FRANCE
Le gouvernement instaure l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie
A l’issue d’un conseil de défense et de sécurité nationale, le président Macron a décrété ce mercredi 15 mai l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie. Cette mesure constitue une réponse après plusieurs mois de manifestations sur l’île et l’éclatement d’émeutes lundi dernier, dont le bilan s’élève à cinq morts et des dizaines de blessés. Applicable pour douze jours, cette situation d’état d’urgence a notamment permis au haut-commissaire sur le territoire français du Pacifique, Louis Le Franc, de bloquer la plateforme TikTok sur l’ensemble de l’île, une mesure inédite dans l’Union européenne. Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin a par ailleurs accusé l’Azerbaïdjan d’exacerber les violences, affirmant qu’« une partie des leaders indépendantistes calédoniens avait fait un deal » avec Bakou.
- Ces émeutes ont éclaté alors que l’Assemblée nationale se prononçait sur un projet de loi constitutionnelle vivement décrié par les indépendantistes. Cette réforme prévoit le dégel des listes électorales, visant à intégrer les citoyens nés sur l’île ou y résidant depuis au moins dix ans. Craignant qu’elle ne dilue le pouvoir des Kanak, les indépendantistes redoutent son impact sur la composition des assemblées territoriales, du congrès et du gouvernement calédonien.
- Les accusations contre l’Azerbaïdjan s’inscrivent dans un contexte de forte détérioration des relations avec la France, alliée proche de l’Arménie. Paris a d’ailleurs rappelé son ambassadrice le mois dernier « en raison de la poursuite par l’Azerbaïdjan d’actions unilatérales dommageables pour la relation ».
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EUROPE
Le premier ministre slovaque Robert Fico blessé par balle
Le 15 mai, un individu a tiré cinq coups de feu sur le premier ministre slovaque Robert Fico. Blessé à l’abdomen, son état est stable mais reste grave. Le suspect a quant à lui été arrêté immédiatement après les tirs. Il est inculpé de tentative de meurtre prémédité et aurait agi pour des raisons politiques selon le ministre de l’Intérieur, Matus Sutaj Estok. La présidente slovaque Zuzana Caputava a qualifié l’évènement d’« attaque contre la démocratie » et de nombreux dirigeants dans le monde l’ont condamné.
- Cet évènement inédit en Slovaquie s’inscrit dans un contexte politique délétère. Robert Fico, nommé premier ministre en octobre 2023 est à la tête d’une coalition regroupant son parti de gauche ultraconservateur Smer-SD et le Parti National Slovaque (extrême-droite). Il mène un travail de sape de l’État de droit en purgeant la police, la justice et les médias, sur le modèle du premier ministre hongrois Viktor Orban. Comme ce dernier, M. Fico a adopté une ligne pro-russe en refusant de livrer de nouveaux armements à Kiev ainsi qu’un discours anti-LGBT.
- Le 6 avril, Peter Pellegrini, soutenu par Robert Fico, a remporté les élections présidentielles. Il remplacera la pro-européenne Zuzana Caputova le 15 juin prochain.
- Les membres de la coalition au pouvoir ont accusé l’opposition et les médias d’être la cause de la fusillade.
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AMÉRIQUES
Le passage provocatoire de l’USS à proximité des îles Paracels suscite la colère chinoise
Vendredi 10 mai 2024, la septième flotte états-unienne a annoncé la navigation de la part de l’ USS Halsey, à proximité de l’archipel des îles Paracel, contrôlé par la Chine. Avant de se diriger vers les îles que la Chine revendique comme partie de son territoire souverain, le destroyer lance-missiles américain avait transité auparavant par le détroit de Taïwan, suite à la conclusion des séries d’entraînements conjoints, Balikatan 2024, filipino-américaines. Inséré dans le cadre de l’Opération pour la Liberté de Naviguer, le passage du Halsey a été effectué expressément sans prévenir en amont les autorités chinoises. D’après la communication officielle de l’armée de la RPC sur le réseau social chinois Weibo, les navires de guerre nationaux ont expulsé le USS Halsey de la zone.
