La guerre des fonds marins – Quand les abysses font surface

Repéré au large de l’Irlande le 18 août 2021, le navire « océanographique » de la marine russe Yantar a passé de longues heures à inspecter les fonds marins de cette zone. Sa curieuse trajectoire suit parfaitement celle des câbles sous-marins de télécommunications Celtic Norse et AEConnect-1 qui relient respectivement l’Irlande à l’Écosse et aux États-Unis1John Mooney, “Russian spy ship monitored off coast of Donegal”, The Times, 18 août 2021 https://www.thetimes.co.uk/article/russian-spy-ship-monitored-off-coast-of-donegal-thvg8pg8k. Régulièrement aperçu naviguant à proximité de câbles numériques sous-marins, le Yantar attire de plus en plus l’attention des armées occidentales qui s’interrogent sur son comportement suspect et ses véritables intentions.

Le 14 juillet 2021, à l’occasion de la fête nationale française, Emmanuel Macron déclarait que les armées avaient « vu de nouveaux espaces de conflictualité apparaître »2Laurent Lagneau, M. Macron : « Nous sommes confrontés à une situation où la pluralité des conflits possibles est extrême », Zone Militaire, 14 juillet 2021.. Les champs de conflictualité s’étendent désormais aux domaines cyber et informationnel ainsi qu’aux espaces exo-atmosphériques et aux fonds marins3Actualisation stratégique 2021, DGRIS, 21 janvier 2021. https://www.defense.gouv.fr/dgris/presentation/evenements/actualisation-strategique-2021. Si le cyber, l’information et l’espace sont des champs de plus en plus reconnus et inclus dans la vision stratégique française de sécurité et de défense, les abysses restent un milieu méconnu, où se joue pourtant une sourde compétition entre puissances. Les inflexions stratégiques de l’année 2021 ont marqué un tournant dans la prise en compte de ce milieu. La notion de « guerre des fonds marins » (Seabed Warfare) a fait son apparition : la Revue stratégique actualisée relève ainsi que « les fonds marins deviennent de plus en plus un terrain de rapports de force »4Actualisation stratégique 2021, DGRIS, 21 janvier 2021. https://www.defense.gouv.fr/dgris/presentation/evenements/actualisation-strategique-2021. De même, la Marine nationale, dans son plan stratégique « Mercator Accélération 2021 », précise que « la maîtrise des fonds marins constitue désormais un domaine prioritaire »5Mercator 2021 – Accélération du plan, SIRPA Marine, 27 janvier 2021. https://www.defense.gouv.fr/marine/actu-marine/mercator-2021-acceleration-du-plan-plaquette. En mai 2021, la Ministre des armées, Florence Parly, soulignait l’importance d’« investir dans ce nouveau domaine que sont les grands fonds marins, les abysses » 6Cf. compte-rendu n°50 de la Commission de la défense nationale et des forces armées, audition de Mme. Florence Parly, ministre des Armées, Session ordinaire 2020-2021, Assemblée nationale, 4 mai 2021. https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/comptes-rendus/cion_def/l15cion_def2021050_compte-rendu. Régulés par le droit international, les fonds marins comprennent les plateaux continentaux, soit les sols et sous-sols des Zones Économiques Exclusives (ZEE) ainsi que les sols et sous-sols au-delà des ZEE, considérés comme des fonds marins internationaux « patrimoine commun de l’humanité »7Dans le cas des ZEE, ces espaces sont soumis au contrôle de l’Etat qui y exerce son droit souverain et possède un droit d’exploitation. Les fonds marins internationaux appelé « la Zone » sont régulés par l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM). Elle les contrôle, délivre les titres d’exploitation et se charge de la protection de l’environnement marin de cette zone. Cf. Organisation des Nations unies, « Convention sur le droit de la mer (CNUDM) », XI° partie, Article 136, Montego Bay, 1982.. En quoi ces espaces sans frontières visibles représentent-ils un milieu de conflictualité à considérer pour les armées ? Qu’est-ce que le Seabed Warfare ? Et comment la France envisage-t-elle et se prépare-t-elle à une guerre des fonds marins ?

Les abysses, un espace aux enjeux stratégiques multiples

Souvent présentée comme un espace de liberté, la mer est soumise à des logiques d’appropriation et de souveraineté. Sujets à une compétition toujours plus intense, ses bas-fonds n’échappent pas à cette dialectique liberté – appropriation. En effet, les fonds marins sont riches en ressources pétrolières, gazières et minières potentiellement exploitables8L’Hydrate de méthane est l’un des composés d’origine organique naturellement présents en grande quantité dans les fonds marins. Bien que son exploitation soit encore difficile due à son instabilité : il pourrait remplacer le pétrole, amené à disparaitre.. A mesure des avancées technologiques, de l’amenuisement des ressources terrestres et de la progression toujours exponentielle de la demande en énergie, ces nombreuses ressources sont découvertes, rendues accessibles et gagnent donc en valeur. Outre les ressources énergétiques, les fonds marins recèlent de nombreux métaux et terres rares, particulièrement stratégiques et encore intactes : manganèse, cuivre, nickel, zinc, fer, cobalt et plomb. Les industriels de la biotechnologie se tournent aussi vers les fonds océaniques et leurs micro-organismes aux propriétés particulièrement rares et recherchées dans les domaines de la médecine, de la science, de l’alimentation et des cosmétiques9 Cyrille P. Coutansais, “Géopolitique des abysses”, Etudes Marines du CESM, n°8, juin 2015, p.92-101. .

