Veille stratégique – Décembre 2023 1/2

FRANCE 

La France renforce ses positions dans le Pacifique Sud

Du 4 au 6 décembre, s’est tenu à Nouméa le SPDMM (South Pacific Defence Ministers’ Meeting), lors duquel les Etats du Pacifique Sud ont convenu d’une plus grande coopération militaire, notamment en matière de formation. A cet effet, la France a présenté son projet d’Académie du Pacifique, qui fera de la Nouvelle-Calédonie un lieu de formation pour les armées de la région. La France a également profité de cette conférence pour nouer un accord de coopération défensive avec la République des Fidjis. En parallèle, la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, signait à Canberra une feuille de route favorisant entre autres l’accès réciproque aux installations de défense françaises et australiennes, une meilleure interopérabilité ainsi qu’une coopération plus profonde en matière de spatial et de renseignement.

  • La France doit composer avec la hausse générale des tensions géopolitiques, qui pourraient compliquer son accès à certains espaces maritimes du globe. Ainsi, multiplier les partenariats, ici dans le Pacifique, permet de garantir le maintien de ses capacités d’accès et de projection.
  • Le Pacifique Sud est le théâtre de tensions croissantes, alors que la Chine ne dissimule pas sa volonté d’acquérir de l’influence dans la région, en témoigne son accord de sécurité signé avec les Îles Salomon en 2022. La République des Fidjis a décliné une proposition similaire, soulignant sa volonté de coopérer avec des “amis traditionnels”, comme la France.
  • Le réchauffement de la coopération franco-australienne intervient deux ans après la création de l’alliance tripartite AUKUS (Etats-Unis, Royaume-Uni et Australie) et l’annulation de la commande de 12 sous-marins à Naval Group par l’Australie, ce que l’Elysée avait perçu comme une trahison. La reprise d’une coopération défensive importante est donc un signal fort.

Elisabeth Borne se rend à Mayotte, au coeur d’une crise sécuritaire

Le 8 décembre, la première ministre, accompagnée par le ministre délégué aux outre-mers (Philippe Vigier) et par le ministre de la santé (Aurélien Rousseau), s’est rendue à Mayotte, alors que l’archipel souffre d’une situation sécuritaire préoccupante. Outre les risques sanitaires engendrés par une importante pénurie d’eau potable, Mayotte fait face à un regain de tensions. Des affrontements éclatent quotidiennement, tant entre jeunes Mahorais appartenant à des bandes rivales, que contre les forces de l’ordre. La population civile est souvent victime de ces violences : des dizaines de bus scolaires ont par exemple été ciblés par des jets de pierres en novembre.

  • Entre avril et octobre 2023, le Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait lancé l’opération Wuambushu, pour lutter contre l’insécurité et les habitations illégales à Mayotte. Celle-ci aurait permis un apaisement, mais aucun chiffre n’a été publié officiellement. La présente situation et l’envoi d’un sixième escadron de gendarmes mobiles à Mayotte, fin novembre, illustrent la nécessité de trouver de nouvelles solutions pour le département.
  • La démographie de Mayotte est également un facteur propice aux tensions : plus de la moitié des habitants sont mineurs et la population croît rapidement, notamment du fait de l’immigration comorienne. Des clans se forment parmi ces jeunes, tels que les “Terroristes” et les “Watoro”, qui s’affrontent ouvertement pour des raisons parfois futiles, mais nourrissant des mécanismes de vengeance.

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EUROPE

La Grèce et la Turquie actent le réchauffement de leurs relations

Le 7 décembre 2023, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, ont signé à Athènes une « déclaration d’amitié et de relations de bon voisinage ». Un accord a été trouvé sur seize points de coopération, parmi lesquels la gestion des flux migratoires et le commerce. Le dirigeant turc est par ailleurs revenu pour la première fois sur le sol grec depuis sept ans.

