françaises, tels que le CLOUD Act américain ou l’utilisation obligatoire du logiciel GoldenTax en Chine. Par ailleurs, les entreprises de sécurité privée proposant des logiciels d’espionnage représentent un danger supplémentaire dans le cyberespace en rendant accessibles des logiciels sophistiqués à des acteurs non-étatiques.

Enfin, à l’approche des élections présidentielles, l’ANSSI alerte sur le risque d’opérations d’influence et de déstabilisation, à l’image de la campagne Ghostwriter présumée russe lors des derniers scrutins allemands en septembre 2021.

  • Un rançongiciel est une technique d’attaque cybercriminelle courante, qui consiste en l’envoi d’un logiciel malveillant chiffrant l’ensemble des données de la victime. Une rançon est par la suite demandée à la victime en échange du mot de passe de déchiffrement. 
  • Le Clarifying Lawful Overseas Use of Data (CLOUD) Act est une loi fédérale américaine adoptée en 2018 permettant aux agences fédérales d’accéder à tout moment aux données de communication des fournisseurs de services établis aux Etats-Unis. Les agences fédérales peuvent collecter les données personnelles d’un individu, sans que celui-ci, son pays de résidence ou le pays où les données sont stockées n’en soient informés.
  • Pékin impose à toutes les entreprises, chinoises ou étrangères, opérant sur son territoire, d’utiliser le logiciel d’imposition GoldenTax. Certaines de ses versions sont connues pour contenir des portes dérobées, permettant un accès furtif – et donc l’espionnage – aux systèmes d’information des entreprises.

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EUROPE

Sommet des dirigeants européens à Versailles

Jeudi 10 et vendredi 11 mars, les chefs d’État et de gouvernement européens se sont réunis à Versailles dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne (PFUE). La guerre en Ukraine a été au cœur de leurs discussions. Il a été décidé de doubler l’enveloppe destinée à financer la livraison de matériel militaire à l’Ukraine, la portant à un milliard d’euros. Si la demande du président ukrainien d’adhérer « sans délai » à l’UE a été rejetée, les Etats européens ont assuré qu’ils allaient resserrer leurs liens économiques et politiques avec l’Ukraine et que ce pays avait vocation à faire partie « de la famille européenne ». Les Vingt-Sept n’ont pas non plus accédé à la demande de Volodymyr Zelensky de mettre en place un embargo sur les hydrocarbures russes en raison de la réticence de certains États-membres de l’UE, très dépendants de l’énergie russe. La Commission travaille toutefois à un plan de réduction de deux tiers de la dépendance européenne au gaz russe d’ici à la fin de l’année. D’autres sanctions contre la Russie pourraient être prises en fonction de l’évolution de la guerre. 

  • Malgré les affirmations du président Zelensky, il n’existe pas de procédure accélérée pour adhérer à l’UE. Une candidature suppose un long processus qui s’étale sur des années avec des négociations méticuleuses pour s’assurer que le droit de l’État candidat est bien conforme au droit européen. Par ailleurs, une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, bien que symbolique, n’améliorerait pas la situation sur le terrain. 
  • Pour mémoire, 43% du gaz et 48,4% du pétrole importés dans l’UE viennent de Russie. L’Allemagne importe 55% de son gaz de Russie. 

La guerre en Ukraine fait évoluer les pays européens en matière de défense

L’invasion russe de l’Ukraine a provoqué d’importantes évolutions des politiques de défense des pays de l’Union européenne. D’une part, de nombreux  États européens ont décidé de livrer du matériel militaire à l’Ukraine, tel que des armes à feu, du matériel anti-char ou anti-aérien, des munitions ou encore des casques et autres équipements de protection. Ces livraisons sont financées par un fonds européen doté de 1 milliards d’euros (voir supra). D’autre part, sur le plan national, nombre d’États de l’UE se sont engagés récemment à augmenter leurs dépenses militaires. Dimanche 27 février, le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé une enveloppe de 100 milliards d’euros pour moderniser son armée. Le Premier ministre suédois a également déclaré vouloir porter son budget de la défense à 2 % du PIB. La Roumanie et la Pologne vont augmenter leurs dépenses militaires à 2,5 % et à 3 % de leurs PIB respectifs.

  • Le renforcement des capacités militaires européennes ne signifie toutefois pas mécaniquement un renforcement du projet politique d’Europe de la défense. Par exemple, l’Allemagne envisage de se doter à court terme d’avions de chasse américains F-35, décision qui affecterait le SCAF, projet d’avion commun avec la France et l’Espagne, actuellement en cours de négociations.

