EUROPE
Ursula von der Leyen appelle à une augmentation des dépenses de défense de l’UE après une victoire électorale serrée
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a appelé ce mercredi 27 novembre, à une augmentation des dépenses de défense en Europe, alors que son équipe de 26 commissaires a été approuvée par le Parlement européen avec une majorité très mince. Elle a souligné que l’Europe dépensait en moyenne 1,9 % de son PIB en défense, comparé à 9 % pour la Russie, et a insisté sur la nécessité de renforcer l’industrie de défense européenne ainsi que les projets communs de défense. Ce vote, marquant le début de son deuxième mandat de cinq ans, intervient dans un contexte de défis majeurs tels que la guerre en Ukraine, les tensions climatiques et la reprise politique de Donald Trump.
- La proposition de von der Leyen s’inscrit dans une tradition récente de renforcement des capacités de défense européenne, initiée par des crises comme l’annexion de la Crimée en 2014 et intensifiée par l’invasion de l’Ukraine en 2022. Cependant, la faible part du PIB dédiée à la défense montre un retard par rapport à des rivaux mondiaux comme la Russie ou la Chine.
- L’appel de von der Leyen pourrait renforcer la coopération au sein de l’UE sur des initiatives de défense, mais il soulève aussi des questions sur le financement et la répartition des responsabilités entre les États membres. Dès lors, cette situation tend à intensifier les tensions avec les partis politiques critiques de l’augmentation des dépenses militaires.
- Le vote pour l’approbation de la Commission met en évidence un Parlement européen plus fragmenté que jamais. Cette polarisation politique risque de rendre difficile l’adoption de réformes majeures, en particulier dans des domaines sensibles comme la défense, l’économie et le climat. (Le Monde)
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AMÉRIQUES
Visite officielle du président de Taïwan à Hawaï, suscitant la colère de la Chine
Samedi 30 novembre, le président taïwanais Lai Ching-te a été accueilli à Hawaï dans le cadre d’une tournée dans le Pacifique qui marque, selon lui, « le début d’une nouvelle ère de diplomatie fondée sur les valeurs ». Il a été accueilli par le gouverneur d’Hawaï, Josh Green, et Ingrid Larson, la directrice à Washington de l’Institut américain à Taïwan. Au cours de cette visite, Lai Ching-te a remercié les États-Unis pour leur soutien ayant permis le succès de sa tournée. La présidente de l’Institut américain à Taïwan, Laura Rosenberger, a quant à elle affirmé que le partenariat entre Washington et Taipei était « solide comme le roc ». Cette visite officielle, en légitimant Taiwan sur la scène internationale, a contrarié la Chine. Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a déclaré que « la Chine condamne fermement l’organisation par les Etats-Unis du « transit » de Lai Ching-te » et a adressé des protestations solennelles auprès des Etats-Unis. Il a par ailleurs déclaré que Pékin « écraserait résolument » toute tentative visant à garantir l’indépendance de Taiwan.
- La Chine considère que Taïwan est l’« une de ses provinces qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949) ».
- Perçu comme un séparatiste par Pékin, Lai Ching-te a rappelé au cours de la visite son attachement à la paix, déclarant : « La paix n’a pas de prix, et la guerre n’a pas de vainqueur. Nous devons nous battre, nous battre ensemble pour empêcher la guerre.»
- Selon un journaliste de l’AFP, « Taïwan a déployé quatre avions de chasse F-16 pour escorter l’avion qui transporte le président taïwanais et sa délégation ». (Le Monde, The Guardian, BBC )
Un rapport de police accuse Jair Bolsonaro d’implication dans un projet de coup d’état en 2022
Selon un rapport de police de 800 pages publié le mardi 26 novembre, l’ex-président brésilien Jair Bolsonaro a « participé activement » à un projet de coup d’État en 2022 et a eu connaissance d’un projet d’assassinat contre le président Lula. Le rapport, qui réclame l’inculpation de Jair Bolsonaro et de 36 autres personnes, pour la plupart des militaires, a été remis au procureur général de la République, Paulo Gonet, qui prendra la décision d’engager ou non des poursuites contre l’ancien président. Jair Bolsonaro est accusé de trois crimes : destruction violente de l’État de droit, coup d’État et constitution d’une organisation criminelle.