Au fond des mers repose également un ensemble de câbles et de tuyaux sous-marins par lesquels circulent la production des infrastructures offshore de gaz, de pétrole10« L’exploitation du pétrole en offshore profond représente 10 % de la production mondiale, soit près de 10 millions de barils par jour. » Cyrille P. Coutansais, “Géopolitique des abysses”, Etudes Marines du CESM, n°8, juin 2015, p.56. ou encore des parcs éoliens11Anne Patinec, « Un câble sous-marin de 33 kms va être installé pour le futur parc éolien de Saint -Nazaire », France Bleur Loire Océan, 9 août 2020. https://www.francebleu.fr/infos/environnement/un-cable-sous-marin-de-33-kms-va-etre-installe-pour-le-futur-parc-eolien-de-saint-nazaire-1596818284 ainsi que 98% des données échangées entre les réseaux de télécommunication mondiaux12 Richi Sunak, « Undersea Cables : Indispensable, Insecure », Policy Exchange, 2017.. De ces derniers dépendent la majeure partie des communications intercontinentales, des flux financiers et l’accès aux données téléstockées (du « cloud »). Plus de 370 câbles de fibre optique composent aujourd’hui une vaste toile de 1,2 million de kilomètres sous la mer13Camille Morel, « L’océan, un espace numérique convoité ? », RAMSES : Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies, 2020.. Toute vie numérique repose sur leur gigantesque capacité de transfert des flux. Points névralgiques de nos sociétés mondialisées, ces infrastructures numériques sont devenues des leviers stratégiques immenses pour les Etats. D’autres infrastructures nécessaires à la chaîne de transmission globale tels que des centres physiques de stockage de données (data center) sont aussi amenées à se développer sous l’eau14A l’image du prototype de data center développé en 2018 par Microsoft avec Naval Group en mer du Nord. Immergés au fond des mers, la consommation d’énergie de ces data centers requis pour refroidir les serveurs contenus est considérablement réduite. Cf. Camille Morel, « L’océan, un espace numérique convoité ? », RAMSES : Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies, 2020, p.49..

Figure 1. Carte des câbles numériques sous-marins mondiaux @TeleGeography (2021)

L’acheminement des données et l’amenuisement des ressources terrestres ont accru notre dépendance à ce milieu. Les grands fonds aiguisent donc les appétits des Etats qui s’approprient et se lancent dans l’exploration de cet espace. La course aux abysses et leur possible exploitation deviennent des enjeux géopolitiques et économiques majeurs. A cela s’ajoutent les enjeux militaires de libertés d’actions des forces, particulièrement des forces océaniques stratégiques (FOST), ainsi que de sécurisation des activités dans les zones littorales et les ZEE15Olivier Bouzemane, “La Marine nationale à la conquête des abysses !”, Les Cols Bleus, n°3093, février 2021.. Les puissances se livrent donc à une sourde compétition et mènent diverses opérations de, vers et à partir des sols et des sous-sols marins. Ces actions définissent les contours de la guerre des fonds marins (Seabed warfare16Le concept de Seabed Warfare ne fait pas encore l’objet d’une définition consensuelle. Une thèse de l’école navale américaine donne aussi comme définition l’ensemble des « opérations qui impliquent des réseaux et des systèmes sous-marins capables d’opérer sur le fond de la mer, d’interagir avec les systèmes du fond de la mer et de prendre des mesures contre d’autres systèmes. » Cf. Christopher Carr, Jahdiel Franco, Cheryl Mierzwa, Lewis Shattuck, Melissa Suursoo, “Seabed Warfare and the XLUUV”, Naval Postgraduate School, juin 2018. http://hdl.handle.net/10945/59584) à venir.

Quand innovation rime avec militarisation

Les affrontements dans ce milieu ne sont pas nouveaux. Dès 1898 lors de la guerre hispano-américaine, les premières destructions de câbles sous-marins à des fins militaires se produisent sur les câbles télégraphiques reliant les États-Unis à Cuba. En 1914, à peine la guerre déclarée, les cinq câbles allemands passant sous la Manche sont immédiatement coupés par les Britanniques17Amiral Raoul Castex, Théories stratégiques, tome IV ; Économica, 1997.. Sans être un champ de conflictualité nouveau pour les armées, les abysses refont surface dans les considérations stratégiques majeures des puissances.