  • Ce réchauffement gréco-turc contraste avec les relations qu’Athènes et Ankara entretenaient il y a encore quelques mois. Recep Tayyip Erdogan accusait à l’époque son homologue grec d’avoir influencé le Congrès américain pour que ce dernier bloque la vente d’avions de chasse américains F-16 à la Turquie. Le président turc avait également dénoncé la militarisation des îles grecs et avait menacé Athènes, de manière à peine voilée, d’invasion.
  • Les relations entre les deux pays ont été au plus bas ces dernières années du fait d’un contentieux sur le tracé des zones économiques exclusives respectives en mer Égée, riche en gisements gaziers. Pour marquer ses velléités, la Turquie n’a pas hésité pas à violer de nombreuses fois l’espace aérien grec.
  • Afin de répondre aux provocations turques, la Grèce avait conclu en 2021 un partenariat stratégique avec la France, comprenant une clause de défense mutuelle et la vente de 18 avions de chasse Rafale (Dassault Aviation) et de trois Frégates de Défense et d’Intervention (FDI – Naval Group). En 2022, la Grèce a par ailleurs commandé six Rafale supplémentaires.

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AMÉRIQUES

Tensions croissantes entre le Venezuela et le Guyana après la tenue d’un référendum

Le 3 décembre, Caracas a organisé un référendum consultatif sur l’Essequibo, une région administrée par le Guyana qui fait l’objet d’un contentieux territorial depuis la période coloniale. Si l’opposition a mis en avant le taux élevé d’abstention, les autorités ont annoncé que 95% des participants avaient voté en faveur de la création d’un nouvel Etat vénézuélien, le « Guyana Esequiba », et sur le refus de reconnaître la compétence de la Cour internationale de justice (CIJ) qui s’était prononcée sur le cas quelques jours auparavant. Considérant qu’il s’agit d’une victoire écrasante, le président vénézuélien Nicolas Maduro a ainsi appelé à promulguer une loi afin de créer la nouvelle province et à octroyer des licences pour exploiter les ressources pétrolières.

  • Alors que le Venezuela considère que le fleuve Essequibo constitue la frontière naturelle comme à l’époque de l’empire espagnol, le Guyana estime que la région lui revient en vertu de la décision d’une cour d’arbitrage en 1899 lors de la période de colonisation britannique. Cependant peu avant l’indépendance du Guyana en 1966, le Royaume-Uni et le Venezuela ont conclu un accord visant à solutionner le litige territorial, qui demeure aujourd’hui non résolu pour Caracas.
  • Les revendications du Venezuela sont notamment dues à des facteurs économiques. Alors que l’entreprise américaine ExxonMobil a découvert d’importantes réserves de pétrole dans la région en 2015, les réserves du Guyana excèdent aujourd’hui celles du Koweït. Il s’agit par ailleurs d’un enjeu de politique intérieure à l’approche des élections présidentielles en 2024.
  • Plusieurs observateurs considèrent que le risque d’annexion et d’un conflit armé est peu probable. Outre le fait que le référendum soit seulement consultatif, le Venezuela est isolé au sein de la communauté internationale. Si les capacités de l’armée guyanaise sont limitées, les Etats-Unis et le Brésil ont rapidement annoncé que Georgetown pouvait compter sur leur soutien.

L’aide américaine à Kiev mise en péril faute d’accord budgétaire avec l’opposition républicaine

Alors que l’aide américaine à Kiev pourrait être coupée prochainement, les sénateurs républicains ont rejeté, le 6 décembre, une nouvelle enveloppe de 106 milliards de dollars destinée à l’Ukraine et à Israël. Afin d’assurer la continuité des financements, la Maison Blanche a ainsi annoncé une aide militaire de 175 millions de dollars ponctionnés sur les réserves de l’exécutif.

