FRANCE
Une nouvelle étape de franchie dans le programme de char du futur
Vendredi 26 avril, le ministre des Armées français et son homologue allemand ont signé l’accord d’engagement de la phase 1A du programme du Main Ground Combat System (MGCS), aussi appelé char du futur. Cette nouvelle étape dévoile la répartition industrielle entre la France et l’Allemagne en huit piliers technologiques.
- Projet lancé en 2017 en même temps que celui de l’avion de combat du futur, le SCAF, le MGCS est un programme d’armement franco-allemand. Il remplacera les chars Leopard 2 allemands et les chars Leclerc français, en intégrant les dernières avancées technologiques.
- La phase 1A du projet est divisée en 8 piliers : plateforme, feu principal, feux innovants, systèmes embarqués, simulations, capteurs et senseurs, protection globale et infrastructure. Ces derniers sont répartis de manière strictement égale entre Paris et Berlin.
Sophie Adenot devient officiellement astronaute
Le 22 avril 2024, la colonel Sophie Adenot a reçu son diplôme d’astronaute après plus d’un an d’entraînement en Allemagne. Sophie Adenot avait été sélectionnée par l’Agence spatiale européenne (ESA) en 2022 parmi plus de 22 000 candidats.
- Née en Bourgogne en 1982, Sophie Adenot tient sa passion pour l’aéronautique et le spatial de son grand-père, mécanicien dans l’armée de l’Air. Après avoir réalisé des études d’ingénierie à l’ISAE-SUPAERO à Toulouse, Sophie Adenot a étudié au Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston. Si Sophie Adenot a commencé sa carrière chez Airbus Helicopters, elle a intégré en 2005 l’armée de l’Air et de l’Espace où elle obtient sa licence de pilote d’hélicoptère. 14 ans plus tard, elle devient la première femme pilote d’essai sur hélicoptère en France. Elle devient aujourd’hui la deuxième femme astronaute française.
- Après un an de formation composé à la fois de cours théoriques et pratiques, Sophie Adenot est désormais prête pour son futur vol à bord de la Station spatiale internationale qui devrait intervenir entre 2026 et 2030. L’annonce du retard du début des missions Artemis par la Nasa pourrait cependant permettre à cette jeune astronaute d’espérer partir sur la Lune, « son grand rêve ».
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EUROPE
Berlin et Prague accusent Moscou d’être à l’origine de cyberattaques en 2023
A l’issue d’une enquête commune, les gouvernements allemand et tchèque ont déclaré vendredi 3 mai avoir été visés par des cyberattaques qu’ils attribuent à la Russie. Plusieurs membres du parti social-démocrate (SPD) ainsi que des entreprises allemandes du secteur de la défense, de l’aérospatiale, de la logistique et des technologies de l’information ont été ciblés en janvier 2023. Côté tchèque, des institutions du pays ont été attaquées en exploitant une vulnérabilité zero-day (jusqu’alors inconnue) dans Microsoft Outlook. Se référant aux techniques utilisées et aux motifs de ces attaques, les deux pays accusent le même groupe de hackers, APT28. Également appelé Fancy Bear, il serait dirigé par le service de renseignement militaire russe, le GRU. L’Allemagne a en conséquence convoqué le chargé d’affaires de l’ambassade de Russie.
- La Russie a immédiatement démenti « l’implication de structures étatiques russes dans l’affaire en question » et jugé « infondées » les accusations à son endroit. De son côté, Josep Borrell a « fermement condamné » cette campagne qu’il impute à un groupe « contrôlé par la Russie ».
- En mars dernier, les services de renseignement tchèques avaient mis au jour un réseau géré par Moscou répandant des discours pro-russes depuis Prague visant à dissuader l’envoi d’aide à l’Ukraine, à la veille des élections européennes en juin prochain.
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AMÉRIQUES
Les États-Unis ont envoyé la première tranche de leur nouvelle aide militaire à l’Ukraine
Le 24 avril, le président américain Joe Biden a signé la loi entérinant une nouvelle aide militaire à l’Ukraine à hauteur de 57 milliards d’euros, après plus de six mois de blocages par des élus républicains au Congrès. Une première tranche d’aide d’une valeur d’un milliard de dollars a déjà été envoyée. Elle est notamment composée de missiles sol-sol de longue portée ATACMS (Army Tactical Missile System), d’une portée allant jusqu’à 300 km. Ces derniers pourront ainsi viser la Crimée et notamment le pont de Kertch, artère logistique vitale pour Moscou, ou encore les bâtiments de la flotte russe de la mer Noire. De même, le lot de livraison comprend des obus de 155mm et des véhicules blindés d’infanterie Bradley.