Cette inflexion est rendue possible grâce aux innovations et aux ruptures technologiques qui permettent de relever l’immense défi de l’accès aux fonds marins.  La profondeur, la pression, la température de l’eau, les mouvements de masse d’eau mal connus dans les profondeurs, ou encore l’activité tectonique constituent un ensemble d’obstacles à cet accès. Au-delà de 2000 mètres de profondeur, atteindre les abysses demande des capacités techniques extrêmement pointues. A 3 500 mètres se trouvent les puits pétroliers les plus profonds. Entre 1 000 et 5 000 mètres sont menées des recherches scientifiques. Néanmoins, « l’horizon utile se trouve aux alentours de 6 000 mètres. En descendant jusque-là, on couvre 97% du fond des océans. »18Selon le capitaine de vaisseau Bruno chargé du programme CHOF, les capacités hydrographiques et océaniques du futur. Cf. Nicolas Barotte, “Les fonds marins, nouveaux théâtres de guerre”, Figaro, 13 mai 2021. https://www.lefigaro.fr/international/les-fonds-marins-nouveaux-theatres-de-guerre-20210513. Toutes les nations cherchent donc à développer des capacités technologiques pour accéder, connaître et agir dans les fonds marins.

Les principaux intéressés sont sans surprise les Etats-Unis, la Russie et la Chine. Si on assiste à une remilitarisation générale des océans et des mers, cette tendance se réplique à l’identique dans le fond de la mer. Les Etats-Unis, la Chine et la Russie se livrent à une sourde compétition sous l’eau : chacun augmente ses capacités et met en place des systèmes opérationnels pour préparer la guerre des fonds marins. L’U.S. Navy intègre le Subsea and Seabed Warfare (SSW) au sein de son Full Spectrum Undersea Warfare (FSUSW). Des entreprises américaines de défense telles que General Dynamics Mission Systems proposent leurs innovations dans une vision prospective d’ensemble de la guerre des fonds marins (voir la figure 2). Drones sous-marins, capteurs, sonars, véhicules sous-marins autonomes (Unmanned Underwater Vehicules UUV) de tailles diverses, armes ancrées dans les fonds et bouées à la surface ; ces innovations fonctionneraient alors comme un ensemble, en système.

Figure 2. Guerre des fonds marins @General Dynamics Mission Systems (2018)
Figure 3. Grande Muraille sous-marine @Lin & Singer (2016)

 

 

 

 

 

 

La Marine de l’armée populaire de libération (APL) chinoise dispose d’un projet similaire surnommé « La Grande Muraille sous-marine » (voir la figure 3). Elle est composée de capteurs actifs et passifs, d’UUV, de véhicules robotiques semi-autonomes (SARV), de submersibles habités comme le Fendouzhe qui a réussi une prouesse technologique en se posant au fond de la fosse des Mariannes à 11 000 mètres de profondeur19« Un sous-marin chinois s’est posé au fond de la fosse océanique la plus profonde sur Terre », Ouest France, 23 novembre 2020. https://www.ouest-france.fr/sciences/un-sous-marin-chinois-s-est-pose-au-fond-de-la-fosse-oceanique-la-plus-profonde-sur-terre-7060501. Cette expédition marque l’entrée de la Chine comme concurrente de taille dans les abysses. Elle multiplie les demandes d’autorisation de recherche dans les grands fonds et investit par ailleurs massivement dans le développement des autoroutes sous-marines de l’information, véritable routes de la soie numérique, par le biais d’entreprises comme Huawei Marine Network20Si une attention poussée est accordée au déploiement de la 5G, son équivalent maritime est presque passé sous silence. Cf. Camille Morel, « L’océan, un espace numérique convoité ? », op., cit.. La Chine a développé une approche continentale de son réseau et reste ainsi assez autonome en termes d’infrastructures de communication sous-marine21Nicolas Barotte, “Les fonds marins, nouveaux théâtres de guerre”, op.cit., à l’instar de la Russie.

 

Figure 4. Capacités russes de guerre des fonds marins @Navalnews (2021)

En effet, cette dernière développe elle aussi ses capacités dans les fonds marins. La direction principale de la recherche en eaux profondes connue sous l’acronyme GUGI (Glavnoye Upravleniye Glubokovodnykh Issledovaniy) coordonne et déploie les capacités militaires russes dans le fond des océans. Le GUGI exploite la grande base navale d’Olenya Guba dans l’Arctique russe22Thomas Nilsen, “From this secret base, Russian spy ships increase activity around global data cables”, The Barents Observer, 12 janvier 2018, https://thebarentsobserver.com/en/node/3381, où l’on retrouve les principales capacités militaires russes de guerre des fonds marins (voir la Figure 4) telles que le Yantar, le navire « océanographique » espion disposant de capacités d’intervention sous-marines allant jusqu’à 6 000 mètres (2); des véhicules sous-marins autonomes (3); des submersibles d’exploration et d’action (4) et même des bélugas entrainés (5)23Sutton, H., “5 Ways The Russian Navy Could Target Undersea Internet Cables”, Naval News, 7 avril 2021, https://www.navalnews.com/naval-news/2021/04/5-ways-the-russian-navy-could-target-undersea-internet-cables/. Par ailleurs, la Russie continue de développer ses moyens au fond de l’eau en construisant un drone sous-marin capable de transporter une petite arme nucléaire tactique24David E. Sanger, Eric Schmitt, “Russian Ships Near Data Cables Are Too Close for U.S. Comfort”, The New York Times, 25 octobre 2015. https://www.nytimes.com/2015/10/26/world/europe/russian-presence-near-undersea-cables-concerns-us.html ainsi qu’un deuxième navire aux capacités égales à celles du Yantar : l’Almaz25Laurence Peter, “What makes Russia’s new spy ship Yantar special?”, BBC, 3 janvier 2018. https://www.bbc.com/news/world-europe-42543712. Ces capacités permettent aux puissances américaines, russes et chinoises d’accéder, d’explorer, d’exploiter et d’agir dans le fond des mers et des océans.