  • De nombreux observateurs considèrent qu’une fin de l’aide américaine conduirait à une défaite ukrainienne. Afin de mobiliser les membres du Congrès la veille du vote, le président des Etats-Unis a ainsi employé une rhétorique solennelle tout en évoquant la possibilité d’une invasion russe dans un des pays membres de l’OTAN, une situation qui impliquerait l’engagement des troupes américaines.
  • Pour autant, les républicains continuent de conditionner leur soutien à un durcissement drastique de la politique migratoire. Confronté à l’opposition qui argue que la sécurité nationale démarre à leurs propres frontières, Joe Biden a par conséquent assuré qu’il serait prêt à faire des « compromis importants ».
  • A l’heure où le soutien occidental semble s’essouffler, Kiev a annoncé le 7 décembre un accord de coopération avec Washington dont l’objectif est de renforcer l’industrie de défense ukrainienne en facilitant la production d’armement.

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RUSSIE/NEI

Au Kremlin le sommet Raïssi-Poutine renforce l’axe politico-économique entre Moscou et Téhéran

Le 7 décembre, le président iranien, Ebrahim Raïssi, s’est rendu à Moscou pour un sommet bilatéral avec son homologue russe, Vladimir Poutine. Le définissant comme un “nouveau chapitre” dans les relations entre les deux pivots géopolitiques, qui n’auraient jamais été si bonnes, ce dernier a annoncé avec orgueil “des grands projets d’infrastructure” communes. Au cœur de cet échange, le renforcement du dialogue sur les multiples tensions régionales et notamment autour de la coopération russo-iranienne en matière éducative, énergétique et économique. A ce sujet, le maître du Kremlin a également anticipé la probable signature, au cours du mois de décembre, d’un accord de libre échange entre l’Iran et l’Union économique eurasiatique sous l’égide russe. La réponse militaire israélienne à l’offensive du Hamas du 7 octobre dernier, qualifié par Raïssi de “genocide” et de “crime contre l’humanité” a naturellement représenté l’autre dossier majeur des pourparlers entre les deux chefs d’Etat, aux tons manifestement hostiles à un ordre mondial à traction, voire domination, occidentale.

  • Cette visite fait suite à celles à Téhéran de Poutine, en juillet 2022, et de Lavrov, chef de la diplomatie russe, en octobre dernier. Ce rapprochement stratégique s’inscrit dans leur volonté de construire un axe alternatif à celui dominé par Washington, tout du moins au Moyen-Orient
  • D’après les responsables européens et américains, cette entente comprend également la fourniture iranienne de grandes quantités d’armements, dont notamment des drones explosifs Shahed, à Moscou, qui les emploie sur le sol ukraininen.
  • Les deux régimes connaissent également depuis quelques années un durcissement de leur caractère autoritaire. Le lendemain du sommet avec Raïssi, la candidature de Vladimir Poutine aux élections présidentielles du 17 mars 2024 a été officialisée lors d’une cérémonie d’attribution de l’Etoile d’or du héros de la Russie, la plus haute distinction militaire de la Fédération à des soldats ayant combattu en Ukraine.

La diplomatie britannique accuse publiquement les services de renseignement russes de cyberinterférence

Jeudi 7 décembre, le secrétaire d’Etat aux Affaires Étrangères britannique et ancien premier ministre, David Cameron, a accusé publiquement, à travers un communiqué du Ministère des Affaires Étrangères et du Commonwealth, le FSB, le réseau de renseignement de la fédération russe, de “tentatives échouées” de cyberinterférence dans la politique britannique. Le Ministère a affirmé avoir sanctionné deux hommes impliqués dans ces opérations, Ruslan Aleksandrovich Peretyatko, agent du FSB, et Andreï Stanislavovich Korinets, dont uniquement certains auraient cependant abouti sur une fuite de document. La diplomatie d’Outre-Manche a également convoqué l’ambassadeur russe à Londres, Andreï Kelin, afin d’exprimer sa profonde préoccupation vis-a-vis d’interférences visant les processus démocratiques du pays, considérées inacceptables.