- Cette nouvelle aide militaire américaine intervient alors que les forces ukrainiennes peinent à faire face aux assauts russes sur certains points du front dans le Donbass, notamment à Otcheretyne. Les forces russes concentreraient de nouveau leur force dans la région de Kharkiv.
- La France et le Royaume-Uni ont déjà livré des missiles longue portée à l’Ukraine, à travers les SCALP et les Storm Shadows respectivement. De son côté, l’Allemagne refuse toujours de livrer des missiles Taurus à Kiev.
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RUSSIE/NEI
Le projet de loi sur « l’influence étrangère » provoque des affrontements en Géorgie
A l’approche du vote en deuxième lecture du texte sur « l’influence étrangère », les opposants au projet de loi se sont rassemblés devant le Parlement géorgien le 31 avril. Alors que les manifestations ont lieu depuis le 9 avril, des violences ont éclaté entre la foule et les forces de l’ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchouc et de canons à eau. Une soixantaine de manifestants ont été arrêtés, tandis que des députés de l’opposition, des journalistes et des policiers ont été blessés.
- S’il est adopté en troisième lecture, le texte obligera les organisations financées à plus de 20% par une source étrangère à s’enregistrer en tant qu’« organisations poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère ». La présidente de la Géorgie a déclaré qu’elle opposerait son véto, mais le Parlement devrait pouvoir le contourner.
- Soutenu par le parti au pouvoir Rêve géorgien (RG) et inspiré d’une loi russe, le texte cristallise les tensions. Ses détracteurs dénoncent une tentative de réprimer l’opposition et de contrôler les médias, a fortiori à l’approche des élections législatives en octobre prochain. L’oligarque Bidzina Ivanichvil, fondateur de RG, a quant à lui affirmé que le texte constituait un obstacle à la « nomination d’un gouvernement géorgien par des puissances étrangères ».
- La Géorgie ayant obtenu le statut de candidat à l’UE fin 2023, le président du Conseil européen Charles Michel a déclaré que cette loi « éloignera la Géorgie de l’UE au lieu de l’en rapprocher ». Alors que la majorité de la population est pro-européenne, Rêve Georgien, qui défendait en 2012 une approche pragmatique avec Moscou sans pour autant abandonner la politique favorable à l’Occident, est aujourd’hui accusé de faire le jeu de la Russie.
La Russie remporte plusieurs succès tactiques en Ukraine
Le 28 avril, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Oleksandr Syrsky a reconnu que « la situation [avait] empiré sur le front ». Alors que les forces russes ont pris le contrôle de plusieurs villages dans les environs d’Adviivka, les combats se poursuivent à Ocheretyne ainsi qu’à Chasiv Yar, une localité stratégique proche de Bakhmout. Le 1er mai, les Etats-Unis ont par ailleurs accusé Moscou d’avoir utilisé en Ukraine de la chloropicrine, un agent chimique proscrit par la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC). En parallèle, ils ont annoncé une nouvelle vague de sanctions.
- Outre l’approche symbolique de la fête de la victoire de l’URSS sur l’Allemagne nazie le 9 mai, l’armée russe cherche à effectuer des avancées avant que l’aide américaine, adoptée le 23 avril par le Congrès, n’arrive en Ukraine.
- La Russie a par ailleurs poursuivi ses frappes sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes et a endommagé quatre centrales thermiques dans la nuit du 26 au 27 avril. Dans la perspective d’une nouvelle offensive et de l’aide occidentale, Moscou vise également les infrastructures ferroviaires pour obstruer les livraisons d’armes.
- Si ses troupes ont été contraintes de se retirer de certaines localités, l’Ukraine a affirmé avoir repoussé une cinquantaine d’attaques le 29 avril. Elle rapporte également avoir atteint dans la nuit du 30 avril au 1er mai une raffinerie en Russie, à 500km de la frontière.
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AFRIQUE
Importante opération anti-terroriste au Mali
Le 29 avril, les Forces armées maliennes (Fama) ont annoncé l’élimination d’un dirigeant de l’Etat islamique au Sahel (EIS), dans la région de Ménaka, près de la frontière avec le Niger. Abu Huzeifa, baptisé “Higgo” par l’armée américaine, était activement recherché depuis sa participation à une attaque en 2017 dans le village de Tongo Tongo au Niger, ayant causé la mort de quatre soldats américains et quatre soldats nigériens. L’opération anti-terroriste contre Abu Huzeifa, menée dans une zone que l’Etat malien ne contrôle pas, doit sa réussite à l’action des Touaregs du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) aux côtés des Fama.
- C’est en 2022 que l’EIS s’était massivement déployé dans la région de Ménaka, causant des centaines de morts et submergeant la résistance des Touaregs du MSA.