- Selon le rapport, Jair Bolsonaro avait convoqué une réunion en décembre 2022, au cours de laquelle « il a présenté un projet de décret aux commandants des trois divisions des forces armées. Le décret aurait lancé une enquête sur des soupçons de fraude et de crimes liés au vote d’octobre 2022 et suspendu les pouvoirs du tribunal électoral du pays. » Les commandants ont cependant refusé, ce qui explique pourquoi le plan n’a pas été mis en œuvre.
- Suite à la publication de ce rapport, Jair Bolsonaro a clamé son innocence et a affirmé être victime de persécution politique. Il a déclaré le 28 novembre que « personne ne va faire un coup d’Etat avec un général de réserve et une demi-douzaine d’autres officiers. Ce qui est dit est absurde. Pour ma part, il n’a jamais été question d’un coup d’Etat ». (NPR, Le Monde)
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RUSSIE/ NEI
Elections législatives: les rues géorgiennes poussent un cri européen
- L’opposition, y compris la présidente Salomé Zourabichvili (dont la candidature avait été appuyée par Rêve géorgien en 2018), dénonce une fraude électorale, suivant une « méthodologie russe » : pression sur les électeurs, achats de voix.
- L’opposant Saba Bouadzé évoque un « coup d’État constitutionnel du pouvoir russe » au travers de Rêve géorgien, au pouvoir depuis les élections législatives de 2012. La Géorgie avait pourtant obtenu le statut de candidate à l’UE en décembre 2023. L’analyste David Avalichvili précise que « l’article 78 de la Constitution oblige toutes les institutions de l’État à « tout faire pour l’adhésion de la Géorgie à l’UE et à l’OTAN»», ce qui excluait toute position radicale – jusqu’à maintenant.
- Le 30 novembre, le département d’État américain a annoncé la suspension de son partenariat stratégique avec la Géorgie. (Courrier International, Courrier International, France Info, Euro News )
Avancées russes à l’est, demandes ukrainiennes à l’ouest
Les avancées russes dans le Donbass (est de l’Ukraine) se sont accélérées. Approximativement 667 km² de territoire ukrainien ont été conquis en novembre, dont près de 235 km² dans la semaine du 19 au 26 novembre. Face à cette situation, les demandes ukrainiennes de soutien se font plus pressantes. Le 1er décembre,Volodymyr Zelensky a déclaré auprès de Kaja Kallas et Antonio Costa que « L’invitation de l’Ukraine à adhérer à l’OTAN est nécessaire à (la) survie (de l’Ukraine) ».
- Le ministre des Affaires étrangères ukrainien Andrii Sybiha a réitéré ces demandes lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN les 3 et 4 décembre, puis du 31ème conseil de l’OSCE les 5 et 6 décembre.
- Malgré la visite du chancelier allemand Olaf Scholz le 2 décembre et l’annonce d’une aide militaire de 650 millions d’euros, suivie de près par un communiqué d’Antony Blinken promettant 725 millions de dollars, les membres de l’OTAN semblent hésiter à franchir la ligne rouge d’une adhésion ukrainienne. En effet, sa seule évocation catalyse les tensions avec la Russie. Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a qualifié cette demande d’ “inacceptable”.