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AFRIQUE

Position des pays africains sur le conflit russo-ukrainien

Le mercredi 2 mars, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution condamnant le recours à la force de la Russie contre l’Ukraine. 28 pays africains ont voté en faveur de cette condamnation, 17 se sont abstenus, tandis que l’Erythrée a voté contre aux côtés de la Syrie, de la Russie, de la Biélorussie et de la Corée du Nord. Huit pays africains n’ont pas voté, dont le Maroc.

Certains pays africains n’hésitent pas à manifester leur désapprobation de l’invasion russe. Le Kenya, avant même que la Russie ne lance son attaque, avait condamné auprès de l’ONU l’envoi de  troupes russes dans les régions séparatistes de Donetsk et de Lougansk, et la reconnaissance de leur indépendance. Dans la même perspective, l’Union africaine et la CEDEAO exhortent la Russie et l’Ukraine à l’instauration d’un cessez-le-feu et à l’ouverture de négociations sous l’égide des Etats-Unis dans un communiqué datant du 25 février dernier. L’UA a cependant mis en exergue la discrimination dont font l’objet les ressortissants africains souhaitant quitter l’Ukraine. 

Parmi les pays s’étant abstenus, les positions vis-à-vis du conflit sont hétérogènes. En effet, le Mali et la Centrafrique se sont gardés de prendre position par prudence, les mercenaires du groupe Wagner gagnant de l’influence sur leurs territoires(ils seraient désormais 1 000 au Mali, 2 000 en Centrafrique). Quant au Sénégal et à l’Ouganda, ils justifient leur abstention par leur adhésion au Mouvement des Non-Alignés.

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AMERIQUE

1er discours sur l’état de l’Union du Président Biden

Mardi 1er mars, le président américain Joe Biden a tenu son premier discours sur l’état de l’Union devant le Congrès. Très attendue, son allocution a eu lieu dans un contexte agité, marqué par le conflit ukrainien, des difficultés économiques et de profondes divisions politiques au sein du pays.

Le Président Biden s’est exprimé dans un premier temps sur la situation en Ukraine et a qualifié Vladimir Poutine de « dictateur (…) plus isolé que jamais ». Saluant l’unité de l’Occident dans la posture à adopter dans cette crise, il a réaffirmé que les États-Unis « sont aux côtés du peuple ukrainien » et a notamment annoncé la fermeture de l’espace aérien américain à tous les vols russes.

Joe Biden s’est également exprimé sur des sujets de sécurité intérieure. Le Président a fait part de sa volonté de renforcer le contrôle des armes aux Etats-Unis, en contrôlant davantage le profil des acquéreurs, en prohibant la vente de certains types d’armes d’assaut et en instaurant la responsabilité pénale des fabricants. Attendu également sur la question des forces de l’ordre, Joe Biden a appelé à la généralisation de caméras de contrôle sur les agents ainsi qu’à la mise en place de meilleures formations des officiers au sein des écoles de police.

  • Malgré l’apparente union nationale qui a accompagné le discours de Joe Biden, le pays et la classe politique sont divisés et le président reste dans une position inconfortable dans les sondages. La peur d’une guerre nucléaire est très forte au sein de la population, sentiment exacerbé par certains politiques dont Donald Trump qui a récemment affirmé que les Américains « devraient avoir peur (d’une guerre nucléaire) parce que nous avons des gens incompétents à la tête de notre pays. ».
  • Proche des familles des victimes de violences policière, Joe Biden n’a pas répondu favorablement aux demandes de la part d’une frange de la gauche de couper les financements des certaines unités, et a au contraire annoncé vouloir augmenter  le budget de la police

Nouvelles sanctions américaines à l’égard de la Russie 

Après la première salve de sanctions envers la Russie prise conjointement avec l’Union européenne, le Royaume-Uni, le Japon ainsi que le Canada, les Etats-Unis ont annoncé ces derniers jours la mise en place de nouvelles mesures contre Moscou.

Initialement réticent à une telle mesure, Joe Biden a annoncé mardi 8 mars interdire toutes exportations de pétrole, de gaz et d’énergie russes vers les Etats-Unis. Vendredi dernier, le président américain, en rappelant sa ferme intention d’éviter tout conflit direct avec Moscou, a fait part de sa volonté de mettre la Russie au ban du commerce international. Les Etats Unis ont ainsi révoqué le statut de « PNTR » (Permanent normal trade relations) de la Russie, mesure pouvant induire une forte augmentation des droits de douane des produits russes importés. Cette mesure a été prise conjointement avec les membres du G7, et Joe Biden a annoncé continuer « de travailler de concert pour accroître les pressions économiques et isoler davantage la Russie sur la scène mondiale » avec les autres puissances occidentales. Les pays du G7 ont ainsi assuré que la Russie ne pourrait plus se financer auprès des institutions financières multilatérales comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Le président américain a également proscrit toutes importations de produits de la mer, de vodka et de diamants en provenance de Russie, des secteurs étant qualifiés de « secteurs phares de l’économie russe » par Washington. 