 

La guerre des fonds marins et les stratégies maritimes hybrides

La multiplication des activités militaires et le développement capacitaire dans les abysses laissent à penser que la conflictualité dans ce milieu n’est pas à exclure, et même plutôt à préparer. Les fonds marins s’intègrent complètement aux tactiques de combat propres à la lutte anti-sous-marins (ASM). Durant la Guerre Froide, les Etats-Unis disposaient d’un réseau d’hydrophones, le Sound Surveillance System (SOSUS), pour suivre les mouvements des sous-marins soviétiques. Ce réseau fonctionne toujours et continue de se moderniser aujourd’hui26Olivier Bouzemane, “La Marine nationale à la conquête des abysses !”, op.cit.. De leur côté, les Russes ne sont pas en reste avec leur programme « Harmonie ». Composé de stations autonomes robotisées placées dans les fonds marins (Autonomous seabed station – ASS), ce système de surveillance peut détecter des navires, des avions et des sous-marins ennemis dans les océans du monde27 Alexey Ramm, “Russian ‘Harmony’ for maritime surveillance”, Russia Beyond, 30 novembre 2016. https://www.rbth.com/economics/defence/2016/11/30/russian-harmony-for-maritime-surveillance_652217. La Grande Muraille sous-marine constitue son pendant chinois. Au-delà des drones, des hydrophones et autres capteurs au fond des mers, les câbles numériques sous-marins détiendraient également la capacité à détecter le passage de sous-marins grâce à leurs technologies de fibres optiques28Les fibres optiques permettent d’écouter les fonds marins grâce au temps de transit de la lumière, sensible à son environnement. Cf. Nicolas Barotte, “Les fonds marins, nouveaux théâtres de guerre”, op. cit.,29Cf. le compte rendu n°66 de la Commission de la défense nationale et des forces armées, audition de M. l’amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la Marine, actualisation de la LPM 2019-2025, Assemblée nationale, mercredi 16 juin 2021. https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/comptes-rendus/cion_def/l15cion_def2021066_compte-rendu. En perdant leur discrétion, les sous-marins perdent donc leur invulnérabilité. Pilier de la dissuasion nucléaire en mer, le sous-marin pourrait alors être privé de son principe de dilution dans certaines zones. Au fond des abysses, la chasse au bruit et les détecteurs pourraient sanctuariser la dissuasion. Il serait aussi plus compliqué d’évoluer en milieu non permissif et de récolter du renseignement multi-domaines30Cyrille P. Coutansais, “Géopolitique des abysses”, op. cit..

Par ailleurs, les avancées technologiques rendent accessibles des fonds marins jusqu’alors inatteignables  dans lesquels gisent de nombreuses épaves, navires de guerre, cargos, avions, pétroliers chimiquiers, mines, munitions et obus abandonnés. Or, « il peut y avoir des objets qu’on ne veut pas laisser au fond de l’eau ou que l’on veut subtiliser »31D’après le capitaine de vaisseau Bruno chargé du programme CHOF. Cf. Nicolas Barotte, “Les fonds marins, nouveaux théâtres de guerre”, op. cit., à l’image de l’opération Projet Azorian32L’une des opérations de la CIA les plus secrètes et complexes de la Guerre Froide visant à récupérer l’épave du K-129, sous-marin de la Marine soviétique qui avait coulé dans l’océan Pacifique en 1968. L’objectif était de hisser l’épave depuis les fonds marins pour en récupérer, au profit des États-Unis, des données et des technologies soviétiques.. A cet égard, le « Losharik », mystérieux sous-marin russe coulé au nord du cercle Arctique le 1er juillet 201933James Glanz, Thomas Nilsen, “A Deep-Diving Sub, a Deadly Fire and Russia’s Secret Undersea Agenda”, The New York Times, 21 avril 2020. https://www.nytimes.com/2020/04/20/world/europe/russian-submarine-fire-losharik.html, pourrait être une épave plus que stratégique à récupérer afin de comprendre les intentions russes dans les profondeurs.

