Témoignage – Se préparer au concours d’officier de l’armée de l’air option sciences politiques

Après un baccalauréat scientifique obtenu au lycée militaire de Saint-Cyr l’Ecole, Lucas se dirige vers le Prytanée National Militaire de la Flèche pour y préparer le concours de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan en filière ECE. Après deux années de CPGE intenses et enrichissantes, il poursuit en khûbe à l’institution Saint-Jean de Douai, classe préparatoire civile. Au terme de sa dernière année, Lucas se hisse à la première place du concours de l’Ecole de l’Air de 2019 en spécialité sciences politiques. Il est également admis à l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan qu’il rejoint finalement. Il espère aujourd’hui rejoindre l’infanterie en tant que chef de section d’un régiment de la Légion étrangère.

Pour orienter les potentiels Sciences pistes candidats au concours de l’Ecole de l’Air (retrouvez notre article dédié aux modalités du concours ici), Lucas nous délivre dans cette interview quelques conseils pratiques relatifs à sa préparation. 

 

L’épreuve écrite principale est une dissertation sur un thème prédéfini, juges-tu nécessaire de compléter la bibliographie indicative donnée par l’Ecole de l’air ? 

Après trois ans de CPGE économique, le thème «les inégalités» était clairement à mon avantage face aux candidats issus de CPGE littéraires et de formation en sciences politiques ; raison pour laquelle j’ai peu travaillé l’épreuve écrite de culture générale.

J’ai malgré tout lu la moitié des ouvrages conseillés, sans en tirer profit : j’estime donc qu’une certaine quantité de références et de citations, couplée à une bonne compréhension des enjeux du programme et à une réflexion travaillée devant la copie suffisent à décrocher une note supérieure à 15.

A cet effet, les petits livres de cours qui foisonnent sur les thèmes généraux des concours sont une aide précieuse et, à mon sens, largement suffisante.

 

Comment s’est déroulé ton oral de personnalité ? A quels types de questions doit-on s’attendre concernant celui de culture générale ?

Il faut tout d’abord savoir que les deux entretiens ont lieu dans la même salle, en présence des deux jurys. Ceux-ci n’interviennent cependant que durant leurs épreuves respectives.

Concernant l’épreuve orale de culture générale, le candidat traite au choix un sujet parmi les deux piochés. J’ai eu pour ma part la chance d’obtenir le problème suivant : «le rêve européen est-il mort ?» (on pleure les valeureux camarades abattus au champ d’honneur par des colles sur la course au cyberespace…).

J’ai alors réfléchi sur le but originel du «rêve Europe», à savoir préserver la paix, et sa place aujourd’hui dans la volonté politique face à d’autres considérations générales, notamment économiques.

L’examinateur est le directeur de la formation des élèves en sciences politiques à l’Ecole de l’Air.

De manière générale, les deux jurys sont à l’écoute de la prestation orale puis des réponses du candidat aux questions posées. Après le jeu de questions/réponses avec le seul directeur, lesquelles portent exclusivement sur le thème traité, vient l’entretien de motivation. L’idée si, comme moi, vous n’êtes pas de  fins connaisseurs des matériels aériens, est ici de faire illusion. A mon sens, l’idéal est de préparer en amont des discours à jouer suivant les questions posées, laïus à saupoudrer d’un soupçon de sincérité et d’une poignée de mots clés aériens («frappes chirurgicales», «projection de puissance au service du politique», quelques noms de drones, d’hélicoptères et d’avions, etc). A vrai dire, l’écran de fumée s’est dissipé lorsque les examinateurs (quelques officiers supérieurs) ont découvert ma note obtenue la veille au test de connaissance aéronautique… ! Il n’est donc pas superflu d’approfondir celles-ci, tout en sachant néanmoins que les questions de connaissance sont extrêmement précises.

Par la suite, les examinateurs m’ont demandé quelle école je choisirais en cas de double réussite ; repoussant ma sophiste réponse «ce serait un cruel dilemme que j’affronterais avec plaisir», ils m’ont fait avouer préférer porter le couteau entre les dents que le manche à balai au bout des doigts, ô amer franc-parler que j’ai regretté car, disons-le nous, le Grand Oral est avant tout une science du commerce : vendez-vous messieurs !

Je suis sorti heureux de cet affrontement de volonté car victorieux de la joute verbale, j’ai en outre particulièrement apprécié les débats éthiques autour des drones, de l’OTAN, des relations diplomatiques etc.

Pour cette partie du concours, je conseille de lire la presse et des ouvrages militaires, d’écouter des interviews (les entretiens du CEMA sont notamment très riches en réflexion), et surtout de se tenir droit, ferme, d’utiliser ses mains pour appuyer sa parole tout en souriant.

 

Un esprit sain dans un corps sain nous diras-tu. Quelle préparation as-tu suivi pour les épreuves sportives ?

Tout dépend de la condition physique de chacun. Pour ma part, j’alternais globalement chaque jour entre natation et course à pied, et j’augmentais la fréquence durant les vacances.

Un entraînement judicieux pourrait être le suivant.

Pour la natation : 2 séances par semaine en temps scolaire, avec exercices ciblés (200m échauffement, 200m pull-boy, exercices techniques : nage water-polo, alternance du crawl avec un bras et l’autre sur une planche, nage pullboy en 3/5/7/9 temps de respiration, travail de culbute, éventuellement un peu d’apnée, quelques accélérations progressives, sprint sur 50m pour évaluer son niveau, récupération…).

Concernant la course à pied : le sprint est à travailler avec régularité dès janvier avec des pointes (c’est rentable, et peu de personnes le font). Quant au 3000, je vous conseille de caser dans votre emploi du temps une séance d’endurance fondamentale au minimum, une séance au seuil et une à deux séance(s) de fractionné (on peut commencer sur du 2*10*30s-30s, puis varier avec du 2*6*300m ou 6*3*200m par exemple).

Enfin, les exercices musculaires (abdominaux et tractions) posent rarement de problèmes. Afin d’atteindre les 12 tractions, une séance de 10 séries en 10 minutes, avec un départ toutes les minutes pour un faible nombre de répétitions (qu’on augmente progressivement au fil des séances) tous les trois jours devrait s’avérer suffisante.

Propos recueillis par Maëlle Panza

 

Lucas a précisé qu’il était ouvert à toute question ou demande de précision sur l’un ou l’autre des concours qu’il a passés. Vous pouvez le contacter par Facebook ou par l’intermédiaire de SPDS.

Comité de rédaction

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