  • La première vague de sanctions prises par les pays européens et les Etats-Unis le dimanche 27 février avait entraîné la restriction de l’accès aux marchés financiers pour de nombreuses banques et entreprises russes, des sanctions personnelles à l’encontre de plusieurs hauts responsables russes, le gel de plus de la moitié des réserves de la Banque centrale russe.
  • Les échanges commerciaux entre les deux puissances restaient avant la crise ukrainienne relativement limités (les Etats-Unis ont importé l’an dernier pour 30 milliards de dollars de produits en provenance de la Russie, dont un peu plus de la moitié pour le pétrole et n’ont exporté que pour 6,4 milliards de dollars de produits vers la Russie). Les Etats-Unis sont autosuffisants en gaz et sont beaucoup moins dépendants du pétrole russe que ne le sont les puissances européennes. Ainsi, si le Royaume-Uni s’est joint au ban du pétrole russe annoncé par Washington, les pays de l’Union européenne se sont montrés réticents à adopter une telle mesure.

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ASIE

Nouveau tir de missile par la Corée du Nord

Lundi 28 février, la Korea Central News Agency de Pyongyang a déclaré avoir effectué un test pour un système de reconnaissance satellite destiné à établir les caractéristiques de fonctionnement des caméras embarquées. Dans le même temps, les chefs d’état-major interarmées de Corée du Sud ont affirmé que la Corée du Nord avait tiré un missile balistique au marge de sa côte orientale. Six jours plus tard, le 5 mars, un nouveau tir de missile a été enregistré. 

  • Il s’agit du premier lancement nord-coréen depuis le 30 janvier, date du dernier essai qui avait révélé un missile balistique à portée intermédiaire capable d’atteindre l’île de Guam, territoire stratégique pour les Etats-Unis
  • Dans une déclaration commune, 11 membres des Nations Unies ont exhorté le Conseil de sécurité à condamner ce lancement qui constitue une violation des sanctions imposées depuis le premier essai nucléaire en 2006. Les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Albanie, le Brésil, l’Irlande, la Norvège, l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la Corée du Sud ont invité la Corée du Nord à « choisir la voie de la diplomatie pour apaiser les tensions régionales et promouvoir la paix et la sécurité internationales ». La Chine et la Russie n’ont pas participé à cette annonce, conformément à leurs efforts pour alléger les sanctions.
  • L’administration Biden s’est dite ouverte à une rencontre avec la Corée du Nord « à tout moment, n’importe où » sans pour autant proposer un allègement des sanctions. Pyongyang, qui recherche cette levée des restrictions, n’a pas répondu à cette offre. Les pourparlers nucléaires entre la Corée du Nord et les États-Unis sont au point mort depuis 2019, année de l’échec du sommet entre le dirigeant Kim Jong Un et l’ancien président Donald Trump.
  • Plusieurs rapports de centres de recherche américains craignent une reprise des activités nucléaires et des lancements de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) par la Corée du Nord. Les analystes militaires redoutent un potentiel tir du Hwasong-17 surnommé le « missile monstre » au mois d’avril 2022. Ankit Panda, chercheur au Carnegie Endowment for International Peace, estime que les deux derniers tests pourraient avoir utilisé des parties du moteur-fusée de cet ICBM.

Election de Yoon Suk-Yeol comme président de la Corée du Sud

Le 9 mars 2022, le conservateur Yoon Suk-Yeol a été élu président de la Corée du Sud avec 48,56% des voix (contre 47,83% pour son opposant). Sa marge de victoire est la plus faible dans l’histoire des présidentielles du pays. Il prendra ses fonctions au mois de mai. Cet ancien procureur général, sans expérience en politique étrangère, a été un fervent défenseur de l’alliance entre Washington et Séoul. Il s’est montré favorable à une collaboration étroite avec l’administration Biden dans le but de parvenir à une région Indopacifique « libre et ouverte ».

