Compte rendu : Conférence avec Antoine Bondaz sur Taïwan

Mercredi 21 septembre, Sciences Po Défense et Stratégie a eu l’honneur de recevoir le docteur Antoine Bondaz, chargé de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique, qui dirige notamment le programme Taïwan sur la sécurité et la diplomatie. A l’aune du regain de tensions autour de Taiwan en août 2022, Antoine Bondaz est revenu sur l’évolution de la question taïwanaise au cours des dernières années ainsi que sur les perspectives d’évolution de la situation et les conséquences d’un potentiel conflit.

Malgré les récentes déclarations de Joe Biden quant à la riposte des Etats-Unis en cas d’invasion de Taiwan par la Chine, il ne s’agit pas selon M. Bondaz d’un changement de doctrine américaine mais de l’expression de cette dernière de manière plus audible et plus visible. En 15 ans, le rapport de force a considérablement changé et la Chine s’est évertuée à développer un outil militaire (notamment naval) capable d’être à la hauteur de ses ambitions. En effet, comme l’a annoncé le secrétaire général du parti communiste chinois, Xi Jinping, l’objectif est que la Chine soit “réunifiée” d’ici le centenaire du régime en 2049. Le régime se dit prêt à recourir à la force militaire pour cet objectif politique qu’Antoine Bondaz qualifie de “priorité des priorités” .

En ce qui concerne la France, Antoine Bondaz déplore un manque de débat français sur la Chine et la question taïwanaise. Alors que la Chine est plus évoquée que la Russie dans le livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2021, celui-ci ne fait aucune mention de Taïwan. Aujourd’hui, les responsables français commencent enfin à discuter de la problématique mais les moyens d’intervention de la France sur ce “dossier” semblent limités. Le déficit capacitaire empêche la France de pouvoir déployer rapidement et massivement des moyens navals et sous-marins dans région du détroit de Taïwan en cas de conflit. Malgré tout, la France est le seul pays européen à avoir envoyé dans la zone des sous-marins et un navire de renseignement. Les Etats-Unis sont donc le seul État capable de venir efficacement en aide à Taïwan en cas d’agression. Malgré le développement exponentiel de la Marine chinoise, les Etats-Unis maintiennent d’importants moyens militaires dans la zone et disposent d’une expérience opérationnelle et d’une technologie de pointe que les chinois ne sont peut-être pas encore en mesure d’égaler.

Comme Antoine Bondaz l’a rappelé, si les conclusions militaires d’un potentiel conflit sont à laisser aux militaires, les conséquences économiques sont quant à elles prévisibles et considérables. Taïwan produit la grande majorité des semi-conducteurs utilisés dans le monde. Une invasion de l’île pourrait conduire à la destruction des usines TSMC, ce qui pourrait paralyser une grande partie des installations et appareils électroniques à l’échelle internationale. De plus, la moitié du commerce maritime transite par le détroit de Taïwan. En cas de conflit, les navires seraient obligés de modifier leurs trajets, perturbant ainsi grandement le fonctionnement du commerce mondial. Considérant l’ampleur des potentielles conséquences d’un tel conflit et les faibles moyens dont disposent les européens en indo-pacifique, la priorité politique est donc de tout mettre en œuvre pour qu’un tel conflit n’advienne jamais.

Comité de rédaction

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Revenir en haut de page