Apolline* est diplômée du master d’affaires publiques dans la spécialité sécurité et défense au cours duquel elle a occupé un poste d’apprentie analyste sécurité au sein de la Direction de la Sécurité et de l’Intelligence Economique d’EDF. Elle revient dans ce témoignage sur ses différentes expériences dans le secteur privé, sur son parcours, sur ses fonctions actuelles et ce qui l’a poussée à se diriger vers le secteur public.
Peux-tu revenir sur ton parcours au sein de Sciences Po ?
J’ai eu un parcours pour le moins varié. Après un baccalauréat scientifique, je m’oriente vers le double diplôme entre Sciences Po et la Sorbonne avec pour ambition de faire de l’analyse géopolitique à terme. J’y étudie l’histoire pendant mes deux premières années de bachelor, le rythme de travail me convenait et j’ai beaucoup aimé cette ouverture d’esprit en dehors de Sciences Po. Afin de clôturer mon bachelor je décide de faire ma 3A aux Etats Unis, proche de Washington. C’est à l’issue de cette expérience à l’international que je multiplie mes expériences professionnelles. Tout commence par un stage optionnel de deux mois dans le secteur de l’intelligence économique au sein d’un petit cabinet de conseil, expérience que je souhaite poursuivre lors d’une année de césure. C’est donc après une année au sein du Master d’Affaires Publiques dans la spécialité sécurité et défense que je me décide à prendre une année de césure pour approfondir ce stage et je deviens ainsi analyste junior au sein d’Amarante International, puis analyste junior au sein de la Direction de l’Intelligence économique au sein d’EDF. Après cette année de césure riche en rencontres j’ai décidé de rempiler au sein d’EDF pour y effectuer un apprentissage, cette fois en tant qu’analyste au Pôle Sécurité des déplacements internationaux.
Tu as eu de nombreuses expériences dans le domaine de la sûreté à l’international, quelle a été ta motivation initiale ? Faut-il une expertise géopolitique – régionale ou thématique – pour travailler dans ce milieu ?
En tout franchise, c’est un peu par hasard que je me suis retrouvée dans le milieu international et plus spécialement de celui de l’intelligence économique. Ce sont des opportunités qui se sont présentées à moi car je ne connaissais pas ce milieu mais grâce au stage optionnel au retour de ma 3A, j’ai pu découvrir ces sujets que j’ai approfondis depuis.
Pour faire simple, l’intelligence économique c’est de l’investigation au profit des entreprises, de la recherche pour s’assurer de la fiabilité et de la conformité de ces dernières. Cette activité m’a permis de développer mes compétences de recherches dans des bases de données et dans des sources ouvertes et m’a donc apporté des compétences valorisées dans tout secteur professionnel.
Concernant mon appétence pour la sûreté à l’international, que j’ai vraiment développé grâce à mon apprentissage au sein du Pôle Sécurité des déplacements à l’international chez EDF, elle a toujours été présente durant ma scolarité à Sciences Po. Pour moi, travailler sur un sujet en lien avec l’actualité est très gratifiant d’un point de vue personnel mais également professionnel, je vois les répercussions des changements d’actualité sur mon travail et j’agis en temps réel. C’est un métier réellement gratifiant car il est très concret et connecté au présent. Et il m’a permis de continuer à apprendre à travers le recours à différentes bases de données et des activités de veille qui permettent d’approfondir et de maîtriser davantage les sujets. Je suis par exemple arrivée avec des connaissances sur une région “fétiche”, qui est le Moyen-Orient, et j’ai ainsi eu différents cours thématiques et j’ai appris l’arabe. Pourtant, je me suis retrouvée à me spécialiser sur une tout autre région en raison de mes différentes expériences. Il ne faut donc pas de région prédéfinie ou d’une expertise poussée mais il faut une appétence pour l’actualité, les conflits et les dynamiques. Il faut être intéressé, c’est une question de volonté davantage qu’une question de savoirs. On continue toujours d’apprendre, rien n’est inné !