  • Selon plusieurs analystes, la Corée du Sud pourrait s’engager plus activement auprès des pays du Quad (Etats-Unis, Australie, Inde et Japon) sur des questions relatives à la sécurité maritime, la cybersécurité, le changement climatique et la distribution du vaccin COVID-19. Une adhésion officielle reste toutefois moins probable. 
  • Vis-à-vis de la Corée du Nord, le nouveau gouvernement devrait continuer d’apporter une aide humanitaire et rechercher des opportunités de dialogue. Cependant, une période prolongée de « non-engagement » est à prévoir en raison d’une position plus ferme du nouveau président et du contexte actuel marqué par une intensification des tirs de missiles nord-coréens et par l’invasion russe de l’Ukraine.
  • Enfin, le président nouvellement élu avait fait part, durant la campagne, de sa volonté d’améliorer les relations avec le Japon. En effet, les positions de Yoon Suk-Yeol en matière de politique étrangère sont plus proches de celles de Tokyo, ce qui pourrait faciliter une coopération entre les deux pays.

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RUSSIE/NEI

Guerre en Ukraine – Bilan humain

La guerre entre la Russie et l’Ukraine se poursuit – avec, pour le moment, un bilan incertain. Si la Russie a annoncé pour la première fois, le 2 mars, un bilan de 498 militaires décédés et de 1 600 blessés, il est probable que ce chiffre soit sous-estimé. Selon Kiev, 12 000 militaires russes auraient été tués tandis que Washington estime les pertes russes à 2 000 ou 4 000 morts. De son côté, l’Ukraine a annoncé le 13 mars la mort de 1 300 de ses soldats alors que le ministère russe de la Défense fait état de 2 870 soldats ukrainiens morts depuis le début de l’invasion.

Du côté des civils, selon le décompte de l’ONU, 474 civils ont été tués et 861 blessés. L’ONU remarque toutefois que son propre bilan sous-estime probablement la réalité.

Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU, plus de 2,5 millions de réfugiés auraient fui l’Ukraine en direction de pays voisins depuis le 24 février. Il s’agit de la plus grande crise migratoire sur le sol européen depuis la Seconde Guerre mondiale. Ces réfugiés s’ajoutent aux 850 000 personnes qui avaient déjà été déplacées en Ukraine à la suite du conflit dans le Donbass. Selon l’UE, le nombre total de réfugiés pourrait atteindre 4 à 5 millions. Il s’agit principalement de femmes et d’enfants, les hommes étant interdits de quitter le pays afin de participer à la mobilisation générale. Leur destination principale est la Pologne, où 1,2 millions de personnes ont déjà trouvé refuge. 

L’armée russe a bombardé un hôpital pédiatrique à Marioupol, dans le sud de l’Ukraine, acte condamné unanimement par les capitales occidentales. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que l’hôpital était vide au moment du bombardement et servait de base au bataillon Azov, un groupe néonazi nationaliste ukrainien. Selon la mairie de la ville, le bombardement a fait trois morts, dont un enfant.

Guerre en Ukraine – État du conflit

Il semblerait que la Russie n’ait pas réussi à prendre l’Ukraine de vitesse et, à l’heure où nous écrivons cette veille, les principales villes ukrainiennes ne sont pas passées sous le contrôle russe. Un ralentissement de la progression russe est à noter. Les trois fronts se maintiennent : au nord en direction de Kiev, au sud et à l’Est. 

Sources : Agence France-Presse, The New York Times et BBC, 10 mars 2022

Sud : Au sud, l’armée russe a déclaré avoir privé l’Ukraine de son accès à la mer d’Azov en opérant une jonction entre les forces présentes en Crimée et celles du Donbass. La Russie a également déclaré avoir pris le contrôle de la ville de Kherson, au nord de la Crimée. Toutefois, la ville de Marioupol, bien qu’assiégée, est encore contrôlée par les forces loyales au gouvernement de Kiev. Selon la mairie de Marioupol, 1 300 personnes auraient déjà péri pendant le siège. La chute de la ville permettrait aux forces russes de se libérer afin de progresser vers le centre du pays, vers les villes de Zaporijjia et Dnipro. La ville d’Odessa se prépare à l’arrivée des forces russes, tandis que les premières unités russes ont commencé les combats à proximité de Mykolaev.

Nord : La capitale ukrainienne, Kiev, est encerclée par les forces russes. Toutefois, le gouvernement ukrainien conserve pour le moment le contrôle de la ville de Tchernihiv, au nord de Kiev, ce qui ralentit la progression de l’armée russe. 