- A l’aube de la passation de pouvoirs américaine, le gouvernement Biden tente de trouver des solutions pour garantir la résilience ukrainienne, tout en contournant la question de l’adhésion à l’OTAN. L’Ukraine a cependant refusé la proposition américaine d’abaisser l’âge de conscription de 25 à 18 ans. (Courrier International, Le Monde, OTAN, Courrier International)
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AFRIQUE
La France de nouveau chassée du continent africain par le Tchad et le Sénégal
Dans un communiqué officiel du 28 novembre, le ministère des Affaires étrangères tchadien a annoncé mettre fin aux accords de sécurité et de défense avec la France. De cette résiliation unilatérale a eu lieu, de façon concomitante mais décorrélée selon lesdits pays, l’annonce du Sénégal du démantèlement futur des bases françaises dans le pays. Le Tchad comme le Sénégal invoquent un argument de souveraineté de leur pays et une redéfinition de leurs priorités nationales et partenariats stratégiques.
- Le Tchad parle d’un « tournant historique » qui ne constituerait pas pour autant une « rupture avec la France » mais bien un besoin d’affirmer sa souveraineté, soixante-six ans après la proclamation de la République du Tchad. Cependant, cette annonce constitue un véritable camouflet pour Paris, après quarante ans de présence continue dans ce pays. Constituant jusque-là un maillon clé des forces françaises en Afrique, il était le dernier point d’ancrage sahélien après les retraits imposés de ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
- Il en va de même pour le Sénégal : si l’actuel Président Faye a tenu à rassurer la France en expliquant qu’il ne s’agissait pas de couper les ponts avec elle, l’effet engendré n’en reste pas moins négatif, même si la volonté de poursuivre les investissements bilatéraux en matière d’économie et de culture demeure.
- Au-delà de l’onde de choc pour Paris, cette double annonce unilatérale du retrait de ses forces en Afrique témoigne d’un repositionnement stratégique de ces pays, qui cherchent à se diversifier et à gagner en partenaires internationaux. Néanmoins, les acteurs vers lesquels le Tchad et le Sénégal se tournent, à l’instar d’autres pays du continent africain, sont des concurrents de l’Occident, tels que la Chine ou la Russie, ce qui peut nuire aux affaires françaises, puisque Paris n’adopte pas une position offensive à plusieurs niveaux comme le font ces puissances. (Le Monde, Le Monde)
Le projet stratégique du Corridor de Lobito se concrétise avec une rencontre entre les Présidents des Etats-Unis, de l’Angola et de la République Démocratique du Congo
Le 2 décembre, à quelques semaines de son départ de la Maison Blanche, Joe Biden a effectué la première visite diplomatique de son mandat sur le continent africain en se rendant en Angola. A cette occasion, le président américain a rencontré ses homologues angolais et congolais à Lobito, une ville portuaire au sud de la capitale, pour discuter du gigantesque futur « couloir » de chemin de fer transafricain : le Corridor de Lobito, projet dans lequel les Etats-Unis ont injecté 600 millions de dollars.
- Le projet du Corridor de Lobito représente un axe ferroviaire de 1 300 kilomètres censé relier l’océan Atlantique et l’océan Indien pour desservir le nord-ouest de la Zambie et la République Démocratique du Congo en passant par l’Angola, afin de connecter ces pays aux marchés commerciaux régionaux et mondiaux. Le but est d’assurer l’acheminement de ressources minières stratégiques, comme le cuivre et le cobalt, largement présentes dans les pays concernés par ce projet. Le Corridor de Lobito date de l’époque des pouvoirs coloniaux et avait déjà été relancé, notamment en octobre 2023 grâce au soutien de l’Union européenne et des Etats-Unis pour la recherche d’investisseurs. La réussite de ce projet constituerait une étape majeure dans les capacités d’exportation des ressources minières provenant du continent africain et serait largement profitable à l’Occident.
- L’important financement de Washington à destination de ce projet traduit un intérêt économique mais révèle également des enjeux d’ordre diplomatique et d’influence. En effet, ce projet représente une alternative aux Routes de la soie chinoises dans une course au contrôle des voies d’exportation des réserves de minerais. Le Corridor de Lobito peut être perçu comme une tentative de concurrencer les investissements massifs de la Chine en Afrique, notamment dans les infrastructures minières et de transport, alors que des tensions géopolitiques existent entre les deux pays. Pour autant, une collaboration sera nécessaire entre Washington et Pékin pour ce projet, puisque les Chinois ont eux aussi investi dedans et parce qu’ils dominent le secteur minier en RDC et en Zambie.