Ton parcours à Sciences Po a-t-il été déterminant dans ton choix de stage et d’apprentissage ? Est-ce qu’un master en affaires publiques ouvre les mêmes portes que le master PSIA dans les entreprises de sécurité et de défense ?
C’était pour moi une grande question au moment du choix des masters. J’ai fortement hésité entre PSIA spécialité International Security et Affaires Publiques spécialité sécurité et défense. La maquette pédagogique de PSIA m’intéressait davantage car elle se focalisait sur des thématiques régionales qui me tenaient à cœur, quand le master d’Affaires Publiques semblait un peu généraliste. J’ai tout de même choisi ce dernier car j’avais pour optique de passer les concours administratifs, et tout particulièrement le quai d’Orsay. C’est grâce à mes différentes expériences en stage et en apprentissage que j’ai pu réaliser qu’il était possible de faire de l’analyse géopolitique dans le privé et pas uniquement dans le public. De plus, le concours offrait, et offre toujours, peu de place et c’était le seul qui m’intéressait réellement. Donc pour répondre à la question, on peut tout à fait choisir un master d’affaires publiques et s’ouvrir à l’international, encore une fois ce sont les expériences qui vous guideront au fur et à mesure de votre parcours.
Tu étais analyste pôle sécurité des déplacements internationaux au sein d’EDF en contrat d’apprentissage, peux-tu revenir sur quelques-unes de tes missions ?
Tout à fait. Je viens à peine de terminer ce riche apprentissage au sein d’EDF. Mes missions étaient variées ; j’avais en charge la réalisation d’avis de sécurité sur les déplacements des employés d’EDF à l’étranger, ou pour la gestion des expatriés et des humanitaires de la Fondation EDF. J’avais également pour mission la réalisation de fiches pays pour les chefs de projet afin de détailler la situation sécuritaire pour mesurer le risque des projets dans les pays d’intérêt du groupe. Mes missions incluaient un travail important de veille de l’actualité pour alerter au plus tôt les employés en déplacement. J’étais également chargée de la sensibilisation sur la conduite à tenir sur les risques d’un voyage ; j’ai par exemple pu me déplacer à différentes reprises en France pour sensibiliser différents acteurs d’EDF.
Tu as réalisé une année d’apprentissage à l’issue d’une année de césure. L’apprentissage ouvre-t-il des perspectives différentes de celles offertes lors de stages ?
Je recommande fortement l’apprentissage. Après une année de césure, il était difficile de revenir à un rythme purement scolaire, l’apprentissage offrait un entre-deux intéressant pour à la fois poursuivre ma scolarité et continuer à me former professionnellement. Ce cumul d’expériences m’offre un atout indéniable comparé à certains camarades de promotion qui n’ont eu qu’un stage de fin d’études. Je peux dire que je connais le monde professionnel depuis deux ans et cela me permet d’approfondir les domaines qui me plaisent pour orienter mon choix professionnel. Je recommande donc vivement la formule « césure + apprentissage » ! L’apprenti reste plus longtemps en entreprise, donc il y a encore plus de responsabilités qu’à la fin de stage et il acquiert un rôle à part entière dans son équipe et son entreprise.
Après ces différentes expériences dans le secteur privé, tu te diriges vers le public. S’agit-il d’une continuité ou d’une rupture pour toi ?
Après ces différentes expériences dans le privé, je me dirige en effet vers des fonctions de contractuel dans le public. Je veux être sûre, avant d’éventuellement tenter les concours, que les missions offertes par le public me conviennent. Pour l’instant, je me dirige donc vers le public, avec toujours l’international en ligne de mire. Je recherche avant tout un métier qui me permet de voir concrètement l’impact de mes actions et qui étanche mon appétence pour le service public.
*prénom modifié à la demande de l’intéressée
Propos recueillis le 11/09/2022 par Margaux Leyral