Est : La ville de Kharkiv est toujours assiégée par l’armée russe qui n’a pour le moment pas donné l’assaut. Le centre-ville est toutefois la cible de bombardements constants. 600 000 personnes ont quitté la deuxième ville du pays, qui comptait 1 400 000 habitants avant la guerre.

Ouest : L’ouest du pays reste pour le moment préservé des combats directs. La Russie a toutefois procédé à des tirs de missiles sur des infrastructures militaires aériennes à Lutsk et Ivano-Frankivsk, conduisant à la mort de quatre soldats ukrainiens.

A lire : les analyses du conflit jour par jour de Michel Goya : https://lavoiedelepee.blogspot.com

Guerre en Ukraine – Négociations

Le 10 mars, Sergueï Lavrov et Dmitry Kuleba, les ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères, se sont rencontrés dans la ville turque d’Antalya au format 1+1. Dans une ambiance tendue, Sergueï Lavrov a déclaré que Vladimir Poutine n’était pas opposé à rencontrer son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. À la question « la Russie s’apprête-t-elle à envahir d’autres pays ? », le ministre russe des Affaires étrangères affirme que la Russie n’avait pas lancé d’offensive en Ukraine ; déclaration pour le moins sujette à débats. 

En parallèle des négociations, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a adopté une rhétorique moins belliqueuse en déclarant qu’elle notait des « progrès » dans les négociations et qu’il serait préférable « d’obtenir des avancées au moyen de négociations pacifiques ». Elle a précisé que les objectifs de Moscou « n’incluent ni l’occupation de l’Ukraine, ni la destruction de son État, ni le renversement du gouvernement actuel ».

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AFRIQUE DU NORD/MOYENT-ORIENT

Suspension des négociations sur le nucléaire iranien

Vendredi 11 mars, le représentant de l’UE pour la politique étrangère, Josep Borell, a annoncé qu’une pause dans les négociations sur le nucléaire iranien était « nécessaire en raison de facteurs externes ». Alors que les diplomates semblaient espérer finaliser un accord en fin de semaine, de récentes tensions mettent ce texte en danger. Côté occidental, la Russie est accusée d’avoir ajouté des demandes impossibles à satisfaire, comme la garantie que tout commerce entre la Russie et l’Iran soit exempté de sanctions européennes et américaines. D’un autre côté, les Etats-Unis ont récemment intercepté deux pétroliers iraniens pour irrespect des sanctions. Les Etats-Unis ont aussi refusé de changer la désignation des Corps des Gardiens de la Révolution Islamique (Pasdaran), qualifié de « groupe terroriste » mais de « héros national » en Iran. Il existe d’autres points de contentieux, comme la liste des individus et entreprises concernés par des sanctions américaines, ou encore les “possibles dimensions militaires” du programme iranien qui continuent d’inquiéter l’AIEA (Agence Internationale d’Energie Atomique). 

  • A Vienne, depuis le 29 novembre, les négociateurs occidentaux tentent de faire revivre l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 (JCPoA). Bien que les Etats-Unis se soient retirés de l’accord en 2018, une délégation américaine est présente à Vienne et participe de manière indirecte aux discussions. Coordonnées par l’Union européenne, les négociations réunissent les autres pays signataires du JCPoA, c’est-à-dire l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, la Russie et la Chine.
  • Téhéran est soupçonné de poursuivre son programme nucléaire militaire. En violation de l’accord de 2015, l’Iran continue d’enrichir de l’uranium à plus de 60% tout en bloquant les contrôles des inspecteurs de l’AIEA.
  • L’invasion russe de l’Ukraine a poussé les pays européens et les Etats-Unis à mettre en place des sanctions économiques contre la Russie. En conséquence, les prix de l’énergie fossile se sont envolés. Or, l’Iran pourrait bénéficier de la remontée des prix du pétrole uniquement si un accord est signé et si les sanctions américaines sont levées. La Russie, au contraire, s’inquiète d’une possible arrivée de pétrole iranien, qui ferait baisser les prix.
  • Les négociations piétinent aussi en raison de l’escalade de tensions avec les Etats-Unis. Dimanche 13 mars au matin, une douzaine de missiles balistiques ont été envoyés sur la ville d’Erbil, capitale de la région autonome kurde au nord de l’Irak. Les Etats-Unis ont accusé l’Iran d’avoir tiré les missiles, certains ayant atterris près du consulat américain, sans faire de victimes. Les Pasdaran ont reconnu être à l’origine des attaques. 

Cette veille a été rédigée par Pauline, Théo, Rhéa, Maëlle, Corentin, Baptiste, Camille et Rose.

Comité de rédaction

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