Des stratégies moins conventionnelles se mettent également en place dans le fond de la mer. Elles semblent pour l’heure se concentrer sur les câbles sous-marins de communication. Cette toile numérique maritime est considérée comme « indispensable et vulnérable » 34Richi Sunak, « Undersea Cables : Indispensable, Insecure », op. cit.. Cibles de choix pour l’interception des communications et la captation de données, ces infrastructures sont particulièrement vulnérables aux pratiques d’espionnage et aux attaques cyber. L’affaire Snowden a révélé que la National Security Agency (NSA) avait introduit un virus informatique au cœur du site d’administration et de gestion du câble SEA-ME-WE 4, qui achemine les communications téléphoniques et Internet de Marseille vers l’Asie du Sud-Est, le Proche-Orient et l’Afrique du Nord35Jacob Appelbaum, « Documents reveal top NSA hacking unit », Der Spiegel, 29 décembre 2013. https://www.spiegel.de/international/world/the-nsa-uses-powerful-toolbox-in-effort-to-spy-on-global-networks-a-940969.html. Néanmoins, il n’est pas nécessaire de posséder des cyberarmes pour intercepter et récolter des données depuis les câbles sous-marins. Les services de renseignement néo-zélandais se sont par exemple directement branchés aux câbles sous-marins afin de suivre les échanges téléphoniques et le trafic internet de leurs cibles36Ryan Gallagher,“Snowden revelations / The price of the Five Eyes club: Mass spying on friendly nations », New Zealand Herald, 4 mars 2015. https://www.nzherald.co.nz/nz/snowden-revelations-the-price-of-the-five-eyes-club-mass-spying-on-friendly-nations/IIMOU3E4C6LSTHEUIJDVX6OOYE/. De même, la DGSE dispose depuis 2008 d’un programme d’écoute des communications internationales transitant par les câbles37Entre 2008 et 2013, cinq câbles avaient été mis sur écoute par les services français. Cf. compte rendu n°56 de la Commission de la défense nationale et des forces armées, audition d’Erard Corbin de Mangoux, Directeur général de la sécurité extérieur (DGSE), Assemblée nationale, 20 février 2013. https://www.assemblee-nationale.fr/14/cr-cdef/12-13/c1213056.asp.

La destruction physique de ces infrastructures de communication constitue la deuxième vulnérabilité envisageable. Protégées par des enveloppes d’une épaisseur de 20 millimètres environ, les fibres optiques qui composent les câbles sont facilement endommagés par des navires de pêches comme les chalutiers, par des ancres, des éboulements sous-marins, l’usure due au frottement contre les rochers et parfois même par des attaques de requins38Cyrille P. Coutansais, “Géopolitique des abysses”, op. cit.. Il n’est donc pas rare que certains soient sectionnés accidentellement à quelques kilomètres de la côte. Dans ce cas, des navires sont déployés afin de les réparer. En moyenne, il faut une à deux semaines à une équipe pour réparer un seul câble en mer39 Michael Sechrist, “Cyberspace in Deep Water: Protecting Undersea Communication Cables by Creating an International Public-Private Partnership”, Harvard Kennedy School, mars 2010, p. 20.. Néanmoins, ces infrastructures sont aussi victimes des stratégies de déni d’accès de certains Etats. En 2014, la Russie isole la Crimée, qu’elle vise alors à annexer, en coupant les câbles sous-marins de communication qui la reliaient au reste du continent. Cette opération a pour effet d’exacerber les tensions et de réduire les capacités du gouvernement ukrainien à réagir face à cette crise. Les Russes semblent aujourd’hui chercher des vulnérabilités à des profondeurs beaucoup plus importantes encore, où les câbles sont difficiles à surveiller, où les coupures sont difficiles à réparer, à trouver, et donc aussi à attribuer 40David E. Sanger, Eric Schmitt, “Russian Ships Near Data Cables Are Too Close for U.S. Comfort”, op. cit.. En 2011, les gouvernements syrien et égyptien ont également délibérément coupé les câbles sous-marins dans le but d’isoler leur population lors des « printemps arabes »41 Dominique Boullier, « Internet est maritime : les enjeux des câbles sous-marins », Revue internationale et stratégique, vol. 3, n° 95, Paris, 2014.. L’emplacement de la plupart des câbles sous-marins est connu publiquement. Agir sur ces derniers est donc à la portée de nombreux acteurs, cristallisant toujours plus les tensions qui entourent ces infrastructures aux enjeux exponentiels. Par leur biais s’entremêlent les confrontations du champ informationnel, du cyberespace et des fonds marins. La guerre des fonds marins combine alors des effets matériels (lutte ASM, guerre des mines, destruction d’infrastructures de communication) et immatériels (interdiction et déni d’accès à l’information, attaques cyber, espionnage et contrôle de l’information). L’obscurité abyssale s’inscrit donc au cœur d’une zone grise42Défini par le COS comme une zone « sous le seuil de la conflictualité ouverte, situation particulière pour laquelle l’intention hostile ne parvient pas à être clairement discernée et/ou l’attribution de la responsabilité d’un acteur majeur reste(nt) floue(s), voire incertaine(s) dans un contexte d’instrumentalisation du droit. » entre conflit et compétition dans laquelle les armées s’emploient à asseoir des stratégies hybrides de la guerre43Défini dans le concept d’emploi des forces 2020, « Visant à contourner ou affaiblir la puissance, l’influence, la légitimité et la volonté adverses, tout en affirmant sa propre légitimité, la stratégie hybride met en œuvre une combinaison intégrée de modes d’actions militaires et non-militaires, directs et indirects, licites ou illicites, souvent subversifs, ambigus et difficilement attribuables : attaques cyber, mesures économiques, désinformation, déstabilisation, manœuvres d’intimidation, actions par procuration. Cette approche permet la surprise, facilite l’obtention de gains politiques, territoriaux, économiques. .