  • En parallèle, dans son intervention auprès de la Chambre des communes, le Sous-Secrétaire du même bureau, Leo Docherty, a alerté les parlementaires sur la cyber menace “réelle et sérieuse” représentée par les opérations du FSB pour l’activité politique et la santé de la démocratie britannique.
  • Depuis plusieurs années, les soupçons à l’égard de l’implication russe dans la politique britannique planent sur les relations entre les deux Etats, en particulier au sujet du clivant référendum pour le Brexit de 2016. Le parti conservateur a été pendant longtemps accusé à ce sujet d’inaction.
  • En janvier dernier, les responsables de la cybersécurité britannique avaient alerté sur une intensification des attaques iraniennes et russes visant des membres du gouvernement, des journalistes et des membres d’ONG.
  • Le Ministère des Affaires Étrangères britannique visent en particulier les techniques d’hameçonnage ciblé employé de 2015 à 2023, dont plusieurs ayant abouti sur la divulgation de documents secrets par le Centre 18, une unité au sein du FSB, à laquelle serait rattaché l’un des fonctionnaires sanctionnés par le RU.
  • Les accusations portées par la diplomatie britannique contre les deux nationaux russes, également recherchés par le FBI, rejoignent celles, rendues publiques le même jour, des procureurs fédéraux étatsuniens, qui les considèrent responsables du hacking de réseaux numériques britanniques, américains et de l’OTAN.

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AFRIQUE

Les forces de la Communauté d’Afrique de l’Est quittent la République démocratique du Congo

Le 3 décembre, 300 soldats de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC en anglais) se sont retirés de la province du Nord-Kivu, située à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Ils ont été suivis, le 8 décembre, par 250 militaires du Sud-Soudan. Ces départs ont été effectués dans la discrétion, en l’absence de tout représentant de Kinshasa. Ils mettent fin à une opération qui avait débuté en novembre 2022, sous l’initiative du Kenya rapidement rejoint par les autres pays membres de l’EAC. Arrivé à son terme, le mandat de cette dernière n’a pas été renouvelé. L’organisation régionale a dès lors annoncé le transfert de ses responsabilités à la Communauté de développement d’Afrique australe, qui s’est elle-même engagée le 4 novembre à envoyer des troupes en RDC.

  • Ce retrait constitue l’aboutissement d’un accroissement de la défiance entre les généraux dirigeant les forces de l’EAC et le gouvernement de Kinshasa. Les premiers, en effet, privilégiaient un processus politique de sortie de crise, tandis que le second a fait de l’offensive contre les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) une priorité. L’animosité à l’encontre des forces est-africaines avait fini par atteindre les populations locales, critiquant l’inaction voire la complicité supposée de l’organisation régionale avec les milices armées.
  • Le retrait des troupes de l’EAC se place dans un contexte de dégradation forte de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC. Les rebelles, en effet, gagnent aujourd’hui du terrain dans la région, entraînant la fuite de populations entières et aggravant la catastrophe humanitaire en cours.
  • Pour rétablir l’ordre, Kinshasa semble privilégier les accords bilatéraux signés avec l’Ouganda et le Burundi. Ainsi, les forces du premier sont déployées en RDC depuis 2021 dans le cadre de l’opération « Shujaa ». Les troupes du second, quant à elles, sont secrètement présentes dans le Nord-Kivu, leur mandat ne concernant officiellement que la province voisine du Sud.

Le Niger fait le choix de la Russie, au détriment de l’Europe

Le 4 décembre, Abdourahamane Tiani, chef de la junte militaire ayant pris le pouvoir au Niger, a accueilli solennellement le vice-ministre russe de la défense, le colonel général Iounous-bek Evkourov La visite a été l’occasion d’annoncer un approfondissement de la coopération militaire entre les deux pays, qui auraient par ailleurs signé un protocole classé secret-défense. Parallèlement, Bamako a fait le choix de dénoncer les deux accords régissant l’aide sécuritaire de l’Europe. Il s’agissait d’abord de l’Eucap Sahel, une opération civile mise sur pied en 2012 afin d’épauler les forces nigériennes aux frontières ; ensuite de l’EUMPM, une mission militaire visant depuis 2022 à lutter contre le terrorisme.