- Le fait que les Etats-Unis investissent davantage dans ce projet pourrait être bénéfique à la RDC. En effet, la partie Est du pays, notamment la province du Nord-Kivu, est en crise depuis plusieurs années, alors que son voisin le Rwanda s’accapare ses ressources minières via le groupe armé rebelle M23 et en tire profit. Au vu de ses intérêts économiques grandissants, Washington a tout intérêt à appuyer et à aider la RDC dans sa lutte contre le Rwanda, l’Angola ayant déjà été salué par les Etats-Unis pour sa place de médiateur entre Kinshasa et Kigali dans le cadre des négociations du processus de Luanda pour rétablir la paix en Est RDC. (Courrier International, RFI)
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ASIE
Loi martiale ou chant du cygne : le président Yoon sur le fil de la destitution
La Corée du Sud traverse une crise politique sans précédent depuis l’annonce, le 3 décembre, de la loi martiale par le président conservateur Yoon Suk-yeol, suivie d’une rétractation six heures plus tard. Cette mesure extrême, justifiée par le président comme une réponse aux « menaces des forces communistes nord-coréennes », a été perçue comme un coup de force visant à museler le Parlement, où l’opposition est majoritaire. Des soldats armés ont été déployés autour et à l’intérieur de l’Assemblée nationale, où des affrontements ont éclaté entre le personnel parlementaire et l’armée. Malgré les tentatives d’intimidation, les députés ont réussi à adopter une résolution exigeant la levée de la loi martiale. Face à cette escalade, le Parti du pouvoir au peuple (PPP), le parti du président, a rejoint l’opposition dans ses critiques. Han Dong-hoon, chef du PPP, a dénoncé un « danger extrême » pour le pays, accusant le président d’avoir orchestré des arrestations arbitraires de figures politiques sous prétexte de rébellion. La motion de destitution, votée au Parlement le 7 décembre, n’a cependant pas abouti. En échange de la « promesse » du président de se retirer, les élus du PPP ont boycotté le scrutin, empêchant d’atteindre le quorum requis de 200 votes exprimés pour le valider.
- La tentative de loi martiale a rappelé, à de nombreux Coréens, les heures sombres des régimes autoritaires qui ont marqué l’histoire du pays. Toutefois, la réponse rapide des institutions, notamment du Parlement, souligne la résilience de la démocratie coréenne alors que les manifestations massives rappellent celles qui avaient conduit à la destitution de Park Geun-hye en 2016.
- Si le chef d’Etat n’a pas été destitué, la position du PPP montre l’isolement croissant du président qui n’a eu de cesse d’être un poids dans les différents scrutins. En effet, durant les élections législatives de 2024, les différents scandales de corruption entourant sa femme et sa gestion de ces affaires ont largement contribué à la défaite du PPP.
- La perception de l’armée en Corée du sud risque d’être profondément altérée alors que celle-ci a suivi le Président et sa Loi Martiale inconstitutionnelle. Cette dernière qui tentait depuis plusieurs décennies de ne pas paraître à la botte de tendances autoritaires risque d’avoir perdue toutes les avancées faites au sein de l’opinion publique.