- D’après la communication officielle de la marine américaine, l’opération du destroyer lance-missile avait comme but de tester les restrictions chinoises. Les Etats-Unis souhaitent s’opposer notamment à l’imposition unilatérale “chinoise, taïwanaise ou vietnamienne” d’une autorisation ou d’une notification préalable pour tous les navires de guerre souhaitant effectuer un “passager innocent” auprès des îles Paracels, qui sont réclamées par les trois.
- La position américaine s’appui notamment sur le caractère prétendument illégal, au nom du droit international, de l’établissement de lignes de base autour de groupes d’îles dispersées par un État continental, ce que la Chine utiliserait pour revendiquer plus de mer territoriale, de zone économique exclusive et de plateau continental.
- Le passage de l’USS Halsey a été considéré par les sommets politique et militaire chinoises comme une violation sérieuse de leur souveraineté et sécurité nationale, ainsi qu’une démonstration du rôle perturbateur des Etats-Unis dans la Mer de Chine Méridionale. L’armée chinoise a affirmé que cette opération ne fait que confirmer l’hégémonie maritime de la RPC et la militarisation de la zone.
- Loin de représenter une initiative sans précédent, au cours des dernières années des navires de guerre américains ont navigué à plusieurs reprises près des îles triplement convoitées, dans le contexte d’une escalade de la rivalité maritime sino-américaine. Au sein de cette dernière, le sous-équipement américain, résultat de décennies de sous-investissements, accorde à Beijing un avantage considérable.
Le parlement vénézuelien demande au Comité Electoral de retirer l’invitation à l’UE comme observateur des élections 2024
Mardi 14 mai 2022, le Parlement venezuelien a approuvé une sollicitude auprès du Conseil national électoral (CNE) afin d’exclure l’UE des observateurs internationaux censés garantir l’intégrité et la transparence des élections présidentielles prévues pour le 28 juillet 2024. La proposition de l’organe législatif, contrôlé par une majorité chaviste fidèle au gouvernement de Nicolas Maduro, a été critiquée par le reste des candidats à la présidence du pays, qui ont, au contraire, souligné le rôle crucial des acteurs internationaux dans ces élections.
- La sollicitude a été votée et adoptée par le Parlement venezuelien en réaction à la levée temporaire des sanctions à l’égard de certains dirigeants locaux, décidée par le Conseil Européen quelques jours auparavant avec l’objectif de de favoriser la constitution des missions d’observation électorale.
- Pourtant, le caractère sélectif de la mesure, qui en parallèle étend les sanctions européennes à l’égard du reste des fonctionnaires vénézuéliens jusqu’à l’investiture d’un nouveau président, a pourtant suscité l’indignation des responsables locaux, y compris de ceux qui ont été touchés par la levée des sanctions.
- Le président du CNE, Elvis Amoroso, qui fait partie de ces derniers, a critiqué la décision, tout comme le chancelier venezuelien Yvan Gil, en qualifiant le choix personnel de l’accepter comme “immorale et contraire à ses valeurs citoyens ”, au vu de la poursuite des sanctions et embargos visant depuis 2017 l’ensemble de la population. Accusant l’UE de servilisme à l’égard des Etats-Unis, le président du Parlement, Jorge Rodriguez, a justifié la requête au CNE par le caractère “ illégitime et illégal” de son rôle dans les élections.
- A deux mois du vote, alors que Corina Machado, la principale candidate rivale de Maduro, ayant remporté les primaires de l’opposition, a été empêchée de se présenter, une panoplie de scénarios possibles s’ouvre, concernant tant le résultat issu des urnes que les conséquences politiques et institutionnelles postérieures.
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RUSSIE/NEI
Vladimir Poutine limoge son ministre de la Défense lors d’un remaniement inattendu
Le 12 mai, le président russe a limogé le ministre de la Défense Sergueï Choïgou. Symbole de stabilité depuis douze ans, celui-ci a été remplacé par Andreï Belousov, économiste et premier vice-Premier ministre depuis 2020. Sergueï Choïgou reste toutefois dans l’entourage de Vladimir Poutine, puisqu’il a été nommé secrétaire du Conseil de sécurité russe.