- Aujourd’hui, l’alliance entre les Fama et le MSA, et le soutien apporté par la milice Africa Corps (ex-Wagner) permet une action plus aisée dans cette région.
- Après l’attaque de Tongo Tongo, les Américains promettaient une importante récompense à quiconque fournirait des informations sur “Higgo”. Les 3,4 milliards de Francs CFA n’ont pas été réclamés par les Fama. La récompense portait sur du renseignement, et la milice pro-russe soutenant les Fama est considérée comme criminelle par les Etats-Unis.
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ASIE
L’Inde effectue avec succès un essai en vol du système de torpilles assistées par missiles supersoniques (SMART)
Le 1er mai 2024, la Defense Research and Development Organization (DRDO) du gouvernement indien a réalisé avec succès un essai en vol du système Supersonic Missile Assisted Torpedo (SMART) sur l’île Dr. APJ Abdul Kalam, au large de la côte de d’Odisha. L’essai, réalisé à l’aide d’un système de lancement terrestre, a été supervisé par plusieurs scientifiques de haut niveau des départements de la DRDO, ainsi que par des représentants des partenaires industriels. Le SMART est un système de propulsion de torpilles légères de nouvelle génération basé sur un missile, conçu et développé par la Defense Research and Development Organization (DRDO) pour étendre la capacité de lutte anti-sous-marine de la marine indienne bien au-delà de la portée des torpilles légères conventionnelles. Ce système de missiles en boîte comprend plusieurs sous-systèmes avancés tels qu’un système de propulsion solide à deux étages, des actionneurs électromécaniques pour la correction de trajectoire et un système de navigation inertielle (INS).
- Selon un communiqué publié par le bureau d’information de presse du ministère indien de la défense, cet essai, qui marque une étape importante dans les efforts déployés par la marine indienne pour développer ses capacités de lutte anti-sous-marine, a été réalisé pour vérifier divers mécanismes de pointe du système SMART (Supersonic Missile Assisted Release of Torpedo), tels que la séparation symétrique, l’éjection et le contrôle de la vitesse.
- Le ministre indien de la défense, Rajnath Singh, a félicité le DRDO et les partenaires industriels pour la réussite de l’essai en vol, déclarant que le développement du système SMART renforcera encore la puissance de la marine indienne. Samir V. Kamat, secrétaire à la R&D du ministère indien de la défense et président du DRDO, a salué les efforts de collaboration de l’équipe SMART et l’a encouragée à poursuivre sur la voie de l’excellence.
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AFRIQUE DU NORD/MO
Israël tiraillé entre préparation d’une nouvelle offensive et possibilité d’une trêve
Le 30 avril, Benyamin Netanyahou a affirmé dans un communiqué : « Nous allons entrer dans Rafah et y éliminer les bataillons du Hamas, qu’une [trêve] soit conclue ou non, afin d’obtenir une victoire totale ». Pareils propos font écho à l’intensification des préparatifs semblant indiquer l’imminence d’une offensive israélienne dans le sud de Gaza. Parmi les signaux récents se trouvent la multiplication des bombardements aériens contre l’enclave – ayant par exemple causé la mort de 47 personnes le 30 avril – ainsi que l’achat de 40 000 tentes marquant l’éventuelle anticipation par Jérusalem du déplacement de populations civiles. En outre, deux nouvelles brigades ont été envoyées surveiller le corridor militarisé qui divise Gaza en deux, libérant de ce fait une unité en vue de possibles opérations futures. Enfin, des renforts sont venus grossir les effectifs des bases aux frontières de l’enclave. Pourtant, parallèlement aux préparatifs décrits, d’importants pourparlers progressent au Caire entre les belligérants.
- Menées sous la médiation de l’Égypte, du Qatar et des États-Unis, ces négociations portent sur l’établissement d’un cessez-le-feu, accompagné de la libération d’otages israéliens en échange de celle de prisonniers palestiniens. Samedi 4 mai, l’arrivée d’une délégation du Hamas était attendue dans la capitale égyptienne. La veille, signe de l’importance de l’événement, le chef de la CIA, William Burns, avait également fait le déplacement.
- La possibilité d’une offensive israélienne dans le sud de l’enclave a été vivement condamnée par les organisations internationales, Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, affirmant ainsi qu’un « assaut militaire contre Rafah constituerait une escalade intolérable qui tuerait des milliers de civils supplémentaires et en forcerait des centaines de milliers d’autres à fuir ». Les mises en garde, cependant, proviennent également des alliés traditionnels d’Israël : le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a par exemple prévenu qu’une nouvelle offensive causerait des dommages « au-delà de l’acceptable », en l’absence de plan pour protéger les civils palestiniens, dont plus d’un million sont aujourd’hui réfugiés dans la ville de Rafah.