  • La Russie apparaît aujourd’hui comme le partenaire privilégié de la junte militaire. En effet, son soutien, qui passe notamment par la livraison d’armes et l’intervention au Niger du groupe Wagner, présente l’avantage de ne s’accompagner d’aucune contrepartie en matière de respect des droits de l’homme.
  • Dans ce contexte, les 1100 soldats américains présents dans le pays se font discrets, alors que la nomination d’une nouvelle ambassadrice des États-Unis à Bamako devrait être bientôt officialisée par la junte.
  • En se tournant vers Moscou, le Niger se place dans les pas du Mali et du Burkina Faso. Les trois pays, par ailleurs, ont entamé un renforcement de leur coopération. Ils ont ainsi choisi de quitter le G5 Sahel, perçu comme un relais de l’influence française, au profit de l’Alliance des États du Sahel (AES). En outre, lors d’un sommet à Bamako organisé entre le 30 novembre et le 1er décembre, les représentants des gouvernements concernés ont indiqué leur volonté de former à terme une fédération.

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ASIE

Aucun engagement clair de Xi Jinping au terme du sommet Chine-Union Européenne

Jeudi 7 décembre a eu lieu à Pékin le sommet Chine-Union Européenne, réunissant le président chinois Xi Jinping, le premier ministre Li Qiang, le président du Conseil européen Charles Michel et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Si les représentants chinois ont déclaré ne pas vouloir “réduire [la] coopération” ni “s’engager dans une confrontation”, Pékin s’est refusé à toute prise d’engagement concret concernant le conflit russo-ukranien ou l’équilibre dans les relations commerciales sino-européennes.

  • S’agissant de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, Xi Jinping a fait savoir qu’il se refusait à prendre parti en faveur des intérêts européens auprès de Vladimir Poutine. Wang Lutong, directeur de l’Europe au ministère des Affaires étrangères chinois a ainsi affirmé que la Russie était “un pays souverain et indépendant”, dirigé par un président “[prenant] ses décisions en fonction de son propre intérêt et de sa sécurité nationale”.
  • En réponse, les dirigeants européens ont transmis vendredi 8 décembre à la République Populaire une liste d’entreprises chinoises suspectées de contourner les sanctions occidentales contre Moscou, avec en filigrane la menace de les ajouter à la liste des sociétés directement sanctionnées.
  • Sur l’autre sujet stratégique pour les Européens que représente le déséquilibre des relations commerciales avec la Chine, Xi Jinping a déclaré reconnaître que “le commerce devait être équilibré”. Mais au-delà de cette déclaration de principe, Wang Lutong a là encore affirmé que “la Chine ne [pouvait] être tenue responsable” du déficit commercial européen, sous-entendant qu’il n’était pas acceptable d’envisager de pénaliser les entreprises chinoises pour équilibrer les relations.

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AFRIQUE DU NORD/MO

Les rebelles Houthis intensifient leurs opérations en mer Rouge en réplique à l’opération israélienne à Gaza

Le 4 décembre 2023, des missiles balistiques tirés par les rebelles houthis ont frappé trois navires commerciaux dimanche en mer Rouge, tandis qu’un navire de guerre américain a abattu trois drones au cours de l’assaut qui a duré plusieurs heures, selon l’armée américaine. Dans la nuit du 9 au 10 décembre 2023, la frégate française Languedoc a abattu deux drones “qui se dirigeaient droit vers elle”, selon le Ministère des Armées.