- A l’international, cette crise a secoué la région alors que cette dernière se prépare au retour de Donald Trump à la maison blanche. Rappelons que la Corée du Sud fait face à des enjeux régionaux cruciaux, notamment la menace nord-coréenne s’intensifiant et les tensions avec la Chine. (BBC, France24a, France24b, France24c, Le Monde)
Pakistan sous tension : l’ombre d’Imran Khan embrase les rues
Depuis le week-end, des milliers de partisans de l’ex-Premier ministre pakistanais Imran Khan, emprisonné depuis plus d’un an, convergent vers D-Chowk, le centre névralgique d’Islamabad. Cette manifestation, marquée par des affrontements violents, a causé la mort de six personnes, dont quatre soldats paramilitaires et deux manifestants, ainsi que plus de 50 blessés. Malgré des mesures de sécurité draconiennes – barricades de conteneurs, déploiement massif de forces de l’ordre et restrictions sur Internet – certains manifestants ont pénétré dans les zones barricadées avant d’être repoussés. Imran Khan, inculpé sur des accusations qu’il qualifie de politiquement motivées, continue d’exercer une influence significative, appelant ses partisans à ne pas céder et dénonçant des élections qu’il considère truquées. Le gouvernement, de son côté, a qualifié ces mobilisations de « violences extrémistes » et accuse les manifestants d’avoir intentionnellement causé la mort de soldats.
- Imran Khan avait été censuré en 2022 par le Parlement après avoir perdu les élections et sous pression des Etats-Unis et avait ensuite été interdit de briguer une fonction élective au sein du gouvernement pendant cinq ans, la Commission électorale invoquant sa tromperie en ne déclarant pas certains des cadeaux. En 2023, il a été victime d’une tentative d’assassinat qu’il impute à Shehbaz Sharif, premier ministre alors.
- Malgré son emprisonnement et l’interdiction de son parti, le PTI, de se présenter officiellement, Imran Khan conserve une emprise politique forte. Le succès relatif de ses alliés aux dernières élections témoigne de son statut de figure centrale de l’opposition.
- Les accusations de violence portées par le gouvernement de Shehbaz Sharif visent à délégitimer le mouvement, mais elles risquent de renforcer le sentiment d’injustice parmi les manifestants.
- Cette confrontation révèle une polarisation politique extrême et un système institutionnel fragilisé, incapable d’encadrer des élections perçues comme équitables par toutes les parties.
- Le chaos interne au Pakistan risque d’affecter les relations stratégiques du Pakistan, notamment avec ses partenaires économiques et militaires, dans un contexte de tensions régionales croissantes. Le retour au pouvoir d’une faction proche de Khan pourrait même redessiner les alliances alors que ce dernier continue de clamer la responsabilité des Etats-Unis dans sa chute. (BBC, Le Monde)
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AFRIQUE DU NORD/ MOYEN-ORIENT
Offensive éclair en Syrie : le régime Assad ébranlé par une avancée rebelle inattendue
L’offensive surprise lancée le 27 novembre par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et des factions rebelles de l’Armée nationale syrienne a bouleversé la situation en Syrie. En une semaine, les insurgés ont pris le contrôle d’Alep, la deuxième ville du pays, et progressé vers Hama au sud. L’offensive a fait plus de 800 morts, dont plus de 100 civils, et déplacé 280 000 personnes. Le régime de Bachar al-Assad, pris au dépourvu, a perdu le contrôle de vastes territoires pour la première fois depuis des années. La Russie et l’Iran, alliés de Damas, peinent à réagir efficacement face à cette avancée fulgurante des rebelles qui menace désormais les bastions du régime.
- L’effondrement rapide des défenses gouvernementales révèle une faiblesse structurelle du régime Assad, probablement due à l’usure de la guerre et au manque de soutien populaire
- Le soutien turc aux rebelles de l’Armée nationale syrienne a été déterminant dans le succès de l’offensive, remettant en question l’équilibre des forces dans la région
- La perte de contrôle du régime Assad pourrait inciter ses alliés, notamment la Russie et l’Iran, à intensifier leur intervention, augmentant le risque d’un conflit plus large au Moyen-Orient. (Le Monde, Opex 360)
La France et l’Arabie Saoudite : un rapprochement stratégique autour du Rafale
Le président Emmanuel Macron a effectué une visite d’État en Arabie Saoudite, marquant un tournant dans les relations franco-saoudiennes. Au cœur des discussions, la vente potentielle d’avions de combat Rafale a été évoquée, avec une « volonté d’avancer » exprimée par les deux parties. Cette visite a également été l’occasion de signer plusieurs contrats importants dans divers secteurs, notamment l’énergie, les transports et la santé. Le renforcement des liens économiques et stratégiques entre les deux pays s’inscrit dans un contexte régional complexe, où l’Arabie Saoudite cherche à diversifier ses partenariats et la France à affirmer son influence au Moyen-Orient.