La France se prépare à la « guerre des abysses »

La France possède le deuxième domaine maritime au monde, dont 99% des fonds sont situés à moins de 6 000 mètres de profondeur44Olivier Bouzemane, “La Marine nationale à la conquête des abysses !”, op.cit.. Avec une affirmation de puissances étrangères en mer et des rapports de force toujours plus frontaux, la protection des ressources et des infrastructures françaises au fond des océans devient fondamentale. La maîtrise du milieu maritime s’étend dorénavant à celle des abysses.

En charge d’élaborer une stratégie française de Seabed Warfare, l’amiral Vandier, chef d’état-major de la Marine nationale, exposait à l’occasion d’une audition à l’Assemblée nationale les menaces pour la France dans cet environnement. Navires étrangers au large des côtes françaises à la verticale des câbles sous-marins, sous-marins espions près du golf de Gascogne, décrochage capacitaire dans les fonds marins, dépendance américaine, infiltration par investissements massifs chinois dans nos réseaux de communication, méconnaissance du milieu45Cf. le compte rendu de l’audition de M. l’amiral Pierre Vandier, op.cit..… Les menaces dans les abysses sont multiples. Les défis à relever le sont tout autant : « protection des infrastructures sous-marines, lutte anti-sous-marine, guerre des mines, recherche et récupération d’objets abîmés en mer […], développement de l’hydrographie et de l’océanographie, gestion responsable et durable des ressources sous-marines dans les eaux sous juridiction française ainsi que l’exploration des ressources minières de la haute mer dans l’espoir de les exploiter un jour »46Olivier Bouzemane, “La Marine nationale à la conquête des abysses !”, op.cit.. Si la maîtrise de ce milieu vise à défendre les intérêts français, elle ouvre aussi la voie à de nouvelles opportunités pour la France. Pour être crédible comme puissance navale, sous-marine et abyssale ainsi que profiter des richesses de son territoire, développer son autonomie stratégique au fond de l’océan est une nécessité.

« C’est celui qui maîtrise son environnement qui gagne »47Alain Monot, « Précision et Coordination », Cols Bleus, 17 mai 2016. https://www.colsbleus.fr/articles/8465. Posséder les capacités pour connaître, comprendre et détecter ce qu’il se trouve et ce qu’il se passe dans le fond des mers et des océans est donc primordial. Or, seul un dixième de la surface des fonds marins est cartographié. D’où l’importance des études menées par le Service hydrographique et océanographique de la Marine (SHOM). Afin de pouvoir appréhender les profondeurs et réduire les incertitudes, le SHOM fournit les informations relevant de la bathymétrie, la sédimentologie, le champ de pesanteur, la propagation des sons dans le milieu48Laurent Lagneau, “La Marine nationale mise sur les « gliders » pour améliorer sa connaissance des milieux sous-marins”, Zone militaire, 10 novembre 2019. http://www.opex360.com/2019/11/10/la-marine-nationale-mise-sur-les-gliders-pour-ameliorer-sa-connaissance-des-milieux-sous-marins/.  Elles sont ensuite intégrées à une base de données embarquée, notamment une ENC (Electronic Navigational Chart), indispensable au bon fonctionnement des systèmes de navigation autonomes sous-marins49L’autonomie stratégique est aussi recherchée car une meilleure connaissance de la cartographie des fonds sous-marins permet de recaler la navigation sans avoir besoin du Global Positioning System [GPS] américain ni même du Galiléo européen. Cf. « 300 ans d’hydrographie française – Du dépôt des cartes et plans de la Marine aux capacités du future », Cols Bleus, n°3091, Novembre 2020, p.25.. Ce service s’appuie sur des bâtiments hydrographiques et océaniques tels que le Beautemps-Beaupré et le Pourquoi Pas ?, dont les moyens vont être complétés par un nouveau programme militaire : la capacité hydrographique et océanique future (CHOF). En phase de préparation depuis mai 2019, le programme CHOF vise à répondre aux besoins qui émergent avec l’extension des domaines de lutte. Il a pour objectif de préciser la connaissance des fonds marins, de renouveler une cartographie rendue obsolète par le temps et les mouvements sous-marins ainsi que de disposer de nouveaux moyens innovants de description de cet environnement50« 300 ans d’hydrographie française – Du dépôt des cartes et plans de la Marine aux capacités du future », op. cit., p.25.. Le premier des bâtiments hydrographiques de nouvelle génération (BH NG) devrait être déployable d’ici 2026. Le renouvellement des bâtiments hydrographiques Lapérouse, Borda et Laplace, qui intégreront les nouvelles technologies d’investigation et d’action, est aussi prévu dans le cadre du programme CHOF51Cf. compte-rendu de l’audition à huis clos de M. l’amiral Pierre Vandier, actualisation de la LPM 2019-2025, op. cit..