- La guerre en Ukraine ayant été présentée comme une offensive « éclair », Sergueï Choïgou a régulièrement été critiqué pour les revers subis par l’armée russe. Vladimir Poutine avait toutefois maintenu sa confiance envers son ministre, notamment après la mutinerie organisée par Evguéni Prigojine.
- Le remaniement s’inscrit dans un contexte marqué par les succès de l’armée russe en Ukraine. Il a par ailleurs lieu à la suite d’accusations de corruption au sein du ministère de la Défense. Fin avril, un vice-ministre de la Défense avait été placé en détention provisoire.
- Inattendue, la nomination d’un ancien ministère du Développement économique s’explique par la proportion croissante des dépenses militaires dans l’économie russe. Annonçant vouloir « ouvrir l’armée à l’innovation », le Kremlin espère maintenir son industrie de défense en dépit des sanctions occidentales.
L’armée russe progresse dans le nord-est de l’Ukraine après avoir lancé une nouvelle offensive
Le 10 mai, l’armée russe a lancé une offensive d’ampleur dans la région de Kharkiv et s’est emparée de 278 km2 en près d’une semaine, une avancée territoriale sans précédent depuis fin 2022 (Institute for the study of war). Alors qu’il y aurait environ 30 000 soldats russes dans le nord-est de l’Ukraine, les forces russes ont pris possession d’une dizaine de villages et ont attaqué Vovtchansk, conduisant plusieurs milliers d’habitants à évacuer la ville. Le 16 mai, Kiev a annoncé avoir « réussi à stabiliser partiellement la situation ».
- Le 17 mai, Vladimir Poutine a déclaré que l’armée russe ne souhaitait pas s’emparer de Kharkiv, la deuxième ville du pays.
- Selon les observateurs, Moscou cherche à créer une zone tampon afin d’empêcher les attaques ukrainiennes dans la région de Belgorod en Russie. En outre, cet assaut vise à affaiblir les lignes de défenses ukrainiennes en contraignant les soldats situés sur les autres fronts à se déplacer.
- Alors que l’armée ukrainienne peine à combler ses rangs, la nouvelle loi sur la mobilisation est entrée en vigueur le 18 mai. Abaissant l’âge légal de la mobilisation de 27 à 25 ans, elle ouvre également la voie au recrutement de prisonniers.
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AFRIQUE
Sao Tomé-et-Principe noue un accord militaire avec la Russie
L’accord de défense signé le 24 avril entre Sao Tomé-et-Principe et la Russie entre en vigueur ce mois-ci. L’Etat insulaire dispose d’une des armées les moins puissantes du continent africain et dépendait jusqu’à maintenant du Portugal pour sa sécurité. Désormais, la Russie sera en mesure de déployer des appareils militaires dans l’espace aérien et maritime de l’archipel, mais aussi de former l’armée santoméenne, de lui vendre des armes, de participer au recrutement et à la logistique, et bien sûr d’organiser des opérations conjointes.
- L’accord nourrit de fortes divisions à Sao Tomé-et-Principe, l’opposition accusant le Premier ministre Patrice Emery Trovoada de l’avoir conclu secrètement et dans le dos du Parlement.
- Washington et Lisbonne ont également réagi pour exprimer leur inquiétude face à cet accord. Le Portugal, ancienne puissance coloniale, patrouillait en permanence au large de l’archipel dans le cadre d’un accord de coopération qui avait été reconduit en février 2024.
Coup d’Etat manqué en République Démocratique du Congo
Dimanche 19 mai à Kinshasa, des individus armés et en uniformes militaires se sont attaqués à la résidence de Vital Kamerhe, homme d’Etat ayant occupé différents postes parlementaires et ministériels en RDC, aujourd’hui candidat à la présidence de l’Assemblée nationale. Des tirs ont été échangés à partir de 4h30 du matin autour du domicile du politicien, situé à 2km du palais présidentiel. Deux policiers et un assaillant ont perdu la vie, mais l’attaque, aux circonstances très floues, a échoué.
- Des ressortissants américains et britanniques auraient été identifiés parmi les assaillants, et le leader du putsch manqué est un Congolais naturalisé américain.