- L’intérêt de l’Arabie Saoudite pour le Rafale français signale une volonté de réduire sa dépendance vis-à-vis des États-Unis en matière d’équipement militaire. Cette stratégie permet au royaume de renforcer son autonomie stratégique et d’équilibrer ses relations internationales dans un contexte géopolitique en mutation.
- La vente potentielle de Rafale et la signature de contrats dans des secteurs clés renforcent la position de la France comme partenaire stratégique dans la région. Cela pourrait accroître l’influence française dans les affaires régionales et offrir un contrepoids à l’influence américaine et chinoise croissante.
- Un accord sur les Rafale constituerait une victoire significative pour l’industrie aérospatiale française et européenne, consolidant sa compétitivité face aux concurrents américains et russes. Cela pourrait également ouvrir la voie à une coopération plus étroite en matière de défense entre l’Europe et les pays du Golfe. (Opex 360, L’Express)
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FRANCE
La considération portée aux militaires du rang, une question toujours d’actualité
Près de douze ans après que le Haut comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM) a établi un rapport soulignant le manque de considération à l’égard des militaires du rang, la question de la considération portée aux militaires du rang demeure d’actualité. En effet, à l’occasion des Journées des Présidents des Engagés Volontaires (JPEVAT) qui se sont déroulées aux Ecoles Militaires de Bourges (EMB), les rapports sur le moral dans les régiments ont révélé que ces enjeux restent pertinents.
- Comme l’a souligné le général Pierre Schill sur le réseau social LinkedIn, ces rapports rappellent que la discipline et l’obéissance d’un subordonné envers son chef constituent « la condition essentielle du succès au combat ». Il est également important « d’être à l’écoute » et de considérer chaque élément comme « indispensable à la réussite collective ».
- Ces analyses mettent en évidence que les forces armées, d’autant plus qu’elles sont professionnelles, reposent directement sur la solidité et l’efficacité de leurs soldats. La considération qui leur est accordée joue un rôle déterminant dans la réussite globale de l’institution. (Opex 360, Ministre des Armées et des Anciens combattants)
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VEILLE LÉGISLATIVE
Bataille budgétaire pour 2025 : l’augmentation du budget des armées n’aura pas lieu à court terme
Le gouvernement Barnier étant démissionnaire depuis l’adoption d’une motion de censure votée sur le fondement du troisième alinéa de l’article 49 de la Constitution, les travaux du parlement en séance publique sont ajournés. Ce faisant, l’examen du projet de loi de finances (PLF) pour 2025, actuellement au Sénat en première lecture, est suspendu. Alors que le budget de la défense avait bénéficié d’une augmentation de 3 Md€ dans le PLF 2025 conformément à la trajectoire de la loi de programmation militaire (LPM) pour 2024-2030, l’absence probable d’adoption d’une loi de finances pour 2025 avant la fin de l’année obère, au moins provisoirement, une telle perspective.
- L’examen budgétaire ne pourra reprendre qu’à compter de la nomination d’un nouveau gouvernement, alors que le calendrier budgétaire continue, lui, de filer. Or, il appartient au parlement de se prononcer avant le 21 décembre pour permettre, après examen du Conseil constitutionnel, une promulgation de la loi de finances le 31 décembre au plus tard.