Figure 5. Bâtiment hydrographique @ColsBleus (2021)

La maîtrise des fonds marins passe également par la capacité à agir en temps utile dans les profondeurs. D’ici 2027/2030, de nouveaux programmes militaires viendront compléter et prolonger les moyens d’actions ainsi que les capacités de navigation, de plongée autonome et de guerre des mines. Le programme SLAMF (système de lutte anti-mines futur) mettra en œuvre des véhicules autonomes sous-marin (AUV), tels que des gliders52Il s’agit d’un planeur sous-marin capable de collecter en temps réel des données sur l’environnement marin. Il peut contribuer à la lutte anti-sous-marine en déployant plusieurs planeurs sous-marins afin d’établir un réseau multi-capteurs pour assurer une surveillance acoustique permanente. Cf. Laurent Lagneau, “La Marine nationale mise sur les « gliders » pour améliorer sa connaissance des milieux sous-marins”, op. cit., et des drones sous-marin téléguidés (ROV)53A l’image des robots d’intervention, Ulisse 8 (qui descend à 1 000 mètres) et Diomède 9 (qui descend à 2 000 mètres). pouvant descendre jusqu’à 6 000 mètres de profondeur. De nouveaux bâtiments destinés à la guerre des mines sont prévus pour 2026 et seront capables de mettre en œuvre ces drones afin de pouvoir, en cas de  besoin, « agir sur les câbles sous-marins ou de procéder au relevage d’objets dans les grands fonds »54Cf. le compte rendu de l’audition de M. l’amiral Pierre Vandier, op.cit.. Concernant la protection des câbles sous-marins, la France travaillerait en coopération avec ses alliés et un programme de protection des attaques cyber sur les câbles serait en cours de développement55Cf. le compte rendu de l’audition de M. l’amiral Pierre Vandier, op.cit..

Enfin, les armées françaises doivent être capables de faire face au développement des stratégies hybrides en mer intégrant notamment la guerre des fonds marins. Ces stratégies sont devenues un nouveau standard de confrontation. Les zones d’affrontement se diversifient, interagissent et s’interpénètrent. Face à des menaces évolutives et polymorphes, un effort d’intégration multi-milieux et multi-champs (M2MC)56Défini dans le concept d’emploi des forces 2020, « l’intégration multi milieux et multi champs vise à agir simultanément dans tous ou plusieurs milieux et champs, ou à partir de l’un vers l’autre, en jouant sur toute la gamme possible des effets, éventuellement délivrés par des effecteurs non prioritairement dédiés au milieu dans lequel ils produisent in fine un effet ». est nécessaire afin de coordonner des acteurs variés dans le temps et l’espace, agissant à des niveaux stratégique, opérationnel et tactique dans le but de produire des effets cohérents et convergeant vers le même objectif. A cet égard, une stratégie globale interarmées et décloisonnée est pensée et ajustée afin de « Mieux détecter et contrer », « Mieux se protéger » et « Mieux se préparer »57Grands thèmes d’ajustements donnés à la LPM. Cf. l’actualisation de la loi de programmation militaire 2019-2025, Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, Sénat, 16 juin 2021. http://www.senat.fr/rap/r20-697/r20-697-syn.pdf. La préparation passe notamment par l’entraînement. Si l’exercice multi-domaines, inter-organiques, interarmées et interalliés « ZEST » organisé par la Marine nationale en décembre 2020 en Méditerranée était précurseur, d’autres entraînements viendront intégrer les fonds marins. Méconnue et se développant à un rythme exponentiel, la conflictualité dans ce milieu s’inscrit dans les stratégies adverses de conflits hybrides. Aussi, pour les armées et autres acteurs régaliens, la guerre des fonds marins se pense, s’anticipe, se prépare et se coordonne.

                     Rhéa Fanneau de La Horie

Sources :

  • Documents stratégiques et légaux

Actualisation de la loi de programmation militaire 2019-2025, Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, Sénat, 16 juin 2021. http://www.senat.fr/rap/r20-697/r20-697-syn.pdf [consulté le 24 août 2021]

Organisation des Nations unies, « Convention sur le droit de la mer (CNUDM) », Montego Bay, 1982. 

Actualisation stratégique 2021, DGRIS, 21 janvier 2021. https://www.defense.gouv.fr/dgris/presentation/evenements/actualisation-strategique-2021 [consulté le 24 août 2021]

Mercator 2021 – Accélération du plan, SIRPA Marine, 27 janvier 2021. https://www.defense.gouv.fr/marine/actu-marine/mercator-2021-acceleration-du-plan-plaquette[consulté le 24 août 2021]

  • Comptes rendus d’auditions

Compte rendu n°56 de la Commission de la défense nationale et des forces armées, audition d’Erard Corbin de Mangoux, Directeur général de la sécurité extérieur (DGSE), Assemblée nationale, 20 février 2013. https://www.assemblee-nationale.fr/14/cr-cdef/12-13/c1213056.asp

Compte rendu n°66 de la Commission de la défense nationale et des forces armées, audition de M. l’amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la Marine, actualisation de la LPM 2019-2025, Assemblée nationale, mercredi 16 juin 2021. https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/comptes-rendus/cion_def/l15cion_def2021066_compte-rendu

Compte-rendu n°50 de la Commission de la défense nationale et des forces armées, audition de Mme. Florence Parly, ministre des Armées, Session ordinaire 2020-2021, Assemblée nationale, 4 mai 2021. https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/comptes-rendus/cion_def/l15cion_def2021050_compte-rendu 

  • Ouvrages

Amiral Raoul Castex, Théories stratégiques, tome IV ; Économica, 1997.

  • Travaux académiques et revues 

Michael Sechrist, “Cyberspace in Deep Water: Protecting Undersea Communication Cables by Creating an International Public-Private Partnership”, Harvard Kennedy School, mars 2010.

Christopher Carr, Jahdiel Franco, Cheryl Mierzwa, Lewis Shattuck, Melissa Suursoo, “Seabed Warfare and the XLUUV”, Naval Postgraduate School, juin 2018.  http://hdl.handle.net/10945/59584 

Richi Sunak, « Undersea Cables : Indispensable, Insecure », Policy Exchange, 2017. 

Camille Morel, « L’océan, un espace numérique convoité ? », RAMSES : Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies, 2020. 

« 300 ans d’hydrographie française – Du dépôt des cartes et plans de la Marine aux capacités du future », Cols Bleus, n°3091, Novembre 2020. 

Dominique Boullier, « Internet est maritime : les enjeux des câbles sous-marins », Revue internationale et stratégique, vol. 3, n° 95, Paris, 2014.

Olivier Bouzemane, “La Marine nationale à la conquête des abysses !”, Les Cols Bleus, n°3093, février 2021.

Cyrille P. Coutansais, “Géopolitique des abysses”, Etudes Marines du CESM, n°8, juin 2015, p.92-101.

  • Presse

Laurent Lagneau, “La Marine nationale mise sur les « gliders » pour améliorer sa connaissance des milieux sous-marins”, Zone militaire, 10 novembre 2019. http://www.opex360.com/2019/11/10/la-marine-nationale-mise-sur-les-gliders-pour-ameliorer-sa-connaissance-des-milieux-sous-marins/[consulté le 24 août 2021]

Jacob Appelbaum, « Documents reveal top NSA hacking unit », Der Spiegel, 29 décembre 2013.https://www.spiegel.de/international/world/the-nsa-uses-powerful-toolbox-in-effort-to-spy-on-global-networks-a-940969.html [consulté le 24 août 2021]

Ryan Gallagher,“Snowden revelations / The price of the Five Eyes club: Mass spying on friendly nations », New Zealand Herald, 4 mars 2015. https://www.nzherald.co.nz/nz/snowden-revelations-the-price-of-the-five-eyes-club-mass-spying-on-friendly-nations/IIMOU3E4C6LSTHEUIJDVX6OOYE/ [consulté le 24 août 2021]

James Glanz, Thomas Nilsen, “A Deep-Diving Sub, a Deadly Fire and Russia’s Secret Undersea Agenda”, The New York Times, 21 avril 2020. https://www.nytimes.com/2020/04/20/world/europe/russian-submarine-fire-losharik.html [consulté le 24 août 2021]

Sutton, H., “5 Ways The Russian Navy Could Target Undersea Internet Cables”, Naval News, 7 avril 2021 ,https://www.navalnews.com/naval-news/2021/04/5-ways-the-russian-navy-could-target-undersea-internet-cables/ [consulté le 24 août 2021]

David E. Sanger, Eric Schmitt, “Russian Ships Near Data Cables Are Too Close for U.S. Comfort”, The New York Times, 25 octobre 2015. https://www.nytimes.com/2015/10/26/world/europe/russian-presence-near-undersea-cables-concerns-us.html [consulté le 24 août 2021]

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Nicolas Barotte, “Les fonds marins, nouveaux théâtres de guerre”, Figaro, 13 mai 2021. https://www.lefigaro.fr/international/les-fonds-marins-nouveaux-theatres-de-guerre-20210513 [consulté le 24 août 2021]

 « Un sous-marin chinois s’est posé au fond de la fosse océanique la plus profonde sur Terre », Ouest France, 23 novembre 2020. https://www.ouest-france.fr/sciences/un-sous-marin-chinois-s-est-pose-au-fond-de-la-fosse-oceanique-la-plus-profonde-sur-terre-7060501 [consulté le 24 août 2021]

Thomas Nilsen, “From this secret base, Russian spy ships increase activity around global data cables”, The Barents Observer, 12 janvier 2018, https://thebarentsobserver.com/en/node/3381 [consulté le 24 août 2021]

Anne Patinec, « Un câble sous-marin de 33 kms va être installé pour le futur parc éolien de Saint -Nazaire », France Bleur Loire Océan, 9 août 2020. https://www.francebleu.fr/infos/environnement/un-cable-sous-marin-de-33-kms-va-etre-installe-pour-le-futur-parc-eolien-de-saint-nazaire-1596818284[consulté le 24 août 2021]

John Mooney, “Russian spy ship monitored off coast of Donegal”, The Times, 18 août 2021 https://www.thetimes.co.uk/article/russian-spy-ship-monitored-off-coast-of-donegal-thvg8pg8k [consulté le 24 août 2021]

Laurent Lagneau, M. Macron : « Nous sommes confrontés à une situation où la pluralité des conflits possibles est extrême », Zone Militaire, 14 juillet 2021. [consulté le 24 août 2021]

Submarine cables map, TeleGeography, https://www.submarinecablemap.com [consulté le 24 août 2021]

 

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2 réflexions sur « La guerre des fonds marins – Quand les abysses font surface »

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