- Cet événement intervient dans un contexte politique troublé, le président Félix Tshisekedi, difficilement réélu en décembre 2023, ayant menacé l’Assemblée nationale de dissolution le vendredi 17 mai. L’élection du président de l’AN était censée avoir lieu le lendemain et a été reportée.
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ASIE
La visite du président russe en Chine confirme le renforcement des liens entre les deux pays
Du 16 au 17 mai, Vladimir Poutine a réalisé un voyage officiel en Chine, qui a constitué le premier séjour diplomatique du chef du Kremlin depuis sa réélection cette année. Il s’agissait notamment, pour ce dernier, de raviver comme de tester l’amitié « sans limites » proclamée au début de la guerre en Ukraine. Le président russe s’est dès lors principalement rendu à Pékin, où il a été reçu par son homologue Xi Jinping, et dans la ville de Harbin – située au nord-est du pays – plus précisément au sein de son Institut de technologie. Cette seconde visite est doublement symbolique : le centre de recherche évoqué a en effet constitué le haut-lieu de la coopération sino-soviétique et est aujourd’hui tourné vers les études aérospatiales ainsi que le développement de missiles, ce qui lui vaut d’être placé sous sanctions américaines. En outre, dans la journée de jeudi, les deux chefs d’État ont adopté un communiqué commun : celui-ci, reprenant en partie le vocabulaire habituel du Kremlin, évoque notamment la nécessité d’éviter tout choix susceptible de « contribuer à la prolongation des hostilités [en Ukraine] et à une nouvelle escalade du conflit ». C’est là une accusation indirecte portée contre les pays occidentaux, que le pouvoir politique russe présente comme responsables du déclenchement de la guerre.
- Cette visite témoigne de l’alignement croissant entre les deux pays, particulièrement depuis le début du conflit ukrainien. Un alignement, toutefois, qui ne semble pas égalitaire, notamment parce qu’il procède d’un besoin de la Russie de contourner les sanctions occidentales en trouvant et renforçant d’autres débouchés. Certains observateurs, dès lors, évoquent une « vassalisation » de Moscou face à Pékin.
- La Chine, quant à elle, entretient une complexe position d’équilibre : entre alliance avec le Kremlin et volonté de ne pas rompre toute relation avec les Occidentaux. Ainsi, Xi Jinping a pour l’instant refusé de livrer des armes létales à son partenaire et ne reconnaît pas les annexions russes en Ukraine.
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AFRIQUE DU NORD/MO
La Ligue arabe appelle à l’envoi de casques bleus dans les territoires palestiniens occupés
La Ligue arabe a demandé la mise en place d’une force de maintien de la paix des Nations unies dans le territoire palestinien occupé, lors d’un sommet dominé par la poursuite de l’assaut meurtrier d’Israël contre la bande de Gaza. La réunion des chefs d’État et de gouvernement arabes s’est tenue mardi à Bahreïn, plus de sept mois après le début de l’offensive israélienne à Gaza, qui a bouleversé toute la région. La « Déclaration de Manama » publiée par les 22 membres du bloc a appelé à la « protection internationale et aux forces de maintien de la paix des Nations unies dans les territoires palestiniens occupés » jusqu’à ce qu’une solution à deux États soit mise en œuvre pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Elle demande l’arrêt immédiat des combats dans la bande de Gaza et impute à l' »obstruction » israélienne l’échec des négociations en vue d’un cessez-le-feu.
- « Ceux qui pensent que les solutions sécuritaires et militaires sont en mesure de garantir les intérêts ou d’assurer la sécurité se font des illusions », a déclaré le président égyptien El-Sissi avant la clôture du sommet.
- La déclaration appelait « toutes les factions palestiniennes à s’unir sous l’égide de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) », dominée par les rivaux politiques du Hamas, le Fatah.
- La Ligue arabe a également « condamné fermement les attaques contre les navires commerciaux », faisant référence aux dizaines d’attaques lancées par les rebelles houthis du Yémen contre des voies de navigation vitales dans la mer Rouge et le golfe d’Aden.