- À défaut, l’hypothèse d’ordonnances budgétaires ayant été écartée, le gouvernement pourra déposer un projet de loi spéciale pour autoriser l’État à percevoir les impôts et reconduire les crédits des services votés de la loi de finances pour 2024 (art. 47 de la Constitution et 45 LOLF). Dans ce cas, le budget des armées ne pourra pas bénéficier, à court terme, d’un abondement de nouveaux crédits, d’autant plus que les choix du prochain gouvernement peuvent être incertains. Un nouveau projet de loi de finances devrait être discuté au début de l’année 2025.
- Cette période d’incertitude s’ouvre alors que les opérations extérieures sont de plus en plus coûteuses (flanc est de l’Europe, aide à l’Ukraine, tensions en mer Rouge, situation en Nouvelle-Calédonie, etc.) et que doit débuter au prochain semestre la production du porte-avions de future génération qui succédera au Charles-de-Gaulle. Par ailleurs, le report provisoire des crédits de 2024 pour 2025 pourrait inciter le ministère à rogner sur ses commandes auprès de la BITD, c’est-à-dire la seule marge dont il dispose, ce qui pourrait entraîner le retard de certains programmes. (Le Monde)
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VEILLE BITD
Le « pacte drones aériens de défense » devient opérationnel
Le 2 décembre s’est tenu le séminaire de lancement du pacte drones aériens de défense français. Signé le 17 juin 2024, ce pacte vise à fédérer les acteurs de la filière pour favoriser le développement et la production de drones de contact de moins de 150kg, le cas échéant à grande échelle. Il compte une centaine d’entreprises (grands groupes, équipementiers, start-ups, laboratoires de recherche…). Le pacte est piloté par la DGA avec le soutien du GICAT (Groupement des industriels de l’armement terrestre).
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Les deux premiers cas tests ont été lancés ce 2 décembre : l’acquisition en masse d’un drone d’entraînement low-cost (objectif de livrer un premier lot de 1000 drones pour l’exercice ORION 2026), et la recherche de concepts de vecteurs longue portée. (DGA)
DARK choisie par l’AID sur l’interception d’objets spatiaux en orbite basse
L’Agence de l’innovation de défense (AID) a sélectionné la simulation Salazar, produit de la start-up française DARK, pour mener une étude éponyme consistant à simuler par modélisation numérique des missions de captures d’objets spatiaux dangereux en orbite basse (Low-Earth Orbit, ou orbit-LEO). Salazar est une simulation retraçant le déroulement opérationnel d’Interceptor, le premier système d’urgence développé par DARK pour de telles captures d’objets.
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Dans le cadre de l’étude préliminaire, l’AID proposera à DARK une cible fictive dotée de systèmes d’évasion ou d’alerte qui, en retour, présentera plusieurs scénarios possibles, en prenant en compte la stratégie, la performance et la temporalité. (The defense Post, Dark, AID)
EDIPRA : L’UE accorde les premiers soutiens financiers aux acquisitions conjointes de défense
La Commission européenne a approuvé le 14 novembre le financement de cinq projets transfrontaliers d’acquisition de défense, dans le but de faciliter les acquisitions les plus urgentes dans un contexte de réarmement sur fond de guerre en Ukraine. De telles acquisitions communes permettent également de soutenir la BITD européenne (BITDE) et favorisent l’interopérabilité à l’échelle européenne. Chacun des cinq projets sélectionnés recevra 60 millions d’euros. Ce soutien financier se place dans le cadre de la régulation EDIPRA (European Defence Industry Reinforcement through common Procurement Act), pensée en 2022, adoptée en octobre 2023, et dotée d’une enveloppe de 310 millions d’euros.
- Il s’agit de la première occurrence de l’octroi d’un soutien financier de cette nature émanant de l’Union Européenne.
- Parmi les cinq projets se trouve l’acquisition conjointe de missiles Mistral 3 par neuf pays européens, dont la France, qui est à l’origine de ce projet.
- Douze projets avaient été déposés pour bénéficier d’EDIPRA. (Commission EU, DGA , DIS)
Merci aux membres du pôle qui ont participé à la rédaction de cette veille !