  • La rébellion Houthi s’est structurée en un groupe armé, financé et soutenu par l’Iran et sont engagés depuis 2014 dans une guerre civile les opposant aux forces gouvernementales yéménites. Le groupe qui contrôle le nord du Yémen, est considéré par de nombreux spécialistes comme un des proxis iraniens au Moyen-Orient, activés par Téhéran en réplique à l’attaque israélienne sur Gaza. La rébellion a menacé d’attaquer tout navire dans la mer Rouge se dirigeant vers Israël “jusqu’à l’arrêt de l’agression israélienne contre Gaza”.
  • Le 4 décembre, à 9h15 (heure locale) l’USS Carney, un destroyer de la marine américaine, a détecté un missile balistique tiré depuis les zones du Yémen contrôlées par les Houthis et visant le vraquier Unity Explorer, battant pavillon des Bahamas. Peu après, le destroyer a abattu un drone qui se dirigeait vers lui, sans qu’il y ait eu confirmation qu’il ait été une cible. Environ 30 minutes plus tard, l’Unity Explorer a été touché par un missile. Alors qu’il répondait à son appel de détresse, le Carney a abattu un autre drone en approche. Le commandement central a indiqué que l’Unity Explorer avait été légèrement endommagé par le missile. Deux autres navires commerciaux, les vraquiers Number 9 et Sophie II, battant pavillon panaméen, ont tous deux été touchés par des missiles, sans toutefois faire de victimes.
  • Selon un communiqué de l’état-major français, la frégate multimission Languedoc à opérer à “l’interception et la destruction de deux menaces caractérisées”, à 21h30 (heure locale) à 110 km des côte yéménites, au niveau du port de Hodeida, contrôlé par les milices Houthis. C’est la première fois qu’un bâtiment militaire français est ciblé par les Houthis depuis le début de l’opération militaire israélienne.

L’armée israélienne intensifie son assaut sur Gaza et cible le Sud de la bande

Engagée depuis le 27 octobre dans une offensive terrestre dans le nord du territoire palestinien, l’armée israélienne a affirmé étendre désormais ses opérations au sol contre le Hamas “dans l’ensemble de la bande de Gaza”. Le 7 décembre 2023, l’armée israélienne a, ainsi, entamé une invasion terrestre de la ville de Khan Younès, située dans le sud de Gaza, parallèlement à la poursuite de ses opérations dans le nord de l’enclave palestinienne.

  • La veille, mercredi 6 décembre, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, affirmait que ses soldats approchaient, à Khan Younès, d’une maison appartenant à Yahya Sinouar, le chef du Hamas dans l’enclave. Tsahal n’a néanmoins pas pu mettre la main sur Sinouar.
  • L’armée israélienne a depuis déclaré que ses forces se trouvaient “au cœur” de Khan Younis, qui est devenu la première cible de l’offensive terrestre élargie dans le sud de la bande de Gaza qui, selon Israël, vise à détruire le Hamas. Les responsables militaires israéliens ont déclaré qu’ils étaient engagés dans la “journée la plus intense” de batailles depuis le début de l’offensive terrestre il y a plus de cinq semaines, et que des échanges de tirs nourris avaient également lieu dans le nord de la bande de Gaza.
  • L’infanterie et les blindés de la 98 ème division ont pénétré les quartiers orientaux et jusqu’au centre de Khan Younès. Ils n’avancent qu’après des bombardements intenses, en dépit du nombre de civils palestiniens qui demeurent dans ces quartiers. Dans l’incapacité de contrer cette offensive, les forces armées du Hamas mènent des opérations dissymétriques visant à embusquer des snipers et des unités légères munis de missiles antichars.
  • Les bombardements se sont intensifiés dans tout le territoire, y compris dans les zones où les Palestiniens sont invités à se mettre à l’abri. Dans la ville de Deir al-Balah, au centre de Gaza, juste au nord de Khan Younis, une frappe a détruit mardi une maison où s’abritaient des dizaines de personnes déplacées. Au moins 34 personnes ont été tuées, dont au moins six enfants, selon un journaliste de l’Associated Press qui a compté les corps à l’hôpital.
  • L’assaut d’Israël a tué plus de 16 200 personnes à Gaza – dont 70 % de femmes et d’enfants – et fait plus de 42 000 blessés, selon le ministère de la santé de Gaza, qui a publié de nouveaux chiffres mardi 5 décembre.